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1865


[1] M. Benoît, aumônier à La Bégude, ne manquait jamais de souhaiter la bonne année aux membres du Régime. Le R. Frère lui répondait chaque fois cordialement et longuement.



Reculs et progrès


[2] Son Eminence le cardinal Barnabo, préfet de la Propagande, qui avait bien accueilli nos supérieurs dans leurs différents voyages à Rome, demanda des Frères pour le Cap de Bonne-Espérance en mai 1865. Le Révérend les lui promit en le suppliant de lui laisser un peu de temps pour préparer de bons sujets, possédant suffisamment la lange anglaise.
[3] Le maire de Grand-Serre avait demandé vainement les rétributions foraines pour la commune et le remplacement du directeur de son école, sans donner aucune raison acceptable. Aux élections municipales de 1865 il prétendit que le F. directeur avait manoeuvré contre lui. Sa prétention était fort exagérée. Il s'en servit pourtant, après s'être entendu avec la préfecture, pour remplacer nos Frères par des laïques.
[4] Nous fûmes envoyé à Valence pour empêcher cette suppression. M. l'abbé Niel, inspecteur d'académie, prétendit n'être au courant de rien. Mgr. Gueulette dînait ce jour-là en ville. Il fallait attendre 24 heures pour lui présenter une demande d'audience que son valet de chambre aurait présentée à Sa Grandeur dans un plat d'argent et nous aurions dû attendre la réponse. Le temps nous manquait pour ces simagrées.
[5] Le préfet était bon mais sans caractère et tremblant d'être dénoncé. Nous aurions gagné notre cause si nous avions su alors que F. Festus, directeur à Grâne, était bras dessus, bras dessous avec ce préfet et dînait souvent à la préfecture.
[6] Nous ne pûmes donc empêcher la fermeture de la maison du Grand-Serre, mais le maire mourut subitement peu après, ainsi que le curé, archiprêtre, qui s'était toujours montré froid à l'égard des Frères et n'avait rien fait pour les retenir. Les habitants considérèrent ces deux morts comme une punition.
[7] Une circulaire secrète du ministre de l'Instruction publique ayant enlevé l'exemption du service militaire aux Frères non employés dans les écoles communales, le Révérend adressa deux lettres au T.H.F. Philippe qui était membre du Conseil supérieur, pour le prier d'agir et de faire rapporter cette circulaire. Nous croyons que le F. Philippe n'obtint rien.
[8] Mgr. du Cap-de-Bonne-Espérance ayant insisté pour avoir au plus tôt les Frères demandés par le cardinal Barnabo, le Révérend lui promit de faire tout le possible pour hâter leur arrivée. Il lui envoya un projet de conventions demandant un local comme ceux de France, avec cour et jardin, ainsi qu'un mobilier et un matériel scolaire suffisants. Il ajoutait que le traitement de chaque Frère était de 45 livres sterlings (1.125 fr.) en Angleterre et il demandait si cette somme serait suffisante au Cap. Il se réservait le droit de diriger les Frères selon nos Règles et de les remplacer au besoin. Les frais de voyages restaient à la charge de la mission.
[9] Les RR. PP. Jésuites, ayant obtenu deux Frères pour l'enseignement français de leur collège, à Saint-Etienne et excité ensuite nos supérieurs en les aidant à créer l'externat libre et payant de Mi-Carême, le T.H.F. Philippe se plaignit amèrement de cette concurrence pour son pensionnat de la rue Désiré. Le Révérend se confondit en excuses et en regrets, ajoutant que la maison était louée et les mobiliers acquis, que les formalités étaient remplies et des prospectus adressés aux parents et qu'il ne lui était plus possible de reculer. Il faisait remarquer qu'entre cet externat et le pensionnat de la rue Désiré, il y avait toute la ville. Enfin, il promettait de fermer cet externat s'il devenait dommageable aux Frères des Ecoles Chrétiennes.
[10] Nous sommes loin de blâmer la délicatesse de notre Révérend à l'égard de ces Frères, mais nous voudrions pouvoir dire que le T.H.F. Philippe y mettait de la réciprocité. De nombreux faits prouveraient le contraire.

