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1832



Frère Louis-Marie


[160] La communauté possédait depuis quelques mois un postulant qui allait lui faire un grand bien et devenir supérieur général en 186260.
[161] Pierre-Alexis Labrosse naquit à Ranchal (Rhône) le 22 mai 1810. Il fut baptisé le 2 juin et fit sa première communion en 1821. Ses compatriotes ne se lassaient point de louer sa piété, sa modestie à l'église, ainsi que son esprit judicieux, son amour de la solitude et des études. M. Desroche, son digne curé, émerveillé de ses talents et de ses excellentes dispositions, s'offrit pour diriger ses premières études latines. Le père Labrosse, plus riche en vertus qu'en biens terrestres et qui avait déjà son aîné, le futur curé de La Fouillouse, au séminaire, s'y décida avec peine. Le jeune Alexis étudia donc et fit de rapides progrès sous l'habile direction de son zélé curé. Entré au séminaire, il passait ses vacances à Ranchal avec son frère et continuait d'édifier ses compatriotes. Il fit ses études d'une manière brillante. Au moment de recevoir les ordres majeurs, sa conscience s'émut. La terrible responsabilité sacerdotale l'épouvanta. Les encouragements de ses supérieurs ne le rassurèrent point.
[162] Après de mûres réflexions et pour éviter le fardeau qui l'effrayait, sans se jeter dans le tourbillon du monde, il prit la résolution de se faire religieux. Son choix se fixa sur notre Congrégation dont le nom lui souriait. Ne connaissant point le vénéré Père Champagnat et n'osant s'adresser directement à lui, il s'adressa à M. Gardette qui l'avait dirigé au grand séminaire. Ce digne supérieur lui répondit comme il suit: "Mon cher M. Labrosse, je prends, en effet, beaucoup d'intérêt à votre position. Je voudrais sincèrement pouvoir vous être utile. J'en ai parlé à M. le vicaire général. Si vous persistez à vouloir entrer chez les Frères de Lavalla, je ne vois rien de mieux à faire que d'écrire vous-même à M. Champagnat qui en est le supérieur. Il ne manquera pas de m'en écrire lui-même et de me demander des renseignements et je les lui donnerai très favorables, ou je lui en parlerai à la première occasion. Ce moyen pourra, je le crois, vous tirer d'embarras. Pour expédier plus vite, peut-être ne feriez-vous pas mal de faire vous-même le voyage. En passant à Lyon, vous verriez M. Cattet ou moi-même si j'y suis. Si vous prenez le parti d'écrire, vous adressez vos lettres à M. l'abbé Champagnat, supérieur des Frères de Lavalla, près Saint-Chamond."
[163] L'embarras auquel M. Gardette faisait allusion, était l'exemption du service militaire. Le jeune novice s'en tira par l'intervention de quelques braves gens et surtout par la protection de la Sainte Vierge. Selon le conseil de M. Gardette, il écrivit au R. Père et lui demanda son admission dans la chère Congrégation des Petits Frères de Marie. Le R. Père lui répondit ainsi, le 21 août 1831: "M. Labrosse, la grande et je pourrais dire l'unique condition qu'il faut pour entrer dans notre maison, avec la santé, c'est une bonne volonté et un sincère désir de plaire à Dieu. Venez avec cette disposition, vous serez reçu à bras ouverts, vous ferez le bien dans notre maison. Marie, notre bonne Mère, vous protégera et après l'avoir eue pour première Supérieure, vous l'aurez pour Reine dans le ciel.
[164] Les habillements que vous aviez au séminaire ainsi que votre linge, pourront vous servir dans notre maison et former votre trousseau."
[165] Le jeune séminariste avait reculé devant le lourd fardeau sacerdotal. Ses supérieurs, son frère abbé et ses condisciples le regretèrent. Il entra à l'Hermitage et après un court noviciat, il prit l'habit religieux, la soutane grossière et poilue des Petits Frères de Marie, le 1er janvier 1832.
[166] Le lendemain, le pieux Fondateur le conduisit à pied à La Côte-Saint-André. Ils allèrent dîner à Chavanay après avoir mesuré 23 km. Après dîner, ils se remirent en route. Le F. Dominique, directeur à Chavanay, les accompagna. La nuit les surprit à Anjou (Isère) à 18 km de Chavanay. Ils allèrent demander l'hospitalité au curé de cette paroisse lequel admit le bon Père à sa table. Les 2 Frères mangèrent des pommes de terre et des châtaignes à la cuisine. Ce n'était que des Frères! Le bon Père en fut peiné, mais il n'était pas chez lui. Le lendemain, avant le départ, il voulut dire la sainte messe. Il trouva l'église, les ornements et les linges d'autel très mal propres, tandis que le linge de la cure était bien soigné. Il en éprouva une peine telle qu'il ne put s'empêcher de la communiquer à ses compagnons. C'est par mégarde que le C.F. Jean-Baptiste à placé cette scène en Savoie.
[167] On partit, le nouveau Frère marchait péniblement. La soutane lourde et les gros souliers ferrés auxquels il n'était pas encore habitué, le fatigaient fort. En arrivant à Beaurepaire, il n'en pouvait plus. Le bon Père loua une voiture qui conduisit les 3 voyageurs à La Côte. Le C.F. Louis-Marie y fut installé dans la première classe du pensionnat. Ses élèves le trouvèrent sévère mais ils l'aimaient bien. "On crève de faim ici disaient-ils, mais on y apprend bien." C'est que les gros gaillards avaient bon appétit. Il leur fallait en moyenne 1 kg de pain par jour à chacun, pendant les trois premiers mois de l'année scolaire. M. Douillet fut enchanté du nouveau Frère, mais le Père en eut bientôt besoin.

