37 « L'authenticité – du moins en Occident – est un idéal omniprésent , une façon de conceptualiser le (...)
38 Idem. , p. 161. Pierre Jourde parle de l'expérience d'un au-delà de la singularité ressentie dans l'a (...)
29 Varga commence son analyse sur l'authenticité subjective et éthique en défini de l'authentique du côté de l'identité et de la vérité (en un sens plus proche de véritable que de vrai ), définition axiologique qui traduit une valeur et une tentation d'assignation ontologique, étant donné l'insistance croissante sur l'angoisse de la copie à l'ère de la reproductibilité selon Walter Benjamin. Varga parle, à propos de l'authenticité éthique et non plus artistique, d'authenticité performative (p. 9, 158), valeur contemporaine engendrant un idéal pratique qui épuise le moi 37 . Ce philosophe propose au contraire d'aller vers une authenticité ouverte et dialectique, par articulation entre des valeurs collectives et des choix actualisés. Un défi actuel serait donc de dépasser une nouvelle forme d'illusion ontologique, ou du moins la vision d'un sujet monolithique nourrissant le capitalisme, vers une prise en compte de l'indépassable et complexe altération qui régit en l'humain toute forme d 'action et d'expression15– altération qui interdit parfaitement la congruence de la pensée et de l'action, de l'être et du phénomène (n'en déplaise aux existentialistes et aux phénoménologues trop détenus par l'authenticité, dont Heidegger , Camus, Sartre et Kierkegaard). Il s'avère cependant que le texte dont l'autrice détrônée intéresse tant de monde nous apprend depuis longtemps en acte que rien n'est jamais authentiquement propre, fidèle à moi ou mien : des horizons culturels, des normes et des valeurs viennent toujours articuler le dire et le faire, et en retour mes inclinations, ma situation et mes interprétations altèrent ces normes collectives. Et l'hypothèse des Œuvres de Louise Labé comme entreprise solidaire très française, à la fois désinvolte et ambitieuse – battre Pétrarque et l'amour à l'italienne, pour le dire avec désinvolture aussi – me parait répondre à ces théories de critique sociale très actuelles de manière confondante, et, disons-le, plutôt réjouissante.
Conclusion
Le Débat de la folie et de l'amour s'ouvre sur une querelle entre l'Amour et la Folie, tous deux arrivés aux portes du palais pour une fête des Dieux, convoquée par Jupiter. Dans la lutte pour savoir qui entrera en premier, Folly aveugle (et bande les yeux) Love. Jupiter appelle Apollon et Mercure pour débattre des mérites de chaque partie au conflit. Apollon présente la défense de l'Amour, Mercure défend la Folie, et leurs discours en prose représentent l'essentiel de l'œuvre. Finalement, Jupiter reporte de plusieurs siècles son jugement sur le cas difficile et déclare que l'Amour et la Folie devront s'entendre. Labé transforme les formes médiévales du débat et de l'allégorie pour présenter un traitement savant, mais vivant et léger de deux sujets populaires de la Renaissance, la défense de l'amour et l'éloge de la folie.
Vingt-quatre sonnets d'amour (le premier en italien) suivent trois élégies en vers sur les effets de l'amour passionné. Les lecteurs modernes de Louise Labé la connaissent mieux pour les sonnets, inspirés de la tradition pétrarquienne et évoquant avec succès des sentiments intenses de passion et de souffrance causée par un amour non rendu. Son utilisation des éléments de Pétrarque (le motif du luth, les thèmes de la nuit, de la solitude, de la mort et de la distance séparant l'amant de l'aimé, par exemple), ainsi que son utilisation particulière de la structure du sonnet et des formes rhétoriques, se combinent pour transmettre les effets tumultueux de l'amour à travers la voix souffrante du « je » lyrique.
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