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1837




Vœux de Bonne Année


98[210] Comme les années précédentes tous les Frères envoyèrent les plus sincères souhaits de bonne année au bien-aimé Père. Il leur répondit, le 7 janvier, de cette sorte:
[211] "Carissimi, Mes bien-aimés, mes bien chers Frères, aimons-nous les uns les autres. Je ne pourrais, au commencement de cette année, tenir un langage plus conforme à mes goûts et à mes affections; que j'interroge mon cœur, mes sentiments, la peine que me cause la moindre de vos disgrâces, vos ennemis99 qui sont les miens, vos revers mes sujets d'afflictions, vingt années de sollicitude, tout cela répond que je puis hardiment et sans crainte vous adresser les paroles que le disciple bien-aimé met à la tête de ses épîtres: Mes bien-aimés aimons-nous les uns les autres parce que la charité vient de Dieu.
[212] Les souhaits et les vœux que je forme au commencement de cette année sont bien différents de ceux que le monde s'efforce d'exprimer par un langage mensonger: une certaine abondance de biens, de l'honneur100, des plaisirs que le cœur ne goûte jamais, voilà ce que le monde souhaite. Pour moi, mes bien chers, mes bien-aimés, je conjure notre divin Maître chaque jour en montant à l'autel qu'il veuille faire pleuvoir sur vous ses grâces et ses plus abondantes bénédictions, qu'il vous aide à fuir le péché comme le seul mal à craindre, qu'il vous applanisse le chemin des vertus propres aux religieux, surtout propres aux enfants de Marie. Enfin je prie notre commune Mère de nous obtenir une sainte mort afin que, nous étant entr'aimés sur la terre, nous nous aimions à jamais dans le ciel.
[213] Nos Pères et nos Frères destinés pour la Polynésie se sont embarqués le 24 décembre. Quel vaste champ le Souverain Pontife, le Vicaire de J.-C. a confié à notre zèle! Accompagnons de nos voeux et de nos ferventes prières ceux à qui ce vaste champ est particulièrement échu. Je pense vous faire bien plaisir en vous faisant part d'une lettre écrite du Havre, la veille du départ, par le F. Marie-Nizier:
[214] "Que je m'estime heureux, mon cher Père, d'avoir été choisi, quoique j'en sois très indigne, parmi les Frères de Marie, pour être des premiers de ceux qui portent la lumière de l'Evangile à des peuples sauvages. Oh! que Dieu en soit béni! C'est lui qui m'a donné la vocation et me la fait suivre. Je suis bien content de partir et je puis dire bien sincèrement que je ne céderais pas ma place pour un trône. Je ne crains point, car Marie, notre bonne Mère, sera mon guide dans toutes mes actions et mon refuge dans mes peines. Je voudrais, mon bien cher Père, pouvoir vous souhaiter la bonne année de vive voix, ainsi qu'à tous mes chers Frères en Jésus et Marie, mais les circonstances ne me permettent pas de satisfaire à mes désirs. Je vous souhaite du fond de mon coeur une bonne et heureuse année, ainsi qu'aux chers Frères..."
[215] M. Ant[oine] Thiollière, grand bienfaiteur de l'Institut, invita le Père Champagnat à lui envoyer le bon F. Stanislas, avec lequel il désirait s'entretenir. Le vénéré Père lui envoya ce Frère avec une petite lettre ainsi conçue:
[216] "M., Nous vous adressons, selon votre aimable et charitable invitation, le Frère porteur de la présente avec la déclaration suivante: Nous nous associons, si vous y consentez, avec vous et votre famille, d'une manière spéciale et particulière, en communauté des biens et des bonnes oeuvres qui se font et pourront se faire dans la suite. Pardonnez-moi cette liberté et veuillez me croire, avec respect, etc..."

Autorisation légale


[217] M. le curé de Ganges, au diocèse de Montpellier, demanda des Frères pour sa paroisse. Le bon Père lui envoya notre prospectus et lui promit des Frères s'il pouvait remplir les conditions exigées. Cette fondation ne se fit que plus tard, M. le curé ne pouvant en prendre alors que deux.
[218] Lors de son voyage à Paris, l'année précédente, le pieux Fondateur avait été très bien accueilli par M. le supérieur des Missions Etrangères. Il lui écrivit le 12 janvier 1837, pour l'en remercier et le prier d'aller prendre des informations au sujet de l'autorisation légale qui se faisait bien attendre. Voici sa lettre:
[219] "M. et très respectable Supérieur, Je viens aujourd'hui vous remercier de la grande bonté avec laquelle vous m'avez accueilli lors de mon voyage à Paris avec Mgr. Pompallier. Votre grande obligeance m'enhardit à vous demander un service. Pendant mon séjour à Paris, dans votre aimable maison, je rendis, avec Mgr. Pompallier, une visite à M. Delbèque, chef de division, au ministère de l'Instruction publique. Je lui remis quelques pièces concernant l'autorisation de mes Frères. M. Delbèque promit de presser l'autorisation que je désire à l'effet de sanctionner les statuts des Frères. Ces statuts ont été déjà approuvés par le Conseil Royal de l'Instruction publique et sont rapportés dans le manuel général de l'instruction primaire n 6, mois d'avril 1834, qui se trouve chez Messieurs Hachette et Didot. Vous serait-il possible, M. le Supérieur, de voir M. Delbèque pour lui demander où en est cette affaire? Qu'il me tarde d'en savoir quelque chose et qu'il est important pour nous d'avoir cette ordonnance sans laquelle la conscription va nous enlever un bon nombre de sujets qui ne sont pas assez instruits pour être brevetés.
[220] ... Nous comptons présentement 171 Frères dans notre Société et une vingtaine de novices. Nous avons 34 établissement dans les diocèses de Lyon, de Belley, de Grenoble, de Viviers et d'Autun. Cette année nous en fonderons101 six nouveaux. Mgr. l'archevêque d'Alby nous demande un noviciat dans son diocèse. Mgr. de Belley en veut aussi un autre. Nous désirons bien nous mettre en règle auprès du gouvernement avant que notre Société prenne une plus grande extension."

