Presentation



Download 1,75 Mb.
bet26/79
Sana07.04.2017
Hajmi1,75 Mb.
#6171
1   ...   22   23   24   25   26   27   28   29   ...   79

1841




Circulaire à des évêques


[1] Le 13 janvier le C.F. François adressa cette circulaire à nos seigneurs les évêques de Belley, de Grenoble, de Viviers, du Puy et d'Autun.
[2] "Monseigneur, Le Directeur général des Petits Frères de Marie, se confiant en votre bonté paternelle et en votre honorable bienveillance pour la société, se jette aux pieds de votre Grandeur pour la supplier de vouloir bien nous transmettre son avis relativement à l'autorisation que nous sollicitons du gouvernement. Persuadés que la recommandation puissante des illustres prélats qui nous ont admis dans leurs diocèses ne peut que hâter très efficacement la conclusion d'une affaire aussi intéressante pour l'Œuvre de Marie, nous serions heureux de pouvoir joindre cette pièce importante à celles que nous nous proposons de faire parvenir à son Excellence M. le ministre de l'Instruction publique.
[3] Mgr., les embarras toujours croissants où nous jette chaque année la loi sur le recrutement de l'armée nous obligent à faire cette nouvelle tentative. Il est vrai que nos statuts ont été approuvés par le Conseil Royal de l'Instruction publique, séance du 28 février 1834, mais cette approbation n'a pas été sanctionnée par une ordonnance royale, et, quoiqu'elle assure notre existence, elle ne nous fait jouir d'aucun des privilèges accordés aux congrégations enseignantes.
[4] Mgr. l'archevêque de Lyon, conjointement avec son Eminence le Cardinal d'Arras et Mgr. l'archevêque de Paris a bien voulu nous conseiller lui-même de reprendre nos premières démarches et nous a promis le secours de sa haute protection. Sa grandeur n'attend pour agir que de pouvoir joindre ses instances à celles que nous osons espérer de la bienveillance des dignes évêques qui protègent la Congrégation. etc..."
Circulaire: compléments à la Règle

[5] Le 15 janvier le Régime adressa à tous les Frères une circulaire que nous résumons ainsi:


[6] 1- Vœux ardents que les Supérieurs font pour le bien véritable de tous les membres de l'Institut, en réponse aux souhaits qu'ils en ont reçus à l'occasion du 1ier de l'An.
[7] 2- Création dans chaque maison d'un registre dans lequel toutes les circulaires devront être transcrites. Le registre sera présenté aux Frères Visiteurs à leurs passages.
[8] 3- Addition à la Règle des 7 points suivants convenus avec les Frères profès aux vacances précédentes:

1- Le mercredi après l'office du soir et le dimanche au moment désigné par le F. directeur, on fera une lecture de piété pendant demi-heure dans Rodriguez ou dans l'Homme religieux; 2- Dans les visites on lira au commencement des repas quelques versets du Nouveau Testament et, à la fin, quelques nombres de l'Imitation de J.C.;

3- Le F. directeur de chaque établissement s'entendra avec le F. Visiteur pour l'entretien du mobilier et des objets de première nécessité;

4- Pour les lettres des Supérieurs, adressées aux Frères en seconds puissent être facilement reconnues par le F. directeur, celui qui écrit mettra au dos de la lettre les initiales de son nom et de son parafe;

5- Pour faire usage du tabac ou de lunettes, il faut une permission positive du Directeur général qui ne l'accordera que sur l'attestation d'un médecin. Celui qui aura obtenu la permission de prendre du tabac ne doit en présenter à personne;

6- Dans la première circulaire de l'année scolaire, on indiquera les maximes ou les sentences que chaque Frère doit faire entrer dans ses dix modèles;

7- A l'époque des vacances, les FF. directeurs recueilleront les dix modèles de tous leurs Frères ainsi que les feuilles des enfants et les remettront en arrivant à la maison-mère à un des Frères Assistants.
[9] 4- Classification des établissements par districts, savoir:

1- N.-D. de l'Hermitage, la Grange-Payre, Izieux, Lavalla, Saint-Chamond;

2- Valbenoite, Sury, Terrenoire, Firminy;

3- Marlhes, Saint-Genest, Tarentaise, Saint-Julien-Molhesabat;

4- Bourg-Argental, Saint-Sauveur, Boulieu, Paugres;

5- Les Roches, Pélussin, Ampuis, Chavanay, Bougé-Chambalud;

6- La Côte-Saint-André, Viriville, Saint-Lattier;

7- Lyon-Denuzière et Saint-Nizier;

8- Saint-Martin-la-Plaine, Lorette, Saint-Paul-en-Jarret, Saint-Symphorien-le-Château;

9- Millery, Saint-Symphorien-d'Ozon, Mornant, Genas;

10- Vauban, Charlieu, Semur, Perreux, Digoin;

11- Anse, Saint-Didier-sur-Chalaronne, Thoissey, Neuville;

12- Craponne, Usson;

13- La Voulte;

14- Saint-Didier-sur-Rochefort;

15- Saint-Pol, Carvin;

16- Nantua;

soit 50 maisons.


[10] 5- Sentences pour les modèles d'écriture donnés aux enfants: évangile de saint Mathieu, chap. 6; - épître de saint Paul aux Romains, chap. 12; - Imitation de J.-C., livre 1er, chap. 20.
[11] 6- Règlement des conférences: deux dans les établissements, et la troisième à l'Hermitage récapitulera les deux autres.
[12] 7- Départ pour la Polynésie: Nous apprenons par une lettre du C.F. Pierre-Marie que les Pères et les Frères, partant pour la Nouvelle-Zélande, sont heureusement arrivés à Londres. La lettre datée de cette ville, du 5 décembre, annonce leur embarquement définitif pour le 8, fête de l'Immaculée-Conception. 4 Prêtres, 10 Frères, un artiste, un ingénieur décoré et deux étudiants composent cette nouvelle colonie de missionnaires. Les Frères Pierre-Marie, Justin, Basile, Euloge et Colomb ont été choisis parmi nous pour en faire partie. (F.Coulomb était un camarade d'enfance. Son départ pour l'0céanie nous surprit plus que ne le fit plus tard la nouvelle qu'il s'y était défroqué)155.
[13] 8- Et du noviciat: Notre bonne Mère n'a pas tardé à se choisir de nouveaux enfants pour remplacer ceux qu'elle appelle dans sa chère mission de l'Océanie. Trente nouveaux postulants sont venus depuis les vacances doubler le nombre de ceux qui se trouvaient au noviciat à cette époque.
[14] 9- Recommandation à tous les Frères de remercier Dieu, la Sainte Vierge et Saint Joseph pour la bonne marche et les excellentes nouvelles reçues de tous les établissements, surtout de Saint-Pol, de Carvin, de Nantua, de Saint-Lattier et de la Polynésie.
[15] 10- Appel au zèle des Frères directeurs pour venir en aide à l'Hermitage dont les finances sont très alourdies par les droits de succession payés à la mort du pieux Fondateur et par l'exemption des Frères atteints par la loi militaire.
[16] 11- Excitation aux Frères non brevetés d'utiliser tous les instants libres pour se préparer aux examens. Plusieurs titulaires sont encore sans brevets et l'on refuse de les payer.
[17] 12- Demande d'une neuvaine pour hâter l'obtention de l'autorisation légale. On dira l'Ave Maris Stella et l'Ave Joseph le matin après la méditation. On ajoutera à l'office du soir le Souvenez-vous et les litanies de Saint Joseph. On fera trois communions et l'on entendra neuf messes à la même intention."

