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Les ultras de la régularité



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1882




Les ultras de la régularité


[1] Le 17 janvier, par suite d'une méprise, le F. Abel fit lever toute la communauté à 3 heures et demi. Les mécontents et ceux qui se frottaient les yeux étaient nombreux. Après la messe, le bon Frère se contenta de dire à ses novices: "Je me suis trompé, mais cela vous fournit l'occasion d'offrir aujourd'hui une heure de plus au bon Dieu."
[2] Le cher F. Eubert trouva le temps d'écrire une longue et poétique épître sur cette méprise. Il la communiqua aux membres du Régime et l'envoya au C.F. Félicité qui s'en amusa beaucoup à Saint-Tropez où il travaillait à rétablir sa santé. Cette épître prendrait trop de place dans notre récit et elle n'y serait d'aucune utilité.
[3] Dans une occurence pareille, le C.F. Malachie fit mieux. Après avoir récité le Benedicite pour le déjeuner, il dit à toute la communauté. "Quelqu'un s'est mêlé de ce qui ne le regardait pas et vous à tous privés d'une heure de sommeil. Ce quelqu'un va manger sa soupe à genoux!"
[4] Et le C.F. se servit une grosse soupe qu'il alla manger à genoux, ce qui édifia beaucoup tous ses inférieurs et lui donna une grande force pour les rappeler à l'ordre dans les occasions.

Circulaire du 01-03-1882


[5] Le 1er mars, le Révérend écrivit sa circulaire sur le travail et le bon emploi du temps. Il y donnait le plan des études. Voici les subdivisions de ce document:
[6] Nécessité et devoirs du travail. Préceptes pour étudier avec fruit. Qualités que doit avoir l'enseignement. Ce qu'est un bon enseignement. Préparer les leçons. Se servir d'une méthode. Employer les moyens disciplinaires: l'autorité morale, l'affection, le bon emploi du temps, l'émulation. Etudier par des motifs de foi. Attendre le succès de Dieu seul."
[7] La circulaire contenait 44 avis sur la manière de bien employer le temps dans les divers cours des études.

Projet de vente de La Bégude


[8] Les docteurs Lescalmel et Des Plantes avaient formé le projet de créer une société commerciale pour acquérir et exploiter notre propriété de La Bégude256. Un acte projeté entre eux et l'Institut leur aurait cédé cette propriété pour 300.000 fr., mais il aurait été convenu, de vive voix, qu'ils ne payeraient que 200.000 fr.. Ces MM. voulaient avoir un gros bénéfice. Ils s'étaient abouchés avec le représentant d'une société parisienne et lui avaient offert ladite propriété au prix de 600.000 fr. Cet acquéreur s'était ensuite aperçu qu'on le flouait et les cartes s'étaient brouillées.
[9] Le docteur Lescalmel ayant ensuite proposé un autre projet, le Révérend le remercia le 16 janvier et lui annonça qu'il allait se mettre en mesure pour la vente de La Bégude. Tout échoua ensuite et le docteur Des Plantes intenta un procès à l'Institut pour en obtenir un prétendu dédommagement de 50.000 fr.: il fut débouté. Du reste on peut voir les détails de cette affaire dans les annales d'Aubenas257.