La Côte Saint-André: menaces


[221] Le C.F. Louis-Marie, directeur à La Côte, n'était point content de la manière dont les choses se passaient dans sa maison. M. Douillet avait sans doute de bonnes intentions, mais sa singulière façon d'entendre le bien entravait les Frères à chaque instant. Le F. directeur, ayant fait part au bon Père des difficultés qu'il rencontrait, (et) en reçut la reponse que l'on va lire:
[222] "Mon bien cher F. Louis-Marie, Je prends, en effet, singulièrement part à tous les ennuis que vous éprouvez à La Côte. Ne vous inquiétez pas sur ce qui pourra vous arriver, tâchez de remplir vos devoirs le mieux qu'il vous sera possible, soit à l'égard de M. Douillet, soit à l'égard des enfants qui vous sont confiés et surtout à l'égard des Frères qui sont avec vous. Quand on vous renverra, vous viendrez, nous vous trouverons de l'ouvrage et du pain Dieu aidant. Faites en attendant, tout le bien qui est en votre pouvoir. Soyez très prudent, informez-moi de tout à mesure que vous découvrirez quelque chose. Envoyez les novices que vous croirez être propres à notre œuvre, nous les recevrons, nous en avons reçu un bon nombre depuis quelque temps.
[223] ... Nous ne provoquerons pas notre sortie du Dauphiné, mais nous nous y soumettrons avec résignation, adorant la divine Providence sur nous. Ne faisons rien pour la mériter et sachons nous y soumettre. Je ne ferai pas le voyage de La Côte, à moins que vous ne m'en écriviez de nouveau. Je ne vois pas à quoi cela aboutirait. Je vous enverrai peut-être le F. Jean-Baptiste en qualité de visiteur. Je laisse à votre prudence ce que les occasions vous permettront de dire à M. Douillet. Votre sortie de La Côte nous ferait gagner 2.400 fr.. Si l'argent était notre mobile je vous dirais d'en partir au plus tôt..."
[224] Les 2.400 fr. dont parlait le vénéré Père étaient le montant des économies que le C.F. directeur avait pu réaliser en sus du vestiaire de ses Frères. Il aurait voulu les envoyer à l'Hermitage, mais M. Douillet les retenait sous prétexte de réparer ou d'agrandir le local. De plus, il venait de quitter le séminaire et de se retirer chez les Frères avec la Sœur Marthe qu'il établit économe de la maison. Ne pouvant accepter un pareil état de chose, le pieux Fondateur écrivit ce qui va suivre à Mgr. l'évêque de Grenoble, puis à M. le curé de La Côte.
[225] "Monseigneur, Je n'ai pu, dans une petite visite que j'ai eu l'honneur de rendre à Votre Grandeur, vous faire part que bien brièvement de ce que j'avais à vous dire au sujet des établissements que nous avons dans votre diocèse. Je n'ai pu même rien vous dire de celui de La Côte. Nous ne pouvons laisser plus longtemps cet établissement sur le pied où il est depuis que M. Douillet s'y est retiré pour ne faire qu'un ménage avec nos Frères. M. Douillet ne peut se passer d'une fille qui par là même se trouve en contact avec nos Frères, elle est même devenue l'économe de la maison. Nous nous trouvons forcés, si nous ne voulons voir notre Règle foulée aux pieds, de retirer nos Frères de La Côte. Je viens d'en donner avis à M. Douillet. Je n'ai pas voulu faire cet établissement sans vous en faire part, j'ai pensé aussi que je ne devais pas le détruire sans vous en prévenir..."
[226] Et à M. le curé102: "M. et très digne Pasteur, Me souvenant combien vous avez pris part à la fondation de notre établissement à La Côte-Saint-André, je pense qu'il convient que je vous mette au courant d'une détermination que M. Douillet nous a forcé de prendre. Depuis qu'il a quitté le séminaire, il a pris son domicile, comme vous le savez sans doute, avec nos Frères. Ayant besoin d'une fille à son service, il l'a faite économe de la maison, ce qui est entièrement contre nos Règles et nos usages. M. Douillet n'a point voulu accéder aux justes représentations que lui en a faites le F. directeur et que je lui en ai faites moi-même. J'ai d'ailleurs entre les mains une lettre de M. Douillet qui, en me faisant connaître ses intentions à notre égard, me prouve qu'il cherche à embaucher nos sujets. Nous ne pouvons laisser sur ce pied nos Frères plus longtemps. Ne voyant pas de moyen de remédier à ce mal, j'ai pris le parti de retirer nos Frères. Je viens de l'annoncer à Mgr. de Grenoble et à M. Douillet..."
[227] Après une visite qu'il venait de faire à la Côte-Saint-André, le R. Père écrivit à M. Berthier, vicaire général, et à M. le curé, qu'il espérait pouvoir faire un arrangement convenable avec M. Douillet, qu'il comptait pour cela sur la visite de Mgr. au séminaire de La Côte et que, en attendant, M. Douillet consentait à mettre Soeur Marthe à l'écart.