Frère Sylvestre, Tamet


[168] Le jeune F. Sylvestre, né Tamet, avait pris l'habit religieux le 15 août 1831 à l'âge de 12 ans et demi. Très léger, il avait fait une multitude d'étourderies qui lui avaient attiré de nombreuses réprimandes. Il les avait bien supportées. Un enfant, frère du F. Grégoire, avait fait sa première communion et prit l'habit le même jour, à l'âge de 9 ans, la même année, et avait reçu le nom de F. Basile. Un jour, il pria le F. Sylvestre de lui couper les cheveux ce qui fut accepté. Le P. Champagnat était absent pour 15 jours, disait-on. Avant son retour, s'était dit le nouveau perruquier, les cheveux du F. Basile auront le temps de croître. Il avait donc fait une jolie tonsure au jeune Frère. Le Père rentra le lendemain et présida la coulpe. F. Basile se présenta pour la faire avec sa calotte. La lui ayant fait quitter, le bon Père vit la tonsure et voulut savoir qui l'avait faite. F. Basile balbutia d'abord et déclina ensuite le nom du F. Sylvestre.
[169] Celui-ci dut faire aussitôt sa coulpe et accuser de nombreuses étourderies en sus de celle précitée. A l'avertissement fraternel, les anciens Frères allongèrent la litanie. "Quelle pénitence mérite-t-il? - Pour le corriger dit un ancien, il faut le priver de sa soutane pendant quelque temps. - Allez quitter votre soutane, dit le bon Père, et revenez." Au retour F. Sylvestre n'était pas fier. "Votre cas est grave, lui dit le Père, l'archevêché doit en être juge." Cette déclaration fit trembler le coupable qui se montra très sérieux pendant quelques jours au bout desquels un vicaire général vint à l'Hermitage et réunit les Frères. Par ordre du P. Supérieur, F. Sylvestre dut lui faire sa coulpe humblement. "Vous avez fait cela par légèreté", répondit le vicaire général. Il l'embrassa et lui fit rendre sa soutane.
[170] Les légèretés ne furent pas finies surtout en classe. Impatienté le bon F. Jean-Marie lui donna un jour 1200 lignes. F. Sylvestre alla trouver le bon Père en pleurnichant. Celui-ci lui fit promettre, pour la centième fois, d'être plus sage et lui remit un billet supprimant les lignes et portant son sceau imprimé sur la cire. Après bien des épreuves, le bon Père fit appeler le F. Sylvestre, en 1833, et lui dit de se préparer pour aller faire la cuisine à Ampuis. Il fallait y aller à pied et porter son sac. "Je ne sais pas le chemin dit le jeune Frère de 14 ans. - Je vous accompagnerai jusqu'à Chavanay reprit le Père. Prenez le chemin de Saint-Martin et passez devant, je vous attendrai. " Le Frère partit et s'égara.
