1866
Bienfaiteurs de l'Institut
[1] Le 12 janvier, on dut refuser au R.P. Alphonse passionniste de Londres, les Frères qu'il demandait pour l'enseignement secondaire, mais on lui en promit pour l'enseignement primaire supérieur s'il le désirait, dès qu'on en aurait de prêts.
[2] Le 19 février, le Révérend adressait une longue lettre de condoléances à M. le comte de la Grandville, à l'occasion de la mort de sa vertueuse épouse. Il s'étendait longuement sur les vertus, les mérites et la générosité de Mme la comtesse. Il demandait que sa belle vie fut écrite au plus tôt par une main habile, offrant de fournir de nombreux et d'excellents renseignements pour cela.
[3] A cette demande, il en ajoutait une autre d'un genre fort opposé. Il s'agissait d'établir le pensionnat de Paris-Plaisance. Il fallait beaucoup d'argent et l'Institut était riche en dettes! Nous ne savons ce que M. le comte répondit.
[4] Un service solennel avait été célébré dans toutes les maisons provinciales et des prières ferventes avaient été demandées aux Frères pour la vénérable défunte.
[5] Le même jour, le Révérend adressa une lettre fort intime, très louangeuse, nous allions dire très mendiante, à M. Mainil, régisseur, des biens de la famille de la Grandville. Il lui demandait carrément d'obtenir de M. le comte des fonds pour une maison de résidence à Lille, un gros appoint pour le pensionnat futur de Paris, une bonne rente pour l'entretien de la maison de Beaucamps et une autre qui permît de recevoir gratuitement quelques bons postulants. M. le régisseur obtint une rente de 4.000 fr. pour les postulants pauvres et nous pensons que ce fut tout.
[6] En février, M. Morel, chanoine de Sens, demanda des Frères pour diriger la sacristie, les cérémonies et le choeur de la cathédrale. On lui répondit que l'Institut ne se chargeait de ces sortes d'oeuvres et qu'il les avait refusés à Fourvières, dès le vivant de notre pieux Fondateur.
[7] Apprenant la mort de Mgr. Parisis, les premiers jours du mois de mars, le Révérend adressa une lettre à tous les directeurs des maisons de noviciats pour leur dire les grands services que cet évêque avait rendus à l'Institut, comme député en 1851, l'intérêt qu'il nous avait toujours porté et les bons conseils qu'il avait fournis au Chapitre général sur les difficultés qui avaient surgi à propos de notre approbation par le Saint-Siège.
[8] Le Révérend ordonnait de dire l'office des morts à neufs leçons, le De profundis après le dîner pendant 30 jours, de faire célébrer trois messes et de faire une communion générale pour le repos de l'âme du prélat dans chacune de ces maisons. Il ajoutait que des prières seraient demandées à tous les Frères dans la prochaine circulaire. Il paraît que le Révérend perdit la chose de vue, car la circulaire suivante n'avait pas un mot concernant Mgr. Parisis.
[9] Le 12 du même mois, le Révérend adressa une chaleureuse lettre de condoléances à M. Lequette, vicaire apostolique, sur la grande perte que l'Eglise d'Arras venait de faire. Il y énumérait les services rendus par le vénéré défunt à notre Institut et déclarait qu'il serait toujours considéré comme l'un de nos principaux bienfaiteurs.
Demandes non satisfaites
[10] Le R.P. Gaudet, missionnaire au Texas, demanda des Frères pour Bronsville. On lui répondit qu'on avait le regret de ne pouvoir lui en envoyer en ayant à peine assez pour soutenir les maisons existantes.
[11] M. Azéma, curé de Cazouls, ayant annoncé au Révérend que M. Piétri, préfet de police, était l'un de ses meilleurs soutiens de notre externat de Plaisance, le Révérend remercia chaleureusement ce haut personnage et ne lui ménagea pas l'encens.
[12] Les Frères des Ecoles Chrétiennes s'étaient établis à Saint-Jean-de-Bournay à l'insu de leur Supérieur général. N'acceptant pas les écoles payantes, la commune les trouvait trop lourds pour son budget et les deux autorités locales s'adressèrent à notre Révérend à la fin du mois d'août 1866. Elles l'avaient déjà fait une quinzaine d'années auparavant. Selon sa coutume, le Révérend avertit le T.H.F. Philippe de ce qui se passait et l'assura qu'il ne le gênerait point.