Circulaires du 19-03 et 26-07-1865


[11] La première circulaire de 1865 ne fut datée que du 19 mars. Elle continua les instructions du Révérend sur la prière. Elle était divisée de manière à fournir aux Frères huit sujets de méditation. Il annonçait la retraite du Régime du 9 au 16 juillet, celle de Glasgow du 26 juillet au 2 août, ajoutant que la 2e circulaire fixerait les dates des autres retraites.
[12] Elle239 les fixa d'une manière assez singulière savoir: du 27 août au 3 septembre pour les Frères employés dans les départements de la Loire, de l'Isère, de l'Ain et de la Drôme; du 10 au 17 septembre pour les autres Frères des Provinces de Saint-Genis-Laval et de l'Hermitage; du 14 au 21 septembre pour ceux de La Bégude, du 21 au 28 septembre pour ceux de Saint-Paul et du 28 septembre au 5 octobre pour ceux de l'Ouest. Ceux de la Province du Nord furent oubliés par le Révérend ou par l'imprimeur, ce qui ne les empêcha pas de faire leur retraite.
[13] La circulaire répétait les nombreux avis donnés chaque année. Elle constatait que les souliers, les chapeaux, les habillements laissés par les Frères, l'année précédente pour la chapelle avaient produit 3.000 fr. Elle demandait des prières pour obtenir la guérison de Mme la Comtesse de la Grandville. Elle annonçait la mort du F. Euloge, tué par les sauvages de Wanganui, Nouvelle-Zélande, l'année précédente.

Voeux de bonne année


[14] Nos voeux de l'année précédente ayant fort égayé les membres du Régime, le C.F. Jean-Baptiste nous en demanda pour le premier janvier 1865. Nous lui envoyâmes ceux qui suivent que nous avions dû écrire en continuant nos courses:

[15] Il corriere, en ce jour, pour sa chère famille,

Forme des voeux ardents qu'il a tirés du Ciel.

Du côté religieux, sa parenté fourmille;

Ce jour est donc pour lui tout nectar et tout miel.

Or, en enfant bien né, de suite il songe au père.

Ciel! qu'avec ta sagesse, il soit au gouvernail,

Et qu'avec la boussole, O pure et douce Mère!

Il nous fasse éviter la vague et le corail;

Qu'il guide sur les flots toute notre marine,

Car, par ton choix, Seigneur, il en est l'Amiral.

Et que tous ses marins, par ta grâce divine,

Soient replets au physique et dodus au moral.

Amen. Songeons à l'oncle; il est premier pilote.

Seigneur, qu'il règle bien la poupe et les tribords;

Que même en radoubant les esquifs de sa flotte,

Il est un oeil tourné de la proue aux sabords;

Qu'il lise son courrier avec un vrai scrupule,

Et répondant au bien comme au mal signalés,

Qu'il guérisse aisément la gale et le scrofule,

Le bien sera meilleur et les maux refoulés.

Ce voeu, formé pour lui, peut suffire aux quatre autres.

Jésus! donne à nos chefs, placés sur le tillot,

L'exemple et la parole, à l'instar des Apôtres;

Qu'ils soient bénis de tous, de la Seyne à Marsac;

Que l'ordre, aux timoniers, soit un sans parabole,

Afin que nos esquifs voguent solidement;

Que plus d'actes suivis, dérivant d'un symbole

Sortent d'un Sanhédrin, et non d'un parlement.

Au Champ de Josaphat, Champ de Mai redoutable,

Ils répondront pour eux et pour chaque marin;

C'est de tous leurs fardeaux, le plus épouvantable.

Adoucis-en le poids, ô Juge Souverain.

Quel est ce financier, ployant sous l'escarcelle?

