Presentation



Download 1,75 Mb.
bet33/79
Sana07.04.2017
Hajmi1,75 Mb.
#6171
1   ...   29   30   31   32   33   34   35   36   ...   79

1848




Frères de Vendée


[1] Il paraît que le Supérieur général des Frères de Saint-Gabriel en Vendée commençait à regretter les maisons de la Provence qu'il avait offertes lui-même à nos supérieurs deux ans auparavant. Il réclama une indemnité financière pour la cession desdites maisons. Le C.F. Supérieur lui répondit ainsi, le 5 février:
[2] "Mon T.C. Frère, Comme vous n'avez pas rempli les conditions auxquelles vous étiez tenu dans l'affaire de la transmission de vos maisons de Provence et que par suite nous avons été obligés de faire de grands sacrifices pour éviter le mal qu'avait fait le départ subit de vos Frères, je ne me crois pas obligé de vous payer la somme que vous me réclamez. Le remplacement de vos Frères a été une mauvaise affaire, non pas en elle-même, mais par la manière dont elle s'est faite, et c'est nous qui en subissons toute la conséquence. Toutefois cela n'affaiblit nullement l'affection et l'estime que je porte à votre Congrégation. Veuillez agréer..."
* * *
[3] Mgr. de Pins, qui avait sagement gouverné l'archidiocèse de Lyon pendant 16 ans, s'était retiré à Fourvière depuis 1840. Sa Grandeur voulait fonder une école gratuite qui serait dirigée par nos Frères à Monsols. Dans ce but, Elle demanda un plan et un devis au C.F. Supérieur qui les lui envoya le 17 février.

Révolution de 1848


[4] Les ministres de Louis-Philippe avaient déclaré à la tribune quelques semaines auparavant que leur maître, ce Roi-bourgeois qui régnait et ne gouvernait pas, était assis sur le roc et que rien ne pourrait le renverser. Le bon Dieu trouva que ces hommes l'avaient assez bravé, qu'ils avaient assez fait de mal à la France et il permit qu'ils fussent piteusement chassés le 24 février. Cette chute provoqua une commotion populaire dont les braves gens et les maisons religieuses souffrirent momentanément.
[5] Les Frères de l'Hermitage eurent en cette circonstance, eux aussi, leurs inquiétudes et leurs appréhensions et ils prirent des précautions et des mesures en cas d'envahissement. En effet, ils étaient isolés au milieu de leurs rochers. Les nombreux ouvriers de Saint-Etienne et de Rive-du-Gier qui étaient sans travail et commettaient tant d'excès, ne dissimulaient pas leur dessein de faire une irruption à l'Hermitage. Cependant, grâce à Dieu et à la protection de Marie dont les Frères avaient mis la médaille miraculeuse aux portes de la maison, rien de fâcheux ne leur arriva.
[6] Il est vrai que les populations voisines se montrèrent tout à fait bienveillantes et que les gardes nationales de Saint-Chamond, d'Izieux et de Lavalla avaient fait connaître leur résolution énergique de venir à leur secours. Pour plus de sûreté et de promptitude dans l'exécution, les autorités avaient établi des signaux correspondant à ces trois localités afin que, en cas de besoin, elles fussent averties en même temps.
[7] M. Michel, maire d'Izieux, qui toujours avait été bon et généreux pour les Frères, vint un jour dire au F. Supérieur qu'il craignait que les voraces ne vinssent la nuit suivante et ajoutait qu'il enverrait, pour garder la maison, un piquet de gardes nationaux. Ce qu'il exécuta au grand contentement de la communauté.

