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1835




La Côte-Saint-André


[60] La Congrégation comptait 24 écoles, y compris les petits pensionnats de La Côte, de Valbenoite, de Neuville et de Millery qui étaient en incubation: 80 FF. étaient employés dans ces maisons. Le C.F. Louis-Marie était directeur à La Côte. Le P. Champagnat l'avait rappelé. M. Douillet le réclama. En le lui renvoyant, le bon Père lui écrivit comme il suit: "M. et bien digne Confrère, Je vous renvoie le C.F. Louis-Marie comme vous le désirez. Dieu veuille ne m'en pas faire rendre compte. J'abandonne pour ainsi dire mes propres enfants pour aller au secours des étrangers. Je ne vous le laisserai qu'un mois ou deux. Veuillez ne pas me le retenir quand je vous le demanderai...
[61] Le C.F. Louis-Marie aura la direction de toute la maison. En arrivant, de concert avec vous, il fera l'inventaire de tout le mobilier et des provisions. Il prendra note de tout l'argent qu'il recevra, s'entendra avec les parents. Il aura soin ensuite de vous le remettre fidèlement. Dans cet arrangement nous voulons de la conformité dans la Société et non de l'argent, persuadé que si Dieu est content de nous, il ne nous laissera manquer de rien. Nous pensons que vous entrerez d'autant mieux dans ce plan qu'on nous assure que vous êtes sincèrement attaché à la Société. Il nous paraît très important que le Frère ne fasse pas la classe, mais qu'il mette celui qui la fera bien au fait de tout, afin que son changement ne cause aucun embarras.
[62] La soeur Marthe n'aura aucune inspection sur les FF, ni sur leur nourriture, elle n'entrera pas dans la maison, la petite boutique sera, comme dans le principe, entre les mains des FF..." M. Douillet avait tenu les FF. jusque-là sous sa tutelle et sous celle de Soeur Marthe. C'est ce que ne voulait pas le P. Champagnat et ce à quoi le C.F. Louis-Marie sut le faire renoncer78.

Instructions: vie religieuse


[63] Le pieux Fondateur continua de donner de nombreuses et solides instructions, de sages maximes et d'excellents avis à ses FF... Nous ne résistons pas au plaisir d'en citer encore quelques fragments.
[64] "Comment pouvez-vous être contents, comment pouvez-vous avoir la paix quand vous avez laissé vos exercices de piété? Ne savez-vous pas que la méditation, la sainte messe, l'office, le chapelet, la lecture spirituelle sont la consolation des bons religieux et qu'il est impossible d'être heureux en communauté si on les néglige? Quand vous n'avez pas pu prendre vos repas avec vos FF, vous ne manquez pas de manger après et, quelque pressé que vous soyez, vous trouvez toujours du temps pour donner à votre corps la nourriture qui lui est nécessaire pourquoi n'en feriez-vous pas autant pour votre âme?
[65] Si la terre, selon l'expression du prophète, est pleine de désolation et de crimes, parce que les hommes ne méditent pas la loi de Dieu, c'est aussi parce qu'il y a peu d'hommes d'oraison dans les communautés qu'il y a tant d'abus, tant de défauts et qu'on y trouve si peu de vertus solides. Si vous êtes fidèles à faire votre méditation je réponds de votre salut et je vous assure que tôt ou tard vous deviendrez de bons religieux. On ne récolte dans un champ que ce qu'on y a semé. Si la semence est du froment, on aura du froment, si on sème de l'ivraie, on récoltera de l'ivraie, si on ne le cultive pas il ne produira que des ronces.
[66] Les FF. sont les aides et le coopérateurs des pasteurs de l'Eglise. Un Frère doit être l'ange gardien de ses élèves.
Instructions: les Frères qu'ils n'aime pas

[67] Je n'aime pas le FF. prêcheurs car ils parodient des sermons au lieu de faire le catéchisme comme on doit le faire.


