De nouvelles opportunités
Pendant les vingt dernières années du
XX
e
siècle, le développement des
ordinateurs personnels, puis l’arrivée d’Internet ont changé le monde. Dans la
Silicon Valley, nous avons assisté à la naissance de ce nouveau monde. Les
nouvelles technologies provoquent une accélération des échanges et du temps
et à mesure qu’elles progressent, de nouveaux métiers apparaissent. Mais il y
a un temps d’adaptation nécessaire, et certaines personnes sont laissées pour
compte, parce que leurs compétences ne sont plus en phase avec ce dont
l’économie a besoin. Les économistes nous expliquent que le facteur majeur
qui limite la dissémination de la technologie dans l’économie est
proportionnel au temps que mettent les gens à apprendre à l’utiliser, ce qui est
logique. La technologie informatique s’est développée dans les années 1970-
1980, mais l’effet sur la productivité mondiale n’a été perçu que dans les
années 1990. Le boom économique était en grande partie dû à
l’informatisation, mais il y a eu vingt ans d’écart entre l’arrivée de
l’informatique et son impact économique, parce que c’est le temps qu’il a
fallu aux gens pour apprendre à se servir d’un clavier et d’une souris. Les
20 premières années du
XXI
e
siècle sont marquées par un phénomène similaire
avec ce qu’on appelle intelligence artificielle, ou IA : elle va progresser dans
l’économie à mesure que les individus vont apprendre à s’en servir et que ses
applications s’adapteront à leurs problèmes particuliers. Si on veut tirer parti
du boom économique qui se profile, il faut investir massivement dans
l’éducation. C’est vraiment la chose essentielle : formation continue et
éducation primaire.
Après la Seconde Guerre mondiale, de nombreux scientifiques ont fui
l’Europe et sont arrivés aux États-Unis, favorisant son développement
technique et scientifique. Spoutnik, lancé par les Russes le 4 octobre 1957, est
le premier engin placé en orbite autour de la Terre et son lancement a été vécu
comme un traumatisme aux États-Unis. Les journaux ont même parlé à
l’époque d’un « Pearl Harbor technologique », mais c’est ce qui a permis aux
Américains de prendre conscience de leur retard technologique et de tout faire
pour convaincre les jeunes de faire des études scientifiques et de maîtriser les
technologies. C’est l’un des grands bénéfices du programme spatial
américain. Il faut trouver des biais pour intéresser les gens à ces sujets, et la
meilleure manière de le faire, c’est de mettre en avant ce qui les touche de
près dans leur vie quotidienne. Aux États-Unis, le nombre d’étudiants
désireux de faire des études en informatique a doublé voire même triplé, et
c’est à peu près la même chose en Europe, où il y a un attrait des jeunes pour
la technologie, même s’il n’y a encore aujourd’hui que 15 à 20 % de femmes
dans ces filières scientifiques. Le problème en Europe, c’est qu’on ne paie pas
assez les chercheurs. En France, nous avons beaucoup d’atouts, et les
étudiants sont bien formés aux sciences de l’ingénieur et aux mathématiques,
ce qui est un énorme avantage pour l’IA. Ils sont très motivés. Au niveau des
perspectives de travail qui s’offrent à eux, ils ont le choix entre une start-up
qui fait de l’IA, une grande entreprise, l’enseignement ou la recherche. Il y a
encore quelques années, il était très difficile de monter une start-up en France,
alors qu’aux États-Unis, monter une entreprise peut prendre, selon les États,
moins de 20 minutes et coûte 50 dollars. Les levées de fonds sont aussi moins
faciles, notamment à cause des formalités administratives, mais depuis ces
cinq dernières années, on a vu les choses bouger grâce à la French Tech, née
sous l’impulsion de Fleur Pellerin et de la Banque pour l’investissement
(BPI). Cette dernière a décidé de mettre quelques milliards d’euros sur la
table pour encourager les gens à lancer des start-up. Dans les grandes écoles
françaises, 52 % des étudiants disent aujourd’hui vouloir soit créer, soit
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