Loi anti-religieuse


[10] La loi du 28 mars 1881 sur l'obligation, ayant supprimé le catéchisme et les prières dans les écoles primaires publiques et interdit l'entrée du clergé dans ces écoles, le Révérend adressa une petite circulaire à tous les évêques dans les diocèses desquels nous avions des Frères. Nous y relevons ce qui suit:
[11] "Mgr., La récente loi du 28 mars 1881 qui proscrit l'enseignement religieux des écoles communales, va mettre nos Frères dans l'alternative, ou de manquer à l'une de nos obligations les plus essentielles: l'instruction chrétienne des enfants, ou d'être révoqués de leurs fonctions s'ils continuent à enseigner le catéchisme et les prières. En présence de cette triste situation, je viens en toute confiance, Mgr., vous prier de me donner vos conseils sur la ligne de conduite que je devrai tracer à ce sujet à ceux de nos Frères qui sont dans votre diocèse. Que devrons-t-ils faire en outre; 1— si on leur défend de faire prier les enfants matin et soir? 2— s'ils reçoivent l'ordre d'enlever de leurs classes les crucifix et autres emblèmes religieux; 3— si certaines autorités se présentent pour les enlever elles-mêmes?"
[12] Les évêques furent généralement d'avis: 1— de faire dire les prières et réciter le catéchisme le mieux que les Frères pourraient, soit en dehors des locaux scolaires, soit en dehors des heures réglementaires des classes; 2— de ne pas enlever eux-mêmes les signes religieux, mais de garder une attitude triste et digne si on les enlevait en leur présence, le crucifix qu'ils portent sur la poitrine pouvant en tenir lieu aux yeux des élèves.

Demandes de fondations hors de France


[13] Mgr. Thibaudier, de retour de Rome, fit connaître au Révérend que le cardinal Howard désirait fonder une école dirigée par nos Frères dans la ville éternelle. Le Révérend remercia vivement ce zélé protecteur de l'Institut le 12 avril et lui promit de tenir des frères à sa disposition dès que les conditions auraient été arrêtées pour cette fondation.
[14] M. Tournier, curé d'Alger, ayant demandé des Frères le 13 avril, sa lettre arriva après le départ du Révérend et du C.F. Euthyme pour Tunis. On le pria d'attendre leur retour pour avoir une réponse.
[15] La France ayant imposé son protectorat au Bey de Tunis, Mgr. Lavigerie, archevêque d'Alger et d'Hippone, s'était empressé de faire le plus de bien possible dans ce pays et s'était rendu très populaire parmi ses habitants. Les musulmans l'admiraient et disaient de lui: "Quel dommage qu'un homme si aimable ne soit pas de notre religion et ne puisse pas être avec nous dans le paradis du Prophète!"
[16] Parmi les moyens de faire le bien, Sa Grandeur n'avait pas oublié les écoles. Elle s'était donc adressée à plusieurs congrégations pour avoir des maîtres religieux. Elle avait écrit ou fait écrire à nos supérieurs dans ce but. Après quelques correspondances, nos supérieurs avaient jugé qu'un voyage en Tunisie était le meilleur moyen pour obtenir des résultats pratiques et ils étaient partis le 11 avril. Ils furent bien accueillis par Mgr., devenu cardinal, et hébergés cordialement par les Frères des Ecoles Chrétiennes déjà établis à Tunis.
[17] On leur offrit plusieurs établissement, ceux de Sfax et de Sousse entre autres. Ils firent une apparition dans ces deux villes, y furent bien reçus au grand ébahissement des habitants et des enfants qui leur faisaient cortège. Ils y visitèrent plusieurs écoles. Ils furent bien encouragés par le clergé et par M. Cambon, ambassadeur de France, qui leur conseilla d'agir promptement, de se montrer accommodant et de compter sur lui pour tout ce qui concernait le matériel. Outre les écoles qu'il fallait créer à Sfax et à Sousse, des Frères étaient demandés pour les classes de français dans un collège qu'on allait établir près de Tunis.
[18] Avant le retour, il avait été convenu que le cardinal s'arrêterait à Lyon durant un voyage à Paris. Mal renseigné, le Révérend ne connut pas le jour du passage de Son Eminence à Lyon. Il comptait que ce serait le 12 mai, et ce fut le 10. Il s'agissait de s'entendre définitivement. Soit que son Eminence fût contrariée de ne pas rencontrer nos supérieurs à Lyon, soit qu'elle fût pressée, Elle fila sur Paris après avoir écrit deux mots au R. Frère.
[19] Celui-ci s'empressa de lui témoigner ses regrets sur ce fâcheux malentendu, ajoutant qu'il eût préféré donner certains détails sur les conditions de vive voix. Il joignait un prospectus à sa lettre et fixait le traitement de chaque Frère à 800 fr. M. le curé de Sfax en demandait 4. Le Révérend faisait remarquer au cardinal que des locaux convenables seraient difficiles à trouver et qu'il faudrait les payer chèrement.
[20] Cette lettre déplut-elle à Son Eminence? nous ne savons, mais, habituée à traiter très rondement les affaires, elle s'arrangea avec les Frères Marianistes, peut-être parce qu'ils avaient des prêtres parmi eux lesquels pouvaient donner l'enseignement secondaire.
[21] Mgr. Cannavo demanda des Frères pour l'Ile de Crète. On dut les lui refuser faute de sujets disponibles.