[68] Je n'aime pas les FF. bonnes, parce qu'ils manquent de dignité, qu'ils caressent bassement les enfants et gâtent leur caractère.
[69] Je n'aime pas les FF. bourreaux qui maltraitent les enfants.
[70] Je n'aime pas les FF. qui ont mal au coude pour 4 raisons: 1 Ils ne sont pas propre à la vie religieuse qui est une vie de travail; 2 L'oisiveté est la mère de tous les vices; 3 Elle déplaît à Dieu; 4 Le frère oisif est un embarras pour tout le monde.
[71] Je n'aime pas les FF. domestiques. Ils regardent le Supérieur comme un gendarme, ils regardent leurs FF. comme des étrangers, ils restent indifférents aux intérêts de la maison, ils vivent en religion comme s'ils étaient en prison et leurs affections sont ailleurs.
[72] Je n'aime pas les FF. lunatiques, car ils sont de la race de ceux dont parle le Saint-Esprit quand il dit: "Les insensés changent comme la lune". Ces sortes de gens ne sont pas attachés à leur vocation et ils boîtent toute leur vie.
[73] Je n'aime pas ceux qui vont chercher des conseils en Egypte au lieu d'en demander à ceux que Dieu leur a donnés pour les conduire.
[74] Je n'aime pas les FF. orgueilleux, vaniteux. Toutes mes affections sont pour les petits Frères qui se cachent comme la violette et prennent partout la dernière place.
Instructions: vie apostolique

[75] Je suis plus ambitieux que la mère des saints apôtres Jacques et Jean qui ne demandait qu'une première place pour ses fils. J'en demande trois pour chacun de mes FF: la 1ere dans l'étable de Bethléem, la 1re sur le calvaire et la 1re devant le tabernacle.


[76] Voir offenser Dieu et les âmes se perdre sont pour moi deux choses insupportables et qui me font saigner le coeur.
[77] Le démon se sert surtout de trois tentations pour perdre les âmes: la tentation contre la pureté, celle contre la vocation et celle contre N. Seigneur qui est la grande tentation.
[78] Celui qui néglige l'avertissement fraternel, partage la faute de son Frère, car il n'y aurait point de voleurs s'il n'y avait point de receleurs.
[79] Un Frère peut être bon religieux avec un caractère pénible, avec des défauts qui font souffrir ses confrères et nuisent à l'union fraternelle. Dieu nous laisse ces défauts pour exercer notre patience et la charité de nos confrères. Pour obtenir l'union parfaite dans une communauté, chacun de ses membres doit s'efforcer de pratiquer l'indulgence, la charitable dissimulation, la compassion, la sainte gaîté, la souplesse d'esprit, la sollicitude envers ses FF, l'affabilité, l'urbanité, l'honnêteté, la condescendance, le dévouement au bien commun et la patience.
[80] Un catéchisme bien fait, à mon avis, c'est 1 un catéchisme bien préparé par l'étude; 2 bien arrosé par la prière; 3 soutenu par le bon exemple; 4 mis à la portée des enfants par une bonne méthode et un zèle industrieux.
[81] C'est une chose honteuse dans un Frère que de ne pas connaître suffisamment la religion. Un Frère ne peut négliger l'étude du catéchisme sans se rendre coupable et la négligence sur ce point est une faute qui entraîne des conséquences terribles.
[82] Celui qui ne vit pas en religieux ne mourra pas en religion."
[83] La vérité de cette maxime que le pieux Fondateur citait souvent à ses FF, s'est déjà manifestée plusieurs fois parmi nous. Il est à croire quelle se manifestera à l'avenir.

Vie liturgique des Frères


[84] Le R. Père voulait que ses FF. se renfermassent dans les choses de leur vocation et qu'ils ne s'affiliassent à aucune confrérie étrangère à l'Institut. Il leur recommandait souvent la dévotion aux âmes du purgatoire, aux saints patrons, aux anges gardiens, à Saint Joseph, à la bonne Mère et surtout à N. Seigneur dans l'étable de Bethléem, sur le calvaire et dans la divine eucharistie. Il voulait que les FF. entendissent la messe chaque jour, qu'ils y menassent leurs enfants tous les jours d'école et qu'ils fissent avec eux une visite au saint sacrement après la classe du matin. Il voulait que les FF. se préparassent aux fêtes de la Sainte Vierge par une neuvaine et par un jeûne et qu'ils célébrassent les cinq principales de ses fêtes, ainsi que celles de N.S., avec toute la dévotion et toute la pompe possible.
[85] Il pratiquait exactement lui-même ce qu'il recommandait aux autres. Depuis que la communauté possédait une chapelle, malgré la pauvreté de la maison, le vénéré Père tint à ce qu'elle fût ornée le mieux possible. Le bon F. Stanislas, sacristain, lui prêtait un précieux concours à cet égard par son zèle, son adresse et les ornements qu'il obtenait des âmes charitables. Depuis 10 ans, le reposoir du jeudi-saint, la crèche de Noël et les processions du saint sacrement avaient lieu avec une grande pompe. Pendant le chant de l'invitatoire et du Te Deum la nuit de Noël, les FF. allaient pieusement deux à deux adorer le divin Enfant dans sa crèche. Les reposoirs de la Fête-Dieu étaient simples mais de bon goût. Pendant tout le carême les sujets de méditation étaient pris sur la passion de N.S. Le bon Père exigeait un grand silence et un redoublement de ferveur pendant la semaine sainte surtout le vendredi-saint. Il tenait à ce que l'on chantât l'office des Ténèbres et les FF. étant souvent peu nombreux et malhabiles, tout le poids du chant retombait sur lui.