La première Règle imprimée


[228] La Règle fut imprimée et envoyée aux Frères en janvier. Elle était toute renfermée dans 58 pages d'un mince volume petit in-18. Elle contenait onze chapitres ainsi intitulés.
[229] Chapitre 1ier - Extrait des statuts de la Société. - 1 But des Frères - 2 Conditions pour être reçu dans la Société. - 3 Conditions pour l'établissement d'une maison.
[230] Chapitre II - Règlement et ordre de la journée. - Règles particulières pour la petite classe.
[231] Chapitre III - Gouvernement des Frères dans les établissements: - 1 Frère Directeur. - [2] Frère premier Directeur. - 3 Frère Visiteur.
[232] Chapitre IV.. - Moyens d'entretenir la piété et la régularité. - 1 Confession et communion. - 2 Retraite de chaque mois - 3 Autres pratiques.
[233] Chapitre V - Manière dont les Frères doivent se conduire dans leurs différents rapports. - 1 Entre eux. - 2 Avec Messieurs les ecclésiastiques et les autorités civiles. - 3 Avec les parents des élèves. - 4 Avec les enfants.
[234] Chapitre VI - Classes particulières.
[235] Chapitre VII - Lettres.
[236] Chapitre VIII - Sorties et voyages.
[237] Chapitre IX - Soin du temporel.
[238] Chapitre X - Vacances.
[239] Chapitre XI - Funérailles des membres de la Société à la maison-mère.
[240] Ces chapitres étaient précédés d'une instruction sur l'estime qu'il faut faire des Règles. Cette instruction a été reproduite littéralement dans l'édition de 1852. Cette édition a donné de grands développements aux Règles mais les principes fondamentaux et tous les points principaux sont restés les mêmes.

Chapitre XI: détails


[241] Nous donnons ici le chapitre onzième, attendu que l'édition de 1852 l'a modifié sensiblement. Nous donnerons à cette date ces modifications:
[242] 1 Pour un novice on dira une grand'messe à laquelle toute la maison assistera. Deux Frères en surplis la serviront, ensuite l'un portera la croix et l'autre le bénitier. Les novices porteront le défunt en terre.
[243] 2 Pour un Frère non profès, le jour du décès on dira l'office des morts à trois leçons et la messe d'enterrement avec acolytes et deux clercs. Les Frères non profès le porteront en terre.
[244] 3 Pour un Frère profès on dira: 1 l'office à neuf leçons, une messe à diacre et sous-diacre.103 Après l'absoute on chantera le Salve Regina. Les Frères profès, si le nombre est suffisant, le porteront en terre et seront employés de préférence pour officier. 2 Dans les établissements, le jeudi après la nouvelle reçue de la mort d'un Frère profès, on dira l'office comme nous avons dit ci-dessus et la communion sera faite à la même intention. 3 Les Frères directeurs donneront la rétribution d'une messe selon l'usage du pays. 4 Au bout du mois, à la maison-mère, on dira encore une messe pour le repos de son âme et on fera la sainte communion.
[245] 4 On chantera les vêpres des morts tous les premiers dimanches du mois et le lundi suivant on dira une messe pour tous les associés et bienfaiteurs de la Société. Dans les établissements les vêpres des morts se diront le jour de la retraite du mois.

Autres détails


[246] Le chapitre 2e place le lever à 4 heures, l'office du soir à 5h ½ et la coulpe le jeudi et le dimanche. L'édition de 1852 modifia ces trois points.
[247] Le chapitre 1ier réglait que les postulants seraient reçus de 15 à 30 ans moyennant 400 fr. de pension et un trousseau qui était estimé [à] 250 fr. Ils devaient savoir lire, passablement écrire et produire un certificat de bonne vie et mœurs ainsi qu'un extrait de baptême et un acte de naissance. Il réglait aussi que les communes devaient payer pour chaque Frère demandé une prime de 400 fr., un mobilier de 500 fr., (qui devait appartenir aux Frères au bout de 6 ans) et un traitement annuel de 400 fr. plus l'entretien dudit mobilier si les communes voulaient en garder la propriété.
[248] Le chapitre 4e réglait que les Frères feraient une retraite le 1er jeudi de chaque mois pour se préparer à la mort. Ce point a été supprimé en 1852.
[249] Il n'était pas question des 3 vœux de religion dans cette Règle, mais les Frères les faisaient déjà et les obligations qu'ils imposent ressortaient des instructions ou des autres écrits du Père Champagnat.

Annexes à la Règle


[250] En dehors des 58 pages susdites, le petit volume contenait: 1 Une méthode pour l'oraison. 2 Une instruction sur le compte de conscience. 3 Les commandements religieux. 4 Les moyens de perfection. 5 Une instruction de Saint Ignace de Loyola sur l'obéissance. 6 Oraison pour invoquer en soi la vie de Jésus. 7 Abandon de soi-même à la très Sainte Vierge. 8 A Saint Joseph. 9 Prières en revêtant l'habit, la croix et le cordon. 10 Prières avant et après les repas pour les divers temps de l'année. 11 Cérémonie de la prise d'habit. 12 Idem des voeux temporaires ou perpétuels.
[251] Le questionnaire pour la vêture et celui pour la profession furent beaucoup plus développés en 1852. Nous donnons celui pour les voeux temporaires attendu qu'il fut supprimé en 1852.
- Mes chers Frères que désirez-vous?

- Mon Père nous désirons faire entre vos mains les trois voeux temporaires de pauvreté, de chasteté, d'obéissance, si vous voulez bien nous le permettre.