Les vocaces de Saint-Etienne


[8] Peu après, des personnes bienveillantes arrivèrent un jour, successivement, dans la matinée, pour avertir le F. Supérieur que les voraces de Saint-Etienne se dirigeaient sur l'Hermitage et voulaient de là monter chez les Sœurs de Lavalla. Le F. François se hâta d'envoyer par un Frère une lettre à M. Bedoin, curé et à M. le maire pour les informer. Il pria en même temps le bon magistrat de venir au secours de la maison. Le Frère porteur était à peine de retour qu'on entendit battre le tambour sur la route de Lavalla. C'était la garde nationale, conduite par M. Thibaud, maire, qui arrivait.
[9] Le F. Supérieur étant sorti pour les recevoir, monsieur le maire lui dit: "Où sont-ils? en parlant des voraces. - Ils ne sont pas encore venus, peut-être viendront-ils plus tard. - Dans ce cas je vais vous laisser un peloton de gardes." Et après avoir pris un rafraîchissement avec ses gardes il s'en retourna. Ces braves gens nous gardèrent de bon cœur, de vendredi au dimanche matin.
[10] La nuit suivante, pendant qu'ils étaient couchés sur leurs lits de camps, l'un d'eux qui faisait sentinelle au chemin, aperçut quelques personnes qui s'avançaient. "Qui vive?" s'écria-t-il. Point de réponse... Aussitôt il jeta le cri d'alarme et tous les autres se levèrent et accoururent. Ils furent agréablement surpris de voir que c'était des membres de la garde nationale de Saint-Chamond qui venaient faire patrouille de ce côté par dévouement pour les Frères. Ils furent si contents les uns des autres qu'ils s'invitèrent réciproquement à un banquet à Lavalla.
[11] Après avoir dévalisé les maisons religieuses de Saint-Etienne, 500 voraces, ayant à leur tête une grande poissarde portant un drapeau rouge, se mirent en marche pour venir visiter les Frères Bleus. Ils furent providentiellement arrêtés à Terrenoire et retournèrent sur leurs pas.

Frère Apollinaire


[12] Le gouvernement provisoire avait décrété qu'une assemblée de 900 membres serait nommée par le suffrage universel et que les électeurs de chaque canton devraient se rendre au chef-lieu, le saint jour de Pâques, pour élire leur représentant. Messieurs les curés dirent leurs messes de bonne heure et se mirent ensuite à la tête de leurs paroissiens pour se rendre au lieu du vote. Personne n'y manqua. Les électeurs étaient généralement en grande liesse.
[13] Le F. Apollinaire qui avait remplacé le P. Rigotier à Vauban, accompagna ceux de cette commune, monté sur un beau cheval blanc. Il avait l'air d'un colonel commandant son régiment. Son triomphe fut de courte durée. Il dut retourner à la Clayette quelques semaines après pour payer l'impôt des 0.45 décrété par les hommes qui étaient au pouvoir.
[14] Il y fut accompagné par un boucher conduisant la voiture. Le cheval s'emporta à une descente. Les deux voyageurs furent rudement jetés à terre et le F. Apollinaire fut broyé dans sa chute. Relevé sans connaissance et transporté à la cure de la Clayette, il y fut soigné pendant 40 jours et n'échappa à la mort que grâce à sa forte constitution, mais il resta boiteux et voûté pendant le reste de sa vie.

Pensionnats-noviciats


[15] Il fut remplacé à Vauban par l'excellent F. Léon que les professeurs redoutaient à cause de son genre sérieux et austère. Il fit moins de fla-fla que ses deux prédécesseurs, mais l'éducation des élèves y gagna. Quand au noviciat, il avait une maladie de langueur dont il eut de la peine à se relever. Les lauriers du pensionnat lui coûtèrent cher.
[16] Le fondateur de l'école de Marsac demanda qu'il y fut adjoint du même coup un pensionnat et un noviciat. Cette manie d'accoler ces deux spécialités était la maladie du jour. Pour la guérir, il fallut une répétition d'échecs comme ceux de La Côte-Saint-André, de St.Didier-sur-Chalaronne et de Vauban où les pensionnats avaient tué les noviciats. Le F. Supérieur répondit à ce bon curé qu'il convenait de faire autoriser d'abord le pensionnat et que l'on penserait ensuite au noviciat.

Déviation du Gier à l'Hermitage


[17] Le 25 février, le C.F. François écrivit ainsi au sous-préfet de Saint-Etienne:

"M. le sous-Préfet, Je viens vous prier, tant en mon nom qu'au nom de mes collaborateurs, de vouloir bien nous autoriser à changer le cours du Gier dans l'étendue de nos propriétés, conformément au plan que j'ai l'honneur de vous remettre. Ce changement est pour nous d'une nécessité absolue, tant pour assainir nos bâtiments que pour les mettre en sûreté contre le débordement de cette rivière. Comme elle baigne les murs de notre habitation dans leur plus grande étendue, elle entretient dans tous nos appartements du rez-de-chaussée et même du premier étage une fraîcheur et une humidité tout-à-fait nuisible à la santé de nos Frères.