Conditions d'admission


[86] En mars, même année, le P. Champagnat écrivit à M. Colin, supérieur général, pour lui donner les conditions d'admission au noviciat de l'Hermitage et les questions auxquelles le postulant devait répondre avant d'y entrer. Voici ces questions:
[87] 1 - Quel est son pays, son nom de famille et ses prénoms, ceux de ses père et mère, leur état, leur âge et quel est le sien?

2 - S'il est né de mariage légitime?

3 - Quel est l'état ou la position des parents? Vivent-ils honorablement ou sont-ils dans la misère de manière à avoir besoin de leur fils pour vivre?

4 - A quel âge le jeune homme a-t-il fait sa 1re communion? A-t-il été renvoyé après avoir été admis?

5 - A-t-il toujours été auprès de ses parents? A quel âge les a-t-il quittés et pourquoi? A-t-il été en service, combien de temps, sous le même maître? A quoi ce maître l'employait-il?

6 - Dans sa famille y a-t-il quelque tâche infamante ou à cause de la profession, ou à cause de quelque crime?

7 - Combien le jeune homme a-t-il de frères et de soeurs? Sont-ils établis avantageusement?

8 - Est-ce lui-même qui a gagné l'argent qu'il offre pour payer son noviciat ou est-ce un parent ou quelque étranger qui paye pour lui? Pourquoi, s'il a exercé quelque métier, ou s'il s'est affermé, n'a-t-il rien économisé? Qu'a-t-il fait de ses épargnes? On doit avoir bien égard pour celui qui paye avec ce qu'il a mis de côté ou si, n'ayant rien, il a assisté un père ou une mère pauvre.

9 - Quelle est la fortune des parents?

10 - Est-il bien constitué? d'un bon tempérament? est-il robuste?

11 - Est-il de bonne humeur?

12 - Dans sa famille n'y a-t-il pas eu quelqu'un atteint de fièvre lente, de pulmonie, d'humeurs froides?79 Est-il punais?80

13 - A-t-il bonne vue et une bonne réputation?

14 - Est-il instruit? Quel moyen a-t-il pour s'exempter du service militaire?

15 - Depuis sa 1re communion a-t-il continué à fréquenter les sacrements?

16 - Qui lui a conseillé de se faire religieux? Y a-t-il longtemps qu'il y pense? A-t-il consulté le bon Dieu et son confesseur? Enfin quelle est la raison qui lui fait quitter le monde?

17 - Ne se serait-il pas mis dans l'idée qu'il aura moins à travailler en religion que dans le monde, qu'il sera mieux à son aise, qu'il n'aura qu'à prier Dieu, à assister à la messe, etc?

18 - N'a-t-il pas été déjà dans quelqu'autre communauté? Dans ce cas on ne pourrait le recevoir sans de très graves raisons.

19 - Si le jeune homme n'est pas majeur, il doit avoir le consentement de ses parents.

20 - Si le postulant demande conseil sur l'Institut qu'il doit embrasser, il faut lui en proposer un autre qui mérite sa confiance plutôt que le nôtre. Si cependant il montre une prédilection pour la Société de Marie à cause de son nom, il faut bien l'accueillir en lui montrant combien il place bien sa confiance en la mettant en la Mère de Dieu.

21 - Si le novice ne paye pas, il faut lui proposer de faire un billet ou au moins signer dans le registre la promesse de payer s'il quitte la Société. Y faire signer les parents s'il est possible."81
[88] Le bon Père ajoutait que les sacristies deviendraient un embarras pour la Société. Il pria M. Colin de faire en sorte que les FF. n'en fussent jamais chargés.

