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Harmonium de F. Stanislas



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1850




Harmonium de F. Stanislas


[1] Le F. Aidant remplaça le bon F. Jean-Marie à la tête du noviciat de l'Hermitage. L'excellent F. Stanislas, toujours zélé sacristain, décida M. Ginot de l'Ayat à lui acheter un harmonium de 4 jeux. Il traita cette affaire en secret, voulant ménager une surprise agréable à tous les Frères.
[2] L'instrument arrivé, on fut obligé d'appeler un pianiste laïque de Saint-Etienne pour en jouer. Il fallait le nourrir et lui donner 5 fr. chaque fois. Cet artiste ne connaisait pas le plain-chant. Il voulait un Frère auprès de lui pour nommer la première note de chaque morceau.
[3] L'instrument ne rendait que des sons faibles sous sa main. Le bon F. Stanislas fut désorienté. Au lieu des compliments qu'il attendait, il ne reçu que des blâmes. Le C.F. Louis-Marie surtout ne les lui ménagea pas. "Maladroit, lui dit[-il], vous vous êtes contenté d'un instrument de rien, si vous aviez su faire, M. Ginot vous auriez acheté un orgue."
[4] L'harmonium était placé à la sacristie pendant la semaine. L'annaliste saisit le moment où tous étaient sur la grande terrasse, se faufila dans la sacristie et essaya de jouer. Il n'avait jamais toucher du clavier et n'avait reçu aucune leçon ni d'un maître, ni d'un livre. Son oreille lui servait seule de guide. Le F. Aidant l'entendit et s'approcha pour l'écouter. Il alla ensuite dire au F. Supérieur qu'il avait trouvé un organiste à la maison et qu'il était inutile de payer un laïque étranger.
[5] Le F. Supérieur appela cet organiste improvisé et lui ordonna de jouer désormais. Le F. Stanislas s'y opposa. "Ce Frère, dit-il, ne sait pas jouer et il dérangera mon instrument." Le F. Supérieur ne céda pas. Le F. Visiteur joua donc et, à défaut de connaissances musicales suffisantes, il faisait au moins du bruit. Tous en étaient enchantés. Le C.F. Louis-Marie lui-même demanda où l'on avait pris ce nouvel instrument. "C'est le même, lui dit-on."
[6] Le bon F. Stanislas était aux anges et encensa largement le nouveau joueur. "Vous avez au moins prouvé, lui dit-il, que mon instrument est assez fort." Ce nouvel emploi fut une surcharge pour le F. Visiteur, car il devait rentrer à chaque fête, ce qui multipliait ses voyages et retardait ses visites.
[7] Le F. Marie-Jubin jouait les dimanches. Les Frères n'aimaient pas l'entendre et disaient qu'il les endormait. Il en témoigna un jour son étonnement à son concurrent involontaire qui lui répondit: "Mon brave Frère, vous savez autant de musique dans votre petit doigt que moi dans toute ma personne, mais vous ne voulez faire entendre que des sons mathématiquement étudiés. Vous tâtonnez pour les trouver, vous traînez et vous faites languir. Imitez-moi, faites du bruit. Rappelez-vous que les auditeurs n'y entendent rien et que les borgnes sont rois dans le royaume des aveugles." Le bon Frère ne saisit pas la leçon et on continua de le blâmer lorsqu'il jouait.

Ouvertures et bons présages


[8] Les Pères Matricon et Giron étaient aumôniers à l'Hermitage. Le P. Convert écrivit à celui-ci, lui demanda des nouvelles des Frères, l'estima heureux d'être avec eux, de boire de la bonne eau du Gier, et d'être voisin de ses confrères de Saint-Chamond et de Valbenoite. Il lui annonça qu'il avait demandé des Frères au C.F. François pour plusieurs écoles dans le diocèse d'Agen et notamment pour Bonne-Encontre où il voulait créer une école et un noviciat.
[9] Le F. François ne donna pas suite à ce projet faute de sujets disponibles.
[10] Le F. Gabriel Taborin était supérieur des Frères de la Sainte-Famille qu'il avait fondés à Belley. Sa Congrégation était autorisée en Savoie sans l'être en France. Il avait promis à notre F. Supérieur de l'aider à exempter nos sujets savoyards. Le C.F. Jean-Marie lui écrivit et le pria de se prêter à l'exemption du postulant Joseph Vivert, né en Savoie.
[11] Le 15 mars, l'Assemblée nationale vota une loi pour l'organisation et la liberté de l'enseignement en France. Cette loi allait aider nos supérieurs à obtenir enfin l'autorisation légale à l'Institut. Elle nous fut favorable sous bien des rapports, mais les trop nombreuses demandes pour des fondations nouvelles qu'elle fit pleuvoir de toute part créèrent un véritable danger pour l'Institut.

