CHAPITRE 6
Sommaire: Quelques mots sur les causes de la multiplicité des désertions — Décret inattendu — Décès et notes biographiques.
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Causes des désertions
[1] Nous avons vu précédemment que le nombre des profès est allé en diminuant et que cette diminution a été sensible dans les années 1889 et 1890. L'inique loi militaire l'accentuera davantage encore à l'avenir. Nous le répétons, il est fort à craindre qu'après trois ans de caserne, dans les conditions détestables où ils sont condamnés à les passer, un certain nombre de sujets ne nous reviennent pas ou ne le fassent que très endommagés. La profession ne pouvant avoir lieu qu'après leur retour, le nombre des profès sera donc nécessairement diminué.
[2] Une autre cause de diminution, bien inattendue celle-là, a surgi le 17 xbre 1890. Nous ne voulons en parler qu'avec les précautions et le respect convenables, mais nous croyons devoir en dire quelque chose. Il s'agit du décret porté par le Préfet de la Congrégation des Evêques et Réguliers, au nom du Pape, interdisant aux religieux le compte de conscience à leurs supérieurs non prêtres, en tout ce qui touche au 6e commandement de Dieu.
[3] Ce décret annule les prescriptions des Règles et Constitutions, même autorisées par le Saint-Siège pour les congrégations de femmes et d'hommes dont les supérieurs ne sont pas prêtres, concernant le même précepte.
[4] Sa Sainteté ordonne de faire disparaître ces prescriptions des dites Règles et Constitutions et de les remplacer par ledit décret lequel, en outre, doit être lu publiquement une fois l'an dans chaque maison des dites congrégations.
[5] Elle conseille néanmoins aux inférieurs d'ouvrir leur âme à leurs supérieurs afin d'en recevoir une direction sûre pour leur avancement dans la perfection, mais elle interdit aux supérieurs toutes questions directes ou indirectes sur le précepte susdit. Elle enjoint même aux inférieurs de dénoncer leurs supérieurs mineurs qui les auraient interrogés sur ce point, aux supérieurs majeurs et, s'il s'agit de ceux-ci, à la Sacrée Congrégation des Evêques et Réguliers afin que les uns ou les autres soient réprimés et traités selon les canons.
[6] Si le respect dû aux décisions du Saint-Siège nous le permettait, nous dirions que cette prescription du décret favorisera les délations et mettra souvent les supérieurs à la merci de leurs inférieurs.
[7] Du reste, ce décret devant être inséré dans nos Constitutions, nous n'en dirons rien de plus. Le R.P. Ducourneau et bien d'autres Pères Maristes applaudiraient fort ce décret. Le R.F. Louis-Marie qui a tant lutté sur ce point, en serait bien déconcerté s'il était encore vivant. Il déclarait bien fort que la reddition du compte de conscience n'a jamais produit aucun abus dans notre Institut, ce que ses successeurs pourraient soutenir avec lui. Il s'étonnerait qu'une mesure aussi grave, aussi gênante pour les congrégations visées, ait été rendue générale, au lieu de n'être appliquée qu'aux congrégations dans lesquelles des abus s'étaient produits.
Honneur a nos defunts
[8] Nous avons vu ci-devant que le R.F. Nestor fut le 990e défunt de l'Institut. Depuis son décès jusqu'au 31 mai 1891, la mort en a moissonné 351 autres, savoir: 21 juvénistes, 11 postulants, 113 novices, 185 profès et 21 stables. Depuis sa fondation, l'Institut a donc placé 1.341 élus sous le manteau de sa céleste Patronne. Notre conviction sur ce point est basée sur celle de notre pieux Fondateur.
[9] La liste des 185 profès allongerait beaucoup notre récit. Nous ne donnerons donc que les noms de ceux qui, à notre avis, méritent une mention spéciale:
[10] F. Barsanuphe, cadet du F. Pierre-Marie, fut un professeur émérite, un directeur sérieux et paisible. Ses élèves de Saint-Didier, le maire et le curé de Saint-Romain-de-Popay l'estimaient beaucoup. L'aide qu'on lui avait donné à la fin étant malade et soigné à la maison-mère, F. Barsanuphe vint voir s'il était guéri. Il y fut atteint d'une maladie qui l'amena presque subitement et durant laquelle on l'entendit répéter: "Maudit voyage! Maudit voyage!..."
