On le verra, les mobilités sont plus fréquentes lorsque l’indi-
vidu peut s’appuyer sur des compétences transférables dans
d’autres domaines.
1.3. De qui parle-t-on ?
Premier marqueur de réorientation : les aléas de la
formation initiale
Est-il possible d’identifier chez les individus qui décident de
se réorienter en cours de carrière des caractéristiques com-
munes ? C’est en partie ce qu’ont cherché à faire Arnaud Du-
pray et Dominique Epiphane du Céreq
7
en ce qui concerne les
« bifurcants ». Ils ont ainsi remarqué qu’en moyenne :
●
●
ils sont entrés plus vite sur le marché du travail avec des
insertions
moins satisfaisantes
●
●
ils ont suivi des formations « moins ciblées profession-
nellement »
●
●
ils ont une formation un peu supérieure à la moyenne
(plus souvent bacheliers généraux mais moins souvent di-
plômés d’un bac + 2)
●
●
ils sont « moins nombreux à déclarer avoir atteint le ni-
veau d’études souhaité : 41 % contre 57 % des autres »
Que peut-on dire ensuite des personnes qui n’ont
pas encore
acté leur réorientation mais l’envisagent sérieusement ? Le
parcours de formation apparaît là aussi comme un facteur
discriminant : 33 % des individus qui veulent changer de mé-
tier ont, durant leurs études, changé de filière (contre 20 % de
ceux qui ne veulent pas changer), notamment pour des ques-
tions d’appétences ou des raisons personnelles (santé, rap-
prochement géographique, etc.).
Mais ce n’est pas parce que la période de formation a pu être
un peu « chaotique » que ces personnes n’ont pas cherché à
mettre toutes les chances de leur côté : celles qui ont envie de
changer ont globalement fait plus d’efforts que les autres en
termes d’orientation. Malheureusement, leurs goûts
person-
nels ont un peu moins pesé dans leur choix d’orientation que
pour les personnes plus stables (56 % contre 64 %), au profit
de considérations un peu plus pragmatiques telles que le coût
des études ou la rémunération escomptée.
Les individus qui manifestent aujourd’hui l’intention de chan-
ger de métier ont sans doute connu une maturation de leurs
goûts et de leurs intérêts plus longue que la moyenne ;
ils se
sont posé plus de questions, se sont davantage mobilisés mais
ont eu l’impression d’être moins efficaces et ont donc obtenu
moins de réponses satisfaisantes parce que la connaissance
de leurs attentes, de leurs points forts
et faibles et des forma-
tions existantes n’était pas assez claire pour eux, si bien qu’ils
7 -
Dupray Arnaud, Epiphane Dominique (2014),
op. cit.
Un effet entraînant
Plus vous changez,
plus vous êtes prêt(e)
à changer de nouveau.
Ainsi, on trouve deux
fois plus de personnes
souhaitant
changer de
profession dans l’année
à venir parmi celles qui
ont connu une transition
professionnelle dans les
douze derniers mois que
dans
la population active
occupée globale.
Prud’homme Lionel, Taphanel
Ludovic (2018),
op. cit.
75
se sont davantage orientés « par hasard » que la moyenne
(58 % sont « plutôt d’accord » ou « tout à fait d’accord » avec
cette idée, contre 37 % des individus qui n’envisagent pas de
changer de métier).
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