- Votre désir est louable, mes chers Frères, car les voeux que vous vous proposez de faire ajouteront un mérite tout nouveau à chacune de vos actions, vous uniront plus étroitement au bon Dieu et par les grâces nombreuses qu'ils vous attireront, si vous y êtes fidèles, vous deviendrez plus forts contre les tentations et plus courageux dans la pratique de vos devoirs. Prenez garde cependant de ne contracter ces engagements qu'avec réflexion. Il est vrai qu'ils ne sont pas perpetuels, mais l'obligation qu'ils imposent n'en est pas moins rigoureuse. Par le voeu de pauvreté vous vous privez de la faculté d'avoir rien en propre, par le voeu de chasteté vous vous obligez doublement à fuir les plaisirs des sens et par le voeu d'obéissance vous soumettez entièrement votre volonté au bon plaisir de Dieu en la personne de vos supérieurs. Si donc vous êtes bien instruits de toutes ces obligations et bien déterminés à les accomplir fidèlement faites les voeux que vous désirez et Dieu les agréera.
[252] La formule de ces voeux était la même pour les voeux perpétuels. Seulement, pour les premiers, le récipiendaire en indiquait la durée qui variait de 3 mois à trois ans.
[253] En envoyant ce petit volume aux Frères des postes le vénéré Père leur adressa la circulaire suivante: "C'est aux doux noms de Jésus et de Marie que je vous prie de recevoir la Règle que vous désirez depuis si longtemps. Je ne prétends pas vous obliger sous peine de péché à observer chaque article en particulier, je vous dirai cependant que vous ne goûterez la paix, la consolation dans votre état, qu'autant que vous serez très exacts à observer toute votre Règle. La fidélité à votre règlement, en vous obtenant la persévérance, vous assure la couronne éternelle."

Instructions du P. Champagnat


[254] La Règle étant entre les mains de tous les Frères qui doivent l'étudier et la pratiquer, nous n'en dirons rien de plus. Du reste, le vénéré Père l'expliquait chaque année pendant la retraite, dans les conférences dont il se chargeait lui-même et dans les instructions qu'il faisait aux Frères pendant l'année. Il n'était pas orateur et ne cherchait pas à faire des phrases fleuries, ni des périodes savamment arrangées. Son langage comme son style [était] simple, à peine français parfois, mais il était très clair, ferme et très attrayant. Dès que les Frères le voyaient apparaître pour leur parler, tous les visages s'épanouissaient. Ils préféraient sa parole simple et paternelle aux discours les mieux étudiés.
Autorisation légale

[255] Le Père Champagnat écrivit successivement trois lettres à Mgr. l'évêque de Bellay pour le remercier de l'intérêt qu'il avait porté à l'Institut, ainsi que pour les démarches faites par Messieurs de la Croix d'Azolette et Dépery, ses vicaires généraux, en faveur de l'autorisation légale pendant leur séjour à Paris. Il était question aussi du noviciat de Saint-Didier dont nous avons parlé par anticipation. Il était question encore de plusieurs fondations dans le diocèse pour lesquelles le bon Père consulta Monseigneur: Nantua, Thoissey et Verjon.


[256] Parmi les démarches incessantes du pieux Fondateur pour obtenir l'autorisation légale, nous citons la lettre qui va suivre. Elle était adressée à M. Ginot, l'un des riches propriétaires de Lavalla et ensuite négociant en soie à Paris104.
[257] "M., J'ai su un peu trop tard votre départ de Soulage[s]105. Je voulais vous prier, connaissant votre amicale obligeance, de voir M. de Jussieux, premier secrétaire de la préfecture à Paris que vous connaissez, pour le supplier de vouloir bien s'informer auprès de M. Delbèque, chef de division au ministère de l'Instruction publique, où en est l'affaire concernant l'ordonnance que nous demandons en faveur de notre institution et dont les pièces lui ont été confiées par moi dans son hôtel à Paris le 4 septembre 1836. Je désirerais beaucoup en savoir le résultat avant le départ des députés. Priez-le d'avoir l'obligeance de me dire s'il y a encore quelque formalité à remplir, quelque nouvelle démarche à faire, ou enfin s'il manque quelque pièce. M. le préfet de la Loire m'a dit tout dernièrement qu'il ferait tout ce qui dépendait de lui pour m'aider, qu'il me procurerait toutes les pièces concernant son administration. Le comité de notre arrondissement a formulé une nouvelle demande, faut-il l'envoyer? Que je vous serais obligé, si vous pouviez engager ces messieurs à se prêter à mon affaire. Quel service vous me rendriez, quelle obligation je vous en aurais! Si vous croyez qu'une étrenne soit à propos je vous en tiendrai compte."

Lettres administratives


[258] Le R. Père fit écrire trois lettres successives à M. Mazelier: 1 pour lui faire passer le prix de la pension des Frères qui étaient à St Paul; 2 pour le prier d'en accepter d'autres qui allaient être atteints par la loi militaire; 3 pour le remercier de la grande charité qu'il exerçait à l'égard de l'Institut, lui céder ceux de nos Frères qui désireraient se fixer parmi les siens et lui faire part de l'espoir que l'on avait de voir enfin arriver l'autorisation légale. Il ajoutait qu'il irait bientôt le voir en se rendant à la Voulte où des Frères étaient demandés.106
[259] Le R. Père Rigaud, supérieur des Jésuites de la Louvesc, écrivit ainsi au pieux Fondateur, le 10 mars:
[260] "Permettez que je vienne vous rappeler le souvenir de la demande que j'eus l'honneur de vous faire au mois d'octobre dernier, de deux de vos chers Frères pour notre paroisse de La Louvesc et que vous eûtes la bonté de ne pas rejeter. Vous m'aviez fait espérer une petite visite à notre bon Saint-Régis, mais la multiplicité de vos occupations vous aura sans doute empêché de l'effectuer et il est vrai aussi que jusqu'ici la saison n'a guère été favorable pour visiter nos montagnes. Si les mêmes raisons ne viennent encore y mettre obstacle, comptez, M. R. Père, sur notre empressement à vous recevoir. La maison élevée pour les chers Frères n'est pas encore disponible. Elle a été couverte bien avant l'hiver, mais les distributions intérieures ne sont pas encore faites. L'on va y travailler de suite après Pâques. Mais cela ne doit pas vous empêcher, M. R. Père, de nous envoyer vos chers Frères aussitôt que vous le pourrez, car nous nous ferons certainement un vrai plaisir de les loger dans notre maison et nous leur ferons tel ordinaire que vous voudrez bien nous l'indiquer. Ces bons Frères pourront nous rendre un service important à notre église pendant toute la saison du pèlerinage. Je profite de cette même occasion, Mon R. Père, pour recommander à vos prières et à celles de votre fervente communauté, la mission que nous commençons ici-même, dimanche prochain, pour la paroisse de L Louvesc et laquelle durera trois semaines. Quoique nos braves gens entendent prêcher assez souvent, il leur semble que c'est moins pour eux que pour les pèlerins qu'on le fait dans la belle saison. Nous comptons beaucoup sur votre charité et celle de tous vos bons et chers Frères."
[261] Le père Champagnat était très dévot à Saint-François Régis qui évangélisa autrefois Marlhes, sa paroisse natale. Il répondit donc au R. P. Rigaud qu'il enverrait volontiers des Frères à L Louvesc dès qu'il le pourrait. Des obstacles imprévus vinrent s'opposer à cette fondation. D'ailleurs, le bon Père ne tient107 nullement à ce que ses Frères fussent employés dans les sacristies. Il les refusa constamment aux chapelains de Fourvières, même à Monseigneur qui les lui demandait au nom de la Patronne que le bon Père avait choisie pour son Institut.

