Il n’est pas inutile enfin de noter que l’alternance est très sen-
sible aux aléas de la conjoncture : si celle-ci se retourne, les
apprentis éprouvent des difficultés à trouver une entreprise
d’accueil, y sont plus rarement retenus
en fin de parcours et se
retrouvent donc en concurrence avec leurs homologues des
filières standard.
1.3. Les services dédiés à l’orientation
Les services en charge de l’orientation des élèves, des étudiants
et des jeunes tissent un écheveau qu’il n’est pas simple de dé-
mêler. Ils se trouvent sous l’égide tantôt des ministères concer-
nés, tantôt des régions (cf. tableau page 37). Ils présentent un
fonctionnement plus ou moins centralisé. Ils proposent des
services qui se recoupent grandement et s’adressent à des
publics dont les spécificités ne sont pas toujours évidentes.
À cette liste s’ajoute le réseau des psychologues de l’Éduca-
tion nationale option éducation, développement et conseil
en orientation scolaire et professionnelle (nouvelle dénomi-
nation des conseillers d’orientation-psychologues depuis la
rentrée de septembre 2017). Ils exercent dans les centres d’in-
formation et d’orientation (CIO) et les établissements sco-
laires et se trouvent sous la responsabilité de l’inspecteur de
l’Éducation nationale de leur circonscription.
Le modèle allemand
de formation duale
Première différence notable avec la France, qui
voit le cadre législatif
de la formation changer
tous les quatre ou cinq ans, la loi fédérale de
1969 qui fonde la « formation duale » n’a été
révisée qu’une seule fois depuis, en 2005.
Une entreprise sur cinq joue le jeu et ce sont
d’abord les PME qui participent à cet effort :
97 % des entreprises formatrices ont moins
de 249 salariés et 49 % moins de 9 salariés.
Pour cela, elles doivent avoir formé au moins
un de leurs employés en tant que « formateur
par apprentissage » au sein des chambres
consulaires qui les accréditent, les conseillent
et les accompagnent par ailleurs.
Elles ne doivent pas s’acquitter,
comme
en France, d’une cotisation indexée sur leur
masse salariale mais prennent en charge
tous les frais liés à la formation des apprentis
en leur sein, y compris leur rémunération.
Le coût brut par apprenti se monte à
environ
18 000 € par an en moyenne. Toutefois,
le retour sur investissement, estimé à environ
12 500 €, minore ce coût.
En 2012, deux entreprises sur trois
embauchaient leurs apprentis à la fin de leur
formation duale. Taux qui dépasse même les
75 % pour les entreprises formatrices de plus
de cinquante salariés. Ce qui rend ce système
assez efficace en termes d’insertion, l’OCDE
estimant le taux d’emploi des formés entre
25 et 34 ans à 85 %.
En outre, l’accès à certaines professions
n’est ouvert qu’aux personnes titulaires
d’un diplôme de formation professionnelle
duale, ce qui participe à la valorisation
et à la pérennité de ce dispositif.
Le Mouillour Isabelle et Geiben Marthe (2016),
« L’engagement des entreprises
dans le dispositif
de formation professionnelle en Allemagne »,
Revue
internationale d’éducation de Sèvres
36
À la suite du transfert de compétences dans le domaine de
l’orientation et de l’offre de formation de l’État vers les régions
initié en 2014 et poursuivi en 2018, les délégations régionales
de l’Onisep sont confiées aux bons soins des régions elles-
mêmes. Toutefois, le fonctionnement en réseau de cette insti-
tution (500 personnes dont 300 en régions) devrait rendre dif-
ficile un démantèlement complet de ses antennes. D’autant
que Michel Quéré, son directeur, explique que les services dé-
concentrés ont un rôle essentiel dans la mesure où, d’une part,
ils sont garants de la fiabilité de l’information concaténée au
niveau national et, d’autre part, la mutualisation fonctionne à
plein entre les différentes régions (les 2 000 vidéos de métiers
mises en ligne sur le site par exemple n’auraient jamais pu
être produites par les trois personnes
du service audiovisuel
du siège sans l’appui des services déconcentrés).
Peut-on rêver d’une plateforme qui réunirait toutes les struc-
tures (mission identique, mutualisation générale des res-
sources, professionnalisation des effectifs, etc.) qui aurait à la
fois une vision nationale et une connaissance très fine de l’offre
de formation sur le territoire ? Une sorte de « guichet unique » à
la fois virtuel (pour exploiter au mieux les données massives) et
réel (pour conserver une dimension de proximité) ? Pourrait-on
y intégrer, comme le suggère une étude de France Stratégie
25
,
des informations sur les débouchés des formations, les taux
d’insertion par filière ou les taux de déclassement ?
25 -
Donne Vincent, Charkir Tariq (2019),
Information sur l’orientation
en fin d’études : un enjeu d’équité et de qualité, France Stratégie.
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