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coordonne son utilisation.
Dans la pratique, depuis son élaboration et les propositions publiés
déjà dans les années 1990, le CECR a été rapidement adopté dans de très nombreux pays,
chaque programme l’interprétant en fonction de sa culture éducative. L’ensemble des
praticiens dans de nombreux pays a particulièrement bien accueilli les descripteurs des
compétences, non pas pour collaborer dans une réforme éducative, mais en tant que référence
commune pour élaborer des outils d’évaluation (Little, 2006). Globalement, les résultats
résumés par Little sont en accord avec la situation en France décrite en détail par Aden
(2012) ; le pays a adapté les descripteurs du CECR comme outil de standardisation « tout en
rejetant clairement l’éthique plurilingue et interculturelle, et laissant de facto la médiation en
dehors des compétences langagières à entraîner » (
ibid.
, p. 272).
L’usage détourné du CECR est attribué à la distance entre les politiciens et les didacticiens :
« l’enseignement des langues est aujourd’hui partie prenante d’un
projet politique dont
chercheurs et enseignants ignorent largement les enjeux… alors qu’ils sont invités à le
développer et à le mettre en œuvre. » (Maurer, 2011 : 157, cité dans
ibid.
, p.272). L’usage
répandu mais détourné des valeurs fondamentales du CECR est aussi souligné dans de
multiples endroits dans des publications récentes du CoE.
Les débats et les échanges (…) ont confirmé (…) le succès incontestable du CECR au niveau
européen. Mais ils ont aussi mis en évidence le fait que les utilisations de cet outil ne reflétaient
que partiellement la richesse de son contenu, en ignorant parfois même certaines des valeurs qui
sont promues par les états membres du Conseil de l’Europe et sous-tendent les démarches décrites.
Ce déséquilibre manifeste dans la mise en œuvre des dispositions proposées par le CECR concerne
en premier lieu l’éducation plurilingue et interculturelle, qui constitue pourtant l’une des finalités
essentielles poursuivies par le CECR. Celle-ci n’est en effet que rarement prise en compte
explicitement et de façon conséquente dans les curriculums de langue. (Beacco et al., 2016a, p. 5).
La résistance au changement est dite venir notamment de la part des enseignants-mêmes, due
aux « représentations sociales ou de théories subjectives relatives aux langues et à leur
acquisition : les langues sont souvent perçues comme des systèmes homogènes et normés,
vecteurs de l’unité et de l’unicité de chaque état-nation et propres à un locuteur-auditeur
idéal » (
ibid.
, p. 77). Dans l’avant-propos du dernier volume complémentaire du CECR, la
directrice générale pour la démocratie du CoE nous rappelle de nouveau que le CECR est
devenu « one of the best-known and most used Council of Europe policy instruments » et que,
cependant, « It has never been the intention that the CEFR should
be used to justify a gate-
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keeping function of assessment instruments » (Snežana Samardžić-Marković, CoE, 2020, p.
11).
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