Que serais-je sans toi



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Que serais je sans toi by Guillaume Musso Musso Guillaume z lib

Les
Experts, FBI : portés disparus, Cold Case…


17
La soif de l’autre
Chacun de nous a dans le cœur une chambre royale ; je l’ai murée,
mais elle n’est pas détruite.
Gustave FLAUBERT
— Le salopard !
Bouillant de colère, Martin avait toutes les peines du monde à suivre la moto
d’Archibald.  À  Paris,  il  aurait  eu  un  gyrophare  et  une  radio  pour  alerter  ses
collègues, mais ici, il se sentait seul et démuni.
Mélange  d’alu,  de  chrome  et  d’acier,  le  dragster  se  faufilait  au  milieu  des
voitures.  De  l’autre  côté  de  la  voie,  les  véhicules  roulaient  pare-chocs  contre
pare-chocs,  mais  pour  rejoindre  la  ville  la  circulation  était  plus  fluide  et
Archibald respectait les limitations de vitesse. Il ne tenait ni à se faire repérer par
les motards et les officiers de la California Highway Patrol, ni à mettre en danger
la vie de sa fille qui ne portait pas de casque.
Martin  ne  savait  pas  comment  interpréter  la  scène  à  laquelle  il  venait
d’assister. Gabrielle et Archibald se voyaient-ils pour la première fois ? La jeune
femme connaissait-elle la vérité sur son père ?
À  la  sortie  du  pont,  la  moto  traversa  les  aires  boisées  du  Presidio  avant  de
longer la marina. Le soleil couchant qui embrasait le ciel permettait aux touristes
de faire des clichés de carte postale, mais pour Martin l’approche du crépuscule
rendait difficile le repérage de la moto.
Dans Russian Hill, il perdit de vue la silhouette massive et toute en muscles
de  la  Yamaha  pour  mieux  la  retrouver  à  l’entrée  du  quartier  italien  quelques
minutes plus tard.
À  présent,  la  quatre-cylindres  avait  rejoint  l’Embarcadero,  l’artère  qui
longeait  le  front  de  mer.  Cette  ancienne  zone  industrielle  s’était
spectaculairement transformée après le tremblement de terre de 1989. Les docks
avaient cédé la place à un large boulevard planté de palmiers qui suivait la côte
sur dix kilomètres et faisait le bonheur des cyclistes et des rollers.
Archibald dépassa le terminal des ferries dont la tour de 70 mètres, encadrée
par quatre horloges, avait survécu à tous les séismes. Ses arches en brique et son


sol recouvert de marbre donnaient au bâtiment un charme tout ibérique. On était
à Miami, à Lisbonne, à Séville…
Puis la moto s’engagea sur une élégante jetée qui s’avançait jusqu’aux portes
du Pacifique, offrant à quelques privilégiés l’accès à un restaurant de luxe posé
sur l’océan.
Pris  de  court,  Martin  pila  et  se  gara  en  catastrophe  sur  l’emplacement  d’un
bus tandis qu’un voiturier s’occupait de la monture d’Archibald et que le maître
d’hôtel lui trouvait une table en terrasse.
 
La nuit était tombée.
Les tours du quartier des affaires brillaient dans la pénombre. Au loin, sur la
colline  de  Telegraph  Hill,  la  Coit  Tower  flamboyait  dans  l’ombre  comme  un
glaive protecteur.
La flamme d’un Zippo éclaira brièvement l’habitacle de la voiture et Martin
aspira une longue bouffée de sa cigarette.
À nouveau l’attente.
À  nouveau,  les  jumelles  braquées  sur  Archibald,  à  se  demander  s’il  était
opportun d’intervenir.
Mais à présent les choses avaient changé. Ce n’était plus le voleur génial qui
le fascinait, c’était le père de Gabrielle et l’amant de Valentine.
Cet homme amoureux qui lui ressemblait tant…
 
Qu’est-ce que je fous là ?
Gabrielle se regarda dans le miroir. Dès son arrivée au restaurant, elle s’était
dirigée vers les toilettes. Elle avait besoin de quelques minutes pour prendre du
recul et se donner une contenance. Quelle force étrange l’avait poussée à suivre
cet homme ? Pourquoi une telle impulsivité ?
L’esprit ailleurs, elle se lava les mains et se recoiffa à la va-vite, regrettant de
se retrouver aussi mal fringuée dans cet endroit luxueux.
En  ce  moment,  elle  n’allait  pas  bien  et  n’essayait  pas  de  se  persuader  du
contraire.  Elle  travaillait  beaucoup,  sortait  souvent  et  dormait  peu.  Elle  avait
aussi  gardé  un  rôle  de  bénévole  au  sein  des  Ailes  de  l’espoir,  l’organisation
humanitaire créée par sa mère, et elle n’avait jamais cessé sa collaboration avec
les pompiers : chaque fois qu’un incendie se déclarait dans la baie, elle pilotait
l’un  des  Canadair  à  turbine  qui  écopaient  l’eau  dans  les  lacs  et  les  étangs
alentour.


