Les premiers traducteurs et leurs traductions

Rome et Athènes comme capitales du savoir humain.

Dans l'intervalle, en effet, Rome avait éclipsé Athènes comme capitale du savoir humain. Les Romains, comme les Grecs, n'affichaient pas une curiosité très vive pour les langues étrangères. Que le poète Ennius (240-170 av. J.C.) déclare «avoir trois âmes» parce qu'il sait le latin, le grec et l'osque, ou que le grand Ovide (43 av.-17 apr. J.-C.) ait l'idée d'apprendre le gète pendant son exil sur les bords de la Mer Noire, ne change pas grande chose à cette réalité. Pratiquement, pourtant, l'Empire romain était un état bilingue, car la connais­sance du grec faisait partie du bagage intellectuel du Romain cultivé. A l'école, l'enseignement du grec et du latin se situait sur un même plan. La plupart des Romains de quelque éducation n'éprouvaient donc aucune difficulté à compren­dre le grec, mais parfois leur dignité leur interdisait de s'exprimer autrement qu'en latin. C'est ainsi que les audiences d'ambassadeurs grecs au Sénat romain exigaient la présence d'un interprète chargé de traduire les réponses latines.