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Préparation du Chapitre général



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1862




Préparation du Chapitre général


[1] La première circulaire de 1862231 fut consacrée à la charité fraternelle. Il va sans dire que la question fut magistralement traitée comme on peut le voir dans le recueil des circulaires. Le Révérend la termina en recommandant aux Frères directeurs de veiller sur les rapports de leurs Frères avec les enfants.
[2] Une note fut envoyée aux Frères le premier avril232 pour l'élection des membres du Chapitre général qui allait avoir lieu. Les stables étaient les seuls éligibles. Il y en avait 22, dans les Provinces de Saint-Genis et de l'Hermitage, 19 dans les deux Provinces du Midi, 5 dans le Nord et 2 dans l'Ouest. Les électeurs devaient nommer 16 députés dans le Centre, 13 dans le Midi, 3 dans le Nord et 1 dans l'Ouest.
[3] Les litanies de l'Immaculée Conception furent ordonnées jusqu'au 30 juin pour obtenir les lumières du ciel sur les travaux du Chapitre.
Les Capitulants furent élus dans l'ordre suivant:

[4] Pour le Centre, les Frères Avit, Louis-Bernardin, Euthyme, Abrosime, Cariton, Callinique, Ignace, Epaphras, Grégoire, Placide, Marie-Jubin, Aquilas, Marie-Lin, Nicet, Jean-Philomène et Bonaventure. Suppléants: FF. Marie et Sittinus.


[5] Pour le Midi, les Frères Malachie, Jean-Marie, Ladislas, Claude, Onésiphore, Bernardin, Ambroise, Abel, Augustus, Victor, Louis-Régis, Priscillien, et Juvénal; suppléants: les FF. Benoît-Marie et Félicité.
[6] Pour le Nord, Frères Aidant, Andronic, Eubert; suppléant: F. François-Michel
[7] Pour l'Ouest, F. Césaire; suppléant: F. Flavius.
[8] Nous avons vu que le R.F. François et le C.F. Louis-Marie étaient allés présenter nos Constitutions à l'approbation du Saint-Siège en 1858, bien que le cardinal de Bonald eût conseillé de ne pas se presser. La Congrégation des Evêques et Réguliers avait confié l'examen de ces Constitutions à Mgr. Chaillot, prêtre français et l'un de ses secrétaires. Cet examinateur y avait fait des changements assez notables et avait fait approuver par ladite Congrégation nos Constitutions ainsi amendées.
[9] Comme preuve que ces Constitutions étaient librement acceptées par les membres de l'Institut, la Congrégation susdite avait ordonné l'élection d'un Chapitre devant être présidé par un de ses délégués et elle avait désigné le R. P. Favre, Supérieur général des Pères Maristes, pour cette présidence.
[10] Dans la lettre que le Révérend écrivit le 11 avril à Mgr. Chaillot, nous relevons ce qui suit: "... Nous avons eu, hier même, une très longue conférence avec le R.P. Favre et grâce à Dieu, nous sommes tombés d'accord sur tous les points, soit pour le projet de Constitution que nous avons lu et examiné ensemble, chapitre par chapitre et article par article, soit pour la tenue du Chapitre général que nous pensons réunir dans la semaine de Pâques. J'espère, Mgr., que vous serez content vous-même de notre travail et pour la forme et pour le fond. Je l'avais tout préparé, le R. Père l'a trouvé très bien. C'est un bonheur pour moi de vous le dire d'avance..."

Le Chapitre général


[11] La première session du Chapitre eut lieu à la date donnée ci-dessus233. Les séances se tinrent dans l'aile de l'ouest, au-dessus du grand parloir où se trouve présentement la librairie.
[12] La présidence fut triple, c'est-à-dire que le R.P. Favre avait le F. Louis-Marie à sa droite et le F. François à sa gauche sur l'estrade. Le R.P. présidait pour la forme, il se borna à écouter les lectures et les discussions qui furent faites sans y prendre part.
[13] Il n'entre pas dans notre plan de détailler ici ces discussions, ce sera l'affaire de l'histoire de nos Chapitres généraux. Nous nous bornons à constater que plusieurs des changements opérés dans nos Constitutions par Mgr. Chaillot ne pouvaient être admis, par exemple, l'élection du Supérieur général pour dix ans, celle des Assistants pour 4 ans et le recours à la Congrégation des Evêques et Réguliers pour les profès qui voudraient changer la cession qu'ils avaient faite de leurs revenus avant la profession.
[14] Le généralat à 10 ans n'eût pas laissé assez de latitude au Général pour les grandes entreprises et eût affaibli son autorité. Les Assistants à 4 ans eussent trop multiplié les Chapitres, bouleversé les têtes et favorisé les compétitions dans l'Institut. Dans une Congrégation nombreuse comme l'était déjà la nôtre, avec les revenus généralement minimes de nos Frères, le recours à Rome eût été incessant et aurait pu nous attirer des misères de la part de nos gouvernements civils.
[15] Ayant une grande confiance en Mgr. Parisis, évêque d'Arras, qui nous avait rendu de grands services en 1851, le Révérend le consulta sur les trois points ci-dessus et sur d'autres. La réponse de Sa Grandeur, très bien motivée, fut dans le sens que nous venons d'indiquer. Elle fut lue dans les séances capitulaires de 1862 et longuement commentée par le R.F. Louis-Marie.

