Bruno Callegher
University of Trieste, Department of Humanistic Studies, Trieste, Italy;
bcallegher@units.it
Un trésor de solidi (Jérusalem) et la monnaie d’or d’Héraclius en Syrie-Palestine
Ce trésor a été découvert dans un petit pot en terre cuite au couvent de Saint-Etienne à
Jérusalem dans les années 1880-1890. Il s’agit de 53 solidi d’Héraclius, frappés entre le 22e année
du règne (632) et le bref règne de Héraclonas (641), une période plutôt brève, d’environ huit ans.
Leur poids ne différent pas de plus d’un décigramme (4,35-4,45 g), avec des variations négligeables,
principalement pour des valeurs plus faibles. On n’a pas identifié de liaisons de coins ni dans le
trésor ni avec les solidi d’Héraclius récupérés dans de nombreux autres trésors de la région. Les
trouvailles isolées et les trésors montrent que le règne d’Héraclius se caractérise par un afflux accru
de monnaies d’or En effet près de 1000 pièces (environ 700 en Israël) ont été mises au jour en Syrie-
Palestine et elles présentent de très rares liaisons de coins ce qui indique une frappe abondante et
soutenue. Selon les estimations les plus récentes, le volume de la monnaie d’or d’Héraclius (610-
632) se serait monté à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires, approximativement deux fois
plus que sous Phocas (602-610). Si on y ajoute le montant frappé pendant la dernière décennie du
règne d’Héraclius (632-641), la production totale s’élèverait à plus de deux million de solidi. Les
découvertes isolées (Césarée, Horvat Rimon, Jérusalem, Hamat Gader, Beyrouth et Jordanie) et
les trésors (Giv’ati Parc, Beth Shean, Horvat Kab, Ginnesar, Rehob, Shoam, Jordanie) donnent une
preuve cohérente de cette énorme production.
La thésaurisation de la monnaie d’or, d’ailleurs, doit être liée directement à des événements
militaires : conflit avec les Perses, réoccupation byzantine, conquête arabe. Sur seize trésors du
VII
e
siècle, recensés en Syrie et Palestine, sept se terminent avec des pièces d’Héraclius. Dans
ceux de la seconde moitié du VII
e
siècle, qui comprennent des solidi de Constant II, Constantin
IV et Justinien II, la présence d’Héraclius demeure remarquable, en particulier le type aux trois
empereurs. Une composition analogue s’observe dans les trouvailles et les trésors de monnaie en
cuivre. Cela témoigne d’une demande de monnaie pas seulement précieuse, mais aussi en bronze,
tous indicateurs liés à des événements militaires, à la fiscalité, mais aussi à des échanges demeurés
intenses en dépit des conflits. On envisagera enfin le pouvoir d’achat de la pièce d’or au cours du VII
e
siècle en rapprochant les trouvailles monétaires des sources hagiographiques.
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