De tous les matelots il est le pourvoyeur.

A chaque traversée, il perçoit la gabelle.

Hé! qu'il soit garanti de tout maigre payeur!

Et ce long efflanqué, déchiffrant un grimoire?

C'est parmi l'équipage un vrai dottissima.

Bravo! qu'il dorme, écrive et mange sans déboire,

Et que, dans la science, il soit altissimo.

Mais ces trois malapris, fouillant dans les nacelles

Ce sont des radoubeurs: leur chef est un vrai loup.

Ouais! qu'ils aient pieds cornus, bons coeurs, fortes cervelles.

Car, en voguant sans cesse, on doit pâter beaucoup.

Et ce petit renard, tout pétri de finesse?

Des mousses du ponton, c'est le grand formateur.

Fort bien! Qu'il soit au fait des tours de la jeunesse

C'est un grade fameux celui de correcteur.

Je n'ai plus qu'un désir pour ennoblir mon cadre;

Que l'équipage entier mette le cap au ciel;

Et qu'aux pieds de Marie arrive enfin l'escadre;

Qu'on ne trouve en ces vers ni morsure ni fiel.

(Il corriere di santo Gennaio)



(Le Visiteur de la Province de Saint-Genis).


Les aumôniers


[16] M. le chanoine Marcel mourut le 6 janvier de cette même année à la maison-mère. La messe solennelle pour ses funérailles fut célébrée à la paroisse, notre chapelle étant encore provisoire, mal placée et trop petite. Ses restes mortels furent ensuite transportés, croyons-nous, au cimetière de Loyasse.
[17] Le P. Matricon qui souffrait de l'absence de ses confrères, saisit l'occasion et manoeuvra auprès du Révérend et du P. Favre pour aplanir les difficultés.
[18] De son côté, M. Ronjon s'impatientait des lenteurs qu'il croyait voir dans les préparatifs du pavillon nord-ouest pour son logement. Peut-être aussi soupçonnait-il que le clergé lyonnais ne garderait pas longtemps notre aumônier. Quoiqu'il en soit, il accepta la cure de la Demi-Lune au mois de mars.
[19] Le cardinal nomma M. l'abbé Sentailler pour le remplacer. C'était un prêtre vertueux et dévoué, mais point orateur. Il pataugeait même dans une simple exhortation et faisait suer ses auditeurs en donnant les sujets de méditation. Pour se rehausser un peu, il tenait fort aux cérémonies dans lesquelles il ne suivait guère d'autre règle que ses idées fort variables. Entre autres variations, nous notons celles-ci:
[20] Il créa des chapiers pour présider au choeur à côté de lui, pour porter les antiennes, pour faire toutes les intonations aux fêtes solennelles. Il y en avait quatre. Nous fûmes souvent du nombre avec les Frères Chrysogone, Félicité, Placide, etc. Ces quatre chapiers étaient placés sur des estrades, deux à deux, de chaque côté du choeur. Ils figuraient assez crânement ce qui faisait ouvrir de grands yeux aux jeunes Frères et aux postulants.
[21] Avec ce nouvel aumônier la réconciliation commençant à sa faire, le R.P. de Lalande revint prendre sa place avec plaisir, le dimanche du Bon Pasteur. M. Sentailler habita le logement préparé pour M. Ronjon, avec sa bonne. Les Pères Matricon et de Lalande se contentèrent de leur chambre respective et de l'ordinaire de la communauté, un peu mieux soigné pourtant.