En vue de l'approbation des Constitutions


[16] La première session étant close, le Révérend et le C.F. Euthyme en portèrent les résultats à Rome: le premier y resta deux mois en deux fois et le second six mois à deux reprises. Dans ce voyage, les deux Frères rencontrèrent Mgr. Angebaud, évêque d'Angers dont ils furent enchantés. Le Révérend lui écrivit ensuite une lettre dont voici un passage:
[17] "... Je n'oublierai jamais combien vous avez été bon, paternel et dévoué pour deux pauvres Frères que vous voyiez pour la première fois. Je me souviendrai surtout des excellents conseils que vous nous avez donnés pour nous et pour tous nos Frères, sur l'humilité, la simplicité et la modestie dont nous devons faire profession, sur la formation des novices et l'ouverture de cœur aux supérieurs, sur les pensionnats, sur notre programme d'enseignement, sur la nécessité d'être très réservés à fonder de nouvelles maisons et à nous étendre, etc. ...
[18] Nous profiterons de vos observations sur le voeu de pauvreté pour expliquer que les sujets ne sont jamais guidés (le Révérend voulait peut-être dire gênés) par les supérieurs lorsqu’ils veulent disposer de leur avoir ou de leurs revenus en faveur de leurs parents. Nous sentons comme vous, Mgr., que c'est nécessaire dans les temps où nous vivons..."
[19] Pour hâter la reconnaissance de l'Institut par le Saint-Siège, pour en éloigner tous les scandales et pour divers autres besoins, le Révérend adressa une lettre collective aux directeurs des maisons provinciales afin qu'ils fissent faire les prières qui se faisaient déjà à la maison-mère au mois de décembre 1862.
[20] Ces prières s'adressaient à Marie Imaculée, à St Joseph, aux saints Anges, aux saints, au bienheureux Labre en particulier et aux âmes du purgatoire.
[21] On venait de découvrir dans les archives de la chapelle dédiée au B[ienheureux] Labre à Amettes une lettre du pieux Fondateur laquelle attestait qu'il avait fait un pèlerinage en ce lieu pendant qu'il travaillait à l'obtention de l'autorisation légale.
[22] En même temps, le Révérend envoya un exemplaire de chacun des classiques de l'Institut à MM. les recteurs de Lyon, Grenoble, Montpellier, Bordeaux, Clermont et Douai et les pria de les approuver pour les écoles primaires de leurs ressorts.
[23] Recevant de bonnes nouvelles de Rome, il les communiqua aux Frères directeurs des noviciats et leur enjoignit d'ajouter aux prières déjà désignées une neuvaine de messes, de chemins de croix, de visites au St Sacrement et des communions supplémentaires.

Correspondances extérieures et intérieures


[24] Les correspondances officielles avec Nos Seigneurs les évêques, MM. les curés, les maires, les recteurs, les inspecteurs et les bienfaiteurs étaient déjà très nombreuses: il n'y en eut pas moins de 142 en 1862,
[25] y compris les réponses à une demande de Mgr. Parisis pour la mission de Canton. Sa Grandeur revint trois fois à la charge, ce qui, à cause des obligations que l'on avait à ce bon évêque, rendait un refus très délicat, le Révérend le fit avec une grande adresse.
[26] En fixant l'ouverture des retraites pour 1862, le R. Frère donna les avis que voici: "On remettra à chacun des Frères une chemise, un rabat et un mouchoir neuf, à la fin de chaque retraite, aux frais de leurs établissements respectifs.
[27] Les directeurs doivent apporter leurs comptes, payer leurs classiques avant le vestiaire, se soumettre aux décisions du Chapitre de 1860 sur les fournitures classiques, porter aux lieux des retraites les vieilles parties de leur vestiaire que l'on utilise bien dans les noviciats ou dans les montagnes pour les pauvres.
[28] Ne pas oublier les renseignements sur les prétendants à la profession, sur les cartes établissant les états de service de chaque Frère, sur les candidats aux brevets et sur les engagements décennaux.
[29] J'autorise les Frères directeurs à s'inscrire pour un franc dans la Société charitable dite du Prince Impérial..."
[30] Le Révérend récitera ses recommandations ordinaires sur les rapports des Frères avec les enfants. Il y revenait en toute occasion.