[171] Un voiturier l'aperçut et l'appela pour le placer sur sa voiture. F. Sylvestre prit peur et s'enfuit. Le Père se trouva là à cheval et l'arrêta. Il descendit de sa monture, y fit grimper F. Sylvestre, mit les étriers à sa mesure, lui indiqua la manière de conduire la bête ainsi que la route à suivre et lui recommanda de l'attendre à la Croix-de-Mon-Vieux. Le jeune cavalier part au petit trot. Il lorgna toutes les croix qu'il rencontrait. N'en trouvant point qui porta le nom de Mon-Vieux, il traversa le col de ce nom et arriva à Pélussin. En y entrant, il rencontra un nombreux enterrement. Son cheval passa fièrement entre les rangs. Le jeune cavalier quitta son tricorne et fit bonne contenance. Tous les yeux étaient braqués sur lui. Au bas du bourg il se fit indiquer le chemin de Chavanay. Y ayant arrivé et ayant trouvé la maison des Frères, il attacha sa monture à la porte et entra bravement dans la première classe. Tous les enfants se levèrent et s'écrièrent: "Quel petit frère!" Le F. Dominique poussa le nouveau venu hors de sa classe et l'enferma dans un placard. En sortant de l'école, les enfants criaient de toutes parts au F. Dominique: "Montrez-nous le petit Frère et nous vous donnerons deux sous."
[172] Après leur départ, le prisonnier fut délivré. Le. P. Champagnat arriva enfin, les pieds meurtris par une longue marche et dit à son compagnon: "Petit drôle, je vous avais dit de m'attendre à la Croix-de-Mon-Vieux." "J'ai regardé toutes les croix, répondit le jeune Frère, aucune n'avait ce nom. - C'est bien, répondit le Père, le F. directeur vous conduira tout à l'heure à Ampuis."
[173] F. Dominique aimait peu les petits Frères. Il indiqua le chemin à celui-ci et le laissa aller seul. A Condrieu, une troupe de gamins le poursuivirent et voulurent le jeter dans le Rhône. Il s'enfuit à toutes jambes. Plus loin, une femme l'appela et voulut le mettre dans son tablier. De jeunes filles formèrent le rond et l'entourèrent. Il en bouscula deux et leur échappa. En entrant au bourg d'Ampuis, un bourgeois le salua par ces mots: "Bonjour, petit Pic-Bise!" Le jeune Frère le regarda de travers et passa sans le saluer. Il arriva furieux chez les Frères en maugréant contre la grossièreté des gens du pays.
[174] Quelques jours après, il fallut faire une omelette. Provoqué par les Frères, il prit si bien ses mesures pour la tourner qu'il l'envoya sur un placard dans un des angles de la cuisine. Les deux autres Frères étaient très sérieux, ce qui n'allait point au jeune Frère Sylvestre. Il s'égayait comme il le pouvait. Il monta un jour la brouette dans la chambre d'étude.
[175] Aux vacances suivantes, le F. directeur se plaignit fort au pieux Fondateur des légèretés de son jeune cuisinier et cita le fait de la brouette. "Vous avez tort d'être si sérieux avec lui, répondit le Père. Ce jeune Frère a besoin de se distraire de temps à autres. S'il avait monté la brouette jusqu'au grenier je lui aurait donné une image." etc. Nous tenons ces détails du F. Sylvestre lui-même.

