Les premiers traducteurs et leurs traductions

La fondation de Bayt alhikma – collège de traduction à Bagdad.

A cette époque de conflits permanents entre chrétiens et musulmans engen­drés par les grandes croisades, un rôle important revient aussi à la traduction orale, que les chroniqueurs se plaisent à évoquer. Le conseiller de Saladin relate que le roi Richard d'Angleterre ayant demandé une entrevue avec le sultan, celui-ci fit répondre : « Je ne comprends pas ta langue et tu ignores la mienne ; nous avons besoin d'un traducteur en qui nous ayons tous les deux confiance. Que cet homme soit donc un messager entre nous. » Le chroniqueur du sultan Baibars raconte plus tard : « Le roi (Bohémond, fils de Robert Guiscard) tergi­versait pour obtenir les meilleures conditions, mais je me montrai inflexible con­formément aux directives du sultan. Irrité, le roi des Francs demanda à l'inter­prète : « Dis-lui de regarder derrière lui ! »... Je me retournai et vis toute l'armée des Francs en formation de combat. Et l'interprète ajouta : « Le roi te dit de ne pas oublier l'existence de cette multitude de soldats ».