Interventions: Colin, Cholleton


[18] Cette circulaire fut envoyée aux R.P. Colin et Cholleton. Le premier y répondit ainsi: "B.C.F., Mes vœux bien sincères à tous les Frères. Travaillez tous avec courage à devenir de bons religieux. C'est pour moi une consolation bien grande de voir la paix, l'union, la ferveur régnant parmi vous tous. Les avis que vous donnez aux Frères dans vos circulaires sont bien propres à les exciter et à les soutenir. Continuez, B.C.F., à faire régner dans votre communauté l'ordre, le bon esprit et la ferveur. etc."
[19] Le P. Cholleton répondit dans le même sens, mais par des phrases prolixes et moins claires.
[20] Le 16 janvier, le R.P. Colin écrivit au C.F. François et lui demanda pour quelle raison un ex-F. Christophe, né Mayeul, était sorti de la Congrégation. Il l'engagea à écrire au maire de Carvin au sujet de l'autorisation légale de l'Institut. Il lui fit part du désir de Mazelier pour la réunion de ses Frères avec les nôtres.
[21] Le 3 février, le P. Cholleton ne conseilla pas de reprendre l'ex-F. Prosper (Vial) et demanda qu'un Frère Alphonse fut expulsé. Il ne voulait pas que l'on compromit les grands principes en gardant des sujets douteux.
[22] Le F. Prosper était un sujet plus prétentieux que capable. Nous avions assisté à l'une de ses leçons. Il faisait des démonstrations mathématiques à perte de vue et couvrait le tableau noir de chiffres. Ses auditeurs ouvraient de grands yeux et ne comprenaient rien. Il les traitait de bûches et se brouillait156 enfin lui-même.

Autorisation légale


[23] Le 13 février, le C.F. Directeur général écrivit au conseil municipal de Saint-Chamond pour le prier d'intervenir, par un vote favorable à l'Institut, auprès des autorités départementales afin de presser l'ordonnance royale dont les Frères avaient un aussi grand besoin et que l'on sollicitait depuis douze ans.
[24] Ce conseil s'empressa de donner le vote qu'on lui demandait. Celui de Saint-Martin-en-Coalieux et ceux de plusieurs autres communes où étaient nos Frères, firent de même. Le conseil général de la Loire et celui de l'arrondissement de Saint-Etienne avaient déjà pris des délibérations dans le même sens. Le C.F. Jean-Baptiste était à Paris pour y suivre cette affaire, mais le papier sur lequel devait être écrite l'ordonnance sollicitée n'était pas encore fabriqué.
[25] On aurait volontiers donné pour cela les hardes des 30 postulants qui avaient pris l'habit le 29 janvier.
[26] Le 17 mars, le C.F. François demanda à Mgr. l'évêque de Belley de vouloir bien renouveler la lettre de recommandation qu'il avait déjà donné au P. Champagnat. Il désirait la joindre à celle de nos seigneurs les évêques d'Autun, de Grenoble, de Viviers, du Puy et de Gap, ainsi qu'aux délibérations du conseil général de la Loire, de celui de l'arrondissement de Saint-Etienne, de ceux de Saint-Chamond et de Saint-Martin. Il voulait confier ce dossier à son éminence le cardinal de Bonald qui allait à Paris et qui promettait de s'occuper de notre affaire de concert avec le cardinal d'Arras et le Nonce du Saint-Père.
[27] Huit postulants prirent l'habit religieux à Vauban le 25 mars.
[28] Le 15 avril, étant à Paris pour obtenir l'autorisation légale, le C.F. Louis-Marie fit une convention avec M. Poussielgue afin que les ouvrages des Frères des Ecoles Chrétiennes fussent remis à la bibliothèque de l'Hermitage à prix réduit, à condition que chaque demande compterait au moins 500 articles. Au lieu d'autoriser l'Institut, le Gouvernement conseille au C.F. de demander l'extention de l'autorisation des Frères de Saint-Paul aux diocèses dans lesquels étaient les nôtres. M. Mazelier devait formuler cette demande lui-même et le C.F. l'attendait avec impatience.
[29] S'ennuyant d'attendre, il revint à l'Hermitage et laissa le F. Jean-Baptiste à Paris. Celui-ci écrivit le 15 mai que le ministre exigeait que nos Règles lui fussent soumises.
[30] Comme on le voit, le roi-bourgeois et ses ministres, tout en chantant sur les toits qu'ils voulaient instruire les ouvriers et les paysans, n'avaient pas la moindre envie de multiplier les moines enseignants. Ils laissaient déjà poindre le bout de l'oreille franc-maçonne.

Pierre Chanel


[31] Le 28 avril de cette même année, le R.P. Chanel fut martyrisé dans l'île de Futuna qu'il évangélisait depuis trois ans et demi, secondé par le F. Marie-Nizier.

[32] Pierre-Louis-Marie Chanel était né en 1802 de parents cultivateurs et bons chrétiens à la Potière, paroisse de Cuet, faisant alors partie de la commune de Montrevel, dans le diocèse de Belley. M. l'abbé Trompier, curé de Cras, l'ayant rencontré un jour gardant les troupeaux de son père, l'avait pris en affection, l'avait reçu dans sa cure et s'était chargé de ses premières études. Nommé à Monsols en 1814, le jeune Pierre l'y avait suivi et avait édifié les habitants de ce pays. La santé de M. Trompier n'en pouvant supporter le climat, les habitants de Cras avaient obtenu son retour parmi eux au bout d'un an.