Nouvelles constructions


[89] Il s'était arrangé antérieurement avec M. Motiron-Montellier pour la possesion du rocher qui fermait la cour intérieure au nord. Il fit briser ce rocher et l'on se remit à construire. Comme dans le passé, il s'en occupa lui-même avec plusieurs FF. On prolongea l'aile de l'ouest d'environ dix mètres, de manière à lui faire joindre la chapelle définitive dont les fondations furent jetées sur ledit rocher nivelé. On exhaussa l'aile orientale de trois étages pour y placer le noviciat, l'infirmerie et un dortoir. Cette aile ne joignait pas encore la chapelle. Elle en fut séparée par le rocher non encore coupé.
[90] Les travailleurs subirent divers accidents sans suites sérieuses. Un Frère montait à l'échelle ayant une grosse pierre sur les épaules. Il était suivi d'un autre. Ses forces l'abandonnant, il laissa échapper sa pierre. Son confrère en fut renversé et on le crut mort. Marie l'avait protégé car il n'eut qu'une assez faible égratignure sur l'épaule82.

Père Matricon



[91] Nous avons vu que MM. Matricon et Philippe Arnaud avaient reçu les leçons de latin du P. Champagnat à Lavalla en 1821. M. Matricon était devenu prêtre. Il avait été placé à Marlhes comme vicaire. Il avait été menacé par un malfaiteur en portant le bon Dieu à un malade pendant la nuit. D'autres disaient qu'un débauché dont l'abbé Matricon avait converti la victime, avait tiré nuitamment un coup de fusil dans sa chambre par la fenêtre. Quoi qu'il en soit, l'abbé Matricon en avait éprouvé une frayeur telle que le service paroissial lui était devenu insupportable. Il avait donc demandé au P. Champagnat à venir le rejoindre à l'Hermitage, promettant d'entrer dans la Société des Prêtres Maristes. Le bon Père qui recrutait autant qu'il pouvait, l'accueillit avec plaisir. M. Matricon fut aumônier des FF. et logea avec eux pendant plus de 40 ans.

Saint-Paul-3-Châteaux: Mazelier


[92] M. l'abbé Fière, vicaire général de Valence, avait obtenu une ordonnance royale le 11 juin 1823, autorisant une congrégation religieuse enseignante mais encore à naître. Il avait réuni quelques jeunes gens dans son domicile, leur avait donné quelques principes religieux et leur avait fait suivre une des classes des FF. de M. de la Salle à Valence. Il les avait envoyés ensuite à M. le curé de Peyrins, près Romans, qui avait été Frère de M. de la Salle. Ils y avaient tous pris la gale. M. Solier-Lestang, curé archiprêtre de Saint Paul-3-Châteaux, avait acheté une petite partie du couvent des anciens Dominicains de cette ville. Il l'avait cédée à M. Fière qui y avait installé ses Frères en octobre 1824. Il leur avait donné M. l'abbé Mazelier, son compatriote, pour supérieur. Celui-ci avait acquis le reste du couvent des nombreux possesseurs qui l'avaient acheté en 1791 et s'en étaient ensuite partagé les appartements. C'avait été une chose laborieuse.
[93] M. Mazelier était un saint prêtre, mais il avouait lui-même n'avoir pas les qualités voulues pour fonder et faire prospérer une congrégation enseignante. Entendant parler du P. Champagnat, il était venu le voir à l'Hermitage. Les deux hommes de Dieu s'étaient compris de suite. "Vous avez une autorisation et nous avons des sujets, lui dit le P. Champagnat, nous pourrions faire quelque chose de bien en nous entendant. - Si je puis vous rendre service répondit M. Mazelier, j'en serai heureux. - Vous m'en rendriez un très grand, reprit le bon Père, en acceptant ceux de mes Frères qui sont sous la loi et en les préparant au brevet, moyennant une pension convenue entre nous." M. Mazelier accepta cette proposition sous la condition qu'il pourrait se servir des FF. de l'Hermitage comme des siens propres et qu'on ne lui enverrait pas des sujets revêches.
[94] Il redescendit à Saint-Paul et écrivit ainsi le 26 mai 1835: "M. et digne Confrère, Les dispositions que j'apportai à N.D. de l'Hermitage, furent cause que j'attendis avec une douce satisfaction la proposition que vous me fîtes l'honneur de m'adresser de nous entendre pour nous rendre de mutuels services, vous M., par le nombre de vos sujets et moi, dans votre position, par mon ordonnance royale. En attendant que Dieu nous manifeste mieux ses volontés ultérieures, je suis toujours bien disposé à faire ce qui pourra vous être agréable pour vos quatre jeunes gens qui sont du tirage prochain... Votre règlement du noviciat est à peu près le même que le nôtre, seulement le travail des mains n'est pas long. Sitôt après le tirage je vous remettrais les sujets qui seraient exempts par leur numéro. Quant à ceux qui auraient tiré un numéro partant, je les garderai pour vous les remettre quand vous leur aurez procuré une place d'instituteur communal. En attendant ils se disposeraient à recevoir leur brevet. Ceux mêmes qui quittent la Congrégation et l'état de Frère, ne sont point recherchés pour le service militaire tant qu'ils continuent à exercer la fonction d'instituteur communal. Il me serait agréable de pouvoir vous être utile au souvenir du service que le supérieur général des Frères des Ecoles Chrétiennes a permis que les Frères d'Avignon rendissent aux nôtres en les recevant dans leur maison pendant plusieurs semaines. Je rendrais à Dieu ce qu'il a inspiré à d'autres de faire dans les sentiment de la charité fraternelle et j'espère que sa bonté nous le rendra à son retour...
[95] Mes principaux FF. à qui j'ai raconté mon séjour à N.D. de l'Hermitage en ont entendu le récit avec édification et plaisir, à peu près comme s'ils eussent été des vôtres. Il est vrai que sous différentes dénominations, tous les FF. sont FF. les uns des autres en J.C. pour l'amour duquel ils sont devenus FF. et qui nous donne pour marque que nous sommes ses disciples quand nous nous aimons les uns les autres.
[96] Le bon Père envoya donc quatre FF. à Saint-Paul-3-Châteaux au prix de 28 fr. par mois chacun.

