1861
Un nouveau gouvernement
[1] Lorsque le R.F. François céda le fardeau de l'autorité première au R.F. Louis-Marie229, l'Institut comptait 379 maisons, noviciats, pensionnats ou externats. Depuis l'origine, 395 avaient été fondées, mais on avait dû en supprimer 16 qui avaient été mal basées d'abord ou dont les bases s'étaient ensuite amoindries. De ces maisons fermées, 8 avaient été fondées par nos supérieurs, y compris Vauban et la Grange-Payre, 6 l'avaient été par M. Mazelier et deux par M. Vernet.
[2] La première circulaire du R.F. Louis-Marie pour l'année 1861, fut écrite pendant les fêtes de Noël 1860. Il y déclara qu'il emploirait son généralat à fortifier dans l'Institut l'esprit de piété, de charité et de régularité. Il développa longuement et savamment ces trois points. Il termina cette permière circulaire par les avis suivants:
[3] "A part la nourriture, ne faites que les dépenses absolument nécessaires, de manière à pouvoir ajouter 50 fr. au vestiaire de chaque Frère pour nous aider à couvrir nos grandes dettes.
[4] Continuons à préparer la construction de notre chapelle. Dans ce but quêtez prudemment dans vos classes, dans les localités que vous occupez et dans vos familles, mais sans employer les deniers de l'Institut, jusqu'à ce que nos dettes soient couvertes. Il nous reste une grande partie des 50.000 portraits du pieux Fondateur et 2.000 exemplaires de la carte de Jérusalem que nous avons fait graver sous la direction de M. Bélier. Mettez du zèle à placer ces deux objets et tirez-en tout ce que vous pourrez. Ceux qui donneront au moins 20 fr., seront inscrits comme fondateurs de la chapelle..."
[5] Cette circulaire renfermait un questionnaire que les Frères directeurs devaient garnir pour préparer les annales. C'était le second et il en fut envoyé un 3e plus tard. Les Frères directeurs y répondirent plus ou moins, mais la plupart de leurs réponses disparurent au déménagement de la maison-mère en 1870230. Ces questionnaires nous ont donc peu aidé dans la rédaction des annales et nous avons dû multiplier nos recherches pour y suppléer, comme nous l'avons déjà dit.
[6] Le Révérend finissait en interdisant l'emploi des ballons, des pétards et des feux d'artifice, d'après les plaintes qu'il avait reçues à cet égard.
Face aux circonstances
[7] Le 30 janvier, le Révérend refusa de remplacer les Frères de Saint-Viateur à Grézieux, malgré les instances de M. le curé et celles du R.P. Rigotier.
[8] Le 11 mars, on écrivit au directeur g[éné]ral des postes pour réclamer la continuation de la franchise avec les préfets et les inspecteurs d'académie laquelle était contestée dans un certain nombre de bureaux de postes, bien qu'elle eût été obtenue antérieurement.
[9] Le 18 avril, le Révérend refusa les Frères demandés par l'archevêque de Tours, malgré les obligations qu'il avait à Sa Grandeur. Il tenait à grouper les établissements autour des maisons de noviciat, afin de fortifier la discipline et l'autorité des premiers supérieurs, ce qui lui paraissait difficile avec des établissements trop espacés.
[10] La requête du Révérend n'ayant pas réussi auprès du directeur g[éné]ral des postes, il dut l'adresser directement au ministre des finances lequel n'y fit pas droit. Le 8 juillet, cette requête dut être envoyée au ministre de l'Instruction publique qui ne l'agréa point. Celui des finances accorda enfin cette franchise, le deux août.
[11] La circulaire du 16 juillet fixa l'ouverture des retraites de la maison-mère au 25 août et 8 septembre; celle de La Bégude au 15 septembre, celle de Saint-Paul au 24 dudit; celle du Nord au 1er et celle de l'Ouest au 22 du même mois. Les classes devaient être fermées du 22 au 24 août et rouvertes du 1er au 4 octobre.
[12] Le R.P. Corneille, Jésuite, demanda 2, 4 ou 6 Frères pour l'Ile de Madagascar. Le R. Frère les lui refusa par de grands regrets, le 9 novembre.
