S’orienter aujourd’hui

18 -
Meunier Olivier (2008), 
op. cit.
19 -
Boisson-Cohen Marine, Garner Hélène et Zamora Philippe, rapporteurs 
(2017), 
op. cit.
point
 
de
 
vue
 
Gilbert Longhi, 
fondateur du lycée 
du temps choisi
« Il ne faut pas oublier que 
les chefs d’établissement 
bénéficient d’une certaine 
autonomie dans la 
gestion de leur collège 
ou lycée. Il y a donc de 
la place pour des projets 
plus personnalisés. Dans 
mon lycée, je prônais 
la règle suivante : 
« Moins d’école pour plus 
d’étude ». L’idée était 
de faire en sorte que les 
jeunes restent scolarisés 
en adaptant le cursus. Les 
adolescents qui se ratent 
ont souvent le sentiment 
de scier une branche de 
leur arbre généalogique. 
De trahir leur famille. 
Nous les aidions à 
retrouver un état d’esprit 
positif en nous appuyant 
sur leurs qualités et leurs 
points forts. »
L’orientation
est la maladie 
nosocomiale 
de l’école. 
Gilbert Longhi, 
chercheur en sciences
de l'éducation
54 

---

2. 
 La part du contexte social 
et culturel
2.1. L’influence des contextes
sociaux et locaux
Le déplacement des inégalités
Personne n’imagine une société totalement égalitaire. En 
revanche, une démocratie digne de ce nom aspire à faire en 
sorte que tous ses citoyens, quelles que soient les conditions 
initiales où ils se trouvent et grandissent (origine sociale, eth-
nique, géographique, familiale…), disposent d’un « droit égal 
(…) de s’intégrer dans une société inégale »
20
.
Dans la besace d’une orientation juste ne devraient donc se 
trouver que le mérite (talent, courage, efforts, etc.) et les pré-
férences (aspirations, ambitions, etc.) des élèves et des étu-
diants. Or, force est de constater que ce monde idéal ne toque 
pas encore à notre porte.
Dans ses travaux, Marie Duru-Bellat a comparé les généra-
tions 1962-67 et 1975-80. Elle a remarqué que les taux d’ac-
cès à l’enseignement supérieur ont très fortement augmenté 
entre les deux cohortes, passant de 27,7 % à 53,2 % d’une gé-
nération à l'autre. Sans que cela ne change quoi que ce soit 
aux inégalités sociales. Pour expliquer la coexistence de ces 
deux phénomènes, elle suggère de « s’intéresser spécifique-
ment aux taux de passage et aux orientations des différents 
types de bacheliers. »
21
et elle ajoute : « Tout se passe comme 
si les inégalités qui s’étaient estompées pour l’accès au bac-
calauréat s’étaient accentuées une fois ce seuil franchi : le 
titre de bachelier garantirait de façon de moins en moins ho-
mogène socialement l’entrée dans l’enseignement supérieur, 
d’une part du fait de l’hétérogénéité plus grande de la popu-
lation parvenant à ce niveau, d’autre part à cause de la diver-
sification de ce titre lui-même (avec l’importance croissante 
des baccalauréats technologiques et professionnels). »