Rivalités entre Frères


[12] Nous avons dit que le F. Liguory avait pris prétexte de la révolution du 24 février pour se dérouter195. Depuis lors, il avait été clopin-clopant. Il décampa enfin et alla occuper la place de régisseur qu'il avait trouvée en Savoie. Le C.F. Théophane le remplaça. Il dirigea cette maison pendant 10 ans et lui donna un grand élan sous tous les rapports. Le F. Cyrion était son second.
[13] Vexé des moyens employés par les Frères des Ecoles Chrétiennes pour attirer les élèves de Valbenoite dans leur pensionnat de la rue Désirée, le F. Cyrion leur joua un jour un tour de sa façon. Il instrumenta la blanchisseuse qui n'était pas la moins intrigante des filles d'Eve. Cette femme alla trouver le directeur des Ecoles Chrétiennes de la part d'une prétendue Anglaise, demeurant à la Ricamarie et ayant deux enfants à placer en pension. "Je suis sa voisine, dit-elle. Ne connaissant personne, elle m'a prié de lui indiquer le meilleur pensionnat des environs. Je lui ai parlé de celui de Valbenoite..." A ce nom, le grand Frère s'émoustilla. "Les Frères de Valbenoite, dit-il, ne sont pas capables de bien élever les enfants, ce sont des ignorants, des paysans... - Ne vous fâchez pas, reprit l'adroite blanchisseuse, j'ai bien aussi vanté votre maison. Je ne vous demande pas vos conditions financières. La dame paiera tout ce que vous voudrez, pourvu que ses enfants soient contents. Donnez-moi deux numéros pour leur trousseau." La commissionnaire donna ensuite au grand Frère le nom de la rue et le numéro où résidait la dame anglaise, puis elle alla raconter le tout au Fr. Cyrion.
[14] Ne voyant pas arriver les deux Anglais, le directeur des Ecoles Chrétiennes envoya deux de ses Frères à la Ricamarie. Ils cherchèrent vainement la rue et le numéro indiqués, ils étaient absents. Les deux Frères revinrent capots, mais cette leçon ne les empêcha pas de se poster sur les avenues pour accrocher les élèves de Valbenoite les jours des rentrées.
[15] M. de Genlis, vicaire général de Soissons, demanda des Frères pour fonder un noviciat dans ce diocèse. Le F. Supérieur lui répondit le 16 juin que la mort et les maladies avaient mis plusieurs sujets de côté. Il le priait de lui donner 2 ou 3 ans pour préparer des sujets assez capables.
[16] M. le curé d'Ambert demanda que l'on fonda enfin le noviciat promis à Marsac. On lui répondit que ce pays n'était ni assez central, ni assez salubre. On ajouta que les Frères de la Croix s'étaient implantés à Arlanc et qu'il vallait mieux donner de l'extension au pensionnat. M. le curé se fâcha, retira la rente de 1.200 fr. et, par suite, la gratuité des classes. Il ne pouvait enlever la maison, mais les Frères de Marsac vécurent désormais comme ils purent.
[17] Le F. Pontien, directeur, avait donné un plan et un devis pour la vaste maison d'Arlanc. Il avait suivi assidûment les travaux. Au moment d'en jouir, il fut joué par le rusé curé qui appela les Frères de la Croix. Ce curé avait reçu 60.000 fr. pour fonder une école gratuite. Il fut joué à son tour. Ces Frères préférés employèrent ce qui restait du capital pour agrandir la maison et l'école gratuite fut flambée. Cette déception mit le deuil dans les dernières années du curé calculateur.