[13] Nous avons dit déjà que la maison-mère eut son cimetière en avril 1860 et qu'il était situé à l'angle sud-est de l'enclos. Il y resta 5 ans et 57 Frères ou novices y furent inhumés. Nous verrons plus loin comment ce cimetière fut transféré ailleurs, ainsi que les ossements des 57 défunts sudits.
[14] En 1861, les aumôniers étaient les RR. PP. Matricon, de Lalande et Vacher. Les deux retraites furent prêchées par les RR. PP. Colombier et Gilles.
[15] Le Révérend se décida à diviser le Centre en deux Provinces, au lieu des deux sections de l'année précédente, mais le noviciat resta commun pour la Province de Saint-Genis et celle de l'Hermitage, ce qui gênait les deux Assistants. Le F. Placide y remplaça le C.F. Chrysogone qui fut chargé de la Province de Saint-Paul. Le C.F. Philogone reçut celle de La Bégude et le C.F. Pascal celle de l'Hermitage. Le C.F. Jean-Baptiste garda celle de Saint-Genis et le C.F. Théophane celle du Nord, de l'Ouest et des Iles.
M. l'abbé Benoit à La Bégude
[16] Le Père Besson qui était aumônier de La Bégude depuis 1844, fut retiré, les PP. Maristes ayant décidé qu'ils n'iraient plus seuls nulle part. Mgr. de Viviers nomma l'abbé Benoit pour le remplacer, ce qu'il fait encore en 1890, bien qu'il soit entièrement sourd. Il annonça sa nomination au R. Frère le 18 octobre par une lettre excellente dans laquelle nous relevons ce passage:
[17] "J'arrive chez vous, mon R. Frère, avec la volonté bien déterminée de consacrer à la sanctification de vos chers Frères tout ce que le bon Dieu m'a donné d'intelligence et d'énergie. Je m'estimerais bienheureux de pouvoir vous aider un peu à former de bons et saints religieux dont le zèle et les vertus puissent honorer notre sainte religion si cruellement éprouvée et servir à régénérer la société qui menace ruine.
[18] Pour remplir dignement ma tâche et réaliser mes voeux et les vôtres, vos saintes prières me sont indispensables: vous ne me les refuserez pas. Vos sages conseils ne me sont pas moins nécessaires. Croyez bien, M.R. Frère, qu'ils seront toujours reçus avec docilité et reconnaissance. Il faut beaucoup de prudence pour conduire les âmes dans les voies de Dieu et je suis presque sans expérience. J'entre dans une carrière en quelque sorte nouvelle pour moi. Je risquerais d'y faire beaucoup de faux pas si votre charité ne venait m'éclairer un peu des lumières que vous avez reçues d'en haut, ou que vous avez acquises par une longue pratique de la vie religieuse et des personnes qui veulent s'y vouer..."
[19] M. Benoit et le C.F. Malachie ont toujours fait un très bon ménage depuis et ont ainsi allégé le travail du C.f. Assistant.
Accroissement du personnel
[20] Cette année-là, il y eut 8 vêtures: 2 à Saint-Genis, 2 à Saint-Paul, 2 à La Bégude, 1 à Hautefort et 1 à Beaucamps. Elles donnèrent 171 jeunes Frères à l'Institut. Elles furent présidées par le R.P. Favre, Supérieur des Pères et M. Pagnon, vicaire g[éné]ral à Saint-Genis; par Mgr. Lionnet, évêque de Valence, et par M. Merle à Saint-Paul; par des curés à La Bégude et à Hautefort et par le R.P. Rey, à Beaucamps.