* * *


[176] MM. Pompallier et Fontbonne étaient aumôniers à l'Hermitage. Celui-là devint évêque en 1836 et celui-ci s'en alla en Amérique d'où il écrivit au Père Champagnat pour lui demander des Frères. Le 2 mai M. Pompallier prêchant une mission à Saint-Etienne-la-Varenne, écrivit au Père pour le consoler du départ ou de la mort de plusieurs sujets, surtout du F. Anselme qui venait de partir pour l'éternité.
* * *

Instructions du P. Champagnat


[177] Le pieux Fondateur continua de réunir tous les Frères et de les instruire pendant les vacances. Nous résumons ici les principales instructions qu'il leur avait données depuis plusieurs années.
[178] 1 Sur le courage et la sainte joie. - "Mes amis, souvenons-nous que c'est pour Dieu que nous travaillons et que les récompenses qu'il nous prépare sont éternelles. Les gens du monde travaillent plus que nous et chantent quelques fois tout le jour, parce qu'ils gagnent quelques pièces d'argent, et nous qui gagnons le ciel, nous nous laisserions décourager! La tristesse affaiblit et détruit tous les bons sentiments de l'âme, elle aggrave les peines de la vie et les rend insupportables. La tristesse produit 4 grands maux: elle tue la piété; elle est la mère et la nourrice des tentations; elle divise les esprits et détruit la charité fraternelle; elle scandalise le prochain en lui faisant croire qu'on est malheureux au service de Dieu. Celui qui est gai prouve par cette seule disposition qu'il aime son saint état. Les Frères portés à la tristesse, s'ils ne s'amandent, ne peuvent pas faire le bien parmi les enfants."
[179] 2 Sur l'esprit de foi. - Mes frères, si vous aviez plus de foi, vous ne seriez pas si lâches dans le service de Dieu, et vous ne trouveriez pas si grandes les difficultés de votre état. Il y a des peines partout, ceux qui les envisagent avec foi les trouvent légères. Oh! si nous connaissions le prix d'une âme! Si nous savions combien Jésus aime les enfants et avec quelle ardeur il désire son salut! loin de trouver la classe pénible et de nous plaindre des peines de notre état, nous serions prêts à sacrifier notre vie pour procurer à ces tendres enfants le bienfait de l'éducation chrétienne. Vous faites souvent mal le signe de la croix qui nous rappelle le plus touchant et le plus ineffable de nos mystères. Je ne comprends pas comment des religieux peuvent s'oublier à ce point. Comment vos enfants le feront-ils si vous le faites si mal vous-mêmes? Ne laissez pas traîner vos livres de piété même de simples feuillets, vous vous exposez à profaner le nom et la parole de Dieu. Ayez soin de tous les objets religieux: crucifix, images, tableaux, bénitiers, costume religieux, parce que tous ces objets sont bénis."
[180] Il était impossible d'assister à la messe du bon Père sans se sentir porté à la dévotion et pénétré d'un profond respect pour nos sacrés mystères. Lorsqu'il allait donner la sainte communion, il prononçait ces paroles: Ecce Agnus Dei... d'un ton de voix si pénétré et si attendri qu'on croyait qu'il voyait N.S. et que ce Dieu sauveur n'était pas pour lui un Dieu caché. "C'est Dieu, disait-il, qui dirige tous les événements et qui les fait tous tourner au bien de ses élus. Nous perdrions bien notre temps si nous attendions le succès de nos entreprises de notre habileté. Dieu seul peut nous le donner, il n'a aucun besoin de nous et nous ne sommes propres qu'à tout gâter."
[181] 3 Sur la défiance de soi-même et la confiance en Dieu. - "Quand on a Dieu pour soi et que l'on ne compte que sur lui, rien n'est impossible, c'est une vérité de foi. Celui qui compte trop sur ses talents et sur son habileté n'est pas propre à faire le bien. Le diable a de grands talents. Cela ne le rend pas plus propre au bien. - C'est par la confiance en Dieu et non par le génie que l'on fait le bien parmi les enfants. Si vous comptez sur les talents du missionnaire et sur ce que je pourrais vous dire pour le succès de votre retraite, vous n'en ferez point. La parole de l'homme peut frapper votre esprit, exalter votre imagination, vous impressionner pendant quelque temps, mais si Dieu ne touche votre coeur, cette impression fugitive s'en ira avec le son qui l'a produite et vous sortirez de la retraite tels que vous y êtes entrés. Mettez toute votre confiance en Dieu, car ici, plus qu'en toute autre chose, il faut dire: Nisi Dominus...".