Autorisation légale: lettre à la Reine


[97] Après s'être ainsi précautionné, il songea à activer les démarches pour l'autorisation légale. Il écrivit donc à la reine Amélie83 comme il suit: "Grande Reine, Cette lettre a pour but de prier Votre Majesté de vouloir bien presser sa Majesté Louis-Philippe de sanctionner par une ordonnance l'autorisation que son Conseil a bien voulu accorder à la Société des Frères Maristes en approuvant les statuts rapportés dans le Manuel Général de l'Instruction primaire, n 6, mois d'avril 1834. Quatre de nos FF. sont atteins par le tirage de 1835 et nous n'avons pas d'autres moyens pour les réclamer.
[98] Votre grande dévotion à Marie, le royal dévouement de vos ancêtres à la Mère de Dieu, ce mois consacré à l'honorer, tout cela me remplit d'une grande confiance. Tous les FF. de Marie s'unissent à moi par leurs prières pendant ce mois pour la réussite de cette démarche et pour la prospérité de votre maison...
[99] Actuellement nous comptons dans la Société 149 sujets dont 80 sont employés comme instituteurs dans un bon nombre de communes. Beaucoup de demandes nous sont adressées pour de nouveaux établissements. Le gouvernement, en nous autorisant, facilitera singulièrement notre développement. La religion et la société en retireront un très grand avantage..."
[100] Le bon Père ne comptait pas sur la grandeur de la reine. Il craignait qu'elle ne fût même trop petite et qu'elle ne voulut pas ou ne pût pas lui obtenir ce qu'il demandait.
[101] Il écrivit en même temps à l'un des députés de la Loire en ces termes: "M. le Député, Nous écrivîmes les jours passés à M. Ardaillon pour le prier de presser l'ordonnance qui doit mettre la dernière main à notre autorisation accordée par le Conseil royal et insérée dans le Manuel de l'Instruction primaire, n 6, mois d'avril 1834.
[102] Oserais-je, M., vous prier de vous joindre à M. Ardaillon pour obtenir au plus tôt que notre autorisation soit sanctionnée par le roi. Nous avons 4 Frères qui seront atteints cette année par la loi du recrutement de l'armée et nous n'avons aucun autre moyen pour les exempter. Le ministre vient de renvoyer leurs engagements en nous disant que notre autorisation n'a pas reçu la dernière main. Quel important service vous nous rendrez, M. le Député, nous en conserverons le souvenir. Quel funeste coup si ces 4 sujets nous sont enlevés. Votre obligeance nous donne une grande confiance. En attendant, nous allons demander à Marie, notre bonne Mère, votre prospérité et un bon succès dans toutes vos entreprises."