Lettre de M. Roux


[22] M. Benoît, aumônier de La Bégude, ayant consulté M. Roux, supérieur du grand séminaire de Viviers, à propos de ceux de nos frères qui sortaient de l'Institut pour aspirer au sacerdoce, en reçut la longue et théologique réponse que voici:
[23] "Mon bien cher ami, La difficulté, ou pour parler plus justement, la plaie que vous me signalez, est quelque chose de si grave en soi et dans ses conséquences que je suis poussé par le besoin de vous répondre, malgré les affaires et la lassitude.
[24] Je ne connais que trop le mal qui vous effraye à bon droit. Je l'ai mesuré, palpé et vérifié à fond plus d'une fois et je le connais sous de tristes auspices. Voici donc ce que j'en pense en principe et en fait. Et d'abord en principe.
[25] C'est un principe incontestable, dans la bonne théologie, c'est-à-dire dans l'enseignement permanent de l'Eglise qui a toujours réglé là-dessus sa pratique, que les états qui demandent et imposent la profession de la perfection, ne peuvent être embrassés en conscience que par ceux qui s'y trouvent véritablement appelés de Dieu par une grâce expresse et prévenante. Je ne m'arrête pas à vous rappeler ici la preuve de cette vérité, vous la connaissez assez.
[26] Il est certain, en second lieu, que nul n'a lumière pour décider par soi-même s'il est appelé de Dieu à ces états véritablement privilégiés dans l'ordre de la grâce et que ceux-là seuls ont grâce et don pour cela qui ont reçu de Dieu mission dans l'Eglise pour diriger ces âmes, quand ces directeurs ont étudié par eux-mêmes ces sujets. Vous devez remarquer ces mots ils portent bien loin.
[27] Il est encore bien constant dans l'enseignement public de l'Eglise que les désirs ne sont pas, par eux-mêmes, une preuve de vocation, et cela pour les raisons que vous savez et qui sautent aux yeux d'elles-mêmes.
[28] Enfin, il est également très assuré que la volonté de Dieu se manifeste le plus ordinairement par les dispositions de la Providence, en ce sens que quand il n'a pas donné à un homme les moyens d'arriver à un état de vie, c'est une preuve évidente qu'il ne l'y veut pas.
[29] Il ne peut pas exister d'exception — et ce n'en est pas une — à cette vérité que sans le cas d'une vocation extraordinaire, c'est-à-dire, miraculeuse, même dans l'ordre de la grâce. Mais alors on n'est pas embarrassé, les miracles de ce genre se voient comme les autres, et d'ailleurs, c'est que précisément dans ce cas, Dieu donne, par ces voies miraculeuses, les moyens qui manquent d'ailleurs. D'où il suit que toujours le principe énuméré demeure vrai. Au reste, il signifie simplement que Dieu ne se contredit pas lui-même.
[30] De ces principes de la théologie, il suit que jamais des religieux qui ont fait des voeux et même de simples novices à qui leurs supérieurs réguliers déclarent après une ouverture entière de la part du sujet que leur vocation est de faire profession, jamais, dis-je, ces sujets ne sont appelés de Dieu au clergé séculier. Cette conséquence est de toute évidence. Et, comme vous le dites fort bien, si la vocation était extraordinaire, les supérieurs la verraient et y prêteraient les mains.
[31] Ici les religieux qui s'ennuient d'être à Dieu — hoec est ultima ratio rerum — font deux objections:
[32] 1 On voit que plusieurs saints, après avoir fait profession dans des ordres religieux, ont été appelés de Dieu à embrasser la vie apostolique et à se livrer aux œuvres de zèle, etc.
[33] Mais à cette objection les réponses ne manquent pas: 1 Il faut que ceux qui la font commencent à être dans leur ordre ce que ces saints ont été dans les leurs; puis on pourra croire sans heurter le bons sens qu'ils sont comme ces saints l'objet d'une vocation miraculeuse.
[34] 2 Il faut pour s'autoriser de l'exemple de ces saints, se proposer ce qu'ils ont fait et non le contraire. Les saints dont on parle n'ont jamais demandé à être sécularisés, ou bien ils ont passé d'un ordre moins parfait à un ordre plus parfait, ou bien ils ont accepté les fonctions du ministère ecclésiastique par pure obéissance, parce qu'on le leur commandait et jamais sur leur demande et cela sans cesser d'observer leur Règle et leurs vœux en tout ce qui était compatible avec les fonctions que l'obéissance leur avait imposées. Si donc ces saints ont été conduits et appelés de Dieu, ceux qui font le contraire de ce qu'ils ont fait, ne se conduisent pas par le même esprit.