[13] M. le curé de Cusset avait établi trois de nos Frères à Saint-Menoux. Nommé ensuite curé-archiprêtre à Lurcy, il avait essayé vainement d'y en établir aussi. Transféré à Cusset, il en demanda pour une maîtrise en octobre 1866. Le Révérend lui conseilla de créer une école libre bien en règle, lui promettant que les Frères s'occuperaient des enfants de chœur, même des cérémonies et du chant, mais provisoirement.
[14] Mgr. de Dreux-Brézé était alors en train de créer un musée de moines dans les abbayes et les vieux manoirs qu'il avait acquis à travers son diocèse. Des Frères costumés en bourgeois s'étant présentés à lui, il les imposa à M. le curé du Cusset. Celui-ci, à son grand regret, dut les accepter, bien que leurs conditions fussent beaucoup plus lourdes que les nôtres et qu'ils se prêtassent peu à ses desseins.
[15] M. le curé de Grand-Croix était un drôle de pistolet. Bien que sa messe fut à 8 heures, il s'opposait à ce que les enfants des Frères y assistassent. Ceux-ci avaient cru devoir passer outre. Ayant fait sortir leurs enfants un jour pendant l'absoute et n'ayant pas entendu les réclamations de M. le curé, un orage éclata. Ce pasteur impatient demanda le changement du F. directeur. Ne l'obtenant pas, dans les 48 heures, parce qu'il fallait trouver un remplaçant convenable, il vilipenda ce Frère devant les autorités académiques, devant ses paroissiens, même en chaire. La municipalité demanda le maintien de l'accusé, ce qui mit les supérieurs dans l'embarras. Le curé fit intervenir le cardinal de Bonald. Le Révérend expliqua la situation à Son Eminence et lui promit d'enlever le sujet au plus tôt, bien que les grands torts ne fussent pas de son côté.
Difficultés de toutes sortes
[16] Embarrassé pour expédier les 5 Frères destinés au Cap-de-Bonne-Espérance, lesquels allaient être embarqués gratuitement sur un vaisseau de l'Etat et y passer trois mois sans prêtre, le Révérend s'adressa à l'excellent Frère Cyprien, Supérieur général des Frères de l'Instruction Chrétienne fondés par M. Jean-Marie de Lammenais qui avait de nombreux sujets au-delà des mers et de fréquents rapports avec le ministre de la Marine. Nous n'avons pas la réponse du F. Cyprien, mais nous avons lieu de croire qu'elle fut bonne et empressée.
[17] L'école de nos Frères à Sommières ayant presque vidé le collège ecclésiastique dont M. Boucarut, vicaire général, avait été le premier supérieur, un orage éclata entre l'évêché et la population de Sommières. Mgr. Plantier et son vicaire général exigeaient que l'établissement de nos Frères fut réduit à sa plus simple expression, presque anéanti.
[18] Le Révérend leur écrivit dans son style le plus humble, le plus soumis et leur démontra que l'établissement restait dans les conditions de sa fondation et que les Frères étaient faussement accusés, qu'ils faisaient le bien de leur mieux, sans avoir même la pensée de nuire au collège. Rien n'y fit. Il fallut changer le F. Claude qui savait trop bien attirer l'eau à son moulin.
[19] Malgré la prudence du C.F. Adon, son successeur, la querelle continua jusqu'à ce qu'un nouveau supérieur du collège, comprenant mieux ses vrais intérêts que ces prédécesseurs, demanda et obtint des Frères pour des classes de français dans son établissement. Il y eut dès lors, 2 maisons distinctes à Sommières.
[20] Le 16 novembre, le Révérend remercia le ministre de la Marine du passage gratuit qu'elle accordait aux 5 Frères partant pour le Cap et lui demanda pour eux d'après le conseil de l'excellent Frère Cyprien, la table et le rang d'officiers.
[21] Ces passagers étaient les Frères Chumald, français, Sulpicius, belge, Faust, anglais, Antony, irlandais et Anatolie, français.
[22] M. Dunand, chef de l'institut secondaire à Mâcon, offrit son établissement à notre Révérend qui le refusa honnêtement.