Visites: NN. SS. de Bonald et Pompallier


[31] Son Eminence le cardinal de Bonald fit une visite confidentielle au R. Frère. Néanmoins, pendant qu'Elle s'entretenait avec lui, on se hâta de préparer toutes choses et l'on réunit toute la communauté dans la salle des exercices. Son Eminence y fut conduite, complimentée et Elle répondit par une exhortation dans laquelle Elle fit voir, une fois de plus, son attachement pour notre Institut. Mgr. de Bonald n'était point orateur, mais il écrivait très bien et saisissait toutes les occasions pour témoigner de ses sentiments paternels à notre égard.
[32] Au mois d'août de la même année, Mgr. Pompallier, ancien aumônier de l'Hermitage, était venu en France pour les affaires de sa mission en Nouvelle-Zélande, fit une visite à notre maison-mère. On l'accueillit très bien, mais nous n'avons aucun détail sur cette visite. Nous avons lieu de croire que les cartes étaient déjà brouillées entre Mgr. et le R.P. Colin à propos des dettes que Sa Grandeur avait contractées pour sa mission. Nous pensons que cette visite avait pour but d'obtenir des Frères pour la Nouvelle-Zélande.

Nos missionnaires d'Oceanie

[33] Depuis 1859, nos supérieurs n'en avaient plus envoyés en Océanie, n'étant pas satisfaits de l'emploi que les Pères Maristes en faisaient et trouvant que la position de ces Frères était parfois trop pénible, comme leurs lettres l'avaient attesté.


[34] Bien que ces lettres eussent été écrites antérieurement, nous en plaçons ici une courte analyse.

Frère Marie-Nizier


[35] Et d'abord 5 lettres du F. Marie-Nizier parti en 1836 avec Mgr. Pompallier, le B.P. Chanel et le R.P. Bataillon, ainsi que le F. Michel:
[36] Il y annonçait sa satisfaction d'avoir été choisi pour ces missions lointaines. Il y dépeignait le bonheur qu'il avait goûté lors de la visite des missionnaires à Fourvière, en voyant le coeur d'or qu'ils avaient suspendu au cou de la Madone et dans lequel leurs noms étaient écrits. Il y exprimait son impatience de voir enfin les sauvages auxquels il allait consacrer sa vie.
[37] Arrivé à Futuna, il écrivit une longue missive dont voici un passage:

"Nous nous rendîmes dans une des maisons du plus grand roi de l'archipel. Il était absent, mais ses parents s'empressèrent d'étendre des nattes à terre pour nous servir de sièges.

[38] A son arrivée, la première chose qu'il fit fut d'embrasser Mgr. (nez à nez, selon l'usage de l'île). La conversation se fit par l'entremise d'interprètes. Rien ne s'opposa à ce que nous vinssions nous fixer dans l'île. Un repas nous fut servi: un cochon rôti, d'excellentes ignames, des cocos et autres mets à la faka Futuna (manière de Futuna) le composait. Quelques feuilles servaient de table, de nappe, de plats et d'assiettes; les doigts tenaient lieu de fourchettes et dans le besoin de couteaux. Je puis assurer que ma délicatesse souffrit un peu de cette nouvelle méthode, mais actuellement c'est le moindre obstacle.
[39] On nous construisit une petite cabane couverte en feuilles de cocotiers entrelacées, les murs étaient des bâtons attachés en forme de claie recouverts aussi de feuilles de cocotiers. Le Père Chanel en fit élever une autre que nous n'avons pas habitée."
[40] Il parlait ensuite d'une tempête affreuse qui avait renversé la cabane de bambou construite par lui, ainsi qu'un grand nombre de cases dans l'île. Il peignait une guerre acharnée entre les deux rois de l'île, la boucherie qui s'en était suivie, la mort de l'un des deux hommes que les naturels considéraient comme leurs dieux et les soins que le P. Chanel et lui avaient donnés aux blessés.
[41] En 1846, répondant à une longue lettre que plusieurs anciens de l'Hermitage avaient adressée à leurs Frères d'Océanie, le F. Marie-Nizier disait le plaisir que cette lettre lui avait procuré dix ans après son départ de l'Hermitage.
[42] Il racontait le massacre du B.P. Chanel par les ordres du roi, son absence pendant ce massacre, la punition exemplaire du roi et de son frère qui l'avait poussé à ce forfait.
[43] Il disait son isolement après le martyre du bienheureux, les difficultés qu'il avait éprouvées, son embarquement sur le navire américain Hamilton et son arrivée à l'île de Wallis, à peine vêtu. Il exprimait le désir que les Frères fussent plus en sûreté, pussent vivre selon nos Règles et faire plus de bien, réunis par établissements comme en France. Il put voir son voeu exaucé, comme nous le dirons plus loin.

