Car le petit présent qu'on loyal amy donnedes puissans Rois le sceptre et la couronne.
Après tout, même un petit cadeau, gage d'un amour impérissable,
Plus précieux que toutes les couronnes et sceptres de l'univers.
(Traduit par V. Levik)
Le concept de l'amour comme point culminant de la vie, comme source d'une personne, entre organiquement dans la philosophie de vie du poète. Comme vous pouvez le voir, le "Second Livre de l'Amour" incarne le nouveau "roman poétique" de Ronsard - non pas dans l'esprit du sublime platonisme des sonnets à Cassandre, mais d'une toute autre manière : Maria est une simple fille angevine, une " rose des champs", gaie et rusée, et amour pour son poète - amour simple, terrestre et partagé ; mais dans sa simplicité même, le style de Ronsard reste noble et poétique.Les sentiments chantés dans les vers adressés à Marie ne sont pas une passion obsessionnelle provoquée par Cassandre, mais plutôt un amour déchirant. Dans la structure artistique des vers sur Marie, ce n'est pas un rythme rapide qui prévaut, comme dans le "Premier Livre de l'Amour", mais une inclination à la douceur et à la proportion. Cela était également cohérent avec le vers alexandrin de douze syllabes, qui a remplacé les sonnets de dix syllabes plus impétueux à Cassandre et est devenu plus tard la principale mesure de la dramaturgie classique et de la haute poésie en France. "Le deuxième livre de l'amour", dans l'expression figurative de Yu. Vipper, "est imprégné d'une vision du monde dans laquelle la tristesse mélancolique et la paix éclairée, l'amertume causée par les échecs de la vie et l'ivresse des joies d'être, l'immédiateté dans l'expression des émotions, et une tendance à la réflexion s'équilibrent harmonieusement. Devant nous un autre reflet des idéaux de la haute Renaissance." Dans ce cycle, la saine sensualité et la noble simplicité règnent déjà complètement. Ronsard fait référence au développement d'un style qu'il définit lui-même comme « bas ». Le critère esthétique le plus important devient désormais pour le poète le naturel des sentiments, la clarté transparente, la grâce et l'accessibilité dans leur incarnation artistique. Le déclin du style conduit Ronsard à rapprocher la langue poétique de la parole familière, à affaiblir l'encombrement figuratif de la syllabe, à la rendre plus transparente. Voici ce que le poète lui-même note à ce sujet :
sur moi blasmoit, à mon commencement,
Dequoi j'estois obscur au simple populaire,on dit aujourd'huy que je suis au contraire,que je me démens,parlant trop bassement.
Quand j'ai commencé, Tiar, on m'a dit
Qu'une personne simple ne me comprendra pas,
Que je suis trop sombre. Maintenant c'est l'inverse;
Je suis devenu trop simple, apparaissant sous une nouvelle forme.
(Traduit par V. Levik)
Cependant, il serait naïf de croire que le changement de style s'est produit uniquement en raison de la faible origine du nouvel amant. Au contraire, d'autres réflexions surgissent : Ronsard a-t-il choisi une paysanne comme héroïne d'un nouveau cycle pour souligner les mutations en cours ? Cette transition est-elle ponctuelle ou s'agit-il d'une « échappatoire » systématique à l'influence de l'Antiquité ? Et quelle est son attitude envers elle en général : en tant que modèle de forme commode, ou en tant que proche de cœur et d'esprit ?
Pour répondre à ces questions, il faut considérer la troisième collection. En 1578, le "Troisième Livre d'Amour" voit le jour, où apparaît pour la première fois le nom de la nouvelle bien-aimée de Ronsard - "Sonnets à Hélène". Durant cette période de sa vie, c'est-à-dire après 1572, Ronsard, désabusé de la cour royale, plonge tête baissée dans le monde de la vie personnelle.
La destinataire du dernier cycle d'amour était l'une des demoiselles d'honneur de Catherine de Médicis, Helena de Surger. L'image d'Elena est plus tangible et individualisée que l'image de Mary et Cassandra. On voit les contours de l'apparition d'Elena, le rythme de ses mouvements de danse lors d'un bal éblouissant, on entend les intonations de son discours, on se fait une idée de son monde intérieur. "Sonnets à Hélène" se distinguait par sa simplicité calme et majestueuse ; après tout, c'est au cours de ces années que Ronsard est parvenu à un certain style unifié dans ses poèmes, sublime et clair. L'image de l'aimé retrouve une sophistication aristocratique. Mais au cœur de celle-ci se trouve cette pleine d'harmonie intérieure, cette dignité pleine d'assurance, qui est une caractéristique importante de l'idéal de beauté de la Renaissance. Dans "Sonnets à Helen", l'idéalisation sublime, d'une part, et l'authenticité psychologique, d'autre part, sont entrelacées. Le poète s'incline devant sa beauté :
Vous triomphez de moy, et pource je vous donnelierre qui coule et se glisse à l'entourarbres et des murs, qui tourne dessus tour, dessus plis il serre, embrasse et environne.
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