[11] Bien que resté inférieur, même cuisinier [une] grande partie de sa vie, à cause de son état maladif, le F. Antioche se distingua par sa patience, sa piété, son dévouement et un bon sens exquis.
[12] F. Cassien était l'aîné de 4 orphelins dont deux moururent jeunes chez nous. Son puîné, F. Libéralis vit encore et dirige vaillamment la fanfare de Neuville. Bien que toujours malade, F. Cassien a rendu de bons services à la Province de l'Hermitage comme économe et bibliothécaire, emplois pour lesquels il avait un talent remarquable. Il avait passé pour mort plusieurs fois et, à sa place, bien d'autres auraient refusé tout espèce de travail. Il lutta jusqu'au bout.
[13] Le F. Sosthène était un religieux pieux et très dévoué, dirigea plusieurs de nos maisons, surtout celle de Saint-Antoine, sans bruit, mais il y fit régner la Règle et y obtint des résultats très satisfaisants.
[14] Doué d'un heureux caractère, le F. Savinien se fit aimer de tous ceux avec lesquels il eut à vivre. Bien que d'une frêle santé, il dirigea habilement l'établissement de Murinais pendant longtemps. Il sut contenter la fondatrice, ce qui n'était point facile et plaire à tout le monde. La commune n'étant point assez riche pour payer un secrétaire et le maire étant peu lettré, F. Savinien en remplit les fonctions à la satisfaction générale, y prit de l'influence malgré une médiocre rétribution. Il passa ses dernières années comme aide à la librairie de la maison-mère et y fut très apprécié de tous les Frères directeurs.
[15] La vérité de l'histoire nous oblige pourtant à constater un fait regrettable et qui doit servir de leçon à tous. Une veuve s'était permis sans motif sérieux plusieurs visites au parloir. F. Savinien l'y avait vue quelques fois, nous ne savons pourquoi ni comment. Un dimanche, à 6 heures du soir, il accepta une commission pour cette personne et passa un temps que nous ne pouvons pas apprécier à causer avec elle.
[16] Vers les 11 heures, cette personne vint toute éplorée, réveiller le portier pour lui annoncer que F. Savinien se mourait chez elle, ajoutant qu'il avais pris une attaque, qu'il était tombé la tête sur le chenet de son foyer, qu'elle avait dû le soigner, qu'une voisine lui était enfin venue en aide ce qui lui avait permis de venir avertir. Plusieurs Frères accoururent et le P. de Lalande fut des premiers, mais on trouva le Frère sur un matelas, sans connaissance, avec une plaie saignante à la tête.
[17] Apporté à l'infirmerie et placé sur un lit, il y mourut quelques heures après malgré les soins qu'on lui prodigua et sans avoir repris connaissance.
[18] Cette mort produisit une vive et pénible impression. Nous citons le fait mais ne jugeons rien. La veuve disparut bientôt du pays pour échapper aux cancans.
[19] La mort du F. Vincent donna une leçon d'un autre genre. Nous avons cité les faits et gestes de ce Frère, soit comme dentiste, soit comme acquéreur et constructeur à Lavalla. Nous avons dit que les supérieurs l'avaient enfin décidé à céder ses acquisitions à l'Institut. Après sa mort, qui avait été assez prompte, on trouva dans la paillasse de son lit des titres de rentes au porteur, représentant un capital de 6.000 fr. qu'un de ses frères réclama vite. Ici encore nous citons sans juger.
[20] Nous avons longtemps parlé du F. Charise, de ses oeuvres comme missionnaire dans l'île de Samoa, de son influence sur le roi Mataafa et de ses nombreux emplois dans la mission. Ses mémoires écrits par lui-même sont aussi longs que confus.
[21] F. Clémentin se distingua dans l'établissement mal organisé de Pierre-Bénite où il déploya un grand dévouement pendant de longues années.