Frère Claude-Marie


[44] Les 8 lettres du F. Claude-Marie peuvent être analysées comme il suit:

"Partis le 6 janvier 1840 de Saint-Chamond avec le F. Ammon, nous avons rencontré les Pères Pezant et Tripe. Nous nous sommes rendus à Brest où nous avons dû séjourner avant de nous embarquer sur l'Aube dont le capitaine nous a très bien accueillis, mais qui n'a pu mettre à la voile que le 19 février. Nous avons tous souffert du mal de mer et une rafale a emporté un matelot que l'on n'a pu sauver. Nous avons relâché à Santa Cruz, puis à Gorée où nous sommes restés plusieurs jours.


[45] Un Zélandais se trouve avec nous. Nous voudrions le convertir, mais il ne sait pas le français et nous ignorons son idiome. Nous l'étudions avec lui. En voici quelques mots: lundi: kittemani; mardi: tétouré; mercredi: wainéré; jeudi: tahiré; vendredi: prahédé, samedi: saradéi; dimanche: ratapou; une semaine: tika ou latiré; un mois: marama; un an: tuau, etc.

Le baptême du marin


[46] En passant sous la ligne234, nous dûmes subir la ridicule cérémonie du baptême marin. Le 5 avril, à 2 heures après-midi, comme nous étions dans nos chambres, un matelot vint nous appeler, car la cérémonie allait commencer: force nous fut d'obéir. Après quelques minutes, nous vîmes au son de deux tambours: Neptune et un pilote, un prêtre mahométan suivait avec 6 gendarmes, puis venait un charriot sur lequel était assis le Père La Ligne, sa femme et sa fille. Six diablotins formaient son cortège d'honneur et un énorme lion fermait la marche. Tous passèrent à côté de nous et allèrent s'asseoir à la place qui leur était destinée.
[47] On appela ensuite ceux qui devaient être baptisés et on nous fit passer sous une tente en présence du P. La Ligne et du prêtre mahométan. Etant tous réunis, ainsi que les gens de l'équipage, le marabout fit un petit discours analogue235 à la cérémonie et, sachant la cause de notre voyage, il ajouta que notre mission ne serait pas bonne si auparavant nous n'étions régénérés et même, chose qui nous affecta un peu, qu'il fallait nous confesser afin de recevoir le baptême avec plus de fruit. Nous nous moquâmes de sa confession et de son baptême, mais il fallut bien pourtant en subir la rigueur.
[48] Après le discours, on nous appela de nouveau les uns après les autres et on nous fit asseoir au côté gauche du Père La Ligne sur un grand benaut236 plein d'eau, recouvert d'une planche et d'un pavillon pour qu'on ne s'aperçut de rien. A côté du benaut qui paraissait un trône, un perruquier nous rasait et nous coupait les cheveux. Voici comment il s'y prenait pour faire cela habilement. Il avait pour savonner un plein crachoir de farine délayée avec de l'eau de mer. Lorsqu'il en avait passé suffisamment par la figure, il prenait un grandissime rasoir en bois, semblable à une équerre. Il le passait 4 ou 5 fois sur la face et l'essuyait proprement sur nos épaules. Pour nous couper les cheveux, une grosse paire de ciseaux, aussi en bois, précédée par un peigne d'un pied de long ayant 4 ou 5 dents, servait à merveille.
[49] Ayant coupé les cheveux, il voulait les pommader. Pour cela il avait du noir de fumée délayé dans l'huile et il en passait sur la tête, ayant soin surtout de passer la main en même temps sur le front et la figure du patient.
[50] Pendant ce temps et au moment où nous croyions nous lever, les gens placés derrière le benaut tiraient vivement la planche où nous étions assis et nous tombions dans l'eau jusqu'au cou. Sortant de là, nous allions devant le Marabout qui nous jetait un verre d'eau sur la tête et nous étions baptisés. Croyant que tout était fini, nous nous disposions à aller changer, mais il fallut encore subir une dernière cérémonie. Une pompe à incendie servie sans relâche avec de l'eau de mer par 8 seaux nous inonda à n'en plus finir pendant demi-heure.
[51] Les diablotins couraient et sautaient autour ne manquant pas de nous noircir. Jusqu'à 4 heures moins un quart, nous fûmes le jouet de l'équipage. Enfin on nous permit d'aller changer et ce fut certes avec plaisir, car nous étions mouillés on ne peut plus...