[33] Après sa première communion, le jeune Pierre était entré au petit séminaire de Meximieux le 30 octobre 1817, y avait fait de fortes études qu'il avait continuées au collège de Belley en édifiant ses nombreux condisciples dans ces deux maisons. Entré au grand séminaire de Brou en 1824, il avait continué d'y édifier tout le monde et avait été ordonné prêtre le 17 juillet 1827 par Mgr. Devie, saint évêque de Belley, avec 14 autres parmi lesquels le P. Bret. Ils avaient été placés ensuite à Ambérieux, en Buget, l'abbé Chanel comme vicaire d'un confesseur de la foi en 1794, et l'abbé Bret comme directeur de la maîtrise ou école cléricale. Le premier n'y avait fait le bien que pendant 14 mois et avait été nommé curé du Crozet, paroisse située près de Ferney, mauvaise sous tous les rapports et en partie protestante.
[34] Le zélé pasteur avait su vaincre tous les obstacles, se faire estimer même des protestants et ramener les catholiques aux pratiques religieuses. Cependant il avait sollicité auprès de Mgr. Devie, la permission d'entrer dans la Société naissante des Prêtres Maristes. Il l'avait obtenue en 1831 et avait été nommé professeur puis directeur du collège de Belley que ces prêtres dirigeaient alors.
[35] Leur Société ayant été approuvée par le Saint-Siège en 1836, une quinzaine de ces messieurs s'étaient réunis à Belley, y avait fait une retraite suivie de l'émission des vœux de religion, de l'élection du plus jeune des Colin comme Supérieur Général et de celle de notre pieux P. Champagnat comme un de ses Assistants.
[36] L'abbé Pompallier, étant alors à Rome pour y recevoir la consécration épiscopale comme vicaire apostolique de la Polynésie et de la Micronésie confiées aux Pères Maristes, n'avait point assisté à cette réunion et était considéré comme ne faisant plus partie de la Société dont les membres avaient pris alors la qualification de Pères. Néanmoins le R.P. Colin lui avait adjoint les Pères Chanel, Bataillon, Servant et Bret pour le seconder dans sa périlleuse et lointaine mission.
[37] Le P. Champagnat y avait ajouté les Frères Marie-Nizier, Joseph-François-Xavier et Michel. Le P. Chanel avait été nommé supérieur des Pères et des Frères et provicaire apostolique.
[38] Partis du Havre le 24 décembre 1836, les missionnaires étaient onze mois en route. Le P. Bret, mort durant la traversée, avait été enseveli dans l'océan. Après avoir laissé le P. Bataillon et le F. Michel dans l'île de Wallis, Mgr. Pompallier avait conduit le P. Chanel et le F. Marie-Nizier à Futuna en novembre 1837 et les avait confiés au roi de l'île qui avait promis de les protéger. Il l'avait fait d'abord, mais le zèle, les privations, les souffrances, les pénibles et nombreux sacrifices des deux missionnaires ayant obtenu quelques conversions parmi les sauvages habitants de l'île, celle du fils du roi entre autres, la protection de sa majesté s'était transformée en une haine mal déguisée.
[39] Voulant faire leur cour au roi, quelques courtisans s'étaient rendus auprès du zélé P. Chanel et l'avaient massacré, comme nous l'avons dit déjà, pour détruire la nouvelle religion dont il était le ministre. Etant allé baptiser un enfant dans un village éloigné, le F. Marie-Nizier, averti par un naturel, avait échappé au massacre et avait pu gagner l'île de Wallis sur un vaisseau américain. Bien que le firmament fut sans nuage, un violent coup de tonnerre s'était fait entendre dans toute l'île dès après le massacre du bienheureux Chanel. De plus, le roi qui était gros et replet, tomba bientôt dans une maigreur extrême et mourut après d'atroces souffrances. Son premier ministre mourut aussi bientôt d'une façon tragique. Ces trois faits remplirent les sauvages de stupeur et ils les regardèrent comme des effets de la colère du Dieu que leur prêchaient les missionnaires. Peu d'années après, tous les habitants de l'île étaient chrétiens.
[40] Sa Sainteté Léon XIII a béatifié le zélé martyr en 1890. Cette béatification a été célébrée par des triduums dans toutes les maisons où se trouvaient des Pères Maristes, d'une manière très solennelle avec chants, sermons et saluts du Très Saint Sacrement. Les reliques du bienheureux, d'abord transportées en Nouvelle-Zélande, sont présentement chez les RR. PP. Maristes à Lyon. Nous reprenons le fil de notre récit.

Fabrication de drap


[41] On fabriquait du drap à l'Hermitage depuis plusieurs années. On y trouvait une grande économie. L'étoffe était très solide mais en était encore mal outillé. Pour organiser cette fabrication plus en grand, comme pour utiliser les bâtiments achetés de M. Pathouillard le C.F. François, Directeur général, conçut le projet d'utiliser le foulon, le moulin et le pressoir à huile qui étaient dans les dits bâtiments. Ses deux Assistants s'y opposèrent. Le C.F. Louis-Marie alla consulter le R.P. Colin sur ce projet à Lyon et écrivit ensuite ce qui suit au C.F. François, le 26 mai:
[42] "Mon Très Cher Frère, Je crois qu'il est de mon devoir de vous faire connaître tout de suite les dispositions du R.P. Supérieur général au sujet de la construction que vous projetez. Je vous ai dit que le F. Jean-Baptiste s'y opposait de tout son pouvoir. Je vous ai fait aussi, ainsi qu'au C.F. Jean-Marie, mes observations à cet égard. Voici à peu près ce que m'en a dit le R.P.S.G., hier au soir, nous n'avons parlé presque que de cela depuis 8 heures jusqu'à 11 heures.

