même, il peut arriver des situations où les enseignants sous-es-
timent, du fait de leurs représentations, les qualités des élèves
qu’ils ont sous les yeux, formulent des attentes moindres à leur
égard et bannissent donc d’emblée un certain nombre d’options.
Enfin, il ne faudrait pas laisser de côté un dernier facteur déjà
évoqué plus haut, celui de l’offre de formation. Dans le secon-
daire, les élèves n’ont souvent que quelques options au sein de
leur établissement pour décider d’une voie. Dans le supérieur, la
création d’universités sur l’ensemble du territoire a ouvert des
portes à des étudiants de milieu populaire (à la mobilité réduite,
notamment pour une question de coût) tout en ne créant pas
chez eux une véritable acculturation au monde professionnel
(dans la mesure où ils ne quittent pas leur milieu et leurs habi-
tudes d’origine).
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1.4. Les circuits alternatifs
Un système aussi rigide que le nôtre ne peut décemment conve-
nir à tous les jeunes. On a donc vu fleurir des structures telles
que les écoles de la deuxième chance (E2C), les EPIDE (Établis-
sements publics d’insertion dans l’emploi), les écoles de produc-
tion, etc. qui recueillent des jeunes inadaptés aux cadres qu’on
leur a imposés ou qui ont pu très mal vivre une orientation ratée,
comme le pointe Gilbert Longhi, fondateur de l’Observatoire
déontologique de l’enseignement et du lycée du temps choisi.
À l’opposé de l’uniformité prônée par l’Éducation nationale, ces
structures proposent des parcours quasiment individualisés
et s’ouvrent le plus possible sur leur environnement éducatif
comme professionnel. Les cursus qu’elles abritent sont étayés
par une pédagogie davantage axée sur l’engagement des élèves
où le cœur et la main sont autant sollicités que la tête, comme
aime à le souligner Jean-François Connan, directeur Responsa-
bilité et Innovation sociale de The Adecco Group. Ils ne sont pas
pour autant des parcours de santé : loin de supprimer la notion
d’obstacles, et donc d’efforts, ils incitent les élèves à choisir eux-
mêmes les obstacles qu’ils se sentent prêts à affronter.
L’encadrement est plus serré (entre cinq et vingt jeunes par
conseiller) et les enseignants, éducateurs et conseillers ont donc
davantage de temps à consacrer à chaque cas. Pour quelle réus-
site ? Le réseau des E2C témoigne de 59 % des jeunes stagiaires
en emploi et en formation (les EPIDE, 51 % en 2014) à l’issue de
leur prise en charge
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