Autorisation légale


[262] Une note [fut] écrite en vue de l'autorisation légale donnant les conditions de tous les établissements existants et les noms de 66 curés ou maires qui avaient demandé des Frères sans pouvoir les obtenir, savoir: 12 dans la Loire, 13 dans le Rhône, 1 dans le Var, 1 dans le Gard, 6 dans l'Ardèche, 4 dans Saône-et-Loire, 6 dans l'Isère, 1 dans la Seine-Inférieure, 2 dans l'Ain, 1 dans le Tarn, 1 dans la Nièvre, 1 dans l'Aveyron, 1 dans la Corrèze, 3 dans [le] Vaucluse, 1 dans la Dordogne, 1 dans la Charente, 2 en Savoie, 1 dans la Côte-d'Or, 4 dans la Haute-Loire, 1 dans l'Hérault et 3 dans le Puy-de-Dôme.

M. Fontbonne: lettre


[263] Le P. Fontbonne qui avait été à l'Hermitage, résidant ensuite à Saint-Louis, en Amérique, demandait quatre Frères au P. Champagnat de la part de Mgr. Dubourg, évêque de cette ville. D'après cette lettre, plusieurs Pères Maristes étaient occupés dans le diocèse de Saint-Louis108. Le Père lui répondit ainsi:
[264] "M. Fontbonne, J'ai reçu avec un sensible plaisir la lettre que vous avez eu la complaisance de m'écrire. Depuis votre départ j'ai toujours bien désiré de savoir de vos nouvelles et j'ai appris avec le plus vif intérêt toutes celles qu'on m'en a données. Notre Société se multiplie de plus en plus. Nous comptons présentement 176 Frères et un bon nombre de novices qui tous paraissent bien dévoués. Toujours nous sommes en réparations ou en constructions et cependant toujours à l'étroit. Nous ne donnons ni paix ni trève aux rochers de l'Hermitage. nous défrichons, nous plantons des vignes, nous tâchons de tout fertiliser.
[265] Notre nouvelle chapelle a été dédiée à N.-D. de l'Hermitage par Mgr. Pompallier, avant son départ pour la Polynésie. Il a donné la confirmation à ceux d'entre nos Frères qui n'avaient pas reçu ce sacrement.
[266] L'oeuvre des Prêtres prend toujours de nouveaux accroissements. Nous avons fait l'acquisiton d'une vaste maison pour le noviciat à Lyon. Dans une réunion à l'effet d'élire un supérieur général après une retraite de quelques jours, les 22 Pères qui la composaient ont fait leurs voeux perpétuels et M. Colin a été confirmé dans la dignité de supérieur général de la Société de Marie. Nous voilà religieux dans toute la force du terme. Plaise au Seigneur que nous en portions les fruits.
[267] Nous avons la consolation de vous annoncer que nos établissements se multiplient et que nous ne pouvons satisfaire aux nombreuses demandes qui nous sont adressées. Nous en enverrions avec plaisir en Amérique pour seconder le zèle des bons missionaires s'il nous était possible. Nous espérons que la divine Providence nous applanira les difficultés et nous facilitera les moyens de parvenir jusqu'à vous, lorsque le temps et les moments que le Père céleste a réservés à son souverain pouvoir seront arrivés.
[268] Tous les membres de notre Socièté qui ont eu l'avantage de vous connaître, vous présentent bien leurs respects et leurs amitiés."

Visite de Mgr. de Pins


[269] La route de Saint-Chamond à Lavalla était faite en 1837. La solitude de l'Hermitage n'y gagnait rien. Un chemin assez convenable conduit de cette route à la maison.
[270] Pendant l'été, Mgr. de Pins nous honora de sa seconde visite durant une soirée. Sa voiture s'arrêta au Creux et Sa Grandeur arriva à la maison par la route et le chemin susdits. Le bon Père et le Père Matricon qui étaient allés au-devant d'Elle en suivant la rivière, la manquèrent. Les Frères avaient été avertis, ils reçurent Monseigneur et le conduisirent à la chapelle. Il leur adressa une touchante allocution pendant laquelle le bon Père arriva en toute hâte et conduisit Monseigneur dans sa chambre. En même temps le cocher amena la voiture dans la cour et y déposa le brave P. Matricon qui était tout maladif. Après un amical entretien avec le P. Champagnat, Monseigneur remonta en voiture et s'en retourna à Saint-Chamond.

