1.2. En savoir plus sur Du Bellay et ses œuvres
Surnommée « La belle cordière », Louise Labé était fille et épouse de cordiers de la ville de Lyon. Elle a reçu une formation approfondie dans les classiques et l'humanisme italien, inhabituel pour les femmes de son époque. En 1555, le célèbre imprimeur lyonnais Jean de Tournes publie la première édition de ses Oeuvres . L'exemplaire de la Gordon Collection provient d'une édition publiée par le même imprimeur un an plus tard, « Reuues & corrigees par ladite dame ». La page de titre de ce livre est un merveilleux exemple des éléments typographiques élégants employés par Jean de Tournes, de la bordure ornée d'arabesques aux caractères romains et italiques raffinés.
Dans son épître dédicatoire à une amie, Clémence de Bourges, Louise Labé exhorte les femmes à élever leurs regards au-dessus de leurs fuseaux et de leurs quenouilles, à poursuivre et à valoriser le savoir et ses récompenses plutôt que les bijoux et les vêtements coûteux, et à prendre leurs stylos pour mettre leur pensées par écrit (« mettons par escrit nos conceptions »).
Le Débat de la folie et de l'amour s'ouvre sur une querelle entre l'Amour et la Folie, tous deux arrivés aux portes du palais pour une fête des Dieux, convoquée par Jupiter. Dans la lutte pour savoir qui entrera en premier, Folly aveugle (et bande les yeux) Love. Jupiter appelle Apollon et Mercure pour débattre des mérites de chaque partie au conflit. Apollon présente la défense de l'Amour, Mercure défend la Folie, et leurs discours en prose représentent l'essentiel de l'œuvre. Finalement, Jupiter reporte de plusieurs siècles son jugement sur le cas difficile et déclare que l'Amour et la Folie devront s'entendre. Labé transforme les formes médiévales du débat et de l'allégorie pour présenter un traitement savant, mais vivant et léger de deux sujets populaires de la Renaissance, la défense de l'amour et l'éloge de la folie.
Vingt-quatre sonnets d'amour (le premier en italien) suivent trois élégies en vers sur les effets de l'amour passionné. Les lecteurs modernes de Louise Labé la connaissent mieux pour les sonnets, inspirés de la tradition pétrarquienne et évoquant avec succès des sentiments intenses de passion et de souffrance causée par un amour non rendu. Son utilisation des éléments de Pétrarque (le motif du luth, les thèmes de la nuit, de la solitude, de la mort et de la distance séparant l'amant de l'aimé, par exemple), ainsi que son utilisation particulière de la structure du sonnet et des formes rhétoriques, se combinent pour transmettre les effets tumultueux de l'amour à travers la voix souffrante du « je » lyrique3.
Même dans le climat intellectuel relativement favorable du milieu du XVIe siècle à Lyon, où Labé s'inspire pour explorer et transformer la tradition littéraire et faire précéder ses œuvres d'un appel affirmé à l'éducation des femmes , l'acte même d'écrire et de publier une œuvre poétique sur la passion signifiait néanmoins l'exposition à la censure et aux questions sur sa vertu féminine. Les premiers critiques ont lu l'expression de la passion et de la sensualité dans sa poésie en termes strictement autobiographiques et ont souvent peint une image scandaleuse du poète en tant que femme licencieuse. Le récit de 1585 de Louise Labe dans la Bibliothèque d'Antoine du Verdier a sans aucun doute contribué au mythe de la poétesse en tant que «courtisanne» d'un grand savoir et d'une morale lâche qui a refait surface dans les études de son travail au cours des siècles suivants. Plus récemment, des universitaires et des critiques se sont concentrés sur l'analyse et l'appréciation de l'art du poète et de son utilisation des traditions littéraires patriarcales pour créer une voix poétique unique et captivante. (Voir la courte liste de références sur la page Lectures complémentaires.)
Louise Labé était une figure clé du groupe de poètes écrivant au milieu du siècle à Lyon, plus tard appelé «l'École de Lyon», et comprenant Maurice Scève , Pernette du Guillet et Pontus de Tyard. Leur adoption de modèles italiens et de structures poétiques, leur érudition (tous connaissaient bien les classiques et l'italien) et leur utilisation judicieuse de la mythologie classique se combinent pour créer un nouveau style de poésie française, nettement différent des œuvres des premiers Rhétoriqueurs. et Marot , qui a élevé le statut de la poésie amoureuse et des poètes en France, et ouvert la voie aux poètes de la Pléïade.
LOYSE LABE courtisane Lyonnoise (autrement nommee la belle Cordiere pour estre mariee à un bon homme de Cordier.) piquoit fort bien vn cheual, à raison dequoy les gentilhommes qui auoyent accez à elle l'appelloyent le capitaine Loys, femme au demeurant, de bon & gaillard esprit & de mediocre beauté: receuoit gracieusement en sa maison seigneurs, gentilhommes & autres personnes de merite auec entretien de deuis & discours, Musique tant à la voix qu'aux instrumens où elle estoit fort duicte, lecture de bons vies latins, & vulgaires Italiens & Espaignols dont son cabinet estoit copieusement garni, collation d'exquises cõfitures, en fin leur communiquoit priuement les pieces plus secretes qu'elle eust, & pour dire en vn mot faisoit part de son corps à ceux qui fonçoyent: non toutefois à tous, & nullement à gens mécaniques & de vile condition quelque argent que ceux là luy eussent voulu donner4. Elle ayma les sçauans hommes sur tous, les fauorisant de telle sorte que ceux de sa connaissance auoient la meilleure part en sa bonne grâce, & les eust preferé à n'importe quel grand Seigneur & fait courtoisie à l'vn plustost gratis qu'à l'autre pour grand nombre d'escus : qui est cõtre la coustume de celles de son mestier & qualité. Ce n'est pas pour estre courtisanne que ie luy donne place en cete Bibliotheque, mais seulement pour auoir escrit en prose françoise, Debat de Folie & d'Amour, dialogue. Et en vers, III. Élégies, XXIIII. Sonnets, dont y en a vn en Italien. [Le tout impr. à Lyon 8o. par Ian de Tournes 1555. /ayec escrits de diuers Poëtes à la louange d'icelle Loyse Labé, tant en vers grecs, latins, italiens q[ue] françois. Elle dedia dit dialogue à damoiselle Clémence de Bourges, dont l'argument[n]t est tél.
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