3.1.2 Faiblesses et suggestions
Les enseignements tirés des études de terrain et l’ambiguïté confirmée des termes clés
langue
,
culture
,
interculturel
, et de
CECR
(ambigu en raison de son utilisation répandue et détournée),
tous expliqués dans notre cadre théorique, ainsi que nos propres expériences en tant que
novice des outils du CoE au début de cette étude, nous permettent de considérer le problème
du point de vue des différents destinataires. Quelques suggestions d’améliorations suivent.
La clarté de la finalité et le lien à
l’approche interculturelle comme objectif
Si les outils du CoE sont vastes et solides, il manque de présentation
claire
(à notre avis) de la
finalité de la politique linguistique, de l’approche interculturelle en tant qu’objectif pour y
arriver, de la manière dont chaque outil contribue, et des implications pour l’enseignement
des langues. Nous avons dû élaborer notre cadre théorique afin d’avoir une compréhension
(adéquate, nous l’espérons) des connexions et des implications, pour arriver aux facteurs clés
résumés dans la section 1.5
Cadre retenu pour la recherche
. Compte tenu de l’effort que cela
a demandé, nous ne pouvons pas attendre qu’un grand nombre d’acteurs dans les systèmes
éducatifs fassent de même. Ainsi, nous faisons écho à la conclusion décennale d’Egli Cuenat
(2011, p. 55) « il faut trouver le moyen d’expliquer simplement les nouvelles idées, concepts,
instruments et méthodes » et à celle plus récente dans une thèse de doctorat confirmant le
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manque d’approche interculturelle en français au Mozambique (Pedro, 2018, p. 300) « la
complexité de cette notion, la diversité des modèles et la prolifération des recherches, loin de
faciliter la pratique de l’interculturel par les praticiens, bien au contraire, creuse davantage
l’écart entre la théorie et la pratique ».
Une déclaration officielle des buts et des objectifs de la politique linguistique du CoE se
trouve dans le CECR (CoE, 2001, pp. 9-11), mais en raison du format et de l’âge de la
publication (un PDF de 196 pages de 2001) il est difficile de percevoir ce qui est important et
aussi de savoir quelles parties sont encore valables. Les seuls graphiques se trouvent aux
pages 25, 31 et 32 ; ils affichent tous des niveaux de compétence comme dans la Figure 12.
Figure 12 Un graphique du CECR : niveaux de compétence communs de référence (CoE, 2001, p. 25)
Les avant-propos et les introductions des différentes publications plus récentes sont éclairants,
mais il faut d’abord que l’on les lise, et dans leur ensemble. En raison de l’utilisation
répandue mais détournée du CECR, avec ses descripteurs assez complets pour être
fonctionnels, des acteurs clés risquent de ne pas se percevoir de nouveaux guides/référentiels.
S’ils le font, nous ne sommes pas convaincues que le sens passe. Alors que quelques phrases
du volume complémentaire (CoE, 2020) nous rappellent que l’évaluation est la dernière
priorité du CECR, son principal graphique est celui que nous avons cité dans la Figure 1 et
consacré plusieurs sections pour expliquer. Pour le lecteur rapide, les références qui y figurent
à Beacco et al. (2016a) passent facilement inaperçues dans les blocs de texte.
Les sites web
Trois guides fondamentaux
(CoE s.d. b) et
Plateforme de ressources et de
références pour l’éducation plurilingue et interculturelle
(CoE s.d. c) semblent être les pages
de renvoi les plus pertinentes, mais nous ignorons comment les acteurs en sont informés, par
exemple par leurs institutions nationales et dans la formation initiale et continue des
enseignants. En outre, les sites ont besoin d’une refonte (à notre avis) qui dépassent les
questions ergonomiques ; par exemple, le visiteur doit comprendre la signification du terme
expert « l’éducation plurilingue et interculturelle », alors que les acteurs qui ne sont pas
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familiers avec ce terme ont besoin d’un aperçu de quoi il s’agit réellement, et qui il concerne.
Le site n’indique pas clairement qu’il concerne l’enseignement des langues en scolarité
obligatoire, ni que l’EPI constitue l’objectif (recommandé) à atteindre. Le visiteur des sites a
donc besoin d’un guide ou d’une formation à l’avance.
Nous en concluons qu’une introduction globale et facile à comprendre pour un large éventail
d’utilisateurs pourrait soutenir l’introduction de l’approche interculturelle. Une présentation
visuelle attrayante avec des illustrations claires et explicites, avec des liens vers des outils
pertinents pour les différents acteurs, inviterait les acteurs à utiliser le travail effectué au fil
des ans par les didacticiens dans le cadre du CoE. Un tel site nécessiterait des compétences
spécialisées et dédiées en matière de communication visuelle et organisationnelle, ce qui en
fait une question d’organisation et de budget.
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