[23] Nous avons vu que le ministre de l'Instruction publique avait prescrit aux recteurs de refuser l'engagement des Congréganistes non employés dans les écoles communales. Le Révérend était allé s'entendre avec le T.H.F. Philippe. Il lui avait écrit ensuite plusieurs fois et lui avait même transmis le savant travail qu'il avait préparé sur la question, ce qui ne l'avait pas empêché de lui rendre une 2e visite. Ils avaient obtenu que les sujets encore au Noviciat pussent contracter l'engagement et trois avaient été accordés pour les faire breveter et les préparer aux écoles communales. En décembre 1866, le recteur de Lyon refusa les engagements dans ces conditions et voulut en référer au ministre. Le Révérend lui demanda un sursis et s'empressa de mettre le F. Philippe au courant. Ils obtinrent sans doute ce qu'ils désiraient.
[24] Les correspondances officielles continuaient d'être très nombreuses, sans compter celles avec les Frères, beaucoup plus nombreuses encore et que nous pourrions évaluer à 8.000 lettres au moins en 1866.
Circulaires 17-01 et 21-06-1866
[25] La 1re circulaire de cette année répondait aux souhaits de bonne année des Frères en leur souhaitant la piété, la régularité, la charité, le bon esprit, la paix du Seigneur, la science des saints et la ferveur.
[26] Elle leur parlait ensuite longuement des nombreuses et fortes vertus du bon F. Bonaventure qui venait de passer à une vie meilleure.
[27] Elle contenait diverses prescriptions pour les études des Frères, les encouragements aux élèves et la liste des bienfaiteurs de la chapelle de la maison. Elle ordonnait de faire mémoire de Saint Joseph, à vêpres et à laudes tous les jours de l'année 1866, pour lui recommander les divers besoins de l'Institut.
[28] La 2e circulaire fixa la retraite du Régime au 8 juillet, celle de Glascow au 19 dudit, la 1re de Saint-Genis au 26 août pour les Frères employés dans les départements du Rhône, de Saône et Loire, de la Côte-d'Or, de l'Allier, du Cher, de la Creuse, de la Nièvre, du Puy-de-Dôme, de la Haute-Loire et de l'Ardèche; la 2e au 13 septembre, pour ceux des départements de la Loire, de l'Isère, de l'Ain et de la Drôme; celle de Saint-Paul au 2 septembre; celle de La Bégude au 6 dudit; celle de Beaucamps au 18 du même et celle d'Hautefort au 30 du même également.
[29] Avec les nombreux avis donnés tous les ans, la circulaire annonçait l'Arithmétique de l'Institut, l'ouverture de la chapelle pour les retraites, la continuation des quêtes pour en achever le payement, une neuvaine pour se préparer aux retraites et de nombreuses prières, visites et pratiques pieuses, dans les noviciats surtout, du 1erjuillet au 31 octobre, pour les divers besoins de l'Eglise et de l'Institut. Parmi ces pratiques pieuses se trouvait le chemin de la Croix tous les vendredis. Il a été fait depuis et se fait encore en communauté, mais sans chants.
[30] La 1re retraite fut prêchée par le R.P. Balmon et la 2e par le R.P. David, Maristes.
[31] Le 26 août, fête du T.S.C. de Marie et jour de l'ouverture de la première eut lieu la bénédiction solennelle de la chapelle définitive. M. Pagnon, vicaire général, présida à la cérémonie au nom de son Eminence le cardinal de Bonald, assisté de M. Maga, aumônier de Son Eminence et ancien principal du collège de Thoissey.
L'horloge du Fr. Dacien
[32] Le F. Dacien, aujourd'hui directeur à Chazelles-sur-Lyon, a un talent remarquable pour la mécanique. Il avait inventé et fabriqué une horloge qui était un véritable chef-d’œuvre et l'avait exposée dans la salle où se trouve présentement la cordonnerie, en 1859. Elle y resta 7 ans, après lesquels elle fut démontée et ses différentes pièces portées au grenier du bâtiment neuf, pour faire place aux cordonniers. Toutes ces pièces furent détruites ou emportées par les soldats indisciplinés de la République pendant l'occupation militaire de la maison. Nous regrettons la perte de ce chef-d’œuvre dont nous plaçons ici une courte description.