[35] 3 Enfin il résulte de la réponse que je viens de faire que les religieux en question démontrent positivement, par leur manière d'agir, qu'ils sont positivement répudiés de Dieu pour l'état du clergé séculier et qu'ils sont animés d'un esprit tout opposé à l'esprit sacerdotal. Cet état, en effet, est un état de perfection supérieur à celui de simple religieux, car le sacerdoce est un état de perfection acquise, tandis que l'état de simple religieux ne suppose réellement qu'une volonté vraie et pratique de l'acquérir par l'usage de l'observance des vœux. Or, si le Saint-Esprit poussait les religieux au sacerdoce, il ne les y préparerait pas en les faisant déchoir d'abord de l'état de perfection dont ils font profession, pour les pousser à l'état séculier auquel ils veulent retourner.
[36] La seconde objection qui paraît plus grave est celle qu'on tire des encouragements que quelques fois certains évêques ont donné à de pareils désirs. Mais d'abord il faudrait mettre en regard le nombre prodigieux d'avis et de réponses contraires, donnés par le plus grand nombre de prélats à de pareilles demandes. Puis c'est le plus grand argument qu'on cite une seule de ces demandes de conseils adressées à des évêques qui n'ait été incomplète et fausse et simultanément obreptice et subreptice. Obreptice parce qu'on s'attribue une foule de bonnes dispositions qu'on n'a pas. Subreptice parce qu'on tait toujours plusieurs vérités dont la manifestation amènerait infailliblement des refus.
[37] On dira peut-être que j'exagère en disant que toujours des consultations de ce genre sont entachées de duplicité ou d'illusion. Que ceux qui pensent de la sorte commencent à répondre aux raisons que j'ai données ci-dessus, car tant qu'elles seront vraies — et elles le seront longtemps je vous assure — il faut de toute nécessité que l'exposé des motifs qui font solliciter ces sécularisations soient fautifs. Au reste, quand je parle de la sorte, je parle des choses de mon métier et que j'ai vues et traitées souvent pour savoir à quoi m'en tenir. Or, les contradicteurs n'ont rien de pareil à produire à l'appui de leurs assertions.
[38] Vous déplorez ces illusions et à bon droit, en faisant remarquer que la plupart de ceux qui s'y laissent prendre n'aboutissent point au terme de leurs désirs et qu'ils se condamnent la plupart du temps, à la misère, au vagabondage ou tout au moins à des existences précaires. Tout cela est vrai. Mais le pire, sans contredit, est que ces gens-là arrivent à la prêtrise. J'en ai connu plus d'un. Je suis à chercher dans le nombre un seul qui ne soit pas une plaie pour l'Eglise...
[39] Et quand on les a étudiés de près, comme je l'ai fait depuis longtemps, dans leur vie de jeune homme sécularisé — entre la communauté et le séminaire — et de séminaristes, on ne pourrait être surpris que d'une chose, c'est qu'ils devinssent plus tard de bons prêtres. Là-dessus j'en aurais long et très long à dire, mais ce n'est ici le lieu ni le temps. Je me contente d'un seul fait qui, à lui seul, dispense de beaucoup de réflexions et que vous pourrez soumettre à l'approbation des supérieurs tout en en faisant votre profit, il est facile à constater.
[40] Il n'est pas un des jeunes religieux, novices ou profès, aspirant au sacerdoce contre l'avis de ses supérieurs qui ne soit malade d'une estime secrète de soi, très tenace, très fine et très subtile en quelques-uns qui savent se dissimuler et assez sottement ostensible dans ceux qui se font remarquer par le défaut de tact.
[41] Qu'on examine à fond et on me dira si je me trompe. Il est vrai que pour saisir les pièces de conviction chez quelques-uns, il faut de la patience et de l'habileté, mais on y parvient. Puisqu'on juge d'après l'Evangile de ce que doivent être des jeunes gens chez qui ce mal est aggravé au point de leur faire mépriser l'obéissance, se dissimuler avec leurs supérieurs et enfin secouer le joug des vœux, et qu'on dise si on sait ce que c'est que la vocation ecclésiastique et la vertu sacerdotale, qu'on dise ce que de pareils sujets promettent à l'Eglise. Que si on ne juge pas de tout cela selon la foi, alors il faut dire que celui-là est appelé à être prêtre qui veut l'être et l'on condamne toute la tradition de l'Eglise. Je suis à vous de tout cœur en N.S.
[42] P.S. Ma lettre n'est pas secrète, elle est toute doctrinale et ne s'attaque à personne en particulier, vu que je ne connais pas une personne de celles qui auraient pu chez vous se trouver dans le cas que je discute."