Une vie bien remplie, tournée vers les autres. Une vie à laquelle elle essayait
de  donner  un  sens  positif.  Une  vie  dont  elle  aurait  voulu  être  fière.  Pourtant,
cette  hyperactivité  n’était  qu’une  fuite  en  avant,  une  volonté  de  se  soûler  de
mouvements,  comme  le  papillon  de  nuit  qui  se  cogne  avec  obstination  à
l’ampoule.  Ne  jamais  se  poser,  ne  jamais  arrêter  de  battre  des  ailes,  quitte  à
s’épuiser,  quitte  à  se  brûler.  Ne  jamais  prendre  le  temps  de  s’avouer  ce  qu’elle
savait pourtant : qu’elle avait besoin d’une boussole pour la guider, de bras pour
l’entourer et de poings pour la protéger.
Elle sortit son tube de mascara qu’elle avait constamment avec elle. Avec la
brosse imbibée de produit, elle peigna délicatement ses cils, leur donnant plus de
longueur et accentuant leur courbure.
Se maquiller, toujours. Pas pour se faire belle, mais pour se cacher.
Une  larme  vagabonda  sur  sa  joue  et  elle  l’essuya  d’un  geste  machinal  avant
de rejoindre Archibald sur la terrasse.
 
Martin régla la molette située entre les deux corps des jumelles pour ajuster la
vision.
Entre  le  ciel  et  l’océan,  la  terrasse  couverte  du  restaurant  offrait  une  vue
panoramique et donnait à ses clients l’illusion de dîner sur l’eau. Chic et sobre,
la  décoration  jouait  sur  le  raffinement  :  d’élégantes  compositions  d’orchidées
s’harmonisaient  aux  tons  beige  et  blanc  tandis  que  les  fauteuils  drapés  et  les
lumières tamisées créaient une ambiance intimiste.
Martin  écrasa  sa  cigarette  au  moment  où  Gabrielle  vint  s’asseoir  à  côté
d’Archibald.
Alors,  son  cœur  s’emballa  et  son  esprit  se  brouilla,  tiraillé  par  des  désirs
contraires.
L’envie de se prouver qu’il était capable d’arrêter Archibald.
Mais aussi l’envie d’en apprendre toujours davantage sur lui.
L’envie d’aimer Gabrielle parce qu’elle était son évidence.
Mais aussi l’envie de lui rendre le mal qu’elle lui avait fait.
Car votre âme sœur peut être en même temps votre âme damnée.
 
Lorsqu’il vit Gabrielle frissonner, Archibald fit un signe au serveur pour qu’il
rapproche le chauffage sur pied.
Elle le remercia d’un sourire contraint. Malgré l’atmosphère chaleureuse des
lieux,  elle  n’arrivait  pas  à  se  détendre  tant  elle  était  troublée.  Pour  dissiper  sa
gêne, ce fut elle qui engagea la conversation :


— Vous avez l’air de vous y connaître, en matière d’avions.
— J’en ai piloté quelques-uns, avoua Archibald.
— Même des hydravions ?
Il acquiesça d’un signe de tête tout en lui servant un verre du vin blanc qu’il
avait commandé.
— Je n’ai pas vraiment compris ce que vous faisiez, reprit-elle. Vous m’avez
dit que vous travailliez… dans l’art, c’est ça ?
— En fait, je vole des tableaux.
Elle  esquissa  un  sourire,  pensant  qu’il  se  moquait  d’elle,  mais  il  resta
imperturbable.
— C’est votre vrai métier ? Voler des tableaux ?
— Oui, avoua-t-il sans malice.
— Mais vous les volez à qui ?
—  Oh  !  à  tout  le  monde  :  aux  musées,  aux  milliardaires,  aux  rois,  aux
reines…
Sur la desserte près de leur table, un serveur disposa un plateau d’argent sur
lequel  était  ordonné  un  assortiment 

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