[18] Il y a longtemps que, par ce seul motif, nous aurions demandé à l'éloigner, si la modicité de nos ressources ne nous aurait fait reculer devant les dépenses qu'entraînera cette rectification. Mais aujourd'hui nous sommes forés de les supporter d'un côté et de l'autre, à raison des dégâts que nous a faits l'inondation du 28 novembre dernier.
[19] Nos levées ayant été emportées, nos murs de soutènement en grande partie renversés, le quai devant la maison totalement détruit et le lit de la rivière s'étant élevé de près d'un mètre, il nous en coûterait autant pour réparer tous ces dégâts que pour creuser un lit nouveau au torrent et, avec cela, nous aurions toujours à subir les inconvénients si graves de sa trop grande proximité. J'espère donc, M. le Sous-Préfet, que vous aurez égard à la position fâcheuse dans laquelle nous nous trouvons et que vous nous accorderez l'autorisation que je sollicite.
[20] Une autre raison, plus forte encore, nous le fait désirer, c'est que la rivière par le retour subit et presqu'à angle droit de son cours devant la maison, menace de l'emporter toutes les fois qu'il y a des crues un peu considérables. C'est le danger imminent et affreux que nous avons couru au mois de novembre dernier. Dès que les murs de soutènement eurent été renversés, la rivière se jeta dans les terres mouvantes du jardin et, en un instant, elle vint battre les murs de nos bâtiments où elle ne trouvait d'autres issues que les portes et les fenêtres, issues bien insuffisantes pour une masse d'eau si grande et si furieuse. Heureusement la divine Providence est venue à notre secours en arrêtant la pluie et en faisant diminuer presque instantanément l'eau d'une manière très rapide. Sans cela la plus grande partie de notre jardin était entraînée et je ne sais ce qu'il en aurait été de nos bâtiments.
[21] Je dois vous faire observer, M. le Sous-Préfet, qu'étant propriétaire des deux rives, soit le long du cours actuel, soit le long du cours projeté, nous n'avons pas à craindre d'opposition de la part des voisins. Nous prendrons l'eau et nous la rendrons aux mêmes points et de la même manière qu'elle est prise et rendue actuellement. D'ailleurs nous nous sommes déjà entendus avec tous ceux qui pourraient y avoir quelque intérêt.
[22] Je me permettrai d'ajouter encore, M. le Sous-Préfet, que M. de la Doucette, un de vos honorables prédécesseurs, ayant eu la bonté de nous rendre une visite il y a trois ans, nous conseilla fortement lui-même cette réparation et nous promit de l'approuver dès que nous serions en mesure de l'entreprendre. J'ai la confiance, M. le Sous-Préfet, que vous voudrez bien nous accorder la même faveur et que vous aurez la bonté de nous en donner bientôt l'assurance. Le moment présent étant des plus favorables pour faire ce travail, nous pourrons au plus tôt mettre la main à l'œuvre.

Dans cette attente, je vous offre, par avance, mes humbles, etc. ..."


[23] Cette longue requête n'aboutit pas.
* * *
[24] M. Beraud, ancien vicaire de Semur, curé de Blanzy depuis 10 ans, insistait depuis plusieurs années pour avoir des Frères. Son évêque intervint et appuya sa demande pour la deuxième fois. Le C.F. Supérieur répondit à Sa Grandeur que M. Béraud était très zélé, qu'il promettait beaucoup, mais que ses promesses n'étaient appuyées sur rien et qu'il ne lui serait pas possible de les tenir.