M. Douillet: réclamations


[103] M. Douillet revint sur ce qu'il appelait l'indifférence du P. Champagnat pour le diocèse de Grenoble et sur les prétendues conventions conclues en 1831. Il écrivit donc ainsi: "M. le Supérieur, Malgré mon désir bien sincère d'alléger vos peines, bien loin de les aggraver, je me crois obligé de venir encore vous ennuyer. Je vous avais écrit presque uniquement pour vous demander la date de l'ordonnance par laquelle vous êtes reconnus comme école normale et vous ne m'en dites pas un mot dans votre dernière lettre.
[104] Après avoir réfléchi sur vos raisons de renvoyer toujours de faire des établissements dans le diocèse de Grenoble au prorata des sujets reçus, à quelques conditions qu'ils l'aient été et sur celles que j'ai de tenir à l'exécution de mon mandat pour ne pas tromper l'attente de Mgr. et du diocèse, je pense que nous ne pouvons pas différer d'avoir un noviciat en règle, afin que le pays garde les sujets qu'il aura formés et fournis. Au reste la chose ne doit pas présenter de difficultés, puisque vous avez fait ainsi à Belley et que c'était là notre premier plan convenu entre vous et moi. Je vous demande votre avis définitif à cet égard, afin que je puisse disposer des appartements pour ce projet, etc. ..."
[105] Le P. Champagnat avait déjà dit et répété à M. Douillet qu'il faisait tout ce qu'il pouvait pour le diocèse de Grenoble comme pour les autres. Le noviciat de Belley dont parlait M. Douillet était en essai qui ne réussit pas à Saint-Didier-sur-Chalaronne.

Vers l'approbation de la Société


[106] Nous relevons le passage suivant dans une lettre de M. Pompallier au vénéré Père datée du 13 novembre: "Voici quelques nouvelles qui doivent nous être bien chères mais ne parlez, je vous prie, de la première ci-après qu'à M. Servant et à M. Terraillon.
[107] Le préfet de la Propagande a répondu à Mgr. l'archevêque le 27 septembre dernier, mais la lettre n'a été décachetée que ces jours passés. Dieu a permis qu'elle restât ignorée dans la multitude des papiers du secrétariat. Enfin nous en avons connaissance et en voici substantiellement le contenu: le préfet de la Propagande prend en grande considération la chose proposée, remercie beaucoup Mgr. d'avoir favorisé l'offre d'ouvriers pour la mission de l'Océanie, dit qu'il ne tardera pas à proposer ces ouvriers à la Sacrée Congrégation et finit en souhaitant beaucoup de bonheur au digne prélat et au diocèse de Lyon. Il n'est pas encore question en cette réponse de la Société de Marie, quoique M. Pastre, qui a été le correspondant officiel d'un commun accord avec Mgr., en fait mention expresse, car vous n'ignorez pas mon but en cette importante affaire, comme je l'ai fait bien comprendre à M. Colin de Belley. La mission en elle-même est, si je puis parler ainsi, l'accessoire en mon esprit, et l'obtention d'un bref d'autorisation, ou du moins de centralisation pour la Société récente de Marie. Voilà le principal. Si cela a lieu, je partirai bien content à l'extrémité du monde, dans ces îles de l'Océan Pacifique, chez ces pauvres sauvages qui ne connaissent pas N.S. mais qui offrent, dit-on, de bonnes dispositions pour la foi. Etc..."
[108] Comme on le voit, M. Pompallier s'était mis en avant pour les missions de l'Océanie et pour obtenir du Saint-Siège l'autorisation des Prêtres Maristes. Il avait écrit cette lettre d'une maison dite La Favorite, située rue du Juge-de-paix qui fut la première résidence des Prêtres Maristes à Lyon. Ils y avaient établi un pensionnat. Cette maison leur avait été donnée par M. Viennot, un des plus riches notaires de la ville lequel, ayant perdu son épouse et sa fille unique, était entré chez les Prêtres Maristes et leur avait donné sa fortune. C'est lui qui logea et dota notre école de Denicé en 1846. Le 29 décembre, M. Pompallier écrit ainsi au P. Champagnat: "J'ai écrit à M. Colin, supérieur de Belley, comme nous en étions convenu. Je lui ai donc fait savoir que nous pourrions très probablement aller à Bellay tous les deux, les premiers jours après l'Epiphanie.
[109] En conséquence, je vous attends ici à Lyon, à cette époque. Il y a peu de jours qu'avant de lui écrire, j'ai reçu une lettre de sa part, ce qui me fait bien réfléchir. Je désire beaucoup m'entretenir avec vous quand vous viendrez. Il n'y a rien de nouveau depuis que j'ai eu l'honneur de vous voir. Rome garde encore le silence sur la décision définitive que nous attendons au sujet de la mission projetée et, en conséquence, de la Congrégation à centraliser. Il n'y a rien de terminé non plus pour l'acquisition d'une propriété pour les Prêtres à Lyon.