Caisse d'assurance


[271] La loi de 1833 avait décidé le prélèvement du 5% en faveur d'une caisse de retraite sur la quotité des traitements de tous les instituteurs communaux. Le bon Père écrivit au ministre de l'Instruction publique ainsi qu'aux préfets du Rhône et de la Loire, pour leur demander le remboursement de cette retenue, attendu que les Frères invalides étaient soignés dans l'Institut. M. le préfet de la Loire s'exécuta, nous ne savons ce que fit celui du Rhône.
Circulaire: vacances

[272] Le P. Champagnat annonça ainsi l'ouverture des vacances aux Frères le 12 août: "Nos vacances, cette année, comme l'année dernière commenceront le 28 septembre. Mettez toute l'exactitude nécessaire pour être rendus le 1er octobre que nous tâcherons de célébrer le plus solennellement possible dans notre jolie chapelle. J'aime bien à vous annoncer cette détermination, connaissant votre soumission et votre docilité.


[273] Qu'il est bon, qu'il est flatteur pour moi, mes chers enfants de pouvoir dans quelques jours vous serrer entre mes bras, de vous dire avec le psalmiste: Quam jucundum habitare fratres un unum! Elle m'est douce la consolation de vous voir tous réunis, n'ayant qu'un cœur et qu'une âme, ne faisant qu'une même famille, ne cherchant tous que la gloire de Dieu et l'intérêt de sa sainte religion, combattant tous sous le même étendard, celui de l'auguste Marie. La retraite commencera de suite.
[274] Adieu, mes bons amis, je vous laisse tous dans les sacrés cœurs de Jésus et de Marie."
[275] Le 4 septembre, le vénéré Père annonça ainsi la mort du F. Dorothée, de celui que M. Préher avait appelé le Frère de la vache.
[276] "N.T.C. Frères, le Seigneur vient d'appeler à lui notre cher F. Dorothée. Depuis longtemps une affection de poitrine exerçait sa patience en augmentant ses mérites, lorsqu'une hémoptysie des plus violentes l'a contraint de garder le lit. Il voyait la dissolution de son corps sans inquiétude et témoignait un ardent désir d'aller célébrer l'Assomption de la Sainte Vierge avec les anges et les saints du ciel. Depuis cette auguste solennité, les vomissements de sang ont cessé complètement. Notre bon Frère a profité du répit que lui laissait la maladie pour mieux se préparer à sa dernière heure. Quelle douceur! Quel calme! Quelle joie il a fait paraître durant cet intervalle! Mais surtout le dernier jour de sa vie qui a été samedi dernier, 2 septembre. Dès le matin, il a reçu les derniers sacrements, jamais il n'avait paru si joyeux. Tout occupé109 du bon Dieu, son âme n'attendait que les dernières prières de l'Eglise pour prendre son essor.
[277] Vers les 3 heures après dîner, on lui a appliqué les indulgences et pendant la recommandation de l'âme, il s'est endormi tranquillement dans le Seigneur. Tous ceux qui en ont été témoins lui portent envie. On se dispute l'honneur de demeurer auprès de lui. C'est aujourd'hui 4 septembre que nous l'avons enterré avec toutes les cérémonies prescrites pour un Frère profès et nous venons vous avertir de faire pour lui ce qui est marqué dans la Règle au chapitre XI, article 3, nos 2 et 3. Ce sera sans doute avec joie que, pour la première fois, vous vous acquitterez de ce devoir à l'égard d'un Frère qui nous est si cher et que nous pouvons compter au nombre de nos intercesseurs auprès de notre commune Mère.
[278] C'est ainsi, N.T.C. Frères, que nous recueillerons nous-mêmes ce que nous aurons semé: telle est la vie telle est la mort, telle est la mort telle est l'éternité. Dieu nous a appelés pour être saints, nous vous conjurons donc d'avancer de plus en plus dans son amour, de vous étudier à vivre en paix, de vous appliquer chacun à ce que vous avez à faire afin que tout ce qui est en vous, l'esprit, l'âme et le corps, se conserve sans tache pour l'avènement de N.S. Jésus-Christ (Tessal, IV et V). En attendant le plaisir de votre arrivée, je vous embrasse bien affectueusement dans les sacrés cœurs de Jésus et de Marie."

Retraite spirituelle


[279] En venant à la retraite, les Frères de Saint- Didier-sur-Chalaronne amenèrent un jeune homme âgé de 18 ans110. Ils arrivèrent à 8 heures du soir, au clair de la lune. Le jeune homme n'avait jamais vu les montagnes que de loin. Il regardait les nôtres avec effroi, il en vit bien d'autres plus tard et s'aguerrit en courant par monts et vallées pendant trente ans.
[280] Le P. Chavas donna les sermons et le pieux Fondateur fit les conférences pendant le retraite. Elle réussit très bien, comme toujours, et tous y gardèrent le silence le plus absolu.
[281] Les Frères regagnèrent leurs postes trois jours après la clôture.

Nouvelles fondations


[282] On fonda ensuite les postes de Thoissey, Lyon-Saint-Nizier111, Perreux, Anse, Firminy et La Voulte.
[283] Comme on pouvait s'y attendre, l'école de Saint-Didier ne put s'accommoder des enfants de Thoissey. Les allées et venues leur faisaient plus de mal que les Frères ne pouvaient leur faire du bien. Mgr. de Belley et M. le curé de Thoissey le comprirent et ils demandèrent qu'un Frère allât faire la classe à Thoissey. Le bon Père exigea que deux y allassent et, pour faciliter la chose, il céda 400 fr. de la rente de La Poype pour l'école de Thoissey. Les Frères de Saint-Didier firent néanmoins 3 classes gratuites pour 1.300 fr. par an, même 1.100 fr. plus tard. Ce n'était pas cher. Ils se ratrap[p]èrent comme ils purent sur leurs pensionnaires qui ne pouvaient être nombreux, le local n'étant pas assez spacieux.
[284] La Providence de Saint-Nizier112, à Lyon, fut fondée par M. Desrosier, curé de cette paroisse. Bien qu'elle fût placée près de Fourvières, on n'y recevait que les pauvres orphelins de Saint-Nizier.
[285] L'établissement d'Anse fut crée par Mlle de la Barmondière qui en fit tous les frais. Le traitement fut de 1500 fr. et les deux classes furent gratuites. Cette noble fille donna ensuite de vastes propriétés situées sur les paroisses d'Anse, de Saint-Georges et de Monsols, à Mgr. l'archevêque, afin qu'il en fit des bonnes oeuvres. Ces propriétés valaient un million dit-on.