Impression des Circulaires


[25] Le pieux Fondateur avait écrit de sa main ou fait transcrire par des Frères plus ou moins habiles les circulaires qu'il avait adressées à ses Frères. Les maisons s'étant multipliées et cette méthode devenant impraticable, il avait fait lithographier ce document par le F. Marie-Jubin qu'il avait conduit à Paris pour y être formé. Ce Frère, étant mal outillé, ne pouvait reproduire que des écrits assez courts. Cela explique la regrettable brièveté des circulaires du vénéré Père.
[26] Après 1842, le F. Directeur général avait fait imprimer les circulaires qu'il avait adressées aux Frères, mais il n'en avait fait tirer que le nombre suffisant. On n'en avait donc point mis en réserve et les Frères des établissements n'avaient pas conservé les exemplaires qu'ils avaient reçus. C'était une lacune. Pour la combler, à dater de 1848, plusieurs exemplaires des circulaires furent mis en réserve, afin de pourvoir les assembler et en former des volumes. Il fut donc plus facile de les conserver. Les Frères purent les lire et les méditer. Pour ce motif, nous cesserons de les reproduire in extenso. Nous nous contenterons de les analyser ou d'en donner les passages les plus saillants.

Convocation à la retraite


[27] Celle du premier août débutait ainsi:

"Nos T.C. Frères, C'est avec une grande consolation que je vous adresse aujourd'hui ces paroles de J. C. à ses apôtres, au retour de la mission qu'il leur avait confiée: "Venez à l'écart dans un lieu solitaire et prenez un peu de repos." Venez vous délasser de vos travaux et de vos fatigues, venez réparer vos forces épuisées et vous préparer à de nouveaux combats. La retraite, nécessaire en tout temps, l'est encore plus dans les circonstances où nous nous trouvons et après tant d'événements si propres à dissiper notre esprit et à nous faire perdre de vue les grandes vérités de la religion et l'esprit de notre état. Remercions donc la divine Providence de ce qu'elle nous permet de nous réunir, selon notre usage, pour vaquer pendant quelques jours aux saints exercices de la retraite et pour affermir en nous l'esprit de communauté, l'esprit d'union et l'esprit de charité qui doit animer les membres d'un même corps..."


[28] Pour se préparer à la retraite, tous les Frères réciteront le Veni Creator et l'Ave Maris Stella pendant 9 jours. Le C.F. Supérieur engage les Frères à remercier Dieu des signes visibles de protection qu'il leur avait donnés, surtout depuis le 24 février193. Les époques des vacances et des retraites furent les mêmes que les années précédentes. Il leur était recommandé de prendre des mesures pour la garde de leurs maisons, de leurs mobiliers et de leurs jardins pendant leur absence.
[29] Les retraites se firent bien comme à l'ordinaire. Celle de l'Hermitage fut présidée par le R.P. Cholleton, celle de Beaucamps par le P. Morcel, celle de La Bégude par le P. Besson, aumônier, et celle de Saint-Paul par M. Mazelier.
[30] A la suite de ces retraites, les Frères Acaire, Castule, Epaphrodite, Egésippe, Michel, Onuphre, Platonide, Porphyre, Régis et Thierry firent profession à l'Hermitage; les Frères Ildefonse, Marie-Sylvestre, Jean-Pierre, à Saint-Paul; les Frères Lycarion, Priscillien, Sifroy, à La Bégude; et les Frères à Beaucamps.

Frères extravagants


[31] Le F. Porphyre alla fonder l'école de Saint-Chef en 1857. Il y perdit la tête et écrivit la lettre qui va suivre à son curé:

"M. le curé, Ou nous faisons une distribution de prix, ou nous n'en faisons point. Si nous distribuons des prix, il faut que je les fasse venir d'en haut, de Grenoble, où il y a un séminaire et j'y vais, ou bien encore je pourrais les prendre dans notre maison de Trieux où il y a un cimetière à mine. Dans l'un et l'autre de ces deux cas embarrassants, il faut pour ce: 1 que j'écorche un vieux cheval de rebut, mais qui traîne encore ses semblables au cimetière, que je vende au maquignon de Grenoble un grand et assez beau mulet de la Grande-Chartreuse avec la peau d'un âne de belle venue; 2 que j'enterre un cheval de campagne de petite taille et de race auvergnate qu'on m'a donné à rétablir, revêche, méconnaissant la main qui lui tend le foin et l'avoine et ne prenant répugnance qu'avec les infusions de palma-christi préparées par les cuisiniers du pays, que je mette enfin dans la même fosse deux autres pièces qui servent encore faute d'autre et malgré leur peu de valeur. Que faire s'il vous plaît? Signé: F. Porphyre.