[22] F. Alexis fut l'amateur du jeu de boules dont les Frères garderont longtemps le souvenir. Ce jeu l'absorbait tellement qu'il l'exposait à manquer d'égard envers ses partenaires et les témoins. Plusieurs Frères ont dit de lui: "S'il n'y a pas de boules au Paradis il n'y restera pas." Ces paroles prouvent qu'il vivait néanmoins d'une manière à y aller. D'une grande simplicité, il respectait profondément tous ses supérieurs, se découvrait et s'inclinait devant eux quelque part qu'il les rencontrât. Se trouvant mal un soir à l'office, on dut l'emporter à l'infirmerie. Pendant le trajet il répéta qu'il n'en descendrait plus: ce fut une prophétie.
[23] F. Auguste était un religieux simple, dévoué, mais d'un caractère faible et se laisssant facilement dominer, ce qui le faisait parfois souffrir. Directeur à Montchanin, il se hasarda un jour à se plaindre au maire du mauvais état du logement, surtout du dortoir où l'on ne parvenait qu'en passant péniblement dans la boiserie soutenant la toiture. Le maire, un parvenu et un esprit fort lui répondit: "Vous prétendez aller au ciel vous autres, il est juste que vous le méritiez. Vous pourriez me dire que je suis princièrement logé, mais je n'attends point de ciel moi et je jouis en ce monde le plus possible." Le bon Frère n'osa plus réclamer.
[24] Le maire l'avait goguenardé et s'en était débarrassé, mais il n'était point impie. Sa foi troublait même souvent ses jouissances comme il nous l'avoua un jour.
[25] F. Exupérance dont nous avons assez longuement parlé dans les annales de Soucieux, passa ses dernières années dans un emploi manuel à la maison-mère. Il y mourut de la vérole noire, son dévouement ne lui ayant pas permis de se soigner à temps. On dut l'ensevelir dans une toile cirée, le porter au cimetière quelques heures après et le laisser en dehors de la chapelle pendant que l'on y chantait les vêpres des morts et les prières de l'absoute.
[26] F. Régis était le neveu du pieux Fondateur, l'enfant de son frère Barthélemy. C'était un religieux simple, sérieux, régulier et sans bruit. Il dirigea sagement nos maisons d'Ambierle, de Lay, de Doizieux et de Tarentaise. Il y laissa d'excellents souvenirs. Il sut s'y faire estimer sans être populacier.
[27] Nous avions remplacé le F. Eloi à Pélussin en 1838. C'était un excellent professeur, formant de bons élèves, faisant le bien sans bruit et sans chercher la popularité. Sous sa main allèrent très bien nos maisons d'Ance, de Toissay, de Serrières, de Peaugres, de Sorbier et de Saint-Nizier-sous-Charlieu où la mort nous l'enleva.
[28] F. Michel-Ange aurait pu être surnommé le silenciaire, ainsi que son frère aîné mort aussi dans l'Institut, car ces deux Frères parlaient très peu, mais toujours à propos. C'étaient des amateurs des vertus solides et cachées. Nous parlerons de l'aîné plus bas. F. Michel-Ange fut longtemps directeur à Quintenas où il mourut à la peine.
[29] L'année 1887 enleva le F. Jacobus, l'un des rares anciens de Viviers dont la mère était morte peu auparavant, âgée de 102 ans. Sa voix sonore était surtout remarquée quand il faisait la prière pendant les retraites. Nous avons parlé de lui et de ses faits d'armes dans les annales de Marlhes, de Périgneux, de Saint-Rambert et de Varennes-sous-Dun. Il mourut dans le Nord où il était chantre et sacristain depuis un assez grand nombre d'années.