[21] 110 novices firent profession après les diverses retraites. Voici leurs noms: Frères Acaire, Achiléus, Aglibert, Arbogaste, Arpin, Azarie, Florentien, Foulques, Fridien, Girard, Hésique, Jules-Joseph, Justus, Léonard, Marie-Alexis, Marie-Bertrand, Marie-Victor, Paternien, Pollius, Phocus, Polyeucte, Sadoc, Sallustien, Théogène, Xavérus, Zotique, Celestinus, Aggéus, Amaranthe, Baruch, Callixte, Céphas, Chryseuil, Culmace, Elpidius, Gabriel, Genès, Guillaume, Jean-Gualbert, Luciole, futur Visiteur, Marie-Eugène, Marie-Jumien, futur vicaire provincial, Marie-Régis, Marinus, Palladius, Raoul, Sophrone, Stylite, Théonas, Turibe, Achéolus, Adalbérini, Agricola, Alexius, Alypius, Anatole, Anselmus, Appolinaris, Achélaüs, Bavius, Condé, Denis, Diégo, Dunstan, Emiliani, Eric, Fortuné, Gonzalvi, Hérodion, Libanius, Marie-Zéphirin, Médard, Némésien, Octave, Odéric, Odin, Palmétius, Prétextat, Prosper, Rodrigue, Silvio, Similien, Siméon-Stylite, Valens, Venant, Achilléus, Adalbérius, Aubert, Caïus, Caleb, Couronné, Chrysolus, Elaphe, Isméon, Léonardi, Salvator, Dotton, Bérillus, furtur Assistant, Gérald, futur Assistant, Galation, Hormisdas, Jude-Marie, Laurentius, Tranquillin, Théodard, Sulpicius, Syagrius, Viateur et Majoricus.
[22] Plusieurs de ces profès ne persévérèrent pas. Cette riche moisson tenait surtout aux Provinces du Midi. C'était un adieu des Frères au C.F. Jean-Baptiste qui les avait dirigés pendant 18 ans à Saint-Paul et pendant 16 à La Bégude.
[23] Les 15 Frères dont les noms suivent se stabilisèrent: Amphien, Cittinus, futur Provincial, Epaphras, Eubert, futur Assistant, Jean-Philomène, Nicet, futur Assistant, Placide, futur Visiteur, Benoît-Marie, Félicité, futur Assistant, Néophite, futur Visiteur, Bernardin, Juvénal, futur Visiteur, Gaétan, Grégoire, futur Prémontré, et Flavius.
Nos défunts
[24] La mort nous enleva les Frères Eparque, Acyndinus, Marinon, Lawrence, Générosus et Simplicien, novices; les Frères Erasme, Fabiani, Gonzalès, Jean-Melchior et Adorateur, obésissant; et les Frères Claver, Gordien, Réole, Ignatius, Apronien, Evremont et Anthelme, profès.
[25] Le F. Apronien mourut dans la Providence de Montaut à Saint-Etienne qu'il dirigeait sagement depuis plusieurs années.
[26] F. Ignatius était l'un des anciens de Viviers. Après avoir dirigé les maisons de Lorette, de La Côte et de Terrasson, l'épuisement l'obligea à se retirer à Hautefort. Il y édifia tous les Frères par son humilité, sa piété, sa patience et sa grande dévotion à la Sainte Vierge. Il promit au F. directeur de solliciter si bien la Reine des Anges qu'elle serait mise en demeure de réunir quelques postulants à Hautefort où ils avaient été rares jusque-là. En effet, il en vint plusieurs peu après sa mort, arrivée le 29 juin.
[27] Dix ans après, creusant une fosse trop près de son tombeau, dans le cimetière de l'hospice, le fossoyeur découvrit le corps du défunt vêtu de ses habits religieux, le tout bien conservé. Le f. Tharsice fut témoin, mais la tombe fut refermée de suite.
Nouvelles fondations
[28] On fonda les maisons de Glasgow (Saint-André), Grans, Le Thor, Remoulins, Saint-Geniez, Domme, Pont-Salomon, Saint-Just-en-Bas, Braine-le-Comte, Caestre, Loyes et
Villié.
[29] Le C.F. Procope, aujourd'hui Assistant de la Province des Iles, débuta à Glasgow, y séjourna longtemps et s'y perfectionna dans la langue anglaise qu'il parle mieux que la langue française. Né Français, il se fit ensuite naturaliser Anglais et ne souffre pas volontiers que l'on dise des choses tant soit peu louches de ce peuple en sa présence, tant il est persuadé que tout est bien en Angleterre et dans les colonies anglaises.
[30] Remoulins, Pont-Salomon, Caestre et Domme ne subsistèrent pas longtemps. Braine-le-Comte fut fondée par un chanoine assez riche, mais d'une originalité peu commune. Il fut sans cesse en tiraillement avec les directeurs de sa maison et les premiers supérieurs qui ne parvinrent pas à le satisfaire. Au bout des 20 ans fixés par les conventions passées avec lui, on dut se séparer.
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