Presentation

F. AVIT, Henri Bilon


ANNALES DE L'INSTITUT

DIVISEES EN NEUF ETAPES

Rédaction commencée en 1884

Roma 1993

Digitalisé par Fr. Louis Richard

PRESENTATION

Outre les "Annales des maisons", F. Avit a composé les "Annales de l'Institut" dans lesquelles il rapporte les faits concernant l'Institut comme tel, depuis la naissance du Fondateur, 1789, jusqu'en 1891.

La première partie de ces dernières avait été publiée sous le titre: "Abrégé des Annales", à Rome en 1972. Le stock de cet ouvrage étant épuisé de nos jours, une nouvelle édition s'est imposée. C'était donc l'occasion de publier l'ensemble de l'ouvrage. Il va paraître en trois volumes dans le courant de l'année, sous le titre que F. Avit lui a lui-même donné: Annales de l'Institut.
Le présent texte est l'exacte transcription du manuscrit. Mais comme il n'est pas écrit par l'auteur personnellement, mais dicté par lui à différents secrétaires, l'intégrité du texte paraît moins importante que celle de la pensée. Les fautes d'orthographe, manifestement causées par la distraction des secrétaires, sont corrigées. Les fautes plus importantes, comme des accords de verbe, sont corrigées en mettant entre crochets les lettres qui manquent. Les mots omis sont également restitués entre crochets, tandis que les mots en trop sont mis entre parenthèses.
Il est notoire que F. Avit commet beaucoup d'erreurs, surtout de dates. Elles sont rectifiées dans toute la mesure du possible par des renvois en bas de page.
La ponctuation, notamment l'usage exagéré des virgules et des points-virgules est modifiée par la suppression des virgules quand elles ne sont pas nécessaires pour la compréhension de la phrase et par la substitution d'un grand nombre de points-virgules, soit par une virgule, soit par un point, surtout si la phrase est déjà longue, soit quelquefois par deux points, selon les règles en usage de nos jours.
Les paragraphes trop longs sont divisés selon les différents thèmes développés. Pour permettre une consultation plus facile, les paragraphes sont numérotés par un chiffre entre crochets.
L'auteur ne met pas de sous-titres. Ils sont donc tous ajoutés. Pour laisser cette impression de texte suivi, ceux-ci sont en fin de ligne et non, comme on a coutume de le faire, soit au début de la ligne, soit au milieu.
Comme les paragraphes sont souvent juxtaposés, sans suite logique et qu'il serait fastidieux de mettre un titre presque à chacun, les sous-titres restent souvent dans le vague et suggèrent plus qu'ils ne disent.
L'analyste a rassemblé dans un cahier à part, ajouté à la fin de l'ouvrage, quelques notes. Elles ont été mises à la place indiqué mais reproduites avec un caractère plus petit et en retrait sans autre indication.
Si le lecteur trouve le texte dans son ensemble trop hétérogène à cause de l'enchevêtrement des thèmes, des redites, qu'il se rappelle d'abord qu'il s'agit non pas d'une histoire ou d'un récit suivi, mais d'annales, c'est-à-dire d'une suite de faits notés à mesure qu'on se les rappelle ou qu'ils se sont déroulés dans le temps. De plus, il faut aussi prendre en compte la manière de travailler de l'auteur qui dicte son récit à mesure que sa mémoire le lui présente ou qu'il trouve un document. Son but n'est pas de dégager le sens, de révéler les intentions, de faire des rapprochements, bref! d'élaborer l'histoire au sens scientifique du terme, mais simplement de rapporter des documents, des faits, dont l'historien pourra se servir. D'où sa préoccupation de ne rien oublier, de noter tout ce qu'il découvre dans sa mémoire ou par ses recherches. Et comme il ne peut pas revenir en arrière, mettre des surcharges ou recommencer plusieurs pages, il note à la suite au détriment d'un enchaînement logique auquel, pour ne rien manquer d'essentiel et faute de temps que la maladie déjà limite, il ne peut s'arrêter.
Ces considérations jointes à celles qu'il expose dans la "silhouette de l'annaliste" doivent à la fois rendre le lecteur indulgent face aux défectuosités de ce texte et reconnaissant envers l'auteur pour l'esprit qui l'a guidé tout autant que pour l'effort dont il a payé la réalisation de son oeuvre.
Comme les lettres de M. Champagnat constituent peut-être la plus abondante source d'information de F. Avit, il est conseillé d'accompagner la lecture de ces annales de celle des lettres également présentées chronologiquement. On aura de la sorte un aperçu plus objectif sur les faits.
F. Paul Sester