Service à Fourvière


[22] Nous avons dit que M. Pater, recteur des chapelains de Fourvière, avait vainement demandé des Frères pour la sacristie de ce sanctuaire. Avec l'approbation du cardinal Caverot et celle des administrateurs de la Providence Caille, il demanda que les enfants de cette maison fussent chargés de servir les messes à tour de rôle et sous la surveillance des Clercs de Saint-Viateur, sacristains, qui s'en chargeraient volontiers.
[23] Le Révérend consentit à cette organisation le 29 juillet, moyennant une petite rémunération en faveur de la Providence. Depuis lors, les enfants font le service par escouades successives et d'une manière très édifiante: les habitués du sanctuaire en sont enchantés.
[24] Désirant beaucoup se débarrasser des clercs de Saint-Viateur, M. Pater vint ensuite à la maison-mère et demanda qu'un de nos Frères surveillât les enfants. Le Révérend lui répondit qu'il n'aurait pas autorisé ceux-ci à faire le service s'il avait d'abord été question d'un de nos Frères pour les y surveiller.

Mgr. l'évêque de Viviers


[25] Mgr. l'évêque de Viviers donna un savant et chaleureux sermon de charité à Saint-Etienne, en faveur de nos juvénats, en présence du comité formé dans la Loire pour les soutenir et d'un auditoire très nombreux qui admira le talent exceptionnel du prédicateur.
[26] Mgr. visita en même temps le pensionnat de Valbenoîte, y fut reçu et complimenté solennellement, régalé des plus beaux morceaux de la fanfare et d'un dîner convenable, en compagnie du Révérend, de plusieurs Assistants et autres invités. Sa Grandeur se montra charmante, comme toujours. Non content de l'avoir remercié de vive voix, le Révérend le fit encore par écrit et chaudement, le 24 novembre.

Circulaires des 08-06 et 15-12-1882


[27] La circulaire annonçant l'ouverture des retraites, fut datée du 8 juin. Elle fut devancée pour donner aux Frères les instructions rendues nécessaires par la loi sur l'obligation.
[28] Le Révérend y donnait le résumé des réponses qu'il avait reçues de nosseigneurs les évêques et que nous avons relaté déjà. Il y donnait des nouvelles très détaillées des missions, du noviciat et du pensionnat de Sydney, du Cap, de la Nouvelle-Zélande, etc. Il y donnait encore un long article nécrologique sur le F. Alphonsis, Provincial des Iles Britanniques.

[29] L'ouverture de chacune des 14 retraites était fixée aux époques ordinaires, celle du Régime du 15 au 22 octobre. Les prières pour la neuvaine préparatoire à la fête de l'Assomption et aux retraites. indiquées comme les années précédentes, avaient été à peu près les mêmes.