Nouvelles des uns et des autres


[52] ...Après mille péripéties, j'arrivai à la mission de Hohienaga pour y remplacer le F. Marie-Augustin auprès des Pères Servant et Batti. Mon occupation ne fut pas celle que j'avais rêvée. Il fallut, à mon grand regret, quitter le pauvre habit de Marie pour me revêtir de celui du monde. Que cette épreuve fut dure pour moi! Je n'étais pas non plus, vous le savez, habitué à manier la pioche, la bêche et encore moins la rame, mais je me soumets volontiers à tout pour l'expiation de mes nombreux péchés...
[53] Les Frères Marie-Nizier, Attale, Pierre-Marie, Elie-Régis, Basile, Emery, Marie-Augustin, Euloge, Justin, Florentin, Colomb et quelques autres sont disséminés ça et là et nous pouvons difficilement nous voir."
[54] Le C. Frère ne parlait pas du F. Ammon qui avait déjà jeté le froc, comme les Frères Marie-Augustin et Michel firent ensuite tant il est vrai que la pauvre humanité est faible partout.
[55] Nous venons, le P. Lampila et moi, dit-il ailleurs, de faire un voyage à travers les tribus éloignées de la mission. Nous avons souffert beaucoup, mais nous avons baptisé un assez bon nombre d'enfants et cela nous a amplement dédommagé de tout. Dieu a permis aussi que beaucoup de malades qu'on nous a présentés aient été guéris par les remèdes que nous avons employés pour cela d'une manière vraiment étonnante.
[56] Nous n'avons eu ni messe, ni vos belles processions le jour de la Fête-Dieu; cette privation m'a été pénible. Mgr. est venu à Hohienga, a baptisé quelques enfants et adultes et a distribué à plusieurs la sainte communion le jour de l'Assomption.
[57] J'ai vu votre admirable lettre, mes chers Frères, le 6 janviers 1846, anniversaire de mon départ de l'Hermitage. J'en suis ravi et vous en remercie cordialement. Les progrès de notre chère Congrégation, surtout l'affiliation des Frères de Saint-Paul et de Viviers, me font un très grand plaisir.
[58] Mgr. vient de me transférer de la Baie des îles à Opotiki. Je me suis arrêté en route à Tauranga pour y faire ma retraite avec les Pères Régnier, Pezant, Conte, Lampila, Petitjean, Bernard, Batti, et les Frères Elie-Régis, Justin et Euloge. Ceux-ci sont des saints, le dernier surtout et j'ai honte de l'être si peu. Pendant cette retraite la Baie des îles a été saccagée par les naturels, malgré la blague des ministres anglicans. Après la retraite je m'acheminais vers Opotiki avec le P. Lampila et le C.F. Elie-Régis. Je puis envoyer au C.F. Stanislas la natte qu'il désire pour sa chapelle, mais j'ai besoin d'en connaître les dimensions..."