Opposition du R.P. Colin


[43] Mes Frères, vous n'y pensez pas, comment, sans me consulter, avec 60.000 fr. et plus de dettes, vous entreprenez une construction qui va les augmenter de 12 à 15.000 fr. ... Et vous dites que je suis votre supérieur... Mes Frères, si je suis votre supérieur, je ne veux pas être un Supérieur de pattes.
[44] Votre Société n'a encore rien de bien assis ni du côté de Rome, ni du côté de Paris. Vous recevez cette année un échec considérable par toutes les sorties qui ont eu lieu. La défiance peut se mettre parmi vos Frères, surtout si vous n'obtenez rien du gouvernement. Le public qui a l'œil sur vous pour voir comment cela ira après la mort du P. Champagnat, ne manquera pas de vous retirer sa confiance s'il vous voit dans l'embarras, soit pour soutenir vos établissements, soit pour faire face à vos besoins matériels. Dans cet état de chose il me paraît tout à fait inopportun de faire une pareille entreprise.
[45] Si la chose était absolument nécessaire, passe encore, mais on ne parle que d'utilité, que de gains présumés, on veut faire le commerce... Mes Frères, cette utilité est-elle bien réelle? Les Frères que vous emploierez dans ces usines ne seront-ils pas enlevés à l'enseignement qui est votre but principal et unique? Vous dites que vous y consacrerez les Frères qui ne pourront plus enseigner, c'est une illusion. Un Frère qui se sera épuisé dans les classes ne voudra pas s'enterrer dans un foulon, un moulin, un pressoir, etc. ...
[46] Et puis! avez-vous bien pesé tous les dangers de cette entreprise pour le bon ordre, la moralité même de votre maison? Pour moi, j'en vois beaucoup. Les Frères qui seront là nécessairement auront affaire à toutes sortes de personnes et vous retombez dans l'inconvénient que vous avez voulu éviter en achetant les usines Pathouillard.
[47] Et encore, laissant toutes ces considérations à part qui, à mon avis, rendent cette construction actuellement inopportune, n'aurait-il pas fallu au moins avoir délibéré de cette affaire dans une réunion de tout votre Conseil et de vos principaux Frères? N'aurait-il pas fallu me soumettre votre plan, vos devis? Si vous aviez été un peu politique, vous l'auriez fait afin que nous fussions venus à votre secours, supposé que vous vous fussiez trouvés dans l'embarras.
[48] Vous êtes en voyage chacun d'un côté, vous ne vous entendez pas même ensemble, vous dites que vous avez fait des observations, que le F. Jean-Baptiste s'y oppose fortement, vous ne me consultez nullement et vous allez en avant! Je n'y comprends rien. Ce n'est pas ainsi que l'on doit agir.
[49] Si nous sommes chargés de vous, notre honneur est intéressé à ce que votre affaire aille. Je ne puis souffrir de semblables bévues, ni permettre qu'on s'enfonce encore davantage. Payez d'abord vos dettes, consolidez-vous un peu plus sous tous les rapports et puis l'on verra...
[50] Bref! il me dit beaucoup de choses à cet égard que je ne me rappelle pas. Voilà le principal. etc..."

Conclusion de l'affaire


[51] Cette lettre nous dit que le R.P. Colin n'y allait pas de main morte et qu'il avait fortement modifié ses idées depuis la circulaire du 15 janvier précédent. On nous a dit qu'à la mort du Fondateur, l'Institut ne devait que 40.000 fr. et que M. Thiollière en avait payé 22.000 fr. Le R. Père prétendait que l'on devait en 1841 plus de 60.000 fr. nous n'y comprenons rien. Il paraît que le F. économe faisait des inventaires un peu vagues.
[52] Quoi qu'il en soit, le C.F. Directeur général renonça à son projet et on cessa peu après de fabriquer le drap dans la maison.
[53] Ne pouvant utiliser les bâtiments Pathouillard comme il l'avait projeté, il les utilisa autrement. On y plaça les écuries, l'atelier du maréchal et du serrurier, la boulangerie et les divers dépôts qui occupaient les bâtiments situés dans la cour. Ces bâtiments furent démolis.
* * *
[54] Le 6 juin, anniversaire de la mort du pieux Fondateur, 10 postulants revêtirent l'habit religieux.
* * *

Autorisation légale


[55] Le 20 juillet, Mgr. l'archevêque de Paris ayant appuyé notre demande pour l'autorisation légale, le ministre lui répondit que, d'après la loi de 1825, cette autorisation ne pouvait être accordée que par une loi. Mgr. communiqua cette réponse au C.F. François qui l'en remercia et le pria de faire valoir auprès du ministre les considérations qui suivent:
[56] 1- L'association des Frères de Marie ne demande pas à être reconnu comme corporation religieuse, mais simplement comme institution d'utilité publique soumise à toutes les conditions auxquelles les institutions du même ordre sont assujetties.
[57] 2- Le loi ne parle que des communautés de femme; il n'y est pas dit un seul mot des associations d'hommes.
[58] 3- Si cette loi doit être appliquée aux associations d'hommes, elle est toute en faveur de la nôtre. L'art. 2, après avoir fixé le mode de vérification et d'enregistrement des statuts de la congrégation à approuver, porte en termes exprès: L'autorisation sera accordée par une loi à celles des congrégations qui n'existaient pas au premier janvier 1825. A l'égard de celles de ces congrégations qui existaient antérieurement au premier janvier 1825, l'autorisation sera accordée par une ordonnance du roi. L'instruction du 17 juillet suivant, sur l'exécution de cette même loi, explique positivement qu'il ne s'agit que d'une existence de fait, sans l'autorisation légale. Or, notre Société date de 1816, elle avait 50 sujets en exercice et 20 au noviciat en 1824. Elle peut donc, aux termes de la loi précitée, être autorisée par ordonnance royale.
[59] 4- Postérieurement à la loi du 24 mai 1825, la gouvernement a autorisé par ordonnance royale, les Frères de Saint-Viateur établis à Vourles (Rhône), le 10 janvier 1830.
[60] 5- Aucune association charitables de Frères en faveur de l'instruction primaire n'existe autrement que par décrit ou par ordonnance.
[61] 6- Il est vrai que depuis une dizaine d'années on n'a pas rendu de nouvelles ordonnances en ce genre, mais le gouvernement a plusieurs fois reconnu la légalité des anciennes, et la loi de 1833, en établissant la liberté de l'enseignement primaire, n'impose aux instituteurs d'autres conditions que celles de moralité et de capacité."
[62] Nous abrégeons les considérations ci-dessus. On y reconnaît le style très délayé, surchargé de preuves, du C.F. Louis-Marie.
[63] Le zèle de nos chefs, comme celui du regretté défunt, pour l'obtention d'une ordonnance royale, était très digne d'éloges et accusait la plus louable bonne foi. On ne peut admettre qu'un ministre puisse ignorer les lois de son pays comme semblent l'indiquer les difficultés que le ministre d'alors de l'Instruction publique opposait à notre autorisation. Il était évident que Louis-Philippe et ses ministres doctrinaires ne voulaient pas nous autoriser. Nos supérieurs s'en aperçurent sans doute, mais ils ne voulaient rien avoir à se réprocher.