[30] Le Révérend insérait dans sa circulaire la communication d'un Décret de la Sacrée Congrégation des Rites aux évêques, d'après lequel le Saint-Siège n'approuve d'autres litanies que celles du Saint Nom de Jésus, de la Sainte Vierge et des Saints. En conséquence, il décidait que les litanies de l'Immaculée Conception récitées chaque samedi jusque-là, seraient remplacées désormais par celles de la Sainte Vierge dite de Lorette.
[31] Enfin, la circulaire du 26 xbre fut écrite:

1— pour parler un peu du C.F. Félicité, mort six mois auparavant et pour demander les lettres et les renseignements que les Frères pouvaient avoir, pouvant servir à sa biographie; 2— pour dire que le Révérend et le Frère Visiteur gouvernaient la Province de Saint-Genis dans tous ses détails, depuis la perte du C.F. Félicité, pour ordonner l'élection du Chapitre général, lequel allait être réuni en 1883, pour remplacer l'Assistant défunt et les autres s'il y avait lieu ou pour renouveler leur mandat, selon les Constitutions.


[32] La circulaire donnait la liste des 22 stables de la Province de Saint-Genis, des 13 de celle de l'Hermitage, des 20 de celle de Saint-Paul, des 11 de celle d'Aubenas, des 7 de celle du Bourbonnais, des 11 de celle du Nord, des 6 de celle des Iles Britanniques et d'Afrique, des 5 de celle de l'Océanie et des 3 de celle de l'Ouest.
[33] Le Révérend y annonçait aussi son prochain voyage à Rome. Il demandait qu'une quête soit faite prudemment dans les écoles, dans les paroisses et auprès des parents des Frères, pour contribuer à l'offrande qu'il désirait présenter à Sa Sainteté, en même temps que l'album contenant l'état de l'Institut à cette date et qu'il résumait comme il suit:
[34] 115 stables, 1.588 profès, 910 obéissants, 405 novices, 166 postulants et 288 juvénistes, en tout 3.472 membres. L'Institut comptait alors 564 écoles, 1.583 classes, renfermait 78.142 élèves et 2.532 professeurs, le tout réparti dans 45 diocèses ou vicariats apostoliques.
[35] Cette fois-ci, au lieu d'exagérer le nombre des élèves comme on l'avait fait souvent auparavant, on le donna aussi exactement que possible. Voici maintenant la répartition du personnel ci-dessus par Province:

[36]





stables

profès

obéis.

novices

postul.

juvén.

Totaux

Administration générale

19

3

4

---

---

---

26

Province St-Genis

21

320

159

69

24

36

629

Province Hermitage

12

246

173

70

40

41

582

Province Bourbonnais

7

171

101

54

7

17

357

Province Saint-Paul

20

318

147

51

32

70

638

Province d'Aubenas

11

191

139

39

23

---

403

Province du Nord

11

207

117

75

21

60

491

Province de l'Ouest

3

36

24

17

5

---

85

Prov. Iles br. + Afrique

6

49

34

12

8

48

157

Province de l'Océanie

5

47

12

18

6

16

104

[37] Telle était la situation exacte de l'Institut quand au nombre d'écoles et au personnel à la fin de 1882.


[38] La même circulaire rendait hommage aux vertus des Pères Matricon et Rivière qui venaient de mourir, surtout à leur dévouement envers les Frères et aux nombreux services qu'avait rendus le R.P. Matricon par ses bons conseils et son application à maintenir une bonne entente entre notre Institut et la Société des Pères Maristes.
[39] C'était lui qui avait présidé l'ouverture de nos Chapitres généraux, exceptée la session de 1862, par des allocutions qui avaient souvent un grand mérite oratoire.

Activités du Fr. Supérieur général


[40] Il convient de se rappeler ici qu'avec les fonctions propres au généralat, le R.F. Nestor avait dû remplir celles d'Assistant de la Province de Saint-Paul que le C.F. Nicet n'avait pu qu'effleurer pendant près d'une année et celles d'Assistant de la Province de Saint-Genis depuis son élection, c'est-à-dire depuis près de 3 ans, le C.F. Félicité ne pouvant s'en occuper.
[41] Du reste par l'activité dévorante de toute sa vie religieuse, il s'était usé avant le temps et avait largement vérifié le proverbe: "La lame a usé le fourreau."
[42] Une lettre particulière avait fait devancer les élections en Océanie. Ordre avait été donné au F. John de faire passer l'élu par Rome et de tâcher d'y arriver les premiers jours de janvier. Le F. John avait été lui-même élu et avait exécuté la consigne.

