Prise de Calais. Edouard profita de sa victoire pour aller investir Calais qui était pour lui comme la clef de la France. Les habitants, après s'être défendus avec acharnement pendant onze mois, furent enfin obligés de se rendre. On les chassa tous de la ville qui fut repeuplée avec des familles anglaises.
Heroique dévouement. Edouard irrité de la longue résistance des Calaisiens, les voulait passer tous au fil de l'épee ; il consentit toutefois à leur laisser la vie, à condition que six des notables viendraient nu-pieds lui apporter les clefs de la ville. A cette nouvelle, la foule éclate en sanglots. Eustache de Saint-Pierre se lève et dit : « J'ai si grande espérance qu'en mourant pour ce peuple j'obtiendrai pardon de Notre-Seigneur que je veux être le premier ». Son exemple est suivi par Jean d'Aire, Jacques et Pierre de Vissant, Jean de Vienne et Andre d'Ardres. Tous les six s'avancent pieds-nus, tête nue, la corde au cou, et présentent à Edouard les clefs de la ville. Le roi s'écrie: « Qu'on fasse venir le coupe-tête ». Son entourage le supplie d'être miséricordieux ; il grince des dents. La reine d'Angleterre se jette à ses genoux, les yeux baignés de larmes ; le monarque est ému : « Ah ! Madame, dit-il, j'aimerais mieux que vous pleuriez autre part qu'ici... Tenez, je vous les donne... ». Les six bourgeois et la ville furent sauvés, mais Calais devait rester 211 ans au pouvoir des Anglais.
Poitiers (1356) fut une nouvelle défaite française, où le roi Jean le Bon fut prisonnier. Le prince de Galles se montra digne de son triomphe : il traita son prisonnier avec tous les égards dus à la majesté royale. Le soir même de la bataille, il lui fit préparer un magnifique souper et le servit lui-même à table. Le captif fut conduit d'abord à Bordeaux, puis à Londres, où sa détention se prolongea plusieurs années.
Traité de Brétigny. La paix fut enfin signée avec les Anglais, en 1360 ; elle fut désastreuse. Par le traité de Brétigny, le roi Jean le Bon cédait à l'Angleterre le duché d'Aquitaine et ses dépendances, c'est-à-dire le Poitou, la Saintonge, etc. ; il renonçait aussi à Calais, à Guines et au comte de Ponthieu. Il devait en outre payer, en six ans, 3 millions d'écus d'or pour sa rançon, et laisser ses deux fils en otage. A ce prix le roi Jean fut mis en liberté ; mais apprenant qu'un de ses fils s'était échappé d'Angleterre, il se constitua de nouveau prisonnier en prononçant ces paroles : « Si la bonne foi et la justice étaient bannies du reste de la terre elles devraient se retrouver dans le coeur des rois ». Il mourut dans sa prison de Londres, en 1364.
A la guerre contre les Anglais s’ajouta la menace d’une guerre civile. D’autre part, une foudroyante épidémie de peste décima, de 1347 à 1349, le tiers de la population. Il en résulta un manque de main-d’oeuvre, un appauvrissement des terres, la multiplication des pillards, des bandits, des hors-la-loi : les paysans (appelés les Jacques par les nobles) se révoltèrent, pillent les chateaux, massacrent les habitants.
Il faudra à Charles V l’aide d’un simple gentilhomme breton, vaillant homme de guerre et le capitaine Bertrand du Gueslin, pour reprendre aux Anglais les terres qu’ils avaient conquises. Le prince de Galles et son père Edouard III étant morts en 1377, Duguesclin reprit l'offensive contre Richard II qui n'était qu'un enfant, et bientôt les Anglais ne possedèrent plus en France que les villes de Bayonne, Bordeaux, Brest, Cherbourg et Calais, avec quelques places à l'interieur. Quand du Gueslin mourut, en 1380, pour reconnaitre ses services le roi Charles V le fit enterrer à Saint-Denis, sépulture des rois de France. Charles V ne tarda pas à suivre son ami dans la tombe. Il mourut en septembre probablement atteint de tuberculose pulmonaire.
Telle est la première phase de la guerre de Cent Ans. La France en sortit victorieuse mais épuisée.
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