Convocation à la retraite


[64] Le 10 août, le C.F. François convoqua tous les Frères à la retraite par la circulaire suivante:
[65] "Nos T.C. Frères, En vous annonçant l'époque prochaine des vacances et de la grande réunion des Enfants de Marie, nous vous adressons les paroles par lesquelles notre divin Sauveur manifestait son aimable présence à ses chers disciples: "La paix soit avec vous!" (Luc. 24, 36; Jean 19, 20-21) Cette paix, le vrai bien du ciel et le propre apanage des bienheureux que Dieu seul peut faire descendre sur la terre et communiquer aux hommes, J.-C. nous l'a apportée au jour de sa naissance et nous l'a donnée comme le premier gage de son amour. "Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté!" (Luc 2, 14). [Cette paix] il l'a laissée à ses apôtres la veille de sa mort comme un précieux héritage: "Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix." (Jean 14, 27). Et il les a envoyés comme des anges de paix pour la répandre dans tout le monde. En entrant dans la maison saluez-là et dites: "La paix soit dans cette maison!" (Matt. 10, 12).
[66] N.T.C.F., cette paix, la marque, le bonheur et la gloire des vrais chrétiens et aussi l'ornement des maisons religieuses, n'oublions rien pour établir son règne dans nos cœurs et jouir de ce doux repos qui naît du témoignage d'une bonne conscience et nous mérite le glorieux titre d'enfant de Dieu: "Heureux les pacifiques parce qu'ils seront appelés enfants de Dieu." (Matt. 5,9)
[67] Ce bonheur est promis aux hommes de bonne volonté, à ceux qui, victorieux de leurs passions, ont soin de conserver leur âme pure en la présence du Seigneur et de ne rien dire, ni ne rien faire qui puisse devenir pour leurs Frères un sujet de scandale et de chute. Celui qui est encore assujetti à ses passions, trouve en soi le trouble et l'inquiétude et change souvent le bien en mal, mais l'homme vertueux qui est établi dans cette paix, change au contraire tout en bien et se rend plus utile aux autres que ne pourraient faire les plus éminents en science. (Im. J.C., liv. 1er. ch. 7. l.3, ch. 3)
[68] A ces fins nous avons arrêté ce qui suit:
1- Les vacances commenceront le 28 septembre etc...

2- Les Frères sont invités à offrir leurs prières et leurs actions pour obtenir la grâce de faire une bonne retraite, spécialement pendant les neufs derniers jours. On récitera dans cette intention, après la prière du soir, le Salve Regina, avec les trois invocations suivantes: O Marie conçue sans péché - Saint Joseph père nourricier de Jésus et époux de la vierge Marie -et nos saints anges gardiens, nos saints patrons, priez pour nous qui avons recours à vous. Le premier jour de la neuvaine on récitera de plus les litanies du Sacré-Cœur de Jésus, et le dernier, celles du saint Cœur de Marie.

3- On lira dans notre sainte Règle le chapitre 10 qui traite de vacances, l'instruction sur le compte de conscience et la lettre de saint Ignace sur l'obéissance.

4- Les Frères arriveront ensemble.

5- Il est recommandé à chaque Frère d'avoir bien soin des objets dont il se sert afin qu'aucun ne s'égare, et respecter pareillement tout ce qui est à l'usage des autres Frères, par esprit de pauvreté et de charité.

6- Nous engageons tous les Frères à recueillir soigneusement et à nous remettre tous les mémoires qui peuvent servir à l'histoire de notre cher et pieux Fondateur, etc...

7- Chaque directeur nous apportera le plan de son établissement.

8- Les directeurs ajourneront les postulants au mois de novembre.



9- Chaque Frère apportera ses dix feuilles d'écriture avec celles des enfants selon la circulaire du 15 janvier dernier.

Vers la fusion avec Saint-Paul


[69] Le 12 septembre M. Mazelier, ayant demandé que les Pères Maristes assistassent à la retraite de Saint-Paul pour préparer la fusion, le R.P. Colin écrivit au C.F. François qu'aucun Père ne pouvait y aller et lui conseilla d'y envoyer un de ses Assistants. Le C.F. François y envoya le F. Jean-Baptiste.

Accroissement


[70] Après la retraite de l'Hermitage qui se fit très bien, 21 novices firent le vœu d'obéissance et les Frères dont les noms suivent firent profession: Frères Déodat, Eutrope, Eustache, Evode, Gonzague et Gérasime. Le même jour 13 postulants prirent l'habit religieux parmi lesquels le C.F. Pascal, futur Assistant.
[71] Le second cimetière devenu trop petit fut agrandi des deux tiers. On lui donna 460 mètres carrés de superficie. Le F. Caste, né Joseph Berthet, fit la croix en fer. Le jour de la clôture de la retraite, le R.P. Cholleton, ancien vicaire général, bénit cette croix et le cimetière agrandi.
[72] La communauté réunie au cimetière en présence du T.R.P. Colin, Supérieur général, des Pères aumôniers et des autres Pères on retira le cercueil du V.P. Champagnat de la tombe où il avait été mis d'abord pour le transporter dans le caveau qui lui avait été préparé157. On laissa le cercueil exposé pendant quelque temps à la vue des Pères et des Frères. M. Bélier, missionnaire de Valence, retiré à l'Hermitage depuis peu, fit une allocution aux Frères. Ses gestes en disaient autant que ses paroles.
[73] Pendant cette année de nombreuses demandes pour des établissements nouveaux furent adressées au C.F. François. De ce nombre fut le noviciat que M. Aurran voulait fonder à Lorgues. Il avait fait rappeler sa demande par M. Peyras, prêtre du lieu. Faute de sujets disponibles, le C.F. François fut forcé de refuser, ou d'ajourner le plus grand nombre de ces demandes et de ne fonder que les maisons de Grand-Lemps, Saint-Germain-Laval, et Saint-Félicien.
[74] La maison de Grand-Lemps fut fondé par Mlle la marquise de Virieux. C'était une école gratuite pour les enfants de la commune. Elle eut plus tard jusqu'à 80 forains payants des communes voisines.
[75] Celle de Saint-Félicien fut fondée par la commune, sous la pression et avec l'aide de Mme la comtesse de Dienne.
[76] Les Frères Luc et Déodat partirent pour la Polynésie.
[77] Le 7 novembre les 3 postulants échangèrent leurs vêtements mondains avec le costume religieux.
[78] La mort nous ravit cette année les frères Jean-Chrystôme, Bérard, Fulgence et Daniel.