Aumôniers de la maison-mère


[43] Le R.P. Matricon mourut le 28 juin âgé de 78 ans. Il en avait passé 47 dans l'Institut, mais comme nous l'avons dit déjà, ses scrupules l'avaient obligé à cesser toutes fonctions sacerdotales, ne pouvant plus passer outre à la consécration ni à l'absolution.
[44] Il était très sobre, mais il tenait à ce que les mets fussent bien préparés et proprement servis. Son état maladif l'avait rendu très prudent, très attentif à éviter tout ce qui aurait pu aggraver cet état. Il usait modérément du feu en hiver et, pour sortir alors de sa chambre, il s'éloignait d'abord de quelques pas de son foyer, s'approchait ensuite de la porte et la laissait ouverte quelques instants avant de sortir.
[45] Les manques d'égards de quelques Frères lui étaient pénibles, mais il ne s'en plaignait jamais. Le F. Anselme, aveugle, était un jour au milieu d'un cercle de confrères et tâchait de trouver leurs noms en les palpant. Un de ceux-ci aperçut le P. Matricon, l'attira dans le cercle et invita l'aveugle à deviner quel était ce nouveau venu. F. Anselme palpa les habits, la taille, les mains et dit: "Je ne sais pas quel est celui-là, mais ce doit être un fainéant, car il a la peau trop fine." Le bon Père se retira sans dire mot et ne se plaignit de rien. Ayant parlé de lui à plusieurs reprises, nous n'en dirons pas davantage.
[46] Il fut remplacé par le R.P. Durand lequel frayait peu avec les Frères. Ses instructions et ses sujets de méditation étaient bien, ils eussent été mieux s'il y eût accumulé moins de synonymes placés par gradations ascendantes et descendantes.
[47] L'excellent P. Rivière mourut aussi pendant les vacances de cette même année. Il s'était rendu auprès de ses confrères au collège de Saint-Chamond. Etant un jour en promenade, il se sentit défaillir, s'assit sur un tertre et ne put se relever. Nous ignorons si on put l'administrer.
[48] Le P. Grenot le remplaça à Saint-Genis. Le R.P. de Lalande tenait toujours bon avec ses 70 ans passés, mais il commençait à fatiguer ses auditeurs par le ton trop élevé qu'il prenait en chantant la messe. Trompé par son oreille, il haussait le ton à chaque phrase.

Retraites et engagements


[49] La première retraite de la maison-mère fut prêchée par deux Rédemptoristes, et la seconde par le R.P. Gay, Mariste. Nous avons dit déjà que Mgr. de Charbonnel prêcha celle des membres de l'Administration les derniers jours d'octobre.
[50] Du premier janvier 1882 au 9 avril 1883, jour de la mort prématurée du R.F. Nestor, il y eut 18 vêtures qui ajoutèrent 214 novices dans nos rangs. Ces cérémonies furent prêchées et présidées par les RR. PP. Maristes ou par les aumôniers, ou par des curés du voisinage. Les deux de Dumfries le furent par Mgr. Mac Lichlan, évêque du diocèse.
[51] Les novices du Bourbonnais étaient compris dans les trois vêtures de la maison-mère, depuis la suppression du noviciat d'Arfeuilles le 24 octobre 1881. Les vêtures avaient été prêchées et présidées par M. le curé d'Arfeuilles qui s'y était distingué, ou par M. Mandet, aumônier, qui aurait voulu se distinguer aussi.
[52] Durant les 15 mêmes mois, 55 novices furent admis à prononcer les trois vœux perpétuels: les Frères Malachy, Mark, Pancrace, Sébaste, Wilfrid, Andronic, Célestin, Franciscus, Géovin, Hispanus, Humilis, Joseph-Sebba, Marie-Guillaume, Porphyre, Senoch, Synésius, Weibert, Prochore, Louis-Baptiste, Adelbertus, Anselme, Marie-Antonin, Evaristus, Gabriel-Joseph, Hiéron, Ismaël, Livar, Marie-Bonaventure, Marie-Prosper, Osée, Pierre-Michel, Savinus, Sénode, Joseph-Fulgence, Joseph-Philomène, Nicéphorus, Salvateur, Zéphiriny, Alpinien, Amantius, Aule, Authyme, Catulin, Celsin, Colman, Gaétan, Immérand, Marie-Nicétus, Léviste, Nimien, Romano, Syndime, Adrien-Pascal, Antibe et Marie.