Convocation à la retraite


[18] Le 2 juillet, le F. Supérieur envoya la circulaire suivante dans toutes nos maisons, même en Océanie:
[19] "Nos T.C.F., Il ne m'a pas été possible, cette année, de vous adresser la 3e instruction sur l'esprit de foi que je vous avais annoncé. J'en ai été empêché par mes voyages et divers autres motifs. Mais je me réserve de vous la donner dès que les circonstances me le permettront.
[20] Aujourd'hui en vous annonçant l'époque de la retraite prochaine, je ne ferai que vous rappeler quelques avis simples et faciles que je vous ai déjà donnés souvent, mais sur lesquels on ne peut trop revenir à cause de leur importance.
[21] I - Appliquez-vous de toutes vos forces à bien faire vos exercices de piété. Vous devez même redoubler de zèle et d'attention pendant les deux mois qui vont s'écouler jusqu'à la retraite, pour les faire avec plus de ferveur et de régularité. C'est dans ce temps qu'on est le plus portés au relâchement et à la dissipation, soit par l'effet des grandes chaleurs et des fatigues de l'année, soit par ce que le souvenir de la dernière retraite va toujours en s'affaiblissant et, cependant, c'est aussi dans ce même temps que le démon nous fait la plus grande guerre et qu'il profite de tout pour nous porter à la tiédeur et nous tenter. Il faut donc nous exciter à une vigilence particulière sur nous-mêmes et à une attention nouvelle pour bien faire nos prières et tous nos exercices religieux, afin d'attirer sur nous la protection divine et de mériter les grâces de lumière et de force qui assurent la persévérance.
[22] Que tous les exercices de piété se fassent exactement à l'heure et que chacun s'efforce de s'y rendre toujours des premiers. Que l'on y garde une parfaite modestie des yeux et une tenue toujours très convenable. La Règle veut qu'à l'office on ait son livre à la main et que l'on ne se permette pas de le réciter par cœur. Que les prières vocales soient faites et qu'on y réponde à voix haute et intelligible, sans confusion ni précipitation. Ces petits moyens extérieurs aident puissamment à entretenir l'attention et la dévotion intérieures qui sont l'âme de la prière et sans eux on ne peut pas même espérer d'avoir ces dispositions essentielles. Je recommande ce point à toute la vigilence des Frères directeurs.
[23] Pour exciter notre piété, ayons soin aussi de former nos intentions avant chaque exercices, de l'offrir à Dieu et de renoncer davance à toutes les distractions. Tâchons de nous établir dans une foi vive de la présence de Dieu, pensons qu'il nous voit et qu'il nous entend, que nous le louons et le prions avec les anges et toute l'Eglise et rappelons-nous l'extrême besoin que nous avons d'obtenir ses grâces et de mériter son secours...196"
[24] Suivait le dispositif, le même que les années précédentes, plus ce qui suit: "Les Frères directeurs apporteront la carte contenant le relevé de leurs comptes, laissant en blanc la partie intitulée Balance d'entrée. Ils y joindront le plan géométral de l'établissement: rez-de-chaussée et divers étages, et de ses dépendances, avec toutes les explications nécessaires. L'échelle devra être uniforme, elle sera de 5 mm par mètre. Ils y joindront aussi les observations du Frère Visiteur à son passage."
[25] Nous avons prié le C.F. Directeur général d'insérer la demande ci-dessus pour arriver à régulariser les comptes et pour réunir les éléments nécessaires à la rédaction des annales de chaque établissement. Notre intention était de placer le plan de chaque local en tête du cahier contenant les dites annales. Ces éléments étaient complets en 1855 pour toutes les maisons existant alors. En quittant les visites la première fois, le premier décembre 1855, nous avions laissé tous ses renseignements dans un placard. Notre successeur aux visites ne trouva rien de mieux que de jeter tous ces éléments au feu.

Personnel nouveau toujours insuffisant


[26] Mgr. l'évêque de Digne revint à la charge pour la fondation d'un noviciat aux Mées, poste abandonné par les Frères de la Vendée depuis 3 ans. Le F. Supérieur pria Sa Grandeur de lui accorder au moins un an, attendu qu'il était à court de sujets.
[27] L'un des vicaires généraux de Mgr. l'archevêque de Cambrai avait présidé la distribution des prix au pensionnat de Beaucamps et y avait fait un joli discours. Il demanda ensuite des Frères pour la direction de l'école normale de Douai. Le F. Supérieur le remercia de sa présence et de son discours à Beaucamps, mais il lui exprima ses regrets de ne pouvoir lui donner alors les Frères demandés pour l'école normale.
[28] Les quatre retraites prêchées par les Pères Maristes réussirent bien comme à l'ordinaire. A l'Hermitage, les Frères Armentaire, Albée, Apronien, Anselme, Amphien, Amon, Bertuin, Bonose, Cantidien, Cassius, Darius, Léonce, Mathias, Mélit, Patrice, Placide, Procule et Sélèse firent profession. Le dernier s'égara seul plus tard. A Saint-Paul, les Frères Auguste, Marie, Marie-Ephrem, Noël, Sigebert, Simplice et Siméon firent aussi profession. Celui-ci était le meilleur calligraphe de la Province, bien que étant manchot, il écrivit de la main gauche. A La Bégude, les Frères Abondance, Archippe, Juvénal, Attique, Aurèle et Bienheuré et le F. Chrisologue seul fit profession à Beaucamps.
[29] L'Institut fonda cette année l'Arbresle, Monsole, Saint-Maurice-sur-Dargoire, Charolles, Brandon, La Palud, La Calmette, Suze-la-Rousse, La Blachère et Chandon.