AVIS AUX LECTEURS

Celui qui offre ces Annales à ses Frères en Jésus-Christ, ne peut avoir la prétention d'écrire un chef-d'oeuvre. Il n'a point non plus l'intention de reproduire la vie du vénéré Père Champagnat, un autre l'a écrite mieux qu'un pauvre annaliste ne saurait le faire. Il offre à ses bienveillants lecteurs le côté palpable, visible, matériel, la silhouette, la charpente de l'édifice élevé par le vertueux Fondateur avec tant de fatigues et de privations.

L'auteur s'est aidé, pour ces annales, des écrits du R.P. Bourdin, du R.F. François et du C.F. Jean-Baptiste. Il s'est servi des documents qu'il a trouvés aux archives de la procure générale, du secrétariat de l'Institut, ou dans les maisons particulières. Il s'est aidé des souvenirs de M. Philippe Arnaud, neveu du Fondateur, de ceux de quelques Frères anciens, enfin de ses propres souvenirs, car il a eu le bonheur de connaître le vénéré Père et de vivre sous sa direction pendant près de trois ans.
Il n'a qu'une partie du manuscrit du P. Bourdin, l'autre ayant été soustraite par les Pères Maristes après la mort de l'auteur de ce manuscrit¹. Cette partie renferme un assez grand nombre de notes mais elles sont sans dates. Elle renferme aussi la vie très exemplaire de deux jeunes vieillards: les Frères Gébuin et Jean. L'annaliste en donnera un résumé en son lieu².
Le C.F. Jean-Baptiste paraît avoir eu en vue de faire un corps de doctrine en écrivant la vie du vénéré P. Champagnat. Il a groupé les faits sans s'inquiéter assez des dates précises. Il a réuni les maximes, les avis et les instructions du bon Père, selon le plan qu'il avait conçu soi-même, mais sans dire à quelles dates le vénéré Père avait donné ces maximes, ces avis et ces instructions. L'annaliste suivra cet exemple. Du reste, pour ne pas trop allonger son récit, il ne donnera que l'analyse d'un grand nombre de documents dont [s']allongerait trop ce même récit s'ils étaient donnés in extenso. Tels sont la plupart des correspondances, des circulaires, des instructions citées par le C.F. Jean-Baptiste.
Avant d'écrire les annales qui vont suivre, l'auteur a déjà écrit celles de chacun des postes situés dans les départements de l'Ain, du Rhône, de l'Isère, de Saône-et-Loire, de la Nièvre, du Cher, de la Creuse, de l'Allier, des cantons de Pélussin, de Saint-Paul-trois-Châteaux, de Bollène et de Pierrelatte³. Ces annales étant destinées, non à la publicité, mais à tenir les supérieurs, surtout ceux de l'avenir, au courant du passé, l'annaliste y a réuni tous les renseignements qu'il a pu découvrir sur les lieux, les faits et les personnes, les conditions des fondations, les épreuves subies, les résultats obtenus, les dévouements, les défaillances, etc. Sans vouloir nuire à personne, il a cru devoir signaler tout ce qui pouvait éclairer la physionomie de chaque établissement, ainsi que celle de toute la Congrégation. L'expérience du passé doit diriger les gouvernants du présent et ceux de l'avenir. Aux lecteurs qui trouveraient le style de ces annales trop original et peu châtié, l'auteur peut répondre:
1 Chacun agit selon le talent qu'il a reçu.
2 Si le temps a manqué aux anciens Frères pour les études classiques, s'il en a eu, lui, moins encore que bien d'autres, ayant toujours été sur la brèche, l'Institut ne lui ménagea jamais le travail, même nocturne, et les fatigues de tous genres.
3 Que les lecteurs veuillent bien lire la silhouette qui va suivre, ils y verront dans quelles conditions défavorables il a dû rédiger ces annales. Qu'on lui permette de dire sans ostentation qu'elles auraient été rédigées bien autrement, s'il avait pu lire et écrire lui-même assez facilement.
A ceux qui penseraient que le mot "étape" est inconvenant dans nos annales, il répond qu'il considère l'Institut comme une armée sous les ordres de la Reine des Anges, marchant à la conquête des âmes et s'avançant chaque jour vers l'éternité.