[33] Elle marquait le mouvement diurne de la terre, les phases de la lune, la marche de plusieurs autres planètes, le lever et le coucher du soleil. Un soldat, placé sur un chemin de fer rectiligne, indiquait les minutes avec son épée et s'en retournait à chaque heure, pour recommencer son voyage. Deux fois par jour, une procession se mettait en marche sur une circonférence tournante. On y voyait le Suisse240, les enfants de chœur, les prêtres, les fidèles, même un béquillard, suivant les autres. Pendant cette procession, un carillon jouait des airs d'hymnes lyonnaises. Chaque jour on apercevait un petit rideau rouge s'élevant lentement pour laisser voir une modeste chambre dans laquelle l'ange Gabriel saluait Marie et lui annonçait l'Incarnation du Verbe en son chaste sein. En haut on voyait l'Enfant-Jésus, au centre d'un cercle tournant sur la circonférence duquel les anciens patriarches passaient à tour de rôle et s'inclinaient devant le divin Enfant qui les bénissait, deux fois le jour.
[34] La destruction de ce chef-d’œuvre, nous dit-on, pèse encore lourdement sur le cœur de son auteur. Elle a été, en effet, très regrettable, car cette savante invention eût fait honneur à son auteur et à l'Institut auquel elle eût pu procurer quelques ressources.
Engagements dans l'Institut
[35] 146 postulants échangèrent les nippes qu'ils avaient apportées du monde contre l'habit religieux, en 8 vêtures dont deux à Saint-Genis — une présidée par Mgr. Dubuis — 2 à Saint-Paul, 2 à La Bégude, une à Beaucamps et une à Hautefort.
[36] Cette année-là, l'Institut s'augmenta de 74 profès dont voici les noms: Frères Acace, Adrius, Albin, Arconse, Bénédicte, Bénildès, Béniti, Erasme, Fidélis, Germanus, Jean-Silas, Josephus, Louis-Ferdinand, Marie-Ambroise, Maximilien, Narséus, Palmaque, Stanlislas, Vitalis, Aglibertus, Angèle, Antonius, Arégius, Béani, Blaise, Bérardus, Blasius, Borromée, Capistran, Cérinus, Alpinien, Fleury, Genis, Laurentin, Ludovic, Marie-Victoric, Odon, Adventor, Arsénius, Cassianus, Ezéchius, Hadelin, Hélène, Illide, Jean-de-Matha, Jourdain, Martin (de Saint-Paul), Mathéa, Médéric, Pollion, Polyxène, Réol, Sérapion, Sylvius, Wilfrid, Agnel, Appèles, Mondolphe, Possidius, Riquier, Rodulphe, Albée, Hémitérius, Kilianus, Léobard, Maixent, Martin (de Beaucamps), Odilon, Valérien, Valfré, Tertius, Augulus, Austin et Stephen.
[37] Il serait superflu d'ajouter que quelques-uns de ces nouveaux profès regardèrent ensuite derrière eux, parmi lesquels, nous le disons une fois de plus, il y en avait qui seraient morts dans la Congrégation s'ils n'avaient jamais été directeurs.
[38] Il n'y eut que 2 stables, les Frères Pierre-Marie et Hymère. Celui-là était revenu des missions de l'Océanie.
Nos défunts
[39] 27 élus quittèrent la terre pour le ciel en 1866, savoir: Pierre Faure, postulant; les Frères Thomas d'Aquin et Joseph-Gabriel, novices; les Frères Adorateur, Sennanus, Fernand, Sébastianus, Williams et Cypriano, obéissants; les Frères Hermyle, Fabien, Andoche, Gabriel, Flavien, Aphrodise, Emilas, Abrosima, Chryseuil, Appolinaris, Avellino, Marie-Martyrius, Antoine-de-Padoue, Octavius, Illide et Classique, profès et le F. Paul-Marie, stable.
[40] Le novice Cypriano fit une mort des plus édifiantes à Aveize où il était cuisinier. Il était si beau après son trépas que tous les enfants de l'école et la plupart des habitants voulurent le voir, l'orner de fleurs et d'une couronne de lis. Ses obsèques, auxquelles presque tous les paroissiens assistèrent, furent un événement dans la paroisse.
[41] Le F. Hermyle édifia aussi tous les Frères de Saint-Paul par sa douceur, sa patience et son grand désir de quitter au plus tôt cette misérable vie.
