Les technologies de l'information et de la communication (tic) : une chance pour le developpement du monde arabe

Kamel Touati / Géographie, économie, Société 10 (2008) 263-284
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en général, et parmi les femmes en particulier. De plus, depuis les attaques terroristes 
du 11 septembre 2001, les pays arabes sont confrontés à un nouveau problème: la 
baisse significative du nombre de leurs étudiants qui poursuivent leurs études aux 
États-Unis à cause des restrictions prises par ce pays dans le cadre de sa lutte contre 
le terrorisme. Une situation qui prive les jeunes arabes d’opportunités d’acquisition 
de connaissances. Les chiffres font état d’une baisse de 30 % du nombre d’étudiants 
arabes inscrits dans les universités américaines entre 1999 et 2002
48
. 
5) Les étudiants arabes doivent depuis trop longtemps se contenter de matériels et de 
revues scientifiques dépassés, qui reflètent l’insuffisance du financement. Les établisse
-
ments d’enseignement supérieur devront redoubler d’effort en matière de connexion à 
Internet afin de tirer parti de la vaste base de données accessible instantanément à travers 
ce réseau (PNUD, op.cit (2003)). A ce propos, les communications informatisées ont 
considérablement atténué les difficultés matérielles et financières de la plupart des éta
-
blissements d’enseignement supérieur de la région. A ce titre l’Arabie Saoudite, l’Égypte 
et les EAU peuvent être un exemple à suivre. Ils ont conçu des projets relatifs à l’intro-
duction de l’ordinateur et de services Internet à différents niveaux d’enseignements.
6) La diffusion des TIC dans le monde arabe peut accélérer le rattrapage de son retard 
par rapport au pays développés. Car les préoccupations liées à l’émergence de la frac-
ture numérique font implicitement l’hypothèse que la non participation à cette révolution 
technologique aurait des conséquences négatives sur les perspectives de développement, 
et donc, à contrario, que les TIC peuvent être porteuses de développement.
7) Assurer une sorte d’égalité dans la région en augmentant les chances de travail et 
d’éducation et en améliorant de surcroît les conditions de vie et les droits de la femme. 
Dans de nombreux pays arabes, l’emploi des femmes est généralement confiné à certains 
domaines. Les TIC et l’Internet, dans l’ensemble, leurs offrent des opportunités en leur 
permettant de travailler chez elles.
8) Les TIC permettent d’accroître la productivité mais aussi d’accélérer la croissance du 
revenu et de l’emploi en ouvrant de nouveaux secteurs d’activité économique aux entrepri-
ses. En outre, par un phénomène de redistribution, l’enrichissement du pays augmente les 
possibilités de libérer des fonds en faveur d’objectifs de développement humain et social.
9) Les TIC peuvent également encourager l’accumulation du capital, sous forme d’in-
vestissements directs étrangers (IDE), mais aussi sous forme d’investissements de por-
tefeuille
49
. Elles permettent d’accroître la compétitivité des économies en contribuant à 
l’amélioration de la qualité de la production, et en permettant aux entreprises de renforcer 
leur capacité pour faire face à la concurrence internationale et surtout celle des pays 
développés. Car dans un environnement concurrentiel, les entreprises arabes sont davan-
tage incitées à investir dans les TIC pour renforcer leurs performances, ce qui ne serait 
pas dans le cas dans un environnement plus protégé. Celui-ci encouragerait la prudence et 
le conservatisme à l’égard de l’innovation et du risque. Enfin, la privatisation des sociétés 
publiques de télécommunication a toutes les chances d’accroître les IDE
50
. 
48
PNUD, op. cit (2003).
49
Voir Grace 
et al
. (2001).
50
Au Maroc par exemple, le montant des IDE due à la libéralisation du secteur des télécommunications 
s’élèvent en 2003 à 41 miliards de dirhams (Source : “réforme et libéralisation des investissements” (2007), 
Souraya Ouali.).
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3.2. Les TIC: défis pour le développement
A l’instar de tout progrès technologique, en plus des opportunités qu’elles offrent, pour le 
développement, les TIC imposent aussi des défis que les pays de cette région doivent relever. 
Ces défis ne sont pas forcément faciles à anticiper. Mais en particulier, les effets défavorables 
induits par le passage à l’économie de l’information peuvent devenir manifestes car :
1) Les pays arabes s’éloignent d’autant plus de la frontière technologique que la durée 
de vie des technologies se raccourcit. Le rythme des innovations technologique s’accélère 
sous une forme exponentielle, et tend, actuellement, à devenir plus intense qu’à toute 
autre époque. Or, ces innovations technologiques répondent de plus en plus à des besoins 
spécifiques d’utilisation et de production exprimés d’abord dans les pays dans lesquels 
celles-ci sont développées. Les écarts de développement se creusant, les possibilités d’ap-
plication des nouvelles technologies dans les pays arabes pourraient se contracter
51
. 
2) Risque de creusement d’une fracture numérique au sein de la population arabe elle-
même, ce qui impose de gérer ce défi et de mettre en place des mécanismes de redistribu
-
tion (Françoise Nicolas, Nicolas Occis (2002)).
3) Des questions se posent sur les coûts des changements fondamentaux qui résultent 
de l’émergence des TIC dans les circuits économiques. Certaines craintes existent quant 
à l’aggravation du chômage que pourraient entraîner les TIC. Les TIC, à l’instar d’autres 
nouvelles technologies causent un « biais » en faveur du travail qualifié (
labour saving-
skilled biased
). En effet, les TIC réduisent l’emploi, ou bien à travers la suppression des 
activités déjà existantes, ou à travers la réduction des emplois particulièrement dans les 
rangs de ceux qui ne sont pas qualifiés.
4) Les TIC ont tendance à introduire des nouvelles dépendances des pays arabes, tant 
techniques (les ordinateurs et les technologies de télécommunication sont importés) que 
culturelles (les méthodes et les services ont été mis au point pour d’autres cultures et 
demandent donc des adaptations qui peuvent s’avérer coûteuses pour ces pays (Renaud, 
dans Chéneau-Loquay 2000).