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pas travaillé avec un ou deux manuscrits comportant des commentaires, mais il a comparé plusieurs
familles de scholies : « ἐν ταῖς σχολικαῖς παρασημειώσεσιν», « ἑκατέροις δὲ τοῖς σημαινομένοις »,
« τινὲς μὲν... τινὲς δὲ... ». Le fait qu’il ait eu accès à une riche collection de textes de l’
Echelle
conduit à
penser qu’il a composé son commentaire plutôt à Constantinople avant d’être ordonné métropolite.
Quelle est méthode de travail d’Elie ? N’est-il qu’un compilateur de scholies ? L’originalité de
son commentaire par rapport aux scholies consiste à proposer un exposé systématique dans un
cadre scolaire, très vraisemblablement institutionnel. Les scholiastes ont laissé des explications
fragmentaires, tandis qu’Elie propose une lecture continue devant un auditoire, comme en
témoignent de nombreuses liaisons logiques et des marques d’oralité, comme par exemple : « εἴρηται
μὲν καὶ πρὸ μικροῦ ἡμῖν, μνησθήσομαι δὲ καὶ νῦν ».
Elie de Crète poursuit la même finalité que les scholiastes : éclaircir les passages obscurs et
allégoriques de l’
Echelle
: « εἴ τι τὲ ἀσαφὲς ἐν τούτοις, διασαφήσομεν ». Mais Elie procède d’une façon
plus méthodique, parfois critique en se distanciant des scholies (« ἐγὼ δέ φημι … δοκεῖ δέ μοι » ) ;
il propose même différentes variantes de lecture de l’
Echelle
en se référant aux codices anciens
(« πάντα τὰ ἀρχαιόγραφα βιβλία »). Il procède en grammairien en proposant plusieurs définitions
des mots rares, mais aussi il exhorte ses frères à suivre la voie de l’ascèse (« ὅρα μὴ καὶ σύ, ἀδελφέ »,
« ὥστε ἀναγκαῖον καὶ λυσιτελὲς ἅπασιν, ἀδελφοὶ... »), ce qui laisse penser qu’il se situe dans un
cadre monastique.
Si les scholiastes recherchent dans l’
Echelle
des parallèles avec d’autres traités d’ascétisme et
inscrivent ainsi le texte de Climaque dans une «
Philocalie
» des écrivains ascétiques, Elie de Crète
est surtout attentif aux allusions de Climaque aux Psaumes, aux Evangiles et aux Epîtres de saint
Paul. Cela pourrait être l’écho des trois didascales de l’école du Patriarcat de Constantinople sous
l’empereur Alexis Comnène. En outre, Elie rapproche l’
Echelle
de la philosophie profane, notamment
en citant à plusieurs reprises l’
Ethique à Nicomaque
d’Aristote.
Le commentaire d’Elie de Crète sur l’
Echelle sainte
est un exemple unique d’une exégèse
systématique d’un texte religieux issue de l’analyse de scholies. L’approche du commentateur consiste
à interpréter l’
Echelle
dans un cadre d’enseignement institutionnel et devant un public constitué
plutôt de moines-érudits, qui ne s’intéressaient pas seulement à la Bible et aux pères de l’Eglise, mais
aussi aux dictionnaires des grammairiens et aux recueils d’extraits de traités aristotéliciens.
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