Kamel Touati / Géographie, économie, Société 10 (2008) 263-284
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et de la Tunisie - manifestent un intérêt vis-à-vis des TIC. Les initiatives qui en témoi-
gnent sont diverses. Et les objectifs affichés sont généralement les mêmes: la fourniture
d’un environnement plus propice à la R&D en matière de technologie, la création d’un
environnement adéquat pour le développement du commerce, la création d’emplois et
l’amélioration des transferts technologiques entre les secteurs publics et privés.
Au Maghreb, se sont multipliés ces dernières années les technopoles spécialisés
dans les TIC. Le parc technologique El-Ghazala a été créé en 1999 en Tunisie, plus
récemment, en 2001, le Maroc a ouvert son technoparc, situé à Casablanca. Quant à
l’Algérie son cyberparc de Sidi Abdallah est en cours d’aménagement. Il faut noter que
ces technopoles font partie des plans de développement qui incluent aussi la création
des instituts de recherche. Pour mettre en œuvre ces plans les pays du Maghreb – et
aussi le Liban – s’appuient notamment sur une coopération avec la France. Leur objec-
tif principal est le transfert de technologie, car il leur permettrait de promouvoir une
recherche locale tout en utilisant des talents locaux. Ces pays visent aussi à multiplier
les structures de recherche avancée. Pour cela, des accords de partenariats entre le sec-
teur public et le secteur privé de ces pays ont été signés avec des universités françaises
et des institutions, comme le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)
(Mazen E. Coury, op.cit (2003)).
Ce choix de l’installation de ces parcs technologiques questionne, à plusieurs
égards, les mécanismes d’ancrage territorial d’activités industrielles et de service
liées aux TIC dans les économies périphériques, en l’occurrence arabe. L’hypothèse
théorique de base liée à ce choix suppose que la polarisation des forces sur un espace
donnée libère un ensemble d’externalités, source de gains de productivité et d’in-
novation technologique. Dès lors, le territoire, dans lequel sont installées les indus-
tries, n’est pas neutre, dans la mesure où les relations de proximité déterminent les
choix de localisation des entreprises. Déjà présente dans les travaux fondateurs d’A.
Marshall
16
, la notion de proximité est fondamentale pour comprendre les interdé-
pendances entre les acteurs locaux. Selon l’intuition marshallienne, les entreprises
ont intérêt à se localiser à proximité d’autres entreprises pour bénéficier des gains
de la division spatiale du travail et pour avoir accès à un bassin d’emplois qualifiés.
Toutefois, l’origine de la dynamique de proximité est restée longuement inexplorée
et elle a connu des développements récents. C’est ainsi que le courant de la nouvelle
économie géographique sous l’impulsion de P. Krugman
17
, a mis l’accent sur l’arbi-
trage entre coût de transport et rendements d’échelle croissants pour expliquer les
phénomènes d’agglomération et de dispersion des forces productives. La localisation
des entreprises dans un espace donné est déterminée par la possibilité de susciter des
externalités pécuniaires. Les effets d’agglomération se traduisent par une baisse des
coûts marginaux de production qui résulte d’un surplus de demande de biens locaux
en raison de flux migratoires stimulés par l’attractivité du site de production
18
. En ce
sens, la baisse des coûts de transport, à la suite d’un groupement d’entreprise sur un
16
Marshall A. (1906), “Principes d’économie politique” Gordon et Breach, Paris, Londres, New York 1971,
tome 2.
17
Krugman P., (1991), “Increasing returns and economic geography”, Journal of Political Economy 99, 3,
p.483-499
18
Voir Krugman (1991, 1998), Fujita et Thisse (1997).
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