[42] Le F. Fabien était infirmier à Saint-Paul. Il fut demandé à la maison-mère, à l'entrée de l'hiver de 1866, pour y soigner de nombreux malades. Il s'y dévoua, augmenta ainsi son asthme et fut victime de sa charité. Il avait un frère médecin dont il sut utiliser les conseils au profit des malades.
[43] Le F. Paul était le premier sujet qui s'était mis sous la conduite de M. Fière, vicaire général de Valence et premier fondateur des Frères de Saint-Paul-3-Châteaux. Après la réunion de ces Frères avec nous, il ajouta à son nom celui de Marie. Il avait été soldat dans l'armée piémontaise. Il aimait raconter qu'en une bataille, pour défendre le terrain pied à pied, comme un certain nombre de ses camarades il s'était caché derrière un arbre d'où il tirait sur l'ennemi. Celui-ci approchant trop, notre homme décampa au plus vite, perdit une de ses bottes dans un marécage et n'osa pas s'exposer à la mort pour la reprendre. F. Paul était celui auquel M. Mazelier avait le plus de confiance. Il fut directeur du noviciat et de plusieurs écoles, y compris celle de Montdragon où il brilla peu et que l'on dut fermer après lui, en laissant 800 fr. de dettes. Il n'était pas taillé pour l'enseignement. La simplicité, la modestie, la piété paisible, la régularité, un profond respect pour l'autorité étaient ses vertus principales. Il les pratiquait avec une telle aisance qu'elles semblaient lui être naturelles. Au reste on peut lire sa biographie.
[44] F. Flavien était un ancien, un bon religieux, d'une simplicité un peu exagérée. Directeur à Boulieu en 1841, son cuisinier lui avait fait croire que les épiciers ne lui vendaient que du sel plein de vers et le bon homme s'était empressé de vérifier la chose dans le coffret à sel. Déchargé ensuite de la direction et de la classe, il remplissait de son mieux l'humble emploi de cuisinier. En 1859, son directeur, se figurant qu'on le lui avait donné pour le surveiller, lui fit plusieurs vilains tours. En hiver, par un froid rigoureux, à l'aide de ficelles arrangées par lui, il agitait la sonnette de la porte d'entrée et adjurait F. Flavien d'aller ouvrir cette porte à l'entrée de la cour. Le bon homme s'habillait plus ou moins, en grommelant, descendait et rentrait en disant qu'il n'y avait personne. "Vous avez trop lambiné, ripostait le directeur, on a eu froid et on est parti." Le même tour fut répété plusieurs fois. Pendant la guerre d'Italie, le même directeur copia tous les termes botaniques et les fit précéder de cette appellation: mon cher Garibaldi. Laissant le papier à découvert dans son bureau, il s'entendit avec un menuisier. Celui-ci, pendant la classe, apporta une caisse de laquelle sortaient plusieurs bouts d'étoffe de diverses couleurs, la déposa en disant qu'elle arrivait de Lyon et que le F. directeur était au courant. Cette caisse et la prétendue lettre à Garibaldi furent aussitôt le sujet d'une longue missive du F. Flavien au C.F. Louis-Marie qui y fut pris et qui dépêcha un directeur voisin pour aller vérifier le fait. Le vérificateur et l'accusé se firent du bon sens, mais le F. Flavien fut retiré, c'est ce que voulait son directeur dont nous désapprouvâmes ensuite la conduite.
[45] Le jeune Frère Classique était un bon dauphinois et un assez habile hidroscope241 qui fut appelé en divers lieux pour y exercer son talent.
Fondations
[46] Il n'y eut que deux fondations cette année-là: Mayres et Issy-l'Evêque. Fondée par M. Blanchon, l'école d'Issy devait être libre. Le maire était un soliveau242. Excité par son pédagogue, il fit une opposition à l'ouverture. On y lisait: "Le sol des classes est élevé de deux mètres au moins au-dessus de la route, donc elles sont humides!... En les visitant, j'ai vu un ouvrier qui perçait des trous!..." Nous fûmes obligés de faire le voyage de Mâcon en compagnie de M. Blanchon et de nous disputer avec les employés de la préfecture pour faire lever cette ridicule opposition.
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