[30] F. Agricole, surnommé le père abbé, fit son noviciat avec nous en 1838. Il se distingua surtout à Frontonas où, de son chef, il accola aux 12 prébendiers de la Providence, un nombre assez considérable de pensionnaires à prix réduits et de besaciers. Il y loua une terre pour avoir de quoi nourrir une vache qu'il avait achetée. Il pensait faire ainsi des économies. Il meubla son pensionnat d'une fanfare laquelle lui procura plus d'embarras qu'il ne l'avait prévu. La guerre de 1870 et la République qui la suivit l'effrayèrent. Il crut que tout était perdu, ce qui le porta à enterrer tout l'argent qu'il avait, dans son jardin, au lieu de payer son vestiaire et celui de ses seconds. Nous eûmes quelques peines à lui faire comprendre qu'il avait tort. Nommé directeur à Ranchal plus tard et allant un jour rendre visite aux Frères de Saint-Vincent, ses voisins, il mourut en route.
[31] F. Bonaventura que nous avions eu comme cuisinier à Digoin en 1857, se distingua à La Cabane dont il améliora fortement la propriété comme chef des travailleurs. Ce fut un religieux sans bruit, mais non sans mérites.
[32] Nous avons longuement parlé du F. Barnabé dans les annales de Thurins et dans celles-ci comme quêteur. Quelques directeurs lui ont reproché à tort d'être trop importun, même peu parlementaire parfois. Il savait se comporter et parler convenablement aux diverses personnes chez lesquelles il allait quêter. Ces personnes le prouvèrent par les nombreuses lettres qu'elles lui adressaient au premier de l'an et par les bons sur la poste qu'elles lui envoyaient lorsqu'il n'avait pu les voir dans l'année.
[33] F. Sylvestre qui, sans le vouloir, fit un mauvais tour au pieux Fondateur en 1832 comme nous l'avons déjà dit et qui monta la brouette au grenier à Ampuis, devint plus tard un fumeur émérite. Il sentait le tabac de 10 mètres loin et embaumait péniblement ses confrères dans les réunions. Il fut zélé professeur pendant toute sa vie, mais sa méthode aurait pu être plus pratique, plus à la portée de ses élèves. Il aimait surtout à faire le catéchisme et il obtint à le faire jusqu'au bout.
[34] Nous avons longuement parlé du F. Festus dans les annales de Grigny, de Montdragon et de Grane. Le soleil du midi avait complètement métamorphosé sa tête bressane.
[35] F. Eléazar, le même qui fit impatienter le C.F. Louis-Marie pendant une leçon de mathématiques et qui, pour renverser la fraction diviseur mit le tableau noir sens dessus dessous ce qui provoqua un fou-rire de la part des confrères, même du professeur. Comme la plupart des disciples du P. Champagnat, ce Frère avait tous ses supérieurs en vénération. Ses inférieurs lui firent pratiquer assez souvent une patience héroïque.
[36] Le F. Fortunat, ancien cuisinier de l'Hermitage, fut directeur de plusieurs postes dans le Midi. Il croyait pratiquer la pauvreté et l'économie en élevant des lapins. Pour les nourrir, il allait ramasser de l'herbe dans les champs avec ses seconds, les jeudis et les dimanches. Ils rentraient chargés d'un sac d'herbe chacun. Ce n'était pas édifiant les dimanches.
[37] F. Auspice était un rude travailleur et un religieux mortifié. Les bouchers ne le ruinaient pas. Directeur à Joux, il défonça profondément le jardin, parfois au clair de la lune. Ce jardin étant un ancien cimetière, il en déterra plusieurs mètres cubes d'ossements humains qui furent transférés dans le cimetière d'alors. Il mourut de faim, comme les Frères Philippe et Alexandre avant lui, son estomac refusant tout aliment. Son frère Eustate a présentement la même maladie et le cerveau un peu pris.
[38] F. Delphinus fut très regretté à l'Hermitage comme étant propre à tous les emplois manuels et y ayant rendu des grands services.
[39] Nous avons raconté déjà la mort prématurée de l'excellent F. Angelo, premier directeur de Popayán dans la Colombie.
[40] F. Priscien était l'aîné du défunt F. Arétius et du F. Fraterne, encore directeur à Varennes-sous-Dun. Ces trois bons religieux, nés à Chaumont, ont fait ou font encore le bien comme leurs trois compatriotes du même nom et du même village, bons religieux aussi dont deux sont morts et le 3e est directeur à Montagny. Bien que peu instruit, F. Priscien dirigea sagement les postes de Montceau-les-Mines, de Soucieux et d'Apprieu, son vieux cuisinier était titulaire.