Décès du R.F. Nestor


[53] Parti de la maison-mère le soir du premier janvier 1883 avec le C.F. Euthyme, le Révérend arriva à Rome le 3 et y trouva le F. John. La fraîcheur, nous pourrions dire l'insalubrité de la saison et du climat, l'indisposèrent vite. Les allées et les venues pour voir le Cardinal-Protecteur, le Cardinal-Vicaire, celui qui présidait la Congrégation des Evêques et Réguliers et en obtenir la prolongation de l'essai de nos Constitutions pour 5 autres années, contribuèrent beaucoup à son indisposition.
[54] Il ne put obtenir l'audience papale que le 19. Avec l'album richement relié aux armes du Saint-Père dont nous avons donné un résumé, les 3 heureux représentants des Petits Frères de Marie offrirent un écrin renfermant 10.000 fr en or à Sa Sainteté. Léon XIII accueillit les personnes, l'album et l'écrin avec une grande affabilité, mais non avec autant de laisser aller, s'il est permis de s'exprimer ainsi, en parlant du Vicaire de J.C., que l'avait fait l'immortel Pie IX dans les visites précédentes.
[55] Ayant fait et obtenu ce qu'il désirait et sentant son indisposition se compliquer d'un mauvais rhume, le Révérend songea au retour.
[56] La découverte qu'il avait faite dans les bureaux de la Congrégation des Evêques et Réguliers n'étaient pas de nature à agrémenter, ni à prolonger son séjour à Rome. Un protonotaire lui avait parlé d'une dénonciation envoyée par des inférieurs mal inspirés lesquels prétendaient que l'Institut était mal gouverné et que ses finances étaient imprudemment gaspillées. Cette découverte lui avait été d'autant plus pénible qu'il avait mis plus de soins à régler le bon emploi des finances et à diminuer les dettes...
[57] Au retour nos voyageurs s'arrêtèrent au Luc. Le Révérend y fut chaleureusement reçu et fêté. Il fit bonne contenance, malgré son malaise, mais il abrégea sa visite et hâta sa rentrée à la maison-mère sans s'arrêter à Saint-Paul qui était pourtant sur son passage et où nous l'attendions avec tous les Frères de la maison.
[58] Il dut se mettre au lit en arrivant et l'on put craindre de suite une maladie sérieuse. Son état sembla s'améliorer ensuite, mais cette amélioration était factice. Il voulait assister à la grand'messe le saint jour de Pâques, une faiblesse de mauvais augure l'obligea à se remettre au lit.
[59] En l'absence du premier Assistant, le C.F. Philogone adressa une petite circulaire aux Frères pour leur donner des nouvelles du cher malade, leur dire combien on désirait son prompt rétablissement et leur demander des prières dans ce but.
[60] Voici ses paroles:

"... A cette fin, nous désirons que vous continuiez d'unir vos prières à celles des Frères de la maison-mère pendant tout le mois d'avril qui commence cette année par une des principales de Marie, notre Ressource ordinaire, et par celle de Saint Joseph, notre premier patron. Outre les communions et les prières particulières que vous inspirera votre piété filiale, on fera en communauté, dans chaque maison, une neuvaine à N.-D. du Sacré-Cœur à laquelle participeront les enfants autant que possible..."