M. Mazelier


[79] M. Mazelier continua de recevoir ceux de nos sujets qui étaient atteints par la loi militaire. En les lui envoyant l'année précédente, nos supérieurs lui avaient écrits pour lui demander une petite concession sur la pension de ces Frères à cause des lourdes charges qui pesaient sur l'Institut. M. Mazelier leur répondit ainsi:
[80] "Si parmi les sujets à exempter vous en avez quelqu'un d'humeur peu obéissante, je vous inviterais, M.T.H. Frères, à lui laisser courir là où il est les chances du sort pour vous éviter des frais qui probablement vous deviendraient un jour inutiles et à nous, quelques désagréments. Nous retiendrons vos sujets au moins comme l'an passée. Par le temps qui court cette précaution vous convient et à nous aussi. Il faut faire les engagements, mais ne point les dater de Saint-Paul-3-Châteaux avant leur arrivée. Les mensonges de dates, aussi bien que les autres, embarrassent.
[81] Vous me dites, M.C. Frères, que vous faites volontiers pour vos Frères les sacrifices que demandent les besoins de notre maison. Nos sujets nous paient 30 fr. par mois, plus l'abonnement du médecin et des livres, 2 fr. Je crois qu'à envisager les frais de pension alimentaire et l'entretien des maîtres, des serviteurs et autres entretiens de la maison, il n'y a rien à mettre de côté. J'avais mis la pension des vôtres à 25 fr. les années précédentes et 3 fr. d'abonnement pour médecin, livres et autres fournitures. L'élévation extraordinaire du prix des denrées m'a forcé, l'année dernière, à mettre vos sujets au même prix que les nôtres. C'est le nécessaire que j'ai en vue de vous demander. Nous sommes dans le même cas pour l'année qui va commencer."
[82] M. Mazelier était un saint prêtre, des mieux intentionnés, mais il n'avait pas reçu les dons nécessaires pour fonder une congrégation enseignante158. La sienne existait depuis 17 ans et, bien qu'elle fut autorisée par une ordonnance de Louis XVIII en 1823, elle ne progressait pas. Il envoyait ses Frères un à un ou deux à deux, sans rien arrêter avec les curés qui les lui demandaient, pour le logement, le mobilier et le traitement. Parmi les écoles qu'il avait fondées il avait dû abandonner déjà celles d'Embrun, de Bourg-de-Péage, de Montdragon, de Bédarrides, de Grand-Serre, de Saint-Restitut, de Visan, etc. Il était inquiet sur l'avenir de son oeuvre.
[83] Dès qu'il connut le P. Champagnat il se proposa de réunir ses Frères aux nôtres, mais il prit du temps pour réfléchir159. Son évêque le poussait dans cette voie. Cette année-ci, nous l'avons vu, il avait demandé des Pères Maristes pour présider la retraite de ses Frères et, à leur défaut, N.C.F. Jean-Baptiste y alla. On comprit de part et d'autre que l'union serait avantageuse aux deux Congrégations. On y travailla donc.

Fusion avec les Frères de Saint-Paul-3-Châteaux

Délibération des Frères de l'Hermitage


[84] Le 19 novembre, le grand conseil160 de l'Hermitage prit une longue délibération que nous allons transcrire. Pour la comprendre il est bon de se rappeler que le R.P. Colin était encore Supérieur général des Prêtres et des Frères Maristes. Voici cette délibération:
[85] "Nous, soussignés, F. François, Directeur général des Petits Frères de Marie, F. Louis-Marie, F. Jean-Baptiste, Assistants, F. Jean-Marie, F. Louis, F. Stanislas et F. Bonaventure, Conseillers, nous étant réunis en conseil sous la présidence du F. François, à l'effet de délibérer de concert avec le R.P. Matricon, Prêtre Mariste, sur la réunion projetée entre les Frères de l'Instruction Chrétienne du diocèse de Valence et les Frères de Marie du diocèse de Lyon, après avoir imploré les lumières du Saint-Esprit et la protection de notre bonne Mère, la divine Marie, nous avons procédé à l'examen de cette importante affaire et adopté les conclusions ci-après, pour la plus grande gloire de Dieu, l'honneur de Marie et, nous l'espérons, l'intérêt des deux Congrégations.
[86] Vu l'aperçu du 6 mars 1841, présenté par M. Mazelier Supérieur des Frères de l'Instruction Chrétienne sur le mode de réunion;
[87] Considérant que cette réunion: 1 est comme réclamée et toute préparée par les services nombreux que les bons Frères de l'Instruction Chrétienne rendent depuis plusieurs années, avec une charité toute fraternelle, aux Frères de Marie;

2 Que les Frères de l'Instruction Chrétienne, du consentement de leur très digne et très vénérable Supérieur161, se constituèrent sous la dépendance et l'autorité du Supérieur général des Prêtres de la Société de Marie, autorité et dépendance que les Frères de Marie reconnaissent et regardent selon la pensée de leur pieux Fondateur, comme la base de leur Congrégation, qu'ainsi les volontés des uns et des autres seront unies dans la volonté d'un Supérieur général;

3 Que l'autorité du Directeur général des Frères de Marie, subordonnée à l'autorité du Supérieur général de la même Société ou de son représentant, est également reconnue par les Frères de l'Instruction Chrétienne;

4 Qu'une seule et même Règle sera adoptée par les Frères unis, et que le coutumier local, s'il y a lieu, sera soumis à l'approbation du Supérieur général et du F. Directeur général;



5 Que la condition d'envoyer un Frère seul avec les réserves qu'y apportent les Frères de l'Instruction Chrétienne, ne peut présenter aucune difficulté et ne tend qu'à procurer plus amplement la gloire de Dieu et le salut des âmes. Intimement convaincus que cette réunion entre dans les desseins de Dieu et qu'elle servira à affermir et à développer le bien commencé par les deux Congrégations, assurés [aussi] qu'en adoptant [cette réunion,] nous cédons au vœu de tous les Frères de Marie au nom desquels nous agissons;
[88] Nous déclarons et nous arrêtons, pour le présent et pour l'avenir, que de la part des Frères de Marie, l'union entre eux et les Frères de l'Instruction Chrétienne du diocèse de Valence est définitivement et irrévocablement opérée et que, désormais, les deux Congrégations n'en feront qu'une sous le titre de Frères de Marie de l'Instruction Chrétienne.
[89] M. Colin, Supérieur général de la Société de Marie, sera supplié de vouloir bien approuver et confirmer la présente délibération et recevoir comme nous, au nombre de ses enfants spirituels, les Frères de l'Instruction Chrétienne du diocèse de Valence.

