Le témoignage le plus ancien qu'on en possède sont les inscriptions d'Assouan, qui nous apprennent que, dès l'an 3000 avant J.C, les Égyptiens disposaient d'interprètes en la personne des princes d'Eléphantine et usaient d'un hiéroglyphe spécifique pour exprimer la fonction d'interprétation. Le bilinguisme de cette région frontière, où Nubiens et Égyptiens se côtoyaient, avait favorisé l'apparition de ces premiers interprètes dont l'histoire ait gardé la trace. Hérodote en parle à plusieurs reprises et les décrit comme formant une caste indépendante. Auprès des Grecs, ils se prétendaient les descendants d'un groupe que le fondateur de la 26e dynastie, Psammétik I (600 av. J.C), aurait un jour cédé comme interprètes à ses alliés grecs d'Asie Mineure. Mais leur origine doit être bien plus ancienne, puisqu'un préfet de la Haute-Egypte, ami personnel du roi Néferirkarê (2500 av. J.C), dont on connaît les relations de voyage, s'intitulait déjа «chef des interprètes». Vers la même époque, l'Egypte possédait aussi des interprètes dans le bassin cuprifère du Sinan, où vivait une population sémitique. Les uns accompagnaient les grandes expéditions guerrières contre les Barbares du désert, les autres s'embarquaient sur les navires en partance vers l'Asie. А côté de ces interprètes militaires et commerciaux, il y avait aussi des interprètes administratifs ou diplomatiques, comme en attestent des inscriptions déchiffrées à Memphis, l'ancienne capitale. C'est pour servir les Pharaons que les princes d'Éléphantine furent, de père en fils, les interprètes d'une Cour qui les avait élevés au rang de hauts dignitaires. Lorsque Joseph, nommé premier officier de la maison pharaonique et gouverneur de tout le pays, feint de ne pas reconnaître ses frères venus acheter du blé en Egypte, il se sert d'un interprète pour ne pas se trahir (Genèse, 42 : 23). D'autre part, les Egyptiens avaient imaginé déjа de recourir à une langue diplomatique internationale : les tablettes d'argile découvertes à El-Amarna, datant du règne d'Aménophis III (1400 av. J.C), nous apprennent qu'il s'agissait de l'akkadien. Ils avaient aussi conçu très tôt des méthodes destinées à développer l'apprentissage des langues. Déjа sous le Moyen Empire, les fils des seigneurs nubiens et, sous Ramsès II, les jeunes asiates étaient rassemblés en une espèce de corps de janissaires où l'étude de la langue égyptienne faisait partie de leur formation ; sous Psammétik Ier, ce sont les jeunes Egyptiens qu'on envoyait apprendre le grec dans les familles des colons hellènes installés dans le delta du Nil.
Do'stlaringiz bilan baham: |