[32] M. le curé admira cette poésie d'un nouveau genre et défia ses deux vicaires d'en faire autant. Après cette incartade, ce Frère fut rappelé à Saint-Genis, y causa des inquiétudes et fut renvoyé dans sa famille.
[33] La jeunesse du F. Priscillien, l'un des profès susdits, avait été orageuse. Le saint curé d'Ars l'avait converti et décidé à se faire religieux. Venu chez nous, il prêcha la régularité à outrance et se permit des escapades plus ou moins voilées. Nommé plus tard directeur à Largentière, il se lia avec la fille du geôlier de la prison. On devine le reste.

F. Avit, Visiteur à plein temps


[34] Nous avons vu que le F. directeur de Montdragon était en même temps Visiteur pour les Provinces de Saint-Paul et de La Bégude. La mairie et le clergé réclamèrent contre ce double emploi. "Ce Frère, disaient-ils, ferait parfaitement notre affaire, mais ses nombreuses et longues absences, malgré son zèle, ne lui permettent pas de donner assez de temps à notre école. Déchargez-le des visites et nous en seront enchantés, ou bien donnez-nous en un autre." Les supérieurs adoptèrent ce dernier parti. L'école de Montdragon reçut un nouveau titulaire et le F. Avit revint à l'Hermitage pour y être l'unique Visiteur du Centre et du Midi pendant 7 ans. Il eut beaucoup à faire, l'emploi n'étant pas encore pratiquement créé...
[35] On fonda Saint-Vincent-de-Rheins dans la Province de l'Hermitage et Saint-Victor-la-Coste, dans celle de Saint-Paul.

Grange Payre, école spéciale


[36] On supprima le pensionnat de la Grange-Payre et on y établit à la place une classe dite du brevet. Des jeunes Frères et des vieux y étaient aiguillonnés par le F. Sylvestre. Tous venaient passer les dimanches à l'Hermitage. Pour les stimuler, F. Sylvestre avait fait placer un joli cadre doré au parloir. Il y mettait les compositions de ses élèves tous les samedis.
[37] Les vieux, toujours les derniers, en étaient agacés. Ils s'entendirent. Le tableau fut mis en pièces et les débris furent jetés aux lieux pendant la nuit du samedi au dimanche. Le professeur en avertit le C.F. Louis-Marie dès le matin. Au moment de la communion le C.F. Assistant défendit aux destructeurs du tableau de s'approcher de la sainte table. Tous ceux de la Grange-Payre restèrent à leurs places...
[38] Cette affaire causa une grande émotion dans toute la maison. On fit des enquêtes sans succès. F. Sylvestre remua ciel et terre. Il ne mangeait, ne buvait et ne dormait plus. Les vieux étaient pourtant inquiets. Le C.F. Jean-Baptiste arriva trois jours après. Il dit que les vieux étaient les fortes têtes de l'Institut. Ceux-ci ne devinant pas sa pensée, triomphaient. Ils furent replacés dans les postes. L'affaire y avait transpiré. Interrogé sur ce fait, le F. Dominique répondit: "Ce petit b.. graillon, cette petite grabote se f..tait des vieux, on l'a mis à la raison, c'est bien fait." F. Dominique n'avait pas compris que le C.F. Jean-Baptiste n'approuvait pas l'acte des vieux, mais qu'il les faisait placer dans les postes parce qu'il les trouvait trop âgés pour étudier sérieusement.

Défections


[39] Le F. Liguory, directeur à Valbenoîte, dont les parents étaient morts à l'Hermitage, profita de l'effervescence produite par le 24 février194 pour se dérouter. Il trouva ensuite une place de régisseur dans un château de la Savoie. Rencontré quelques années après par le bon F. Polycarpe, il lui vanta les avantages de sa nouvelle position. "Alors répondit le bon Frère, vous devez être très heureux. - Je le serais assurément répliqua l'autre si je n'avais pas été Frère..."
[40] Le F. Bruno, directeur à Neuville, invoqua le même prétexte et décampa aussi. Sans être heureux, il se conduisit assez bien.