Frère Hyacinthe


[59] Le F. Hyacinthe, du noviciat de Vauban, écrivit en janvier 1846 qu'il avait quitté Sydney avec Mgr. Epalle, les Pères Chorin, Monroucier, Frémont et les Frères Aristide et Gennade, qu'ils avaient débarqué en Nouvelle-Calédonie, qu'ils y avaient laissé le F. Bertrand, que Mgr. d'Amatha travaillait lui-même à la construction d'une chapelle de 50 pieds de long sur 25 de large avec les Frères, ce qui l'avait fort édifié. Ils en étaient partis et avaient abordé l'île San Christowal dont les naturels leur avaient semblé bons, mais ils avaient continué leur route jusqu'à l'île Isabelle où les naturels avaient d'abord fait bon semblant et avaient ensuite massacré Mgr. Epalle, blessé le P. Frémont et un officier du navire, dépouillé Mgr. de ses vêtements et se disposaient à le manger, lorsque les matelots le leur avaient enlevé pour l'emporter sur le vaisseau où il était mort trois jours après.
[60] Le Frère ajoutait qu'ils étaient retournés à San Christowal, que les naturels les avaient aidés à construire leur demeure, qu'ils leur rendaient beaucoup de services et qu'ils étaient enchantés de recevoir un échange de petits sacs, des perles et des bouteilles vides. Néanmoins, le P. Monroucier avait été blessé par l'un d'eux qui le prenait pour le matelot qui avait insulté sa femme. Une tribu voisine paraissait être assez bonne.
[61] Le bon Frère ne s'attendait pas à être la victime de ces sauvages, ce qui lui arriva en 1847. Le F. Gennade l'annonça ainsi au C.F. François:
[62] "Le 20 avril, les RR. PP. Paget et Jacquet, accompagnés du F. Hyacinthe, partirent de Makira, lieu de notre résidence, pour aller visiter Ouango qu'on leur avait signalé comme très propre à la formation d'un nouvel établissement. Il pouvait être 6 heures du matin.
[63] Quelques instants après ils arrivèrent au village de Toros ou montagnards, désignés ainsi par opposition aux Joné ou habitants des bords de la mer. Les naturels les reçoivent fort bien, en apparence du moins, ils veulent même les accompagner hors du village en témoignage d'honneur. Les Pères ne se méfient de rien.
[64] Tout d'un coup un cri est poussé, l'attaque commence. Les sauvages qui ont eu soin de séparer leurs victimes, n'ont pas grand peine à s'en défaire. Le R.P. Paget reçoit au creux de l'estomac une lance qui le renverse. Un seul coup de hache abat la tête du R.P. Jacquet. Quand au Frère Hyacinthe, un naturel qui, en signe d'amitié, lui tenait le cou embrassé d'une main, lui pique sa lance entre les épaules. Ce premier [coup] ne réussit pas, l'arme glisse sur la peau. Il achève sa proie à coups de hache.
[65] A neuf heures, nous apprenons ces nouvelles sinistres et vous pouvez penser, M.T.H. Frère, qu'elles nous donnèrent matière à des réflexions. Nous craignîmes et nos craintes étaient bien fondées, qu'ivres de leur triomphe, les sauvages ne vinssent nous attaquer chez nous. Depuis nous avons su que n'osant pas faire par eux-mêmes cette expédition, ils avaient suggéré aux Joné l'idée de nous massacrer, afin de pouvoir nous piller plus facilement. Dieu qui ne permet jamais que l'on soit tenté au-dessus de ses forces, dissipa leurs mauvais desseins. Les Joné nous restèrent fidèles, du moins ils ne firent rien contre nous par eux-mêmes. Les corps des Pères et du Frère furent rôtis et mangés par ces cannibales.
[66] Le Frère ajoutait ensuite que les sauvages les avaient attaqués plusieurs fois, qu'ils avaient mis le feu à leur maison de bambou et de feuillage et qu'ils leur tendaient sans cesse des pièges, que pour se défendre ils mettaient des lanternes allumées à chaque façade de leur cabane pendant la nuit et des grelots au cou de leurs deux chiens.
[67] Il ajoutait encore que Mgr. Colomb, successeur de Mgr. Epalle, venait d'arriver, qu'il avait été témoin des persécutions que les canaques avaient fait subir aux Pères et aux Frères de la Mission de Balade, Nouvelle-Calédonie, enfin que le nouvel évêque les avait retiré de San Christowal pour punir les naturels de leur barbarie.

Lettres des autres Frères


[68] Le F. Pierre-Marie écrivit 4 lettres et le F. Elie-Régis 2. Elles n'ont rien de particulier.
[69] Dans une de ses lettres, datée de la Baie-des-Iles, le F. Emery disait qu'il était compositeur, imprimeur, tailleur, jardinier, blanchisseur, repasseur, économe, cuisinier, matelot, etc. Il ajoutait que les ministres protestants débitaient des abominations contre les catholiques, que les Maoris leur tournèrent enfin le dos, qu'ils aimaient beaucoup les cérémonies catholiques et les arts exercés par les missionnaires, qu'ils avaient une excellente mémoire, qu'ils apprenaient vite à lire et à écrire, ainsi que le catéchisme et qu'ils avaient de grandes dispositions pour la musique.
[70] Le 18 janvier 1844, F. Pierre-Marie annonçait que les rapports du Frère Colomb avec les naturels laissaient à désirer beaucoup et inquiétaient ses confrères ainsi que les Pères, et que Mgr. Pompallier y mettait fin en le renvoyant en Europe. F. Colomb revint en effet mais il nous quitta bientôt et alla chercher fortune en Amérique. Etant notre compatriote, nous avions été surpris qu'on l'eut choisi pour les missions où il fallait alors une vertu solide pour vivre au milieu des naturels tout nus, pour rester parfois longtemps isolé, privé de la messe, de la confession, etc.
[71] Une autre lettre du F. Emery, du 14 septembre 1845, nous apprend que Kéké, chef maori et protestant, avec 400 des siens, avait battu autant de soldats anglais, les avait chassés de la ville de Kororaréka, Baie-des-Iles, et s'était emparé de leur citadelle, malgré le bombardement partant d'un navire anglais. Les vainqueurs avaient ensuite pillé la ville avant que les bombes, partant du dit navire, l'eussent brûlée. La résidence des missionnaires avait été seule conservée, bien que fort endommagée. Le gouverneur avait ensuite envoyé 400 soldats, appuyés par 500 maoris soumis, pour s'emparer du camp de Kéké. Ils avaient dû se retirer avec leurs sept canons après avoir perdu plus de 100 hommes. Kéké avait fait dire aux missionnaires de ne rien craindre et qu'il les prendrait sous sa protection. Mgr. avait jugé prudent néanmoins de faire transporter le mobilier, les provisions, l'imprimerie, les livres et les ornements de la mission à Terawiti et à Wangaroa en attendant que la ville put être rebâtie. Deux Pères et deux Frères y étaient pourtant restés. Le F. Emery n'abondait pas à faire des habits. Les rhumatismes faisaient souffrir le F. Pierre-Marie et l'obligèrent plus tard de rester en France.
[72] Voici un passage d'une lettre du F. Florentin qui peint bien la situation faite à tous les Frères partis pour l'Océanie, avant 1860:

