Que serais-je sans toi



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Que serais je sans toi by Guillaume Musso Musso Guillaume z lib

Lay Lady Lay
.


Alors  que  Martin  posait  le  disque  sur  l’électrophone,  Gabrielle  lui  fit
remarquer :
—  Tu  as  de  la  chance  que  je  sois  là.  D’habitude,  à  cette  heure-ci,  je  suis
encore au boulot.
— Pourquoi es-tu rentrée plus tôt ?
— J’avais un truc à faire…
— Quoi ? demanda-t-il en se relevant.
— Ça, dit-elle en l’embrassant.
 
Leurs souffles se mêlent, leurs lèvres se frôlent, leurs langues se cherchent et
se provoquent.
Elle lui effleure le visage ; il lui caresse la nuque.
Elle lui ôte sa veste ; il lui déboutonne son jean.
Elle  le  débarrasse  de  sa  chemise,  qui  tombe  sur  le  parquet  ;  il  soulève  son
pull, lui lèche les épaules, goûte sa peau.
Elle remarque son tatouage qu’il n’avait pas autrefois ; il reconnaît son odeur
et la confronte à ses souvenirs.
Alors, le temps déraille, le passé contamine le présent.
Et la peur refait surface.
La peur.
Enkystée dans le corps, tapie dans l’ombre de l’esprit.
La peur qui prolifère.
La peur qui n’a pas de limites.
Et que seul l’amour peut vaincre.
Au début, la peur infecte tout.
Au début, la peur fait peur et donne envie de fuir.
Malgré  tout,  leurs  mains  se  joignent  et  leurs  corps  se  plaquent  l’un  contre
l’autre.
Elle s’accroche à lui comme à un radeau.
Il trouve la force de s’ancrer en elle.
Elle réussit à se nouer à lui.
Son  regard  cherche  le  sien.  Il  l’attire,  s’arrête  pour  la  contempler  à  la  lueur
des lumières du port : son corps brille dans la nuit et éclaire son visage. Elle lui
sourit, se veut rayonnante pour lui. Elle lui passe les mains dans les cheveux ; il
laisse sa langue fureter sur sa poitrine.
Alors,  bien  sûr,  on  peut  réduire  leurs  baisers  à  un  échange  de  salive,  à
quelques grammes d’ivoire émaillé qui s’entrechoquent.


Et pourtant…
Pourtant, le temps d’un battement de cils.
Leurs corps tremblent et la peur reflue.
 
Enveloppé  dans  les  draps  et  les  couvertures,  Martin  sortit  le  premier  sur  la
terrasse.  La  nuit  était  tombée,  mais  il  faisait  encore  bon  dans  cette  ville  pas
comme  les  autres,  protégée  du  vent  du  Pacifique  et  bénéficiant  d’un  étonnant
microclimat qui transformait cette soirée d’hiver en veillée printanière.
Silencieux,  Martin  regarda  autour  de  lui.  La  véranda  offrait  une  vue
panoramique sur l’océan. Sur un autre quai, un « vieux de la vieille » du quartier
venait  de  s’installer  avec  sa  canne  à  pêche  et  son  poste  de  radio.  En  écoutant
l’ouverture  de 
La  Traviata
,  il  jouait  avec  les  mouettes  rieuses  dont  les  cris
saccadés finissaient par faire partie de l’opéra.
Un tintement de cristal le sortit de sa contemplation.
Entortillée dans un plaid à carreaux, Gabrielle vint le rejoindre en sautillant,
deux verres vides à la main. Elle l’embrassa et posa la tête sur son épaule. Puis,
avec un sourire mutin :
— Et si on ouvrait ta bouteille de vin ?
Il la prit au mot :
— Je vais la chercher !
Restée  seule  sur  la  véranda,  elle  sentit  la  chair  de  poule  envahir  son  corps
tandis qu’une larme discrète coulait le long de sa joue.
Cette larme, c’était un concentré de gratitude.
Gratitude envers la vie, le hasard, le karma, la chance, la providence, le grand
architecte  qui  présidait  à  nos  destinées,  Dieu  lui-même  s’Il  existait…
Qu’importe  !  Martin  était  de  retour  dans  sa  vie.  Et  cette  fois,  elle  savait  que
c’était  pour  toujours.  Par  une  étrange  alchimie,  l’accord  de  leurs  corps  avait
débouché  sur  l’accord  de  leurs  âmes.  À  présent,  ils  étaient  prêts  tous  les  deux,
non pas à recommencer à zéro, mais à poursuivre un amour qui avait survécu en
hibernation  pendant  presque  quinze  ans.  Martin  avait  raison  lorsqu’il  disait
qu’on ne pouvait pas regarder sereinement l’avenir sans comprendre et assumer
le passé.
Ils n’étaient plus des voyageurs sans bagages. Ils n’avaient plus vingt ans. Ils
avaient tous les deux vécu, souffert l’un sans l’autre. Ils s’étaient tous les deux
perdus l’un sans l’autre.
Ils avaient essayé, chacun de leur côté, d’en aimer quelques autres…
Mais c’était fini, tout ça.