[41] F. Héraclide, ancien novice de Vauban, dirigea plusieurs postes. Il a fait une mort bien imprévue à Décise. Ayant besoin de bains pour guérir une maladie de peau, il a eu l'imprudence de le chauffer avec de la braise de bois et de s'enfermer ensuite dans la chambre avant de se mettre dans la baignoire. Il a été asphyxié et personne n'a pu le secourir. Il avait un frère et une soeur dans la congrégation de Saint-Vincent-de-Paul.
[42] F. Linus fut toute sa vie un vaillant et habile cuisinier, emploi qu'il exerça à La Côte, à l'Hermitage et à Valbenoîte. Il n'avait pas d'instruction, mais il avait conscience de son mérite et répétait dans les occasions: "N'en n'a que deux chefs cuisiniers dans l'Institut, moi et le F. Evariste." Celui-ci a fait la pénible cuisine de Saint-Didier pendant 42 ans, mais il est présentement infirme.
[43] Nous avons décrit les péripéties des premières années du F. Romanus dans les annales de Baix. Il a suivi de près son frère Sidoine, bon religieux aussi.
[44] Le F. Ermin vient de mourir à Chaufailles où il se dévouait depuis une trentaine d'années, comme directeur et comme professeur, malgré les tracasseries des autorités républicaines. C'était un sujet sérieux, d'une piété raisonnée, d'une régularité soutenue et un rude marcheur. Les gens honnêtes l'estimaient beaucoup.
[45] F. Alfridéus, mort aujourdhui même à Marseille, avait habilement dirigé l'infirmerie de Saint-Genis. Les malades préféraient souvent ses conseils à ceux du médecin. Il en est très regretté. il revenait du Midi où il avait été chercher la santé, une hémorragie l'a subitement étouffé.
[46] Voici les noms des 21 stables que la mort a définitivement stabilisés aux pieds de la bonne Mère et auprès de notre pieux Fondateur: Marie-Sébastien, Louis-Bernardin, Anien, François-Michel, Faust, Candide, Aquilas, Marcien, Lothier, Jean-Marie, Xavier, Cittinus, Macédone, Marie-Stanislas, Cariton, Ladislas, Conrad, Aglibert, Gervien, Marie-Lin et Jean-Pierre.
[47] Plusieurs de ces Frères ayant ou devant avoir leurs biographies dans les circulaires, nous n'en parlerons pas ici.
[48] F. Marie-Sébastien, avec un esprit délié et subtil, dirigea habilement le pensionnat de Saint-Didier pendant 22 ans. Sous lui, le nombre des pensionnaires monta jusqu'à 180. Il se servait adroitement du clergé des environs et de ses anciens élèves pour se recruter. Le second bâtiment, le beau préau couvert et la plus grande partie de la propriété ainsi que l'aumônerie actuelle, furent construits ou acquis sous sa direction. Il passa ses dernières années à la maison-mère où il contribua plus qu'aucun autre à organiser les papiers, les livres et toutes les affaires de la Procure générale.
[49] F. François-Michel, grand ami du silence comme son frère Michel-Ange, était un des rares anciens de Saint-Paul-3-Châteaux. Ses démarches étaient aussi mesurées que ses paroles et il ne se fourvoyait point. Il fonda le noviciat d'Hautefort en 1853 et monta ensuite dans le Nord où il continua d'édifier ses confrères en divers lieux jusqu'à sa mort arrivée en 1887.
[50] F. Aquilas, avec lequel nous fîmes notre noviciat en 1838 était déjà un sujet très pieux, même scrupuleux et très sérieux. C'est avec lui que nous avions demandé au P. Champagnat, le jour même de notre vêture, à être envoyés dans les missions de l'Océanie. Le bon Père nous le fit espérer, mais la Providence en décida autrement. Ne pouvant plus suffire seul aux visites des maisons déjà existantes, F. Aquilas nous remplaça dans le Midi en 8bre 1854. Il fit cet emploi jusqu'aux vacances de 1862. Il fut ensuite chargé des postes d'Oignies et de Montfort-l'Amaury. Il mourut subitement dans ce dernier poste en prenant ses mesures pour un voyage à Paris. Le Frère qui devait l'accompagner, voyant qu'il ne descendait pas de la chambre d'études, y monta et le trouva mort. On pouvait être tranquille, il s'était toujours tenu prêt à ce redoutable voyage.