Concessions faites à M. Mazelier


[90] Quand on fera la Règle générale des Frères unis, en composant l'article des placements, on dira, si l'on veut, qu'ils n'iront habituellement qu'au moins deux, mais en ajoutant que, par exception, ils pourront quelques fois être placés chez Messieurs les curés et même alors seuls dans les cas prévus par le prospectus des Frères de Saint-Paul et avec les conditions qui y sont indiquées, moyennant la permission du Supérieur général [ou] de son représentant.
[91] Selon les instructions et le désir du bon et respectable M. Mazelier, les Frères de Marie procureront au noviciat de Saint-Paul, pour directeur, un Frère de N.-D. de l'Hermitage.
[92] Les vues du même M. Mazelier relativement à la maison de Saint-Paul-3-Châteaux, en cas que le noviciat fût transféré dans une autre maison du diocèse, seront religieusement suivies.
[93] Il semble que les intérêts de la Congrégation unie demandent que le Supérieur général et le Directeur général puissent disposer des sujets de toutes les provinces, sauf l'obligation de faire dans chaque diocèse des établissements à proportion des sujets qui en viennent à la Société.
[94] Il est cependant entendu que le transport162 d'un Frère d'une province à une autre ne sera décidé que pour des raisons graves et en conseil, et de plus, quand aux Frères actuels de Saint-Paul, avec l'autorisation du Supérieur général. Néanmoins, tous les Frères unis ne faisant qu'une même société et honorant d'une même confiance les supérieurs qui la dirigent, ils devront à cet égard s'en rapporter à leur sagesse et à leur direction et se soumettre pleinement, pour l'amour de Dieu, à leur décision, en sorte que jamais des sujets peu disposés à l'obéissance ne puissent invoquer cette clause pour éluder le commandement des supérieurs et entraver la marche de l'Institut.
[95] Il est entendu encore que le Directeur provincial gouvernera sa province, fera les placements et mutations des Frères, inspectera les écoles, sauf le pouvoir du Supérieur général et du F. Directeur général qui demeure plein et entier pour qu'ils en fassent usage dans les cas où ils le jugeront nécessaire.
[96] Il semble encore qu'à part les articles précédents, sauf la part de surveillance et de délibération que prendra au conseil des Frères, dans les maisons de noviciat, le Père désigné par le Supérieur général163, il semble [donc] qu'il sera de l'intérêt des Frères unis de baser la Règle générale ainsi que le mode de gouvernement soit moral, soit matériel, spécial à chaque province, sur ce qui se pratique chez les Frères des Ecoles Chrétiennes, nos chefs et nos modèles dans la carrière de l'enseignement primaire164.
[97] Il paraît du reste impossible de prévoir et de préciser en ce moment toutes les constitutions. Il suffit de s'être entendu pour le fond et d'avoir posé en principe que les Frères unis n'auront qu'un seul et même but, un seul et même gouvernement.
[98] Fait à N.-D. de l'Hermitage le 19 novembre 1841 et ont signé: F. Bonaventure, F. Stanislas, F. Louis, F. Jean-Marie, F. Jean-Baptiste, F. Louis-Marie, Matricon, P.M., F. François."
[99] Cette longue délibération était due à la plume du C.F. Louis-Marie. Soit que M. Mazelier en la lisant ne remarqua pas assez les habiletés de style qu'elle renferme, soit qu'il n'y réfléchit pas suffisamment, il y revint plus tard et fit des réclamations surtout en 1854. Pour le moment il la communiqua à ses Frères et prit de son côté, avec eux, la délibération qui va suivre, le 30 novembre.