À  partir  de  maintenant,  elle  allait  tout  lui  dire,  tout  lui  expliquer,  à
commencer par la véritable raison de son absence à New York.
Elle lui parlerait de ses amants aussi, de cette sensation qu’elle avait toujours
eue, depuis son adolescence, d’être une sorte d’appât, une proie livrée à un jeu
auquel  elle  ne  voulait  pas  participer  et  où  elle  ne  gagnait  jamais.  Pendant
longtemps,  avec  les  hommes,  elle  avait  beaucoup  dit  «  non  »,  puis  elle  avait
beaucoup  dit  «  oui  ».  Car  lorsque  vous  n’avez  pas  confiance  en  vous,  finir  par
dire oui à quelqu’un peut signifier lui dire encore plus non que non. Elle savait
que Martin comprendrait…
Pendant  leur  étreinte,  ses  défenses  étaient  tombées  en  même  temps  que  les
siennes.
Désormais, ils n’en avaient plus besoin, car ils avaient l’amour.
Désormais, plus rien ne pouvait troubler leur bonheur.
Sauf peut-être…
— Bonsoir, Gabrielle.
 
Elle sursauta sous l’effet de la surprise.
Le visage d’Archibald se découpait dans la lumière d’une loupiote en forme
de flambeau.
— Qu’est-ce que tu fais là ?
— Je suis venu reprendre notre conversation.
— Pas ce soir.
— Je crois que c’est ce soir ou jamais.
— Pourquoi ?
— Je t’expliquerai.
— Non, va-t’en ! ordonna-t-elle en le repoussant. Martin est là !
— J’ai vu, dit-il en s’asseyant dans le canapé.
Sous l’emprise de la panique, elle le supplia :
— Ne me gâche pas cette soirée, s’il te plaît.
— C’est toi qui as les cartes en main, Gabrielle. S’il veut m’arrêter, cette fois,
je ne résisterai pas. Choisis ce que tu veux : discuter une dernière fois avec ton
père ou l’envoyer finir ses jours en prison.
— Mais où veux-tu que l’on discute ?
— J’ai mon idée, dit-il en désignant le petit hydravion.
— Pourquoi tu me demandes ça ? Pourquoi tu me demandes de choisir entre
Martin et toi ?


— Parce que vivre, c’est faire des choix, Gabrielle. Mais ça, je crois que tu le
sais déjà…
Pendant  deux  secondes,  elle  resta  figée,  terrifiée  par  ce  qu’Archibald  lui
demandait. Puis elle se précipita dans la maison et descendit en courant jusqu’au
cellier.
— J’ai trouvé la bouteille ! cria Martin en l’entendant arriver.
Il était en train de refermer l’armoire réfrigérée lorsque Gabrielle passa la tête
dans l’entrebâillement de la porte.
— Pardonne-moi, mon amour…
— Quoi ?
Avant  qu’il  ait  pu  comprendre  quoi  que  ce  soit,  elle  avait  tourné  la  clé  pour
l’enfermer dans la pièce.
— Pardon, répéta-t-elle la voix brisée en allant rejoindre Archibald.


21
Nous nous sommes tant aimés

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