Le cimetière de Saint-Genis


[43] Nous avons dit que le 1er cimetière avait été placé à l'angle sud-est de l'enclos et que 57 Frères y avaient été inhumés. La carrière qui existait de l'autre côté du mur appartenait à un nommé Julien, une sorte de voltairien qui n'aimait pas les soutanes. Il souleva donc une tempête contre ledit cimetière, alléguant qu'il était insalubre à côté de sa carrière.
[44] Il se fit appuyer par M. Dumenge, autre esprit fort, dont la propriété était sous la vue de toutes les fenêtres de l'est de la maison-mère et qui nous haïssait, prétendant que nous lui avions malicieusement imposé cette servitude.
[45] Ces deux hommes agitèrent la question dans la ville, au conseil municipal et à la préfecture. Heureusement M. Pinet, alors maire, était ami de la maison et M. le préfet ne cherchait pas noise aux braves gens. La chicane n'aboutit donc qu'au déplacement du cimetière et non à sa suppression comme le voulaient les agitateurs. Il fut placé où il se trouve encore et on l'entoura d'une rangée de cyprès. Nous nous permettons de dire en passant que sa tenue n'a pas été irréprochable depuis et ne l'est pas encore. Ceux de l'Hermitage et de Saint-Paul sont beaucoup mieux soignés.
[46] Le jeune F. Arcontius étrenna ce nouveau cimetière le 11 février 1865.

Les retraites


[47] La 1re retraite de la maison-mère fut prêchée par le R.P. de Chazourne, Jésuite, et la 2e par le R.P. Reculon, Mariste. Pendant ces deux retraites, les sermons, les offices et les divers exercices eurent lieu au rez-de-chaussée de l'aile de l'ouest et au sud de la chapelle, alors en construction. Mgr. de Charbonnel présida la clôture de ces deux retraites et fit l'action de grâces, après la communion générale, à haute voix.
[48] Lorsqu'il se retirait, le clergé et les membres du Régime l'accompagnaient dans sa chambre au rez-de-chaussée du château. Pour y arriver, il fallait traverser deux vestibules renfermant les malles des Frères venus des postes. Un jour, avant d'entrer dans sa chambre, Mgr. se retourna vers ceux qui l'accompagnaient et leur dit gravement: "On voit qu'il y a plus de malles que de biens dans cette maison." Le Révérend fut très intrigué, ne comprenant d'abord le jeu de mots.
[49] C'est aussi en cette occasion que Mgr. raconta qu'il avait été économe du petit séminaire de Largentière avant son élévation à l'épiscopat, que, en présentant ses comptes au supérieur à la fin de l'année il lui avait dit: "M. le supérieur, je vous ai économisé 25.000 fr." Le supérieur avait vite constaté que lesdits comptes étaient clos par un déficit de 25.000 fr. ... et s'en était plaint à son économe. Celui-ci avait répliqué: "C'est vrai, mais j'aurais pu vous endetter de 50.000 fr.; je vous ai donc gagné 25.000 fr. ..."

