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Jean-Marie Martin
Centre national de la recherche scientifique,
UMR 8167 Orient et Méditerranée, Paris, France;
martin-hisard@wanadoo.fr
Byzance vue de l’Italie méridionale latine
(Naples, thème de Longobardie/catépanat d’Italie, principautés lombardes)
Dans chacune des entités politiques retenues, on analyse l’image de Byzance que donnent
d’une part les chartes (notamment dans leur datation), d’autre part les sources historiques. À Naples,
les documents sont datés des années de règne des
basileis
jusqu’à la conquête normande des années
1130 ; Gaète abandonne cette pratique à la fin du IX
e
siècle. Les actes apuliens adoptent la datation
imperiale depuis la conquête byzantine jusqu’après le début de la domination normande alors que,
dans les principautés lombardes, elle ne se rencontre qu’à la fin du IX
e
et au début du X
e
siècle.
Les textes historiques citent les empereurs byzantins, mais seulement pndant le haut Moyen
Âge ; leur image est concurrencée par celle des « Grecs », considérés comme étrangers, et celle de
l’Église byzantine, souvent vue comme hérétique.
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Ghislaine Noyé Bougard
École nationale des chartes, Paris, France;
ghislnoye@yahoo.fr
Aristocraties et rébellions dans l’Italie byzantine des X
e
-XI
e
siècles
Si les thèmes de centralité et de périphérie connaissent une vogue historiographique certaine,
on s’est jusqu’ici surtout intéressé à l’empire lui-même, au concept et à ses modes de fonctionnement.
Il en a été de même pour l’Italie des IX
e
-XI
e
siècles, où l’on s’est attaché à l’étude des caractères
byzantins de l’administration et de la société dans une perspective globalement légaliste, sans guère
prêter attention à la perception du centre par les marges, aux aspirations à l’autonomie et aux révoltes
locales, considérées comme conjoncturelles et non structurelles.
Après avoir délivré le sud de la péninsule de l’occupation musulmane à la fin du IX
e
siècle,
Byzance se révéla ensuite incapable de protéger ses provinces des expéditions organisées par la Sicile
musulmane et l’Afrique. Alors que la Calabre connaissait un certain répit grâce aux mesures de
Nicéphore II, d’autres raids furent dirigées au XI
e
siècle contre le catépanat (ex-thème de Longobardie)
depuis une colonie sarrasine établie au cœur de la Lucanie. L’éloignement géographique procurait
d’autre part aux fonctionnaires dépêchés par la capitale une impunité qui favorisait abus et corruption.
À partir de la fin du IX
e
siècle, l’élite italique s’affirma à la faveur d’une conjoncture économique
redevenue favorable; en Pouille les notables lombards, se relevant du désastre arabe, développèrent
l’oléiculture, et peut-être la viticulture à des fins commerciales, et mirent ainsi à profit leurs liens avec
la Méditerranée orientale; l’aristocratie calabraise s’enrichit grâce à la céréaliculture et à l’exploitation
des métaux. Les Latins comme les éléments parfaitement hellénisés, se substituèrent dans le domaine
militaire à la capitale défaillante en prenant la tête des troupes locales et firent ainsi passer les populations
rurales sous leur contrôle, en privatisant certains
chôria
; ils dominaient également les villes dont ils
assuraient la défense au coup par coup. Excédés par les disfonctionnements de l’administration centrale
qui les obligeait en outre à payer tribut aux Sarrasins, ils se révoltèrent de plus en plus fréquemment,
soutenus par les principautés voisines de Bénévent et de Salerne qui n’acceptaient pas la perte de leurs
territoires qu’elles étaient promptes à envahir. L’existence de sujets restés fidèles au
basileus
amena la
création de deux partis, et le déclenchement d’une véritable guerre civile.
Les Normands, pourtant peu nombreux, jouèrent de ces dissensions et de cette forte tendance
à l’autonomie, marquée d’hostilité contre les Grecs en contexte lombard, mais associée à une
hellénisation profonde et revendiquée en Calabre. On peut se demander à ce point s’il ne faut pas
distinguer, pour cette dernière, une réelle « byzantinité » d’un byzantinisme qui ne serait qu’une
adhésion politique fragilisée à la capitale
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