Saint-Germain-Laval


[41] Parmi les nouvelles municipalités il en fut qui molestèrent les Frères. Celle de Saint-Germain-Laval leur enleva une classe et leur étude: ils n'étaient pas déjà logés au large. L'annaliste y fut envoyé. Il s'entendit d'abord avec M. le curé qui l'accompagna ensuite auprès de la municipalité. La lettre suivante va nous dire le reste:
[42] "M. le Curé, Permettez-moi de vous exprimer mon étonnement de ce que vous ayant prié de ne pas vous engager devant ces Messieurs à maintenir la justice de paix à côté des Frères et à ne pas forcer ces derniers à transférer le congé du jeudi au lundi, chose que vous aviez déclaré vous-même leur être impossible, vous avez fait précisément ce que je vous conjurais de ne pas faire. Il est très vrai que vous n'avez pas à me rendre compte de vos actes. Cependant, il me semble, M. le Curé, que dans une question de ce genre, mon sentiment n'était pas à dédaigner. J'aurais bien aimé surtout que vous ne fussiez pas venu me déclarer devant ces Messieurs de la commission que les conditions qu'ils m'offraient étaient fort raisonnables et que j'aurais grand tort de ne pas les accepter.
[43] La position qui nous est faite par cette déclaration est des plus mauvaises. On ne manquera pas maintenant de crier bien haut que nous sommes trop exigeants et que nous ne voulons aucun accordement.
[44] Hélas! M. le Curé, si nous nous montrons difficiles quelque part, ce n'est pas assurément à Saint-Germain. Une maison assez mal distribuée et tellement éloignée de l'église que l'on n'entend pas sonner les offices auxquels, par conséquent, les Frères ne peuvent assister que très difficilement et beaucoup trop rarement. Cette maison, dis-je, ne me paraît pas très commode. Un traitement assez minime et qui même n'est pas payé intégralement depuis plusieurs années n'est certainement pas une chose très lucrative. Un mobilier assez simple pour que l'on soit forcé de se passer de plusieurs choses nécessaires, ne me semble pas être du superflu. Je ne vois guère quelles concessions il y aurait à faire là-dessus et en quoi nous serions trop exigeants. Il est vrai que nous sommes des religieux, mais alors même n'avons-nous pas comme le reste des hommes, des besoins à satisfaire et une santé à conserver?
[45] Si, aux inconvénients précédents nous joignons ceux qui résulteraient du voisinage de la justice de paix et de la mairie, vous conviendrez, M. le Curé, que la position serait insupportable. Quelles concessions nous ferons ces Messieurs si les choses sont maintenues sur le pied actuel? Que leur importe que les salles en question soient désertes ou habitées quand ils n'en ont pas besoin? C'est du provisoire dit-on, mais quand finira ce provisoire? L'administration actuelle ne veut s'engager à rien sous prétexte qu'elle ne doit pas durer longtemps, celle qui lui succédera ne trouvera-t-elle pas d'autres raisons pour agir de même?
[46] S'il fallait que la commune fît de grands sacrifices, je comprendrais l'ajournement, mais vous savez, M. le Curé, ce qu'il en est. J'ai déjà eu l'honneur de vous le dire, nous ne pouvons consciencieusement laisser plus longtemps nos Frères dans une telle situation. Nous serions certainement bien mortifiés s'il fallait abandonner la direction de votre école, cependant, plutôt que de sacrifier la vocation et la santé de nos sujets, nous nous verrions forcés de le faire. J'espère néanmoins que nous ne serons pas obligés d'en venir à cette extrémité, si ces Messieurs ne veulent rien céder, vous n'oublierez pas, M. le Curé, les promesses que vous nous avez faites de vous charger des Frères quand la commune n'en voudra plus.
[47] Je vous prie d'excuser la liberté que je prends de vous écrire, étant si près de vous, je crains de vous déranger en me présentant si souvent chez vous. D'ailleurs je préfère m'expliquer par écrit que verbalement..."
[48] Cette lettre froissa M. de Langlade. Il arriva pourtant à comprendre qu'il avait eu tort d'encenser la force brutale au lieu de protéger les faibles dont il était le tuteur naturel. L'annaliste adressa aussi un long plaidoyer au conseil municipal et les choses s'arrangèrent enfin.