Engagements et fidélité


[50] 182 postulants revêtirent l'habit religieux dans les divers noviciats, en 10 vêtures: Mgr. de Charbonnel en présida une à la maison-mère, les autres furent présidées par les aumôniers ou par des curés voisins.
[51] Après les diverses retraites, les voeux perpétuels furent prononcés par les 89 novices dont les noms suivent: Frères Augustalis, Badème, Blanchard, Cadroès, Calépode, Castorius, Elie-Joseph, Eduin, Félin, Julianus, Marie-Julien, Pépin, Théodule, Abrosimo, Adolphus, Ajut, Alésius, Alpin, Alpinus, Ange-Marie, Aristarque, Artémius, Athanasio, Basilidès, Béatus, Christien, Clémentinus, d'Aniane, De Néry, Ignace de Loyola, Jean-Paul, Marie-Eloi, Nicolas, Pérégrinus, Raymond, Romain, Ulfrid, Julius, Marie-Victoire, Aubert, Congall, Delphin, Dulas, Héradius, Hervianus, Irène, Job, Ludivoc, Lidovinus, Marie-Eutrope, Nectaire, Obed, Pirmin, Pione, Polixain, Venance, Aldegonde, Carloman, Clémence, Corsini, Damien, Héron, Hugolinus, Jacob, Jean-Misaël, Liboire, Malo, Morceau, Marie-Martin, Martyre, Néon, Orens, Ouen, Parisius, Savine, David, Emébert, Mamertus, Marcien, Pierre-Thomas, Sapor, Senan, Taraise, Thyrse, Alban-Marie, Anthony, Colomba, Mungo et Valès.
[52] F. Béatus fut de ceux que la charge de directeur a perdu. Il avait si bien embobiné ses quatre seconds qu'il les fit consentir à se défroquer avec lui et à laïciser le poste d'Unieux qu'ils occupaient, en jetant leurs frocs aux orties. Le maire appuyait cette trahison.
[53] Le père de l'un des seconds, en lui faisant visite, s'aperçut de la trame, en fut scandalisé et alla supplier le R. Frère d'enlever son fils de ce poste immédiatement, ce qui eut lieu. Ce jeune homme est aujourd'hui un des meilleurs sujets de la Province. On put sauver aussi les trois autres.
[54] L'ex-Béatus s'est tristement distingué depuis, comme instituteur laïque et officiel, mais non à Unieux, bien que le poste fut perdu pour l'Institut.
[55] Le voeu de stabilité fut émis par les Frères Benoît, Marie-Clarent, Privat, Procule, Cyrille, Paul-Marie et Gébuin.

Nos défunts


[56] Trente membres de la famille passèrent dans une vie meilleure, cette année-là, savoir: un postulant, les Frères Elisée, Viateur, Marie-Odulphe, Gontard, novices; les Frères Gontard, Arcontius, Anectus, Sébastien, Barsimé, Primaël, Ernest, Stabilis, Philange, Flour, Evremont, et Léontius, obéissants; les Frères Aaron, Zéphirin, Male, Jean-Louis, Emmanuël, Julius, Ménalippe, Elaphe, Callistrate, Basilidès, Obed, et Dominique, profès et le F. Bonaventure, stable.
[57] Le F. Male, excellent professeur, capable, d'un bon caractère, d'une charité et d'une soumission admirable, mourut à Saint-Didier-sur-Chalaronne à l'âge de 32 ans, très regretté de son directeur, de ses confrères et de ses élèves.
[58] Nous avons déjà parlé du C.F. Bonaventure. D'ailleurs il a sa biographie que l'on peut lire.
[59] Le F. Dominique était un des premiers disciples du Père Champagnat. Il s'était laissé tromper par M. Courveille et l'avait suivi à Saint-Antoine, mais il répara vite et amplement cette incartade. C'était un type des anciens Frères. Marcheur infatigable, grand amateur de la pauvreté, de la sobriété, il était dur à lui-même et aux autres parfois.
[60] Directeur à Charlieu en 1840, il sut s'abreuver, ainsi que ses trois seconds pendant toute l'année, avec une pièce de piquette de sorbes et quelques litres de vins. Plus tard, à Blanzy, voulant régaler ses aides avec lesquels il avait travaillé tout un jeudi au jardin, il fit faire une bonne friture de pommes de terre. "Si le petit Louis-Marie se fâche, répétait-il, tant pis." Bien que peu instruit, il fit la classe toute sa vie et mourut le signal à la main à Blanzy.