"... Ce qui m'a extrêmement contrarié et me contrariera toujours, c'est de ne plus porter ma soutane, pas même le dimanche, de sorte que je l'ai quittée pour toujours en quittant la France. De nouvelles réclamations à ce sujet auprès de Mgr. me paraîtraient inutiles. Je croyais faire ici la classe et le catéchisme, en aidant les Pères missionnaires, mon emploi se réduit à celui de serviteur. Cependant je puis me livrer à mes exercices de règle. Telle est ma position et celle des autres Frères. Je ne m'en plaindrais pas si je l'avais parfaitement connue en quittant la France d'où, vous le savez, je suis parti plutôt par obéissance que par choix. Aussi si c'était la volonté de Dieu que je retournasse à l'Hermitage, il n'y aurait que la mort ou l'obéissance qui m'en retirerait. Je ne dis rien des FF. Michel et Ammon, vous ne devez pas ignorer qu'ils ont quitté la Société et que le dernier est mort... "


[73] Le 30 septembre 1847, F. Paschase annonçait la mort du Père Gérard et du F. Attale qui étaient allés recevoir la récompense de leur dévouement.
[74] Les nombreuses lettres des autres Frères renferment leur impression durant le voyage, le plaisir qu'ils éprouvaient en recevant des lettres des supérieurs et des nouvelles de la Congrégation, les calomnies que les ministres protestants propageaient contre les missionnaires catholiques, les us et les coutumes des naturels dans les différentes stations, les difficultés et les privations que rencontraient les Frères et les Pères ainsi que les plaisirs qu'ils ressentaient des conversions qu'ils pouvaient opérer.
[75] Comme spécimen de l'idiome maori, nous plaçons la lettre qu'un néophyte Néo-Zélandais adressa au C.F. François:



Kite Wase ote Felela

Felela Farasu Aliki

Terra va kokoe enui

Toku aroha kia koe mote Felela


Katoa tenava kokoutou

Einoi au kite Atua mokou

ou, et inoi hoki au mote pape

me ugua pele pitela katoa

me ugua Epikopo Katoa

me ugua takakou katoa

me ugua Felela Katou

Kiligitiano Katoa mote

Eklesia katolika Lomana

Inoi koe moku et tou hoa

tapu, ino koe kia Malia te

Matua Alatou moku

Inoi a tu koutou Kite Nui

moku kaahau Filipo Malia

no Wallis Katolika Lomana

Einoi ahou kia koe

Falasu a Aliki mote Felela

homai te lipeka te Malia


te Losalio mo Filipo-Malia

loku pilangi Nui, mote Wale

kalakoa ko Sangata Potino

Koia hahi toku pilangi Nui

Kaoha Falasu

Falakiko a Paolo Polikapo

Filipo Malia

Waliji


A la maison des Frères

Frère François, Supérieur

C'est donc là que vous êtes

C'est vivement que je vous aime avec tous les Frères.

Vous voilà vous autres tous ensemble

je prie Dieu pour vous,

je prie aussi pour le Pape,

et pour tous les prêtres,

et pour tous les Evêques,

(ce passage n'est pas traduit)

pour tous les Frères,

pour tous les chrétiens,

pour l'Eglise catholique romaine,

priez pour moi, mon Frère

sanctifié, priez Marie, notre Mère

pour moi.

Priez vous autres le Seigneur,

pour moi Philippe-Marie,

de Wallis, catholique romain,

je demande moi à vous

François, Supérieur des Frères,

de me donner des croix, des médailles de Marie

du Rosaire, pour Philippe-Marie.

Cest ce que je désire beaucoup.

ami une image de l'église de St.Pothin Père

C'est là mon grand désir. Je vous

salue... François.