[61] Les Frères Assistants, le médecin de la maison, les infirmiers, le Frère Réole, infirmier de Saint-Paul mandé exprès, prodiguèrent au R. Frère tous les soins possibles. Les docteurs Bonnet, Tessier et Montvenou virent trois fois le Révérend ensemble et se consultèrent sur les moyens à prendre.
[62] Du 4 au 9 avril, le malade sembla aller mieux et le docteur Bonnet crut pouvoir le sauver. Illusion! Le 9 à 9 heures du matin, une douleur vive au côté droit obligea les Frères présents à remettre le Révérend au lit. Appelé en toute hâte, le R.P. de Lalande lui procura les derniers secours de la religion et l'Institut se trouva privé d'un chef auquel il avait toute confiance, après un trop court généralat de 37 mois.
[63] Les Frères de Saint-Paul attendaient impatiemment des nouvelles du cher malade, chaque jour. On nous communiqua celles du 8 avril qui étaient rassurantes. Nous répondîmes: "Si nous recevons demain la nouvelle de sa mort, je n'en serai pas surpris. — Sur quoi basez-vous ce triste pronostic? s'écria-t-on. — Sur le zèle et l'énergie fébriles que j'ai toujours remarqués chez notre Révérend et qui l'ont usé, même pendant qu'il était Visiteur, puis Assistant de notre Province." Un télégramme annonça la mort le lendemain et atterra tous les Frères, surtout les anciens.
[64] Le R.F. Cyprien, Supérieur général des Frères de M. de Lamennais, était venu voir notre aimé malade le 7 avril. Il était reparti le 9, avec l'espoir de le voir bientôt sur pied. Un exprès le rejoignit à Lyon et lui porta la triste nouvelle. Le R.F. Cyprien et le C.F. Simplicien, son Procureur, remontèrent à Saint-Genis et y attendirent les funérailles qui eurent lieu le 11 avec le cortège, les cérémonies et la pompe qui avaient accompagné celles du R.F. Louis-Marie, le 11 décembre 1879.
[65] Le trop court généralat du R.F. Nestor avait renforcé néanmoins ce que nous nous permettons d'appeler l'état major de l'Institut. Aux 24 stables de 1880 et de 1881, il en ajouta 5 en 1882: les Frères Stratonique, Bonitus, Aglibert, de Kostka et Symilien.
[66] Professeur habile et très capable, le C.F. Stratonique était directeur de l'important pensionnat de Valbenoîte, depuis la mort du C.F. Cyrion dont il avait été le zélé et délicat sous-directeur. Le Chapitre général de 1883 l'élut Assistant pour remplacer le R.F. Théophane, élu Général, dans la Province de l'Hermitage.

Nouvelles fondations


[67] La loi imposant le brevet à tous les professeurs, mit les supérieurs dans la triste nécessité de créer des scolasticats dans les provinces de France, d'y réunir de nombreux étudiants et d'alourdir ainsi les charges financières de l'Institut.
[68] Cette fâcheuse nécessité les avaient réduits aussi à n'accepter que les 6 postes dont les noms suivent, en 1882: La Farge, Bordeaux, Vao - Iles des Pins - Boulogne - Saint-Martin - Barbentane et Velaine.