L'Arbresle


[30] Mr l'abbé Gervais, ancien curé, avait donné 6.000 fr. et Madame Veuve Pailleron, une propriété vendue 14.000 fr. pour fonder l'école de l'Arbresle. Le cardinal de Bonald et Mr le vicomte de Saint-Trivier firent aussi quelque chose. Son Eminence intervenait peu dans notre administration, mais il fallait s'exécuter lorsqu'elle le faisait. Elle intervint pour l'Arbresle. En y conduisant le C.F. Chrysogone et ses deux seconds, nous les présentâmes à son Eminence qui nous dit en sortant: "Ce F. directeur est bien jeune. - Eminence, répondîmes-nous, ce défaut est encore celui de tous les Frères Maristes, ils travaillent tous les jours à s'en défaire. Il est vrai que ce Frère est jeune, mais il est sérieux et déjà expérimenté." Mgr. sourit et ajouta: "Prenez bien vos mesures, afin que votre école réussisse à l'Arbresle, c'est ma dernière ressource. Si elle échoue, je serai obligé de retirer mon clergé, car il n'y fait plus rien."
[31] Arrivés à l'Arbresle, M. le curé Mallard fit éclater une joie enfantine. "Je vais donc annoncer, dit-il, à mes paroissiens que nous aurons une école catholique, en faveur des enfants dont les pères font leurs pâques et que pour y être admis il faudra ma permission. - Vous plaisantez, M. le curé, reprit le F. Visiteur. - Pas du tout. - Vous ne direz pas cela? - Si fait, si fait. - Vous ne le direz pas, vous dis-je. - Pourquoi cela? - Parce que si vous dites ainsi, je remmènerai les Frères lundi matin. Vous avez à peine dix hommes qui fassent leurs pâques et plusieurs n'ont que de jeunes garçons. Les Frères n'auront donc rien à faire. - Que faudra-t-il dire alors? - M. le curé, vous direz ceci: Mes Frères, vous voyez 4 religieux parmi vous, trois d'entre eux vont ouvrir une école ici. Ceux d'entre vous qui voudront leur confier leurs enfants, viendront parler au F. Directeur demain. - Rien que ça? - Oui, M. le curé, rien que ça." Le lendemain, dimanche, le bon curé répéta sa leçon mot à mot et dit au F. Visiteur après la messe: "Etes-vous content? - Très content, M. le curé, répondit le Frère."
[32] M. le maire, un médecin voltairien, voyait cette école de mauvais oeil. "Si vous faites prier vos enfants, dit-il, vous n'en aurez point, car le peuple de l'Arbresle est très intelligent, très avancé." Le F. Visiteur répliqua: "M. le maire, les enfants prieront pour ceux qui ne le font pas." Quelques semaines après, le maire confia son petit fils aux Frères dont l'école réussissait parfaitement.
[33] Nous avons dit que Mademoiselle de la Barmondière avait donné de vastes propriétés au diocèse de Lyon sous Mgr. de Pins. L'une de ces propriétés était à Monsole et comprenait une vaste forêt sur le mont Saint-Rigaud. Sur les revenus, Mgr. de Pins avait fait construire une maison assez vaste pour un externat gratuit et pour un internat payant. Il voulait y prendre chaque année 1500 fr. pour les professeurs des classes gratuites. Le cardinal de Bonald, son successeur, prétendit que les propriétés avaient été données au diocèse et non à Mgr. de Pins. Il en résulta des tiraillements. Les Pères Maristes avaient des droits sur le legs. Le cardinal les en fit désister en leur donnant 80.000 fr. Finalement le diocèse entretint les bâtiments et laissa d'assez vastes terrains aux Frères, mais ceux-ci ne reçurent que 800 fr. au lieu des 1.500 promis.

