J’apprécie de travailler longtemps avec les mêmes personnes. En revanche,
je suis incapable de me faire une opinion sur les capacités techniques et
humaines de quelqu’un pendant un entretien d’embauche d’une heure. C’est
pour ça que j’aime beaucoup les stages : ce sont des entretiens d’embauche de
six mois, pendant lesquels on peut tester et connaître bien les gens, et qui
débouchent sur des recrutements de qualité. Cela m’a en général permis de
m’entourer de personnes très fidèles et de ne renvoyer que très
rarement les
gens. Certains partent bien sûr, mais beaucoup travaillent longtemps avec moi
comme Jérôme Dubreuil, responsable du développement du cloud chez
Samsung, qui était stagiaire au SRI il y a 20 ans. Sur la trentaine de personnes
de son équipe, près de la moitié avaient travaillé pour nous dans le passé. Il y
a bien sûr une autre personne avec qui j’adore travailler, je dis souvent
m’amuser, c’est Adam Cheyer. Après qu’il ait quitté Apple en 2012, il a créé
avec des anciens
de Siri une autre start-up, Viv, qui a été rachetée par
Samsung en 2016 pour améliorer son assistant personnel, Bixby ! Je me
réjouis donc de pouvoir à nouveau travailler avec lui dans les mois qui
viennent.
Je ne suis pas forcément quelqu’un de très sympathique, je suis très
exigeant, mais je crois être foncièrement juste. Je pense que c’est la raison
pour laquelle les gens ont plutôt
envie de retravailler avec moi, outre le fait
que les projets sur lesquels on travaille sont toujours à la pointe de la
technologie et très excitants. Dès que je suis devenu manager, j’ai instauré
dans mes équipes le «
twenty percent free time
».
Le principe, popularisé
depuis par Google, est simple : pendant 20 % de votre temps, vous faites ce
que vous voulez, sauf travailler sur les projets pour lesquels vous avez été
embauché. Dans la mesure où on ne peut pas être en pleine capacité dix
heures par jour, je préférais que mes équipes soient à fond pendant six heures
plutôt que moyennes pendant dix. Les gens restaient en général au bureau,
mais ils faisaient ce qu’ils voulaient. Ce qui était inattendu, c’est que pendant
leur «
free time
», beaucoup se mettaient à travailler ensemble et ils ont fini
par inventer des choses intéressantes qu’on a ensuite mises en production !
Dans mes start-up, je n’ai jamais compté les vacances de mes salariés. Aux
États-Unis, il y a deux
semaines de vacances par an, mais si des Français
voulaient partir quatre semaines en France, je les laissais faire. Ces 4 %
supplémentaires n’étaient pas un problème pour moi, ce qui comptait, c’était
qu’ils se sentent bien et qu’ils travaillent bien. Diriger pour diriger ne
m’intéresse pas du tout, mais diriger une équipe qui crée des choses dans une
bonne atmosphère est certainement le comble de l’excitation. J’ai toujours
essayé de montrer l’exemple, je pense que personne ne me reprochera jamais
un manque d’enthousiasme dans mes entreprises !
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