Kamel Touati / Géographie, économie, Société 10 (2008) 263-284
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siens a plus que doublé. Il est estimé respectivement à 350 000 par l’Agence Tunisienne
d’Internet (ATI) et 835 000 par la CIA (2006), et celui des internautes marocains est passé
de 220 000 (selon le site Internet ajeeb.com) à 3,5 millions (selon la CIA), soit une multi-
plication de plus de 10 du nombre d’internautes en cinq ans.
Au sein du Maghreb, les pays les plus dynamiques sont la Tunisie et le Maroc. Fin
2006, ce dernier devance tous les pays de la région avec un taux de pénétration d’Internet
de 15,2 % de la population branchée. Le Maroc est suivi par la Tunisie avec un taux de
9,5 %. D’ailleurs, un organisme spécifique l’Agence Tunisienne d’Internet (ATI) a été
créé pour promouvoir l’Internet dans ce pays, fait qui mérite à cet égard d’être signalé.
L’Algérie et la Libye sont à la traîne, avec respectivement, des taux de pénétration d’In-
ternet de seulement 5,.8 % et 3,3 % (voir tableau 1).
Dans le monde arabe, les pays les plus dynamiques sont ceux du Golfe
6
, qui sont
aussi les plus prospères en termes de revenu national brut par habitant (RNB/tête) de
la région. Les gouvernements de ces pays ont entrepris depuis plusieurs années une
vaste politique visant à orienter les revenus de la rente pétrolière vers la mise en place
d’infrastructures de communication et de haute technologie. C’est là d’ailleurs que
l’on compte le plus d’internautes. Fait intéressant à relever: certains pays du Golfe
affichent un taux de pénétration d’Internet comparable à celui des pays occidentaux
et devançant ainsi largement le reste du monde arabe. A la tête de ces monarchies
on trouve les Émirats Arabes Unis (EAU), avec un taux de pénétration d’Internet
avoisinant 25 % de la population connectée fin 2001. Ce taux dépassait la moyenne
européenne à la même époque
7
. Fin 2006, il a déjà atteint près de 40 %. A cette même
période les EAU étaient suivis du Qatar avec un taux de pénétration d’Internet de
26,94 %, puis du Koweït avec un taux de 26,6 %, devancé lui-même par le Bahreïn
avec un taux de pénétration d’Internet de 21,3 % de sa population. Loin derrière se
trouve l’Arabie Saoudite, avec un taux de 10,8 %.
Non loin de la région du Golfe, au Machrek
8
, c’est le Liban qui occupe une place
importante, avec un taux de pénétration d’Internet de 19,5 %. En bas de l’échelle se
trouve la Syrie, longtemps méfiante vis-à-vis d’Internet, avec un taux qui n’excède pas
5,8 %. La Jordanie elle se situe entre ces deux derniers, avec un taux de 11,9 %. Les États
situés en marge de cette « révolution » sont parmi les plus pauvres du monde arabe: les
Comores, Djibouti, la Somalie, le Yémen et la Mauritanie. Le taux de pénétration d’Inter-
net dans ces cinq pays avoisine zéro. Ils partagent les tristes records respectifs de 3,33 %,
1,26 %, 0,7 %, 0,65 % et 0,6 % de leur population connectée à Internet (voir tableau 1).
Enfin, s’agissant du profil de l’Internaute arabe, l’accès au réseau reste encore
réservé à une élite, composée d’étudiants branchés sur les forums de discussion, les
conversations (chats) ou l’envoi de courriers électroniques, etc. A cela s’ajoutent les
universitaires, les plus aisés tels que les fonctionnaires libéraux (les avocats, les hom-
mes d’affaires, les médecins libéraux...), souvent à la recherche d’informations portant
sur leur pays diffusées à l’étranger mais censurées à l’intérieur. Les internautes arabes
sont le plus souvent jeunes, vivant au milieu urbain et ont fait des études supérieurs. Ils
6
La région du Golfe comprend: l’Arabie Saoudite, le Bahreïn, les EAU, le Koweït, le Qatar et Oman.
7
Voir Mazen E. Coury (2003), “ICT challenges for the Arab world”. New York:
Oxford University Press, 2003.
8
Ensemble régional constitué par l’Egypte, l’Irak, la Jordanie, le Liban,
la Palestine, le Soudan et la Syrie.
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