A la merci des pasteurs


[34] M. Dupuy, curé de Saint-Maurice-sur-Dargoire, avait promis de composer une bible pouvant servir de livre de lecture. Il en voulait donner la propriété à l'Institut pour le traitement des 3 Frères de sa paroisse. Ce bon curé fit sa bible à sa guise. Elle était savante, mais mal divisée, trop coûteuse et ne pût être admise dans nos écoles. La sienne fut donc payante et végéta. Elle était fondée par un brave homme aveugle et veuf dont l'unique fille était aveugle aussi, ils n'étaient pas riches.
[35] M. Cuénot, curé de Charolles, obtint des Frères du premier coup. Son évêque qui en avait demandé pour une autre localité, avait éprouvé un refus et en resta froissé. Nous verrons la reconnaissance de M. Cuénot en 1852.
[36] M. le curé de Brandon était riche, mais nerveux, impérieux et mal avec ses paroissiens. Il pensait gagner leurs bonnes grâces en appelant des Frères. Donc, sans rien dire à personne, il fit bâtir une belle maison. A ceux qui lui demandaient ce qu'il en voulait faire, il répondait: "Je veux y mettre des pigeons." Cette réponse froissa les municipaux. Les Frères arrivèrent, réussirent bien, mais les municipaux travaillèrent la population et la tournèrent de plus en plus contre M. le curé. Dépité, ce brave homme renvoya les Frères en 1856.
[37] M. l'abbé Rose, curé de La Palud, était un très bel homme. Il était bien aise que l'on aperçut le ruban rouge que Louis-Philippe lui avait donné. Il avait écrit un livre dont les épiciers se servaient pour plier du poivre. Il répétait à tout venant qu'il avait frisé la mitre! Il n'avait fait que la friser. En arrivant dans sa paroisse, les 3 Frères se présentèrent à la cure. "Adressez-vous à mon vicaire leur dit M. Rose, moi je ne m'occupe que des grands intérêts de la paroisse!" Voilà qui était très encourageant pour les trois Frères qui furent mal logés.
[38] Les demandes de Frères furent très nombreuses cette année, la plupart étaient appuyées par nosseigneur les archevêques de Lyon, de Bourges, de Bodeaux, de Toulouse, par les évêques de Beauvais, d'Orléans, de Limoges, d'Autun, de Grenoble, de Nîmes, de Fréjus, de Viviers, de Digne, de Tulle, de Clermont, de Nevers et de Pamiers, par plusieurs vicaires généraux et par le préfet de l'Ain. Une de ces demandes venait de la Suisse.
* * *
[39] Le F. François, ancien de Viviers, continuait de blâmer l'administration des supérieurs. Il n'avait que 48 ans. Le C.F. Jean-Baptiste, Assistant, lui enleva la direction de sa cère brebis de Notre-Dame et l'envoya vivre rentier à Saint-Paul-3-Châteaux où il se portait encore très bien quoique sourd, en 1886. Il y passait son temps à ne rien faire.

Face aux autorités civiles


[40] La loi du 15 mars avait établi un recteur dans chaque département. Un de ses articles disait que les membres des Congrégations enseignantes, légalement autorisées, pourraient s'exempter du service militaire en contractant un engagement décennal devant le recteur. L'Institut n'était autorisé que pour les départements de l'Isère, de la Drôme, de l'Ardèche, de la Haute-Loire et des Hautes-Alpes. Nous n'avions aucune école dans le dernier. Nous n'étions que tolérés dans la Loire. Les recteurs des autres départements refusaient l'engagement de nos sujets. Celui de la Drôme prétendit que les contractants devaient signer leur engagement dans ses bureaux et ne voulait admettre que ceux des sujets employés dans son département. Dans ces conditions quarante de nos Frères étaient en prises197.
[41] Le Régime chargea l'annaliste, encore Visiteur, de traiter cette grave affaire de vive voix. Ce Frère se rendit d'abord à Valence. Après bien des explications, même des tiraillements, il parvint à faire entendre au recteur qu'il interprétait mal la loi. Il le décida à accepter les engagements signés ailleurs que dans ses bureaux et à laisser les contractants dans les postes où ils se trouvaient. Le recteur de l'Ardèche accepta ces arrangements sans faire trop de difficultés. A l'aide de ces deux recteurs, les 40 sujets susdits furent sauvés. A cette nouvelle la joie fut grande à l'Hermitage.