[110] Le F. Mathieu, directeur au Chemin-neuf84, après son voyage d'auprès de vous, m'a rendu visite et m'a témoigné de votre part le désir de s'adresser à moi avec ses confrères pour la confession. Je ne saurais de mon côté rien refuser ni à vous ni à vos enfants. Cependant je vais vous faire quelques observations de prudence à ce sujet. L'exécution de nos projets d'établissement pour les Prêtres à Lyon n'est pas encore près de se faire, d'après le silence de Rome et d'après la lettre de M. Colin. Si je venais à partir pour l'étranger, sans que cet établissement projeté fût sur pied, les Frères n'auraient plus à Lyon de Prêtres de Marie pendant peut-être un assez long intervalle de temps et se trouveraient obligés de retourner au curé, ce qui les mortifierait peut-être un peu."


Organisation, accroissement

[111] Le R. Père fit un règlement pour les pensionnats dirigés par nos FF. Ce règlement était très détaillé, nous n'en citons que quelques points. Il renfermait des règles pour la modestie, la politesse, la ponctualité, la piété et la bonne tenue. Il mettait le lever des élèves à 6 heures en hiver, et à 5 en été, leur donnait demi-heure pour cet exercice. Il exigeait la lecture pendant tous les repas. Il fixait l'entrée à l'étude le soir à 5 heures et 1/2 et l'assistance des élèves à la messe chaque jour.


[112] Depuis 1817, le P. Champagnat s'était servi des cordonniers de Lavalla pour la chaussure des FF. Depuis quelques années les nommés Diosson et Roux faisaient ce métier dans la maison. Celui-ci prit l'habit en 1834 sous le nom de F. Pacôme et le bon Père l'établit chef de la cordonnerie. Il n'était pas habile, mais la chaussure des FF. n'était pas mignonne. On y employait parfois un cuir mal tanné dont on aurait pu compter tous les poils. Nous verrons en 1840 un jeune F. Cyr fort mécontent des souliers neufs qu'on lui avait donné. Envoyé à Craponne où il y avait de nombreux internes, il demanda à un confrère un moyen pour faire disparaître les poils de ses souliers. "C'est bien simple répondit le confrère, tous les matins chaque interne met un morceau de lard dans votre marmite ce qui rend le bouillon trop gras. Avant de tremper les soupes, mettez vos souliers dans la marmite pendant 5 minutes et vous verrez." Le jeune frère Cyr employa ce remède et l'on devine ce que devinrent ses souliers. Cet accident ne serait pas arrivé si le cuir eut été mieux tanné ou le F. Cyr moins niais.
[113] 46 novices revêtirent le saint habit en 1835. Voici leurs noms: FF. Jean-François (Colombon), Vincent (Dorat), Zacharie (Porte), Célestin (Renoud), Cyrille (Dumas), Marie-Stanislas (Souet), Juste (Constant), Alexis (Chaboux), Marie-Ambroise (Roudet), Marie-Régis (Jacquier), Joseph-Eugène (Cartier), Anthelme (Millot), Marie-Théodore (Cineyre), Eloi (Ysertial), Marc (Bernardacy), Fulgence (Firmin), Honoré (Montelier), Luc (Ardant) Marie-Laurent (Moriat), Marie-Lin (Morel), Innocent (Emmonet), Nizier (Denis), Jean-Louis (Breuil), Jean-Philomène (Vialleton), Marie-Antoine (Brouillet), Modeste (Névoret), Valérien (Pérachon), Marie-Sylvestre (Bouvier), Paulin (Dalmagne), Pascal (Chapelon), Henri-Marie (Blachon), Louis-Stanislas (Préher), Marcel (Fayasson), Claude-Marie (Bertrand), Sizoès (Bouche), Antoine-Régis (Reymond), Anselme (Cyseron), Marie-Célestin (Cochet), Marie (Giraud), Florentin (Francon), Pierre-Joseph (Rode), Etienne-Marie (Sabot), Marie-Augustin (Drevet), Théodore (Brossier), Alypius (Delorme), et Zozime (Gauthier).
[114] Les FF. Alexis, Honoré et Anselme étaient des FF. très dévoués, mais ils avaient un cachet particulier. Le 1er aimait tellement le jeu de boules qu'un confrère put dire: "S'il n'y a pas des boules au paradis le F. Alexis n'y restera pas." Le deuxième broya le mortier pour le F. Pierre qui le surnomma: "La Bardella"85. Il mettait un grand zèle au chant, sans le posséder assez, mais les novices étaient portés à rire à la chapelle en lui voyant la bouche grande ouverte comme une porte de four. Le 3e, à la suite d'une fervente méditation, le jour de l'Ascension, voulut s'envoler au ciel, s'élança du haut de l'escalier de la chapelle et vola jusqu'en bas. Il se cassa une jambe, s'enfonça deux côtes, garda le lit ensuite pendant 40 jours, après lesquels il fut renvoyé.