Autres difficultés


[49] Le F. Festus était très populaire à Grigny. Les supérieurs avaient jugé à propos de l'envoyer à Montdragon. M. Gery, mal vu par ses paroissiens, fut accusé d'avoir fait changer ce Frère, ce qui produisit un branle-bas dans la paroisse. On insulta M. Géry, on écrivit des lettres sur lettres au F. Supérieur. M. Potin, adjoint au maire fit du potin, alla plusieurs fois à l'Hermitage et bouleversa tout à Grigny. Malgré ce fracas, le F. Festus resta où il était, M. Géry eut le dessus et M. Potin fut enfin mis à sa place.
[50] Le déplacement de l'église paroissiale avait bouleversé la nombreuse population de Pélussin. Les habitants de l'ancien bourg refusèrent de se rendre dans la nouvelle église et, le cardinal leur refusant un curé, ils appelèrent des ministres protestants. Le 24 février vint là-dessus. Un notaire se mit à la tête des mécontents. Il fut nommé maire. Il voulait chasser les Frères, mais la population tenait à eux. Comme leur école était à côté de l'église neuve, il s'opposa à ce que les enfants d'en bas s'y rendissent. Il exigea que les Frères allassent faire une classe dans l'ancien bourg. Du reste, il promettait des merveilles. Pour apaiser cette tempête le C.F. Supérieur consenti à ce qu'un Frère allât provisoirement faire une classe isolée, à 800 m. environ. Le provisoire fut long, mais la position fut sauvegardée, la paroisse fut divisée en deux, un curé fut donné à celle d'en bas, deux Frères y furent établis et les protestants durent plier bagage.
[51] Nos Frères d'Anduze, du Cheylard, de la Voulte, etc., avaient des enfants protestants dans leurs classes. Jusque-là ces enfants avaient suivi le règlement commun, avaient assisté aux prières et avaient appris le catéchisme sans aucune difficulté. A la Voulte, M. le curé se disant l'écho des protestants, réclama contre cet état de chose auprès de son évêque.
[52] Mgr. demanda donc que les enfants protestants fussent dispensés du catéchisme, des prières et des offices catholiques. Le C.F. Supérieur communiqua cette demande au R.P. Cholleton. Celui-ci prit l'avis de son éminence, du R.P. Colin et de plusieurs autres. Il conseilla ensuite au C.F. Supérieur de se conformer aux désirs de Mgr. l'évêque de Viviers. Le C.F. Supérieur écrivit donc à Sa Grandeur que les Frères n'avaient jamais forcé les enfants protestants à apprendre le catéchisme, à assister aux prières et aux offices catholiques, mais qu'il veillerait à ce que ces sortes d'élèves fussent plus libres encore à l'avenir. Du reste ceux de la Voulte avaient seuls réclamé. Ailleurs, surtout à Anduze, les protestants firent comme les autres, plusieurs même firent mieux.

Circulaire sur l'esprit de foi


[53] Le 15 décembre, le C.F. Supérieur envoya aux Frères une magnifique circulaire sur l'esprit de foi. Il l'avait préalablement soumise au R.P. Cholleton qui l'avait pleinement approuvée. Les Frères peuvent la lire dans le recueil des circulaires, nous ne la reproduisons pas ici. Le C.F. Supérieur leur enjoignit de la lire en communauté, de la relire en leur particulier, de la prendre plusieurs fois pour sujet de leur méditation et de leur examen, afin de bien se pénétrer de la nécessité de l'esprit de foi sans lequel ils ne pouvaient sanctifier leurs pensées, leurs paroles, leurs affections et tous les actes de leur vie.
[54] Le C.F. Supérieur terminait par ces avis:

"Depuis quelque temps, comme vous le savez, les vocations sont devenues beaucoup plus rares et le besoin de sujets se fait sentir aujourd'hui plus que jamais, tant pour soutenir les maisons déjà existantes que pour répondre aux demandes de nouveaux établissements qui, à notre grand étonnement, nous arrivent presque chaque jour. Vous vous unirez donc à nous pour demander au bon Dieu, par l'intercession de Marie et de Saint Joseph, qu'il nous envoie de bons postulants et vous tâcherez de favoriser, autant que possible, les vocations dont vous aurez connaissance, en vous entendant avec messieurs les curés. Souvenez-vous cependant de ne faire choix que de bons sujets, pieux, aptes à l'étude ou aux travaux manuels, de bon jugement et bien constitués.