Lettre aux Frères missionnaires


[42] Le 29 novembre, le F. Supérieur adressa une longue, mais bien simple lettre aux Frères de l'Océanie. Nous en reproduisons le principal passage:
[43] "Notre petite Société continue à s'étendre et à se multiplier. Les sujets que nous recevons nous donnent en général beaucoup de satisfactions et nos établissements vont bien. Les demandes nous arrivent aussi de tout côté en plus grand nombre que jamais, mais nous sommes obligés de nous tenir un peu sous198 la réserve à ce sujet de peur de nous affaiblir en nous étendant trop rapidement. D'ailleurs, si d'une part nous avons la consolation de voir venir beaucoup de sujets, d'un autre côté vous voyez par nos circulaires que la mort nous en enlève chaque année un nombre considérable et ce sont quelquefois nos principaux directeurs. C'est alors un grand vide à remplir et souvent nous sommes embarrassés pour les remplacer dans les postes qu'ils occupaient. Veuillez donc continuer d'unir vos prières aux nôtres pour prier le Seigneur de multiplier les ouvriers destinés à cultiver sa vigne et à recueillir sa moisson tant en France qu'en Océanie.
[44] Voici maintenant quelques détails sur la Société. L'année passée, à l'Hermitage, 11 Frères ont fait profession et 24 ont fait le vœu d'obéissance et 11 postulants ont été revêtus du saint habit. Le 8 décembre, fête de l'Immaculée Conception, nous avons eu encore une vêture de 12 postulants. Le 12 février 1850, une autre d'un pareil nombre, et le 29 mai une de 14 postulants. Cette année à la retraite, 18 Frères ont fait profession et 28 le vœu d'obéissance et 15 postulants ont pris l'habit. Nous aurons aussi une vêture assez nombreuse le 8 décembre prochain.
[45] A Saint-Paul, 8 Frères ont fait profession et 6 le vœu d'obéissance à la fin de la retraite de 1849. 5 postulants ont pris l'habit pour la fête de l'Immaculée Conception et 7 le jour de la fête de saint Louis-de-Gonzague. Cette année à la retraite, 7 Frères ont fait profession, 9 le voeu d'obéissance et 4 postulants ont reçu le saint habit. Le Frère Léonide qui a la direction de cette maison, l'a mise sur un bon pied, au grand contentement de tous les Frères.
[46] A La Bégude, il y eut 11 Frères admis à la profession, 12 au vœu d'obéissance et 9 postulants à la vêture, à la retraite de 1849 et à celle de 1850, 5 Frères ont fait profession, 8 le vœu d'obéissance et 6 postulants ont reçu le saint habit. Le 8 avril on avait aussi donné l'habit à 3 postulants.
[47] A Beaucamps, Province du Nord, il y a eu, l'an passé, à la retraite, 4 nouveaux profès et dans le courant de l'année on a donné l'habit à 3 postulants. Cette année il y a eu un Frère pour la profession, un autre pour le vœu d'obéissance et un postulant pour la vêture. Ce noviciat prend des développements depuis que le C.F. Louis-Bernardin en a la direction.
[48] Le noviciat de Vauban est en souffrance depuis quelques années. Il y a peu de sujets. Nous nous efforçons de prendre des mesures pour lui donner une nouvelle vigueur.
[49] J'ai fait, cette année, en avril et mai, la visite de nos maisons de la Province du Nord pour la première fois. J'ai été très content des Frères, des élèves et des autorités de chacun de ces établissements. C'était une fête pour moi, pour les Frères et pour leurs élèves. J'ai reçu un très bon accueil de la part des autorités qui m'ont témoigné en outre beaucoup d'intérêt et d'affection pour les Frères.
[50] Ma santé s'est assez bien maintenue dans mes voyages et à la maison-mère pendant toute l'année. Le C.F. Jean-Baptiste va aussi passablement bien. Mais le C.F. Louis-Marie a été très sérieusement malade pendant les mois d'août et de septembre. Présentement il se trouve mieux et il peut, avec quelque précaution, continuer son ouvrage.
[51] Après la retraite de l'Hermitage, je suis descendu dans le Midi pour faire la retraite de La Bégude et celle de Saint-Paul, avec le C.F. Jean-Baptiste qui avait déjà fait celle du Nord. J'ai la consolation de vous dire que toutes ces retraites ont été très édifiantes. Tous les Frères ont fait paraître une piété, une modestie, une régularité, un dévouement extraordinaires. Ils se sont réunis avec plaisir, ils ont demeuré ensemble avec cordialité et ils se sont ensuite séparés pleins de ferveur, de zèle, avec un ardent désir de s'acquitter bien exactement et bien religieusement de leurs emplois. Je crois vous faire plaisir en mettant ici la liste de nos établissements et des Frères directeurs qui les dirigent. Vous en connaissez plusieurs...
[52] Nous sommes actuellement 120, tant Frères que novices, à l'Hermitage. Il y a une trentaine de Frères à la Grange-Payre, sous la direction du Frère Sylvestre. Nous avons ici les Frères Jean-Marie et Aidant pour nous aider. Ce dernier est au noviciat et le Frère Bonaventure préside aux travaux. Il s'en acquitte parfaitement. Tout le monde est content et l'ouvrage se fait bien. Le Frère Avit est presque continuellement en tournée pour la visite des établissements. Il y met aussi beaucoup d'importance. Bientôt, je l'espère, nous serons moins surchargés et tout en ira mieux..." Le Frère Supérieur terminant sa lettre par un passage du testament spirituel de notre pieux Fondateur.