[51] F. Lothier, esprit souple et rusé, dirigea avec adresse le difficile pensionnat de Digoin pendant plus de 20 ans, en se montrant accommodant avec les parents et les élèves pour tout ce qui concernait la discipline et la force des études. Ces deux points eussent été trouvés trop faibles en toute autre contrée, mais les gens de Digoin et des environs, les élèves surtout, en étaient satisfaits. Les parents exigeaient seulement que leurs enfants fussent contents et qu'ils eussent bonne mine. F. Lothier eut pourtant à lutter contre ses aides, peu enchantés de son système, contre le vicaire de la paroisse qui en devint ensuite curé, contre un aumônier embarrassant quoique peu coûteux et contre les taquineries de certains esprits forts. Un diabète très prononcé le fit souffrir aussi.
[52] Une importante faïencerie s'étant établie dans le pays et ayant appelé de nos Frères pour la direction des enfants assistés dont elle se servait, le F. Lothier demanda ce poste. Il l'obtint et réussit d'abord très bien, mais les rapports irréguliers du cuisinier avec ces enfants déjà tarés gâtèrent tout. Ce scandale, la condamnation du coupable et la fermeture de ce nouveau poste, rendirent le séjour de Digoin insupportable au F. Lothier. Il accepta le petit poste de Graçay où sa maladie s'aggrava au point d'affaiblir le cerveau et le rendre important et l'amena268 après quelque trois ans.
[53] Le F. Zoël a écrit la vie du bon F. Jean-Marie.
[54] F. Xavier était un des premiers disciples du P. Champagnat. Comme la plupart des anciens, il était très simple, très économe, bien pieux et très respectueux envers tous ses supérieurs. Il dirigea longtemps le poste de Saint-Paul-en-Jarret, puis ceux de Murinais et d'Apprieu où il fit la cuisine et où ses aides exercèrent souvent sa patience. Ses apprêts étaient parfois trop simples et il croyait bien faire en secouant fortement le vin bouché qu'il servait aux jours des grandes fêtes.
[55] F. Marie-Stanislas fonda le poste d'Ecully en 1842 et le dirigea pendant plus de 30 ans, mais malgré sa capacité, son état maladif l'obligea bientôt à n'y faire que la petite classe, de concert avec son petit cuisinier. Très sérieux, très paisible, bien intelligent et bien vertueux, il passa ses dernières années au pensionnat de Saint-Genis-Laval comme inspecteur des classes et sous-directeur.
[56] F. Cariton fut éprouvé pendant une partie de sa vie par les rhumatismes que lui avait procurés le local malsain de Craponne dont il fut directeur. Durant les longues années de demi-repos que lui imposèrent ses rhumatismes, il se rendit utile autant qu'il put. C'était un des meilleurs sujets de l'Institut.
[57] Des rhumatismes contractés dans des appartements humides firent souffrir le martyre au F. Conrad pendant plusieurs années. Une paralysie complète en fut la suite et le tint au lit pendant environ 2 ans où il fallait lui donner à manger, le nettoyer, le lever et le coucher comme un petit enfant.
[58] Très régulier, très pieux, F. Aglibert est mort victime du dévouement qu'il avait déployé, malgré un rhume tenace ensuite transformé en asthme, dans le poste de Montluel qu'il dirigea pendant de longues années et dans celui de Charly où il a fini sa carrière. Ses deux frères puînés, Aglibertus et Andréa dirigent nos maisons de Villeurbanne et de Murinais.
[59] F. Jean-Pierre, un des anciens de Viviers, passa presque toute sa vie religieuse comme chef tailleur à Saint-Paul-3-Châteaux où sa conduite a constamment édifié ses confrères.
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