Frères de Viviers: M. Vernet


[286] M. Vernet, vicaire général de Viviers, avait dirigé la fondation d'une congrégation de Frères pour ce diocèse depuis une vingtaine d'années. Les deux lettres qui vont suivre nous diront le reste. Le pieux Fondateur adressa la première à messieurs les curés de Boulieu et de Peaugres et la deuxième à Mgr. l'évêque de Viviers au mois de novembre.
[287] "M. le curé, D'après une lettre de M. Vernet, supérieur des Frères de Viviers, écrite à l'archevêque de Lyon de la part de l'évêque de Viviers, nos Frères causeraient dans ce diocèse un choc désagréable et honteux à la religion et, en conséquence, M. Vernet fait dire par M. Cattet à Mgr. l'archevêque, de nous interdire le Vivarais. Nous avons dans le diocèse de Lyon un très grand nombre de postes qui attendent nos Frères avec impatience. Messieurs les grands vicaires, d'après cette lettre, ont déjà promis les Frères de votre paroisse à un maire des environs de Lyon qui demande depuis longtemps. Outre le diocèse de Lyon, les diocèses de Belley, d'Autun, de Grenoble, du Puy, de Clermont, en un mot de tous les points de la France, demandent de nos Frères. Notre grand principe est de nous tenir fortement unis à l'épiscopat. Nous nous [empressons] en conséquence de satisfaire votre digne évêque qui, nous n'en doutons pas, a de bonnes raisons d'en agir ainsi.
[288] Veuillez, M. le curé, prévenir M. le maire. Ayez à vous pourvoir d'un maître d'école. Je voudrais bien faire autrement. J'annonce à nos Frères de ne point commencer leurs classes et de ne faire aucune provision, à moins que votre évêque ne donne une autorisation par écrit pour pouvoir la présenter à notre archevêque."
[289] "Monseigneur, Je m'estime heureux que la Providence me procure l'occasion de présenter à Votre Grandeur mon respectueux hommage et de lui donner l'assurance de mon parfait dévouement. Il aurait été, sans doute, plus satisfaisant pour moi de le faire dans une circonstance plus agréable, mais puisqu'il plaît à Dieu d'en ordonner autrement, vous me permettrez du moins la satisfaction d'exprimer à Votre Grandeur la droiture de nos intentions en vous faisant connaître nos sentiments.
[290] M. Cattet, vicaire général du diocèse de Lyon, vient de nous communiquer une lettre de M. Vernet en date du 20 octobre dans laquelle cet ecclésiastique le prie au nom de Votre Grandeur d'interdire aux Frères de l'Hermitage de former des établissements dans le diocèse de Viviers. Nous ne doutons pas, Mgr., que M. Vernet ne se soit décidé à une pareille démarche sans des raisons louables, aussi nous empressons-nous d'y souscrire avec la plus respectueuse soumission, trop heureux de pouvoir en cela contribuer au bon ordre de votre diocèse. Si de la présence de nos Frères dans le diocèse de Viviers il a pu résulter un choc désagréable et honteux pour la religion, nous en sommes profondément affligés nous-mêmes. Il serait hélas, bien désolant que dans un moment où le protestantisme sacrifie ses intérêts les plus chers, se rallie de toutes parts pour s'emparer à tous prix de l'éducation de la jeunesse, nous venions traverser l'oeuvre de Dieu dans un diocèse dont la sage administration nous est si avantageusement connue.
[291] Après la lettre de M. Vernet, Votre Grandeur ne trouvera pas mauvais que, dans un moment où nous ne pouvons suffire à la multiplicité des demandes qui nous sont adressées de tous les points de la France, nous intimions l'ordre à nos Frères de Peaugres et de Boulieu de ne rouvrir leurs classes qu'après en avoir reçu une autorisation formelle de Votre Grandeur. Vous souffrirez, Mgr., que je profite de cette circonstance pour informer Votre Grandeur de l'esprit de notre Société. Un principe de nos Constitutions est de ne marcher jamais en tout et partout que sous la bienveillante protection de Nos Seigneurs les évêques dont nous nous ferons gloire d'être les plus soumis et les plus dévoués serviteurs..."
[292] Nos lecteurs penseront, comme nous, que le R. Père se montra très humble, mais ferme et très habile dans les deux lettres ci-dessus. Les Frères de Viviers avaient fondé un établissement à Serrières, depuis un an environ. Le 1ier directeur venait de se défroquer et ce nouveau poste s'écroulait. Cela n'engageait guère messieurs les curés de Boulieu et de Peaugres à demander des Frères à M. Vernet. Ils réclamèrent donc auprès de leur évêque. Sa Grandeur leur permit de garder les Frères auxquels ils tenaient. M. Vernet et ceux qui l'avaient excité pensèrent bien autrement 7 ans après.113

Retrait des Frères de Sorbiers


[293] Les 4 Frères de Sorbier étant trop mal logés et mal payés, le vénéré Fondateur les retira et plaça les Frères Cassien et Arsène à la Grange-Payre. M. le maire réclama contre cette suppression. Le F. Cassien lui écrivit une longue épître et lui prouva: 1 que les classes et les appartements de Sorbier étaient trop bas, trop étroits et en mauvais état; 2 que les 200 fr. légaux et les rétributions scolaires produisaient à peine 600 fr.; 3 que les Frères avaient été forcés de recevoir des internes pour se créer des ressources; 4 que lui, maire, n'avait rien voulu faire pour améliorer cette situation... "Je me suis dévoué aux enfants de Sorbier, ajoutait le F. Cassien, pendant près de 30 ans et je n'ai recueilli que de l'ingratitude."
[294] M. le maire revint à la charge. On lui répondit que les Frères retourneraient à Sorbier lorsqu'il leur aurait procuré une maison et un matériel scolaire convenables. Cette école fut donc suspendue. La maison que les Frères Cassien et Arsène avaient déjà vendue au vénéré Père, fut remise aux sœurs, moyennant 6.000 fr. Le pauvre mobilier personnel fut transporté à l'Hermitage.