Difficultés personnelles de F. François


[53] A ceux qui seront étonnés de la différence des pensées et de style qui existait entre cette lettre et les deux circulaires sur l'esprit de foi, nous nous permettons de dire que celle-ci était surtout l'œuvre du P. Matricon et du C.F. Louis-Marie. Au reste, le C.F. François commençait à être fréquemment fatigué par des maux de tête qui lui rendaient tout travail sérieux très pénible.
54 En parlant de ses voyages et de ses visites aux Frères d'Océanie, la modestie du C.F. François l'empêcha de spécifier celle qu'il avait faite à Usson, pendant l'hiver de 1842. Il y était arrivé vers les 11 heures du soir, par une nuit très froide. Le dortoir des Frères étant à l'écart, le C. Frère frappa inutilement à la porte pendant deux heures. Le F. Camille, qui nous affirme ce fait, était au nombre des dormeurs.
55 En rêvant, il crut voir une magnifique main sortant d'un bout de manche de rochet ornée de dentelles, et qui se posa sur son traversin. S'étant éveillé, cette vision le frappa. Pendant qu'il y réfléchissait, la même main se posa une seconde fois. Il la vit clairement, étant bien éveillé. Comme il ne bougeait pas, une voix lui dit bien distinctement: "Lève-toi, le F. François attend à la porte." En même temps, il entendit frapper. Il avertit les deux frères qui dormaient dans la même pièce; mais ceux-ci ne l'entendirent pas. Il se leva, ouvrit péniblement une croisée, rendue raide par la gelée et demanda qui était là. Il comprit vite la voix du C.F. François, et descendit à la hâte. Ayant ouvert, il s'excusa d'avoir peut-être fait attendre. "J'attends en effet, depuis 2 heures, répondit bonnement le C.F. Supérieur. J'ai prié et frappé. J'allais me retirer et voir s'il me restait possible de trouver une auberge ouverte, à cette heure, lorsque l'idée m'est venue d'invoquer le P. Champagnat. Je l'ai invoqué, et vous êtes venu m'ouvrir la porte."
56 Ce fait, dont le F. Camille se rappelle très bien et qu'il nous affirme, atteste, croyons-nous, la sainteté de notre pieux Fondateur dans le ciel, et les grandes vertus de son successeur sur la terre: aussi tenons-nous à le consigner ici, au moment où il nous est révélé.
57 M. Ischier, missionnaire retiré, était venu en aide à M. Page, curé de Digoin, qui ne pouvait arriver à payer la maison qu'il avait fait bâtir pour les Frères. Le F. Maurice, directeur, en avait augmenté la dépense, en faisant élever le bâtiment d'un étage sans le consentement de son curé. Pour atténuer les reproches qu'on lui faisait, ce Frère avait signé une convention onéreuse pour l'Institut. M. Page envoya cette pièce au F. Supérieur et le pria de l'approuver. Il en reçut la réponse, un peu verte qui va suivre:
58 "M. le Curé, Il m'est impossible d'approuver et de confirmer en aucune façon la convention passée entre vous, M. Ischier et le F. Maurice. Avant de consentir à rien de semblable, j'aimerais mieux retirer mes Frères de Digoin. Le F. Maurice a eu tort de signer un pareil acte sans nous l'avoir soumis auparavant. Je suis obligé de désavouer tout ce qu'il a fait sous ce rapport, et, de fait, je le désavoue et le désapprouve complètement. Il n'appartient pas à un simple F. Directeur dont les pouvoirs purement administratifs se renouvellent chaque année et ne portent que sur les actes relatifs aux dépenses alimentaires et mobilières des Frères pour l'année même de son administration, de consentir, sans une autorisation spéciale, à un engagement qui le lierait, lui, ses successeurs, ses Supérieurs eux-mêmes à perpétuité, et irait à disposer à toujours des revenus de l'établissement. Or, cette autorisation je ne l'ai donné en aucune façon, ni de vive voix, ni par écrit. Je considère donc comme non avenue