S’orienter aujourd’hui

20 -
 
Duru-Bellat Marie (2012), 
op. cit.
21 -
Ibid.
Ce qui importe, 
c’est de créer des 
inégalités justes.
Marie Duru-Bellat, 
sociologue
55 

---

Les inégalités intériorisées
Nous ne pouvons pas nous départir de nos représentations. 
Même si nous le voulions, nous serions toujours soumis à 
certains biais et à certains stéréotypes. Les inégalités ont 
donc la vie dure. Si dure que, souvent, pour éviter d’avoir à s’y 
confronter, parents et enfants optent pour des choix qui, au 
final, les entérinent. C’est notamment le cas :
●
●
pour les jeunes d’environnements défavorisés qui font 
globalement des vœux d’orientation moins ambitieux
22
, 
conscients qu’ils sont que leur réussite future ne dépend pas 
que de leur brio scolaire
23
●
●
pour les filles qui s’approprient, sans les questionner, les 
représentations que la société véhicule
●
●
pour les parents qui poussent moins les filles que les gar-
çons vers les filières d’excellence 
●
●
pour les enseignants des établissements des environ-
nements défavorisés qui ont plutôt tendance à avaliser 
les vœux modestes des élèves et, plus généralement, pour 
l’ensemble des enseignants qui suscitent davantage le goût 
pour l’abstraction associée aux mathématiques chez les 
garçons que chez les filles.
Seul un travail de fond, qui débuterait dès le primaire et se 
poursuivrait tout au long de la scolarité, est susceptible de sa-
per ce phénomène de préférences adaptatives
24
– on ne dira 
jamais assez qu’il n’est pas systématiquement nécessaire 
d’œuvrer directement sur l’orientation pour l’améliorer et un 
grand nombre de mesures « sociales » seraient de nature à ai-
der les élèves et les étudiants dans leur choix et leur réussite.