S’orienter aujourd’hui

des psychologues et des parents s’inves-
tissent dans le devenir des élèves et des 
étudiants sans réussir à leur éviter les 
fausses routes et les écueils ?
L’orientation n’a jamais été un des pi-
liers du système éducatif français. Mieux 
comprendre l’organisation des acteurs et 
des processus de l’orientation nous aide-
ra peut-être à identifier quelques-unes 
des raisons qui expliqueraient la déper-
dition d’énergies et les difficultés qui 
perdurent au sein du système.
25 

---

1. 
 Les mécanismes d’orientation 
actuels
1.1. Le processus d’orientation
Environ 190 CAP, 91 bacs professionnels (sans compter les 
options), 11 disciplines de spécialités en terminale générale 
et 8 bacs technologiques : s’il ne fallait qu’une seule réalité 
pour légitimer le processus d’orientation, il ne faudrait pas al-
ler la chercher plus loin. Sont présentés dans ce chapitre les 
grandes étapes et les principaux dispositifs de ce parcours.
Les critères d’orientation : une sélection par 
l’exclusion
La très grande majorité des études, rapports et réflexions sur 
le sujet s’accorde pour affirmer que le système d’orientation 
français est un système fondé sur l’exclusion. Plus encore, 
cette exclusion se fonde sur les seuls résultats scolaires dans 
les savoirs abstraits
1
(tels que les sciences).
Ce sont les parcours les plus élitistes qui servent de mètre- 
étalon. Les critères d’orientation ne prennent pas en compte :
●
●
les souhaits de l’élève (qui, sauf exception, reconnais-
sons-le, n’est que rarement en mesure de les formaliser 
sans aide)
●
●
ses savoirs disciplinaires autres qu’académiques
●
●
ses savoir-faire et savoir-être
●
●
ou ses particularités personnelles (degré de maturité, 
rythme d’apprentissage, situation familiale…)
Ayant intériorisé ce fonctionnement, les élèves considèrent 
leur orientation quasi-exclusivement à l’aune de leurs chances 
de réussite dans telle ou telle matière et donc telle ou telle 
filière
2
. Il est évidemment impossible de penser « hors » d’un 
système mais il est dommageable que ce système ne per-
mette – voire n’encourage – pas une multitude de pensées 
variées. Il en ressort une « violence sociale »
3
dont on n’a pas 
encore réussi à contrecarrer les effets.
Enfin, la rareté des passerelles et le manque de valorisation de 
celles qui existent tissent en creux le portrait d’un système qui 
privilégie les cursus linéaires aux parcours faits d’hésitations, 
d’allers et retours, d’échecs et de rebonds, de déceptions et 
d’aléas – et dont toute sortie se révèle bien souvent définitive.