3. Les TIC : opportunités et défis pour le développement dans le monde arabe
3.1. Les TIC : opportunités pour le développement
L’idée selon laquelle l’utilisation des TIC peut être mise au service du développe-
ment a largement été soutenue par les organisations internationales. En raison de la
transversalité de ces technologies, des gains d’efficacité et de productivité pourraient
alors être dégagés dans de nombreux domaines. Ceci est possible d’autant plus que,
la faiblesse de la place des TIC dans les activités productives d’un pays n’implique
pas nécessairement que les avantages économiques qu’il peut tirer de l’utilisation de
ces technologies soient eux-mêmes faibles, puisqu’il lui est possible d’importer les
biens et services sans les produire
36
. La contribution des TIC au développement de
cette région qui affronte de graves défis économiques et sociaux se traduit par plu
-
sieurs aspects:
1) Les TIC semblent présenter de nouvelles perspectives de création de nouveaux
créneaux d’activités. Par conséquent des nouvelles chances sur le marché du travail
apparaissent dans une région touchée par le fléau du chômage, qui atteint une moyenne
de 15 % de la population active
37
. Un taux parmi les plus élevés dans le monde en déve-
loppement. Ces nouvelles chances pourraient être saisies par les pays arabes du fait de
l’avantage comparatif que leur confère le coût bas de leur main d’œuvre qualifiée: ingé
-
nieurs, techniciens, etc. Et ces pays pourraient ainsi s’inspirer de l’exemple indien
38
en
matière de sous-traitance. Activité qui connaît un essor dans ce pays grâce notamment
aux communications par satellite et Internet. C’est dans ce cadre que le Maroc, par
exemple, profitant d’une proximité géographique et culturelle avec l’union européenne
34
Indicateur établi par le PNUD qui mesure les inégalités entre hommes et femmes en fontion de trois aspects de
la responsabilité des individus et des groupes : participation à la vie et aux décisions économiques, participation à la
vie et aux décisions politiques et contrôle sur les ressources économiques. Pour le classement voir RDH (1995).
35
Le mensuel du réseau TIC des missions économiques, op.cit (2003).
36
Voir Cette
et al
. (2000), “L’impact des TIC sur la croissance”, Futuribles, N°259, décembre et Navaretti
(2001).
37
Voir PNUD.op.cit (2003).
38
Le poids de l’industrie des TIC en Inde a augmenté de 40,5 % par an entre 1994 et 1999. Le secteur
représente aujourd’hui 15 % des exportations indiennes. Les deux principales activités sont le traitement de
données pour le ompte d’entreprises américaines et la prestation de services informatiques et de développemnt
de logiciels, ces deux dernières activités rapportent 400 millions de dollars par semaine.
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Kamel Touati / Géographie, économie, Société 10 (2008) 263-284
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ambitionne de devenir un des fournisseurs majeurs de services à distance dans l’es-
pace euro-méditerranéen à destination des marchés francophones et hispanophone
39
.
La même chose peut être dit à propos du site Elghazala en Tunisie qui figure sur la liste
des sites qui peuvent jouer un rôle de premier plan dans ce sens dans la région, car il se
distingue par ses performances prometteuses à l’exportation
40
. Ce marché des services à
distance pourrait représenter près de 500 milliards de dollars dans le monde d’ici 2008
(PNUD, 2001). Rappelons également que le service à distance est considéré comme
une des trois options possibles d’une intégration des économies périphériques, donc y
compris arabes, à l’industrie mondiale.
41
2) Par le biais des TIC, l’information circule majoritairement entre égaux en court-
circuitant les voies hiérarchiques ou institutionnelles, cette dernière particularité explique
d’ailleurs l’appréhension voire la résistance au développement de la société de l’informa-
tion dans les pays arabes, à savoir qu’elle gêne certains pouvoirs établis et craignent par
dessus-tout la libre circulation de l’information qui permet la transparence. Pour remédier
à de telles situations les TIC et par leur spécificité de puissants outils de communication
qui remettent profondément en cause les schémas de transmission verticale du pouvoir et
du savoir
42
, ces techniques constituent une solution aux problèmes de développement du
monde arabe où le modèle libéral est encore à l’état embryonnaire puisqu’elles permet-
tent d’assurer une meilleure interaction entre l’état, ses institutions et le public. Elles sont
porteuses d’efficacité et de transparence contribuant ainsi à une amélioration du proces
-
sus de démocratisation, en facilitant l’ouverture du débat démocratique et la circulation
des idées. Cet apport est très utile au monde arabe car ce dernier dans son développe-
ment humain est entravé par trois déficits essentiels qui peuvent être considérés comme
caractéristique dont le déficit en matière de libertés en est l’un. Ainsi parmi sept régions
du monde, les pays arabes ont enregistré l’indicateur de libertés le plus faible de toutes
les régions du monde à la fin des années quatre-vingt-dix
43
. Un faible niveau de liberté
dans la région arabe confirmée par un ensemble d’indicateurs de « liberté d’expression et
de responsabilité politique », fourni par une base de données internationales (Kaufman
et al
., 1999b). Cet ensemble inclut plusieurs indicateurs qui mesurent différents aspects
du processus politique, des libertés civiles, des droits politiques et de l’indépendance des
médias. La région arabe enregistre le plus faible taux en matière de liberté d’expression et
de responsabilité politique de toutes les régions du monde! (PNUD , 2003).
3) Après l’échec de la politique de substitution aux importations poursuivie après l’in-
dépendance (dont l’exemple le plus flagrant est celui de l’Algérie (industrie industriali
-
sante
44
)), les gouvernements des pays arabes prennent des mesures visant à améliorer cette
39
Voir Mezouaghi (2002).
40
Selon la revue Economica (n°19, mai 2002), ses exportations des services informatiques sont passées de
13 millions de $US en 1999 à 25 millions de $US en 2000 et atteingnaient 40 millions de $US en 2001.
41
Voir Moati et Mouhoud E.M. (1994), « Information et organisation de la production : vers une division
cognitive du travail, Economie appliquée, tome XL VI, n°1, PP ; 47-73 ;
42
Voir Paul Christian (2000), “ Du droit et des libertés sur l’Internet. La co-régulation, contribution fran-
çaise pour une régulation mondiale. Rapport au premier ministre. Mai 2000.
43
Les deux autres déficits sont : un déficit en matière de l’autonomisation des femmes et un déficit en matière
de capacités humaines et du savoir par rapport au revenu.
44
G de Bernis, “Industrie industrialisante et option algérienne”, Tiers Monde TXII, n°47, 1971 et “Où va
l’Algérie?”, sous la direction de Robert Mahiou et Jean Robert Henry (2001), Karthala,
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