François de Paule. Polycarpe.

Philippe-Marie. Wallisien

* * *


Attitudes des Pères Maristes


[76] Les retraites de 1862 furent prêchées à la maison-mère par les RR. PP. Divelle et Gilles, Maristes.
[77] Vers la fin de cette année, le P. de Lalande et le P. Vachon furent remplacés par les PP. Devaize et Carré, sous la direction du P. Matricon à laquelle ils ne se soumirent guère. Les critiques de certains Pères dans leurs instructions ou à la grille, contre le compte de conscience ordonné par nos Règles, avaient déjà fortement tendu les cordes entre nos supérieurs et les Pères Maristes en général.
[78] Les Pères Devize et Carré semblaient avoir pris à tâche de tendre de plus en plus ces cordes. Ils affectaient des airs dédaigneux, se montraient exigeants, affectaient de se promener dans les diverses parties de l'enclos la canne à la main, se montraient peu empressés à écouter les Frères qui avaient besoin d'eux et détournaient certains sujets de leur vocation en confession. Les résultats de cette manière ne se firent pas attendre.

Situation en fin d'année


[79] Trois prises d'habit à la maison-mère, 2 à Saint-Paul, 2 à La Bégude, 2 à Beaucamps et une à Hautefort enlevèrent les vêtements du monde à 180 postulants et les revêtirent des livrées de Marie. Ces prises furent présidées par les RR. PP. Vite et Ferry, ou par les aumôniers des divers noviciats.
[80] Après les 7 retraies, les 75 Frères dont les noms suivent se lièrent à l'Institut par la profession: FF. Alboin, Amator, Anicétus, Antioche, Boisil, Bonus, Cassien, Expédit, Jean-Antoine, Marie-Raphaël, Michée, Othon, Pambon, Publius, Sérénus, Théophilus, Adéritus, Albéus, Amet, Célérin, Damascène, Démocrite, Fraterne, Gaspard, Jucondien, Louis-Antonio, Louis-Daniel, Marie-Abel, Marie-Arsène, Matronien, Melchior, Rénus, Rogat, Romulus, Sirice, Vigilius, Achillée, Adonin, Anaclétus, Angélicus, Fiacre, Illuminé, Jucondus, Jovien, Lycarion, Maurice, Octavius, Pergentin, Restitut, Salvin, Vinien, Amphiloque, Hermias, Adalbony, Agathangélus, Audifax, Béronicus, Chélidoine, Cyprien, Damianus, Hélain, Hermile, Liguori, Marie-Othmar, Généreux, Héribert, Jean-de-Dieu, Jonat, Kilien, Luperque, Solus, Sylvestre, Vial, Faust et John. Ceux dont les noms sont en italique ne persévérèrent pas.
[81] En 1862,la mort faucha deux postulants, les Frères Franciscus, Licérius, Sancté et Arésus, novices, les Frères Ferréol, Hermogène, Juliat, Jean-de-Britto, Anastasius, Philémon, Amasius, Vitus, et Pius, obéissants, les Frères Callixte, Dacius, Baruch, Romuald, Almaque, Accassius, Théotique, Palmétius, Anobert, Humérien, Constant, Armentaire et Jovien, profès.
[82] Neveu de l'abbé Vincent qui fut recteur de l'Académie du Rhône, le F. Callixte était très capable pour l'époque, mais il mourut encore jeune.
[83] Les Frères Romuald et Baruch moururent presque subitement à Montluel, victimes d'un bain imprudemment pris dans le Rhône. Ils eurent pourtant largement le temps de se préparer et de recevoir les derniers sacrements, ils étaient dans la force de l'âge.
[84]Le F. Anobert mourut de la vérole noire à la maison-mère, dans le petit pavillon à l'angle nord-ouest de l'enclos. Cette précaution était indispensable. F. Numérien était un jeune directeur vertueux et plein d'avenir.
[85] Les maisons d'Oignies, de Saint-Cyprien, de Sligo et de Chagny furent fondées. Celle d'Oignies le fut par Mme Henriette de Clercq, riche châtelaine du pays, mais d'un caractère impérieux, devant lequel le curé, le maire et le F. directeur n'avaient qu'à s'incliner.
[86] Nous avons déjà parlé de Changy en réglant la question matérielle.
[87] Les Frères furent appelés à Saint-Cyprien par Mgr. l'archevêque actuel d'Auch, alors curé de la paroisse et par la famille de Beaumont. Ils furent d'abord logés dans un ancien prieuré dont les murs recelaient de nombreuses couleuvres, lesquelles se promenaient sans gêne dans les appartements, même pendant le jour. Nous en avons été témoin.


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