Délibérations des Frères de Saint-Paul


[100] Au nom de la Très Sainte Trinité, après avoir invoqué les lumières du Saint-Esprit et la protection de la sainte Vierge, l'abbé Mazelier, Supérieur des Frères de l'Instruction Chrétienne, le F. Paul, directeur, F. Jean-Baptiste, sous-directeur, F.Léon, maître de l'école de Saint-Paul, conseiller, et autres Frères soussignés, tous de la Congrégation de l'Instruction Chrétienne de Valence,
[101] Vu l'aperçu sur le mode de réunion projetée entre les Frères de Marie, du diocèse de Lyon et ceux de l'Instruction Chrétienne de Valence,
[102] Fait à Saint-Paul-3-Châteaux le 6 mars 1841 comme résultat d'une entrevue qui eut lieu à cette époque entre M. le T.R.P. Colin, Supérieur Général des Pères Maristes et M. l'abbé Mazelier, Supérieur des dits Frères de l'Instruction Chrétienne,
[103] Vu la délibération du 20 octobre 1841 des Frères de Marie, rédigée ensuite et signée le 19 novembre suivant,
[104] Considérant que bien que le but de la société de l'Instruction Chrétienne, le mode d'opérer dans les écoles et la soumission des Frères à leurs supérieurs soient exprimés dans leurs Règles écrites munies de l'autorisation du gouvernement, néanmoins elles n'ont encore rien de déterminé sur le mode d'élection et les qualités du Supérieur général de la Société et qu'elles ont laissé à statuer sur ce point,
[105] Considérant que les rapports desdits Frères avec les ecclésiastiques devant être fréquents, ils ont cru dès leur origine qu'il leur serait utile d'avoir des prêtres qui les aideraient de leurs lumières et de leur autorité, mais que le fruit qu'ils auraient à en retirer serait plus abondant, plus assuré et, pour un gage de régularité et de persévérance si lesdits prêtres étaient eux-mêmes accoutumés à suivre une règle en rapport avec le leur.
[106] Considérant qu'ils trouvent ces avantages dans les R.P. Maristes établis dans le diocèse de Lyon, que déjà les Frères Maristes les ont choisis pour leurs supérieurs,
[107] Que M. l'abbé Champagnat, leur pieux Fondateur, ayant fait l'honneur à M. l'abbé Mazelier de lui proposer en 1835 l'union en lui disant: "Vous avez une ordonnance royale, nous avons le nombre de sujets, nous ferions bien quelque chose en nous entendant",
[108] Depuis lors les rapports de fraternité n'ont pas cessé entre les deux Congrégations, qu'en effet elles peuvent se prêter un mutuel secours dans le sens et le double but des paroles du vénérable M. Champagnat,
[109] Qu'en s'unissant aux conditions indiquées dans la délibération des Frères Maristes, elles conservent leurs avantages respectifs et y ajoutent de plus ceux que leur apporte l'union, entre autres que, sous une même Règle qui tiendra en harmonie tous les Frères unis sous un même Supérieur général et un même Directeur général dont la conduite est envisagée par les uns et les autres comme le bienfait d'une autorité paternelle en J.C. pour les conduire au salut, assurer leur succès, faciliter l'échange des secours, etc. ...
[110] La Congrégation du diocèse de Valence et spécialement aussi, bien entendu, celle du diocèse de Lyon, conservera sa maison principale (celle du diocèse de Lyon conservera sa maison principale)165 avec son noviciat et continuera d'avoir son directeur et sa direction propres, et en même temps unis au corps entier par la charité fraternelle, par leur dépendance du Directeur général et du Supérieur général, à la voix desquels ils se tiendront prêts à obéir et même à passer dans une autre province, mais cependant resteront ordinairement dans la leur et ne seront transférés dans une autre que pour des causes graves, par une décision du Frère Directeur général prise en conseil ou du Supérieur général,
[111] Considérant que si l'union eut été contractée plus tôt, les Frères de l'Instruction Chrétienne eussent volontiers contribué à l'élection des mêmes personnes, à cause de leur mérite, pour le gouvernement de la Société et y adhèrent authentiquement par la présente délibération,
[112] Tournant des regards de vénération et d'affection vers cette Eglise de Lyon d'où la foi nous est venue à Valence par les disciples de saint Irénée,
[113] Le Supérieur et les Frères soussignés déclarent adhérer à la délibération des Frères de Marie du 20 octobre dernier telle qu'elle a été rédigée et signée le 19 novembre présent, mais aux conditions qui y sont indiquées, ainsi que dans la présente, invoquant le Sauveur par le mystère de l'union sainte de la nature divine avec la nature humaine et par l'intercession de sa très sainte Mère, et rendre durable à jamais dans la charité et l'union qu'ils forment avec les Frères de Marie.
[114] L'union sera entièrement et définitivement contractée par l'approbation et la signature du T.H.F. François, Directeur général des Frères de Marie, de M. Colin, Supérieur général des Révérends Pères Maristes, et de M. l'abbé Mazelier, Supérieur des Frères de l'Instruction Chrétienne, par l'approbation de son Eminence Mgr. le cardinal Archevêque de Lyon et de celle de Mgr. l'évêque de Valence, apposée sur la présente délibération et sur celle des Frères Maristes, faites chacune à double exemplaire. Les soussignés agissant tant en leur nom qu'en celui des autres Frères de l'Instruction Chrétienne dont les sentiments leur sont connus, après mûr examen ont signé la présente délibération.
[115] A Saint-Paul-3-Châteaux, le 30 novembre 1841.
Ont signé: les Frères Léon, titulaire de l'école communale, Jean-Baptiste, sous-directeur, Paul, directeur, M. Mazelier, Supérieur.
[116] Mgr. Chartrousse, évêque de Valence et son Eminence le cardinal de Bonald, archevêque de Lyon, approuvèrent les deux délibérations ci-dessus: celui-là le 20 et celui-ci le 31 mars 1842.

Etat financier


[117] Voici l'arrêté des comptes du C.F. Jean-Marie pour 1841. Nous copions textuellement. Un inventaire éclaircirait sans doute la position, mais il paraît qu'il ne le jugeait pas nécessaire.
[118] Recettes [119] Dépenses


Etablissements

Novices


Divers

Dons


Frais de fondations

Remboursement

Emprunt

Il y a une erreur



en moins de

TOTAL



27287.80

18090.35


11755.35

3464.00


568.00

50.00


1430.00
62645.50
1000.00
61645.50

Cuisine

Cordonnier

Prêts

Remboursements



Bois et charbon

Blé


Mazelier

Bibliothèque

Infirmerie

Linge


Maçons

Menuisiers

Manoeuvres

Port de lettres

Tailleurs

Ustensiles

Vin

Voyage


Lionnet

Divers


TOTAL

7413.50

2428.90


108.00

557.00


870.52

12660.20


2045.40

967.85


477.40

3294.60


1272.50

510.00


156.00

233.25


9473.75

1078.10


202.90

2398.45


1800.00

1143.40
59091.70




Download 1,75 Mb.

Do'stlaringiz bilan baham:
1   ...   22   23   24   25   26   27   28   29   ...   79




Ma'lumotlar bazasi mualliflik huquqi bilan himoyalangan ©hozir.org 2024
ma'muriyatiga murojaat qiling

kiriting | ro'yxatdan o'tish
    Bosh sahifa
юртда тантана
Боғда битган
Бугун юртда
Эшитганлар жилманглар
Эшитмадим деманглар
битган бодомлар
Yangiariq tumani
qitish marakazi
Raqamli texnologiyalar
ilishida muhokamadan
tasdiqqa tavsiya
tavsiya etilgan
iqtisodiyot kafedrasi
steiermarkischen landesregierung
asarlaringizni yuboring
o'zingizning asarlaringizni
Iltimos faqat
faqat o'zingizning
steierm rkischen
landesregierung fachabteilung
rkischen landesregierung
hamshira loyihasi
loyihasi mavsum
faolyatining oqibatlari
asosiy adabiyotlar
fakulteti ahborot
ahborot havfsizligi
havfsizligi kafedrasi
fanidan bo’yicha
fakulteti iqtisodiyot
boshqaruv fakulteti
chiqarishda boshqaruv
ishlab chiqarishda
iqtisodiyot fakultet
multiservis tarmoqlari
fanidan asosiy
Uzbek fanidan
mavzulari potok
asosidagi multiservis
'aliyyil a'ziym
billahil 'aliyyil
illaa billahil
quvvata illaa
falah' deganida
Kompyuter savodxonligi
bo’yicha mustaqil
'alal falah'
Hayya 'alal
'alas soloh
Hayya 'alas
mavsum boyicha


yuklab olish