l'espèce de convention dont il est ici question, et je vous prie de la considérer de même. Elle n'a pas été, en ce qui concerne les Frères, consentie par qui de droit, et d'ailleurs elle renferme des clauses et des conditions que nous ne pouvons nullement accepter. La Congrégation ne refuse pas de prendre des (engagements) arrangements avec vous pour le maintien de l'école des Frères de Digoin, mais ces arrangements ne peuvent être faits qu'avec le F. Supérieur Général et ses Assistants, parce qu'eux seuls représentent toute la Congrégation et ont pouvoir d'agir en son nom, dans la limite de la Règle et des Statuts qui nous régissent. Je suis, etc..."
59 Le Recteur de la Loire ne reconnaissait au F. Supérieur le droit de présenter des titulaires pour les écoles publiques. Dans la longue réponse qu'on lui fit, nous relevons ce passage: "Dans le rapport fait à l'Assemblée nationale, le 26 octobre 1849, sur la loi votée ensuite le 15 mars 1850, il a été fait une mention expresse de la Congrégation des Frères de Marie comme pouvant fournir des instituteurs aux communes qui le désirent. M. le rapporteur a rappelé que notre Congrégation avait commencé en 1816, à N.D. de l'Hermitage (Loire), qu'elle comptait actuellement 800 sujets, 140 maisons d'école, réparties dans 16 départements, et dans ces écoles, environ 20.000 enfants, qu'elle était en instance pour avoir une autorisation définitive, et qu'en conséquence elle pourrait fournir des instituteurs aux communes comme les autres congrégations placées dans les mêmes circonstances..."
60 92 postulants avaient pris l'habit cette année, comme l'a expliqué le F. Supérieur dans la lettre ci-dessus aux Frères de l'Océanie.
61 La mort nous enleva les 19 Frères dont les noms vont suivre, pour placer auprès de la bonne Mère et du pieux Fondateur: Frères Basilien, Spiridion, Apodème, Jérôme, Théoton, Constance, Roger, Eutrope, Calanique, Licarion, Ansevin, Antipas, Misael, Martin, Gabriel, Tobie, Thierry, Gaudiose et Frédéric.
62 En perdant le F. Jérôme, l'Institut perdait l'un de ses meilleurs religieux. C'était un de ces hommes qui s'étudient à rester dans l'ombre. A une modestie parfaite, il joignait un jugement exquis, un recueillement habituel, un dévouement sans bornes, une piété non affichée mais solide, et un attachement inviolable pour l'Institut, dont il prenait les intérêts mieux qu'il n'aurait pris les siens propres. Le P. Champagnat l'aimait beaucoup et l'avait entendu ou rencontré plusieurs fois pendant la nuit, parcourant toute la maison pour s'assurer si tout était fermé. Il avait rempli l'emploi de voiturier pendant de longues années, disant son chapelet en marchant à côté de son cheval, supportant les intempéries et bien des privations avec une patience inaltérable, et se montrant heureux quand il pouvait rendre quelque service à ceux qu'il rencontrait. La plupart des habitants de St. Chamond et des environs le connaissaient et le qualifiaient de Saint. Cet excellent Frère mourut victime de son dévouement. Son cheval avait pris le mors aux dents dans une des rues de St. Chamont au moment où une troupe d'enfants sortaient d'une école et traversaient cette rue. Pour éviter un accident, F. Jérôme avait saisi la bride de son cheval. L'animal avait fait un mouvement brusque. Le bon Frère s'était trouvé pris entre le brancard de sa voiture et un mur. Transporté à l'hôpital, tout broyé, il y avait souffert des tortures terribles, avait édifié tous ceux qui l'avaient approché, et s'était enfin endormi dans le Seigneur, le 3 février. Il avait communié le matin.
Le F. Eutrope était décédé à la Côte-St-André, il dirigeait sagement cette maison depuis plusieurs années.


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