Nos défunts


[69] Durant l'année 1882 et les premiers mois de 1883, il y eut 42 décès dont voici les noms: Walsh, Brun, Chabanis, Hugh-Curry, postulants; les Frères Alpinianus, Anianus, Henry-Mary, Marie-Florentin, Maximilien, Palladius, novices; Henri-Marcellin, Jean-Augustin, Orlandini, Marie-Marcel, Ecclésius, Pierre-Marie, obéissants; Evangéliste, Cassianus, Arcadius, Colomban, Jérôme, Stylien, Arèce, Martine, Respice, Néon, Hygh, Angilbert, Secondin, Trivier, Joseph-Cantianus, Styriaque, Macarius, Bénédicté, Anaclet, Hermogène, Spiridion, Népolien, profès; Cyrion, Platonide, Félicité, Assistant.
[70] Les Frères Cyrion et Platonide étaient stables avant que la mort les stabilisât pour l'éternité. Celui-ci avait fait des études latines et n'avait rien au-dessus du commun. Celui-là avait succédé au R.F. Théophane, en 1860, dans la direction du pensionnat de Valbenoîte et avait accentué sa marche ascendante, malgré la concurrence effrénée du pensionnat de la rue Désiré auquel il avait rendu la monnaie de ses vilains tours.
[71] Nous avons dit que le C.F. Félicité fut élu Assistant en 1867 pour soulager le C.F. Jean-Baptiste lequel refusa ce soulagement, ce qui nous mit dans une situation délicate à l'égard du nouvel élu. Nous laissons à d'autres le soin d'écrire la biographie de ce C. Frère qui mourut dans la force de l'âge et malgré les précautions prises par l'Institut pour prolonger sa vie.
[72] En attendant la biographie du R.F. Nestor, nous nous contenterons de remarquer: 1— que son zèle et ses brillantes qualités promettaient beaucoup à l'Institut;

2— que les Frères, surtout ceux de la Province de Saint-Paul, comptaient peut-être sur ses qualités d'une manière trop humaine, ce qui pouvait diminuer leur confiance en Dieu;

3— que ce cher défunt prit des mesures énergiques pour lancer les études et pour éteindre les énormes dettes de l'Institut, à son avènement, ce qui n'empêcha pas quelques Frères mal inspirés, nous l'avons dit déjà, de le dénoncer à Rome comme gaspilleur;

4— qu'il ne connut cette dénonciation que pendant son séjour dans la ville éternelle; que cette révélation lui fut extrêmement pénible et qu'elle contribua à sa mort prématurée. Nous laissons à d'autres le soin d'entrer dans de plus grands détails.




Quelques statistiques


[73] Nous voudrions donner ici le nombre exact des défunts qui précédèrent le R.F. Nestor dans l'éternité, mais nous sommes forcés de reconnaître que les bases sur lesquelles nous pourrions appuyer nos calculs, ne sont pas assez solides: le registre mortuaire n'ayant commencé que vers 1827 et les circulaires manuscrites que nous avons pu découvrir sur les 25 premières années, ne paraissant pas avoir donné tous les décès.
[74] Le résultat de nos recherches nous dit que le R.F. Nestor fut le 990e défunt de l'Institut. Les 989 autres se répartissent ainsi: 49 au moins, précédèrent le vénéré Fondateur, 280 moururent sous le généralat du R.F. François, 549 sous celui du R.F. Louis-Marie, y compris lui-même et 110 sous celui du R.F. Nestor.
[75] Nous avons dit qu'à la mort du R.F. Louis-Marie, 593 établissements avaient été fondés, que 46 avaient été fermés et que 547 étaient alors en exercice. 25 furent créés sous le R.F. Nestor, mais la loi sur les brevets et plus encore les passions révolutionnaires amenèrent forcément la fermeture de 34. Il n'en restait donc que 538 en exercice.
[76] Le lecteur pourra remarquer une petite variante entre nos chiffres et ceux donnés par les albums, les circulaires ou les documents officiels de nos Révérends. Cette variante vient de ce qu'ils ont compté pour deux certains établissements ayant pensionnat et externat, mais ne faisant qu'un seul ménage, ou encore les localités ayant deux écoles sous le même directeur. Nous n'avons tenu compte que du nombre des ménages ou des directeurs proprement dits.


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