Arquebuse et biphosphate


[61] Les desseins de la Providence sont bien admirables. Personne n'aurait soupçonné avant 1862 qu'elle se servirait du F. Emmanuel pour doter l'Institut d'une découverte qui l'aide si puissamment aujourd'hui à soutenir des juvénats et ses noviciats remplis d'enfants, presque tous reçus par charité, à payer les constructions incessantes que l'extension de l'Institut et de ses pensionnats rendent nécessaires, à couvrir les impôts écrasants que nos gouvernants francs-maçons augmentent sans cesse, etc.
[62] Nous voulons parler de l'eau d'Arquebuse. Le f. Emmanuel n'avait rien extérieurement pour faire soupçonner qu'il en serait l'inventeur, si ce n'est son esprit d'observation. Nommé infirmier, il se mit à étudier les livres de médecine et ceux traitant des propriétés des plantes, en 1861 et 1862. Il y fut beaucoup aidé par le C.F. Euthyme dont tous les Frères connaissent la capacité en histoire naturelle. A force d'essais, d'observations, d'expériences, il trouva peu à peu la recette perfectionnée depuis pour fabriquer cette productive liqueur dont les propriétés sont si variées.
[63] Nous n'avons pas à décrire ici la recette et le rendement de ce précieux produit, mais nous pouvons dire que ce revenu est merveilleux, grâce au zèle et à l'aptitude déployés par le F. Darius, depuis longtemps, dans cette fabrication.
[64] Nous aurions à dire la même chose du biphosphate et du F. Amable qui parvint, peu à peu, à le composer. Il en commença l'étude en 1866. Comme l'arquebuse, ce liquide défie toute contrefaçon et produit de précieuses ressources à l'Institut. Il est présentement très répandu et, ainsi que l'arquebuse, sa réputation va toujours en gagnant. Non plus que le F. Emmanuel, le F. Amable ne paraissait pas avoir de l'aptitude pour cette découverte.
[65] Ces deux hommes, simples, sans prétentions, ont rendu à l'Institut des services bien autrement plus grands que certains Frères prétentieux et naturellement mieux doués.
[66] Autre trait providentiel: le F. Amable entra au noviciat de Saint-Paul-3-Châteaux, pays dont les eaux ferrugineuses contribuent beaucoup à donner au biphosphate ses propriétés inimitables.

Nouvelles fondations


[67] Cette année-là on créa les maisons de Rives; Saint-Etienne Mi-Carême; Saint-Patrick, Londres et Pujaut.
[68] Les Frères furent appelés à Rives par un curé original et logés dans une bicoque. L'église est située hors de la ville sur un coteau. Ce n'est pas un monument. Dans l'une de nos visites, M. le curé nous dit: "Votre Institut pourrait me rendre un grand service en achetant mon église et en y logeant vos Frères, cela m'aiderait à en bâtir une neuve dans la ville." Nous répondîmes: "Vous avez-là une riche idée, M. le curé, on pourrait trouver deux belles classes dans votre église. Quand aux trois Frères on les logerait dans le clocher. Ils pourraient même sonner l'angélus et les offices sans se déranger cela vous économiserait un sonneur." Il comprit et parla d'autres choses.
[69] Pujaut eut de pénibles épreuves et fut fermé après une existence de 18 ans.


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