Engagement, fidélité


[295] Pendant cette année 40 postulants avaient revêtu le saint habit sous les noms de Frères: Agathon (Fayasson), Ferréol (Raymond), Thomas (Bonche), Mélèce (Vidon), Andéol (Blanc), Fabien (Bouvard), Jean-Antoine (Badard), Ephrem (Regoud), Aaron (Reymond), Abbon (Collet), Abrosime (Crozet), Abraham (Petit), Adalbert (Grenier), Adélard (Garinaud), Acace (Dorat), Adérit (Serpinet), Adelphe (Essertier), Acaire (Fuvel), Adrien (Vernet), Africain (Chalandard), Adjuteur (Tournassut), Alban (Matoulin), Aggé (Juban), Agape (Chalandard), Agathange (Chalandard), Agricole (Chomet), Ajut (Montel), Abée (Degabriel), Aidant (Feuillet), Amphiloque (Badard), Amos (Poyeton), Amable (Châtain), Alleaume (Bajat), Alphonse (Gionet), Ambroise (Donadieu), Albert (Rougemond), Ammien (Ganet), Amphion (Buisson), Anaclet (Chaverondière), Amaranthe (Billemoz).
[296] Le F. Aaron fut envoyé à Mornant comme cuisinier sous le F. Laurent. Il voulait une permission particulière pour chacun de ses actes. Un jour, entre autres, au moment du dîner, le feu n'était pas allumé et le F. Aaron était absent. On le découvrit enfin au galetas, couché sur un tas de paille. "Pourquoi n'avez-vous pas préparé le dîner, lui dit le F. Laurent?" Le F. Aaron répondit mollement: "Ah! cher Frère, je n'avais pas la permission." On devine que ce garçon n'était pas fait pour l'Institut.
[297] Le F. Abraham s'en alla mourir dans les missions de l'Océanie.
[298] Le F. Amos se défroqua plus tard et fut le premier chef de l'école laïque dite des caffres à Firminy.
[299] Les Frères dont les noms suivent firent profession: Frères Adelard (Garinaud), Andronic (Jeury), Anselme (Cizeron), Basile (Monchalin), Cyprien (Cuzin), Dominique (Esquis), Eloy (Issertial), Elie-Régis (Marin), Florentin (Françon), Germain (Gavard), Grégoire (Vincent), Julien (Rivry)114, Juste (Constant), Maxime (Bouard), Marie-Jubin (Mériguet), Marie-Stanislas (Souhait), Marie-Joseph (Roudet), Pémen (Ardin), Pothin (Courbon), Philippe (Tardy), Théodose (Defour), Côme (Trambouze), François-Xavier (Peignaud115), Félix (Barelon), Victor (Lay), et Zozime (Gauthier).
[300] Les Frères Cyprien, Félix, François-Xavier et Zozime renièrent leurs voeux et traînèrent péniblement leur existence dans le monde. Le dernier, pour ne pas mourir de faim, devint homme d'équipe à la gare de Saint-Etienne et y fut tué sous les roues d'une voiture.
[301] Avec le F. Dorothée déjà nommé, les Frères Hilaire (Joseph-Thomas), Rupert (Tardy), Jean-Louis (Bonin), Mélèce (Vidon) le postulant Pierre-Robert et Marcellin Champagnat, neveu du bon Père, âgé de 6 ans, furent portés au cimetière de l'Hermitage.

Autorisation légale


[302] Mgr. l'archevêque, plusieurs évêques et autres personnages recommandables excitèrent le pieux Fondateur à renouveler ses démarches pour l'obtention de l'autorisation légale qui, par suite du mauvais vouloir des ministres de Louis-Philippe, n'avait pas avancé d'une ligne. Le bon Père envoya donc au Ministre de l'Instruction publique une copie de la lettre qu'il avait adressée au Roi en 1834 avec les statuts et la statistique de l'Institut. Il ne comptait pas beaucoup sur ces nouvelles démarches, mais il faisait tout ce qu'il pouvait en répétant le: Nisi Dominus...

Etat financier


[303] Voici le résumé des recettes et des dépenses pendant l'année 1837.
[304] Recettes:
Reçu des établissements 14.336,60

id. des novices 10.528,45

Frais de fondations 4.200,00

Dons divers 4.948,40

Reçu des fermiers 1.350,00

id. des messes 831,20

id. des drapiers 388,70

id. de la chapelle 189,75

Total 36.754,10
[305] Dépenses:

Cuisine 2.349,65

Blé et farine 6.286,50

Cordonnerie 1.539,80

Bois de construction 769,00

Drap [de] laine, tonne d'huile 4.474,75

Fer et travail des ouvriers 1.890,65

Infirmerie, non compris le sucre 101,70

Linges, couvertures 1.335,65

Maçons, platriers, peintres 3.528,00

Menuisier Buard 796,00

Manoeuvres 518,75

Ports et voitures 504,20

Tailleurs, journées des étrangers 309,00

Ustensiles et mobilier 505,00

Vin 1.121,00

Voyages 640,60

Lionnet, épicier 2.693,00

Divers, Mazelier, charbon, imposition 6.478,60

Chapelle 189,75


Total 36.031,60
Restent en caisse 722,50


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