Agenda du P. Champagnat


[115] Le commerce commençait à enfanter des agendas. Le bon Père s'en procura un, peu commode, pour ses voyages. C'était une brochure de 34 centimètres sur 12 cent. Chaque page portait les noms de trois jours ainsi que ceux des saints fêtés ces jours-là. Parmi les notes que le Père y écrivit, nous relevons celles-ci, placées au 12 mars:
[116] "1- Le F. Bonaventure ne peut faire seul au noviciat;

2 - Il nous faut faire un examen pour nous assurer si tous ceux qui demandent le saint habit savent l'essentiel;

3 - Ce qu'il faut faire à l'égard de ceux qui viennent de La Côte (envoyés par M. Douillet);

4 - Il faut que le C.F. François remplisse les fonctions de secrétaire jusqu'à nouvel ordre;

5 - Que faut-il répondre au curé de Semur ainsi qu'aux FF. de Chavanay."
[117] Le 23 juin a cette note: "M. Bonard donne 2000 fr. à la charge d'acquitter 60 messes, à 1 fr. chacune, à perpétuité, et autres 30 messes pour 1000 fr. que j'ai reçus plus tôt."

[118] Le 31 août: "Reçu la somme de 2000 fr. Nous sommes déterminés à examiner encore. Bien entendu que M. Bonard ne veut pas obliger à acquitter les messes si la chose devenait trop difficile à raison des temps."


[119] Nous ne savons de quel Bonard il était question, non plus si le Père accepta finalement ces 3000 fr.
[120] Les recettes des établissements étaient notées dans cet agenda au fur et à mesure, du 1er janvier au 30 septembre. Elles formaient un total de 7836 fr. 75 c., dont 550 du C.F. Louis-Marie, directeur à La Côte, et 370 de Lavalla.

Accroissement


[121] La retraite commença le premier octobre, comme à l'ordinaire.
[122] Les FF. dont les noms suivent firent profession comme leurs devanciers: FF. Marie-Joseph-Eugène86 (Cartier), Louis-Bernardin (Fayolle), Alexandre (Soyère), Jean-François-Régis (Boiton), Maurice (Thomas) et Charles (Souchon).
[123] Le F. Anselme (Tonérieux) et le postulant Théodore Bernard Arnaud avaient passé dans leur éternité.
[124] On fonda les établissements de Pélussin, Saint-Didier-sur-Rochefort, Genas, Lyon-Denuzière.
[125] Les FF. furent appelés à Pélussin par M. Julien, maire. Ce brave homme avait écrit une interminable lettre à Mgr. l'archevêque en 1827, pour lui exposer ses vues utopistes et lui demander la création d'une congrégation religieuse enseignante en faveur des communes rurales. Il aurait voulu des FF. allant un à un, faisant l'école pendant l'hiver, s'occupant d'agriculture pendant l'été, de manière à pouvoir se procurer ainsi un traitement suffisant. Mgr. avait envoyé sa lettre au Père Champagnat en y ajoutant ces mots: "Voyez ce que vous pouvez faire des utopies de M. le maire de Pélussin".
[126] M. Julien accepta trois FF., leur fournit personnellement le local qu'ils habitent depuis 53 ans, local que son fils a plus que doublé depuis et dans lequel il y a toujours eu un pensionnat. Pour traitement, les 3 FF. n'eurent que les rétributions scolaires, les 200 fr. alloués par la loi de 1833 et les petits bénéfices sur leurs internes qui ne furent que des caméristes pendant longtemps.


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