[55] Les Frères directeurs nous enverront le montant de toutes les retenues exercées sur leur traitement et sur ceux de leurs prédécesseurs, nous sommes en mesure d'en recouvrer le montant. La réduction sur la taxe des lettres, ne commençant qu'au 1ier janvier prochain, vous attendrez cette époque pour nous écrire, à moins que vous n'ayez des choses pressantes à nous communiquer.
[56] Je vous recommande à tous de ne pas vous perdre en compliments dans vos lettres, de les faire simple, comme il convient à des religieux, sans recherche de mots ni de pensées extraordinaires et seulement pour nous faire connaître ce qui se passe dans l'établissement et vos dispositions personnelles.
[57] Nous engageons les Frères directeurs et sous-directeurs à recueillir toutes les notes qu'ils pourront sur l'établissement qu'ils occupent, afin de préparer la statistique et un petit historique de chacune de nos maisons."

Etats de fin d'année


[58] Voici les noms de nos défunts pendant cette année. Frères Marie-Théodore, Félicissime, Emmerand, Rogatien, Brinstant, Viventiol, Eugène, Barsabas, Etienne, Tranquillin et Domitien. Le F. Etienne était celui de Saint-Paul.
[59] Cinquante-et-un postulants seulement avaient pris l'habit religieux, savoir: 29 à l'Hermitage, 6 à Saint-Paul, 16 à La Bégude et aucun à Vauban ni à Beaucamps. La commotion de février avait échauffé les têtes et effrayé les gens paisibles.
[60] Le C.F. économe n'avait reçu que 5.826 fr. du noviciat, c'était à peine le quart des années précédentes. Les établissements avaient fourni 64.358 fr., les dons 3.497 fr. Il avait payé 9.200 fr. pour le vestiaire des Frères et 2.012 fr. 75 pour les impositions. Le total des recettes était de 104.656 fr., celui des dépenses de 70.892 fr. y compris la réserve de l'année précédente. La caisse contenait 33.764 fr.



Download 1,75 Mb.

Do'stlaringiz bilan baham:
1   ...   29   30   31   32   33   34   35   36   ...   79




Ma'lumotlar bazasi mualliflik huquqi bilan himoyalangan ©hozir.org 2024
ma'muriyatiga murojaat qiling

kiriting | ro'yxatdan o'tish
    Bosh sahifa
юртда тантана
Боғда битган
Бугун юртда
Эшитганлар жилманглар
Эшитмадим деманглар
битган бодомлар
Yangiariq tumani
qitish marakazi
Raqamli texnologiyalar
ilishida muhokamadan
tasdiqqa tavsiya
tavsiya etilgan
iqtisodiyot kafedrasi
steiermarkischen landesregierung
asarlaringizni yuboring
o'zingizning asarlaringizni
Iltimos faqat
faqat o'zingizning
steierm rkischen
landesregierung fachabteilung
rkischen landesregierung
hamshira loyihasi
loyihasi mavsum
faolyatining oqibatlari
asosiy adabiyotlar
fakulteti ahborot
ahborot havfsizligi
havfsizligi kafedrasi
fanidan bo’yicha
fakulteti iqtisodiyot
boshqaruv fakulteti
chiqarishda boshqaruv
ishlab chiqarishda
iqtisodiyot fakultet
multiservis tarmoqlari
fanidan asosiy
Uzbek fanidan
mavzulari potok
asosidagi multiservis
'aliyyil a'ziym
billahil 'aliyyil
illaa billahil
quvvata illaa
falah' deganida
Kompyuter savodxonligi
bo’yicha mustaqil
'alal falah'
Hayya 'alal
'alas soloh
Hayya 'alas
mavsum boyicha


yuklab olish