[182] Il n'y a pas de vertu que le P. Champagnat ait recommandé tant que la confiance en Dieu. Il a commenté des milliers de fois les deux premiers versets du psaume Nisi Dominus... "La confiance en Dieu disait-il est la mesure des grâces qu'il nous donne. Vous me dites écrivait-il à un Frère, que la mort vous a ravi le premier bienfaiteur de votre école, cela n'est pas exact, le premier bienfaiteur c'est Dieu qui ne meurt jamais." Après sa longue maladie, il avait ainsi parlé:


[183] "Mes Frères, quand aurons-nous des sentiments dignes de Dieu? Ne nous a-t-il pas donné assez de preuves de sa bonté pour nous apprendre à compter sur sa Providence et à nous abandonner à lui? Nous a-t-il laissé manquer de quelque chose depuis qu'il nous a retirés du monde? N'est-ce pas lui qui a fondé cet Institut, qui nous a donné pour construire cette maison, qui nous a multipliés et qui a béni nos écoles?... Cette Communauté est son oeuvre et il n'a besoin de personne pour la faire prospérer. Si nous manquons de confiance en Lui, nous nous perdrons, d'autres prendront notre place et continueront son oeuvre. Dieu n'est pas embarrassé pour trouver des hommes, il peut prendre le premier qui passera dans la rue. Entre ses mains tout instrument est bon."
[184] "Il faut que vous ayez une bourse bien garnie lui dit un jour quelqu'un, pour vous charger de tant de misères et faire face à tant de dépenses. - Ma bourse répondit le Père n'a pas de fond, c'est celle de la Providence: plus on y prend plus il y en a."
[185] 4 Sur la présence de Dieu. - "Je n'ai pas eu plus de peine à me tenir en la présence de Dieu dans les rues de Paris, dit le pieux Fondateur, que dans les bois de l'Hermitage. La présence de Dieu est la base de la vie spirituelle. Elle vous fera éviter le péché, elle vous donnera la force pour pratiquer la vertu, pour supporter les peines de votre état et vous inspirer des sentiments de piété. Si nous n'osons faire le mal devant les hommes, comment oserions-nous le faire devant Dieu si nous nous rappelions sa présence?"
[186] Un Frère qu'il prit en faute, se jeta à ses genoux en disant: "Pardon mon Père je ne savais pas que vous étiez là. - Et le bon Dieu, pensiez-vous qu'il y est? Quoi, mon Frère, vous faites devant Dieu ce que vous n'osez faire devant moi? Tant que vous vous conduirez de la sorte, vous n'aurez de religieux que l'habit, votre vie sera pleine de fautes et vide de vertus."
[187] "La présence de Dieu nous inspire un grand zèle pour travailler à notre perfection et au salut des âmes. Aucun sacrifice ne coûte quand on pense à ce que Dieu a fait pour nous. Rappelons-nous que celui pour qui nous travaillons nous regarde et que nous sommes toujours sous ses yeux."
[188] 5 Sur la pauvreté. - Le bon Père dit à un Frère qui laissait tomber quelques miettes: "Pourquoi laissez-vous tomber ce pain? Ignorez-vous qu'il y a beaucoup de gens qui n'en ont pas assez? C'est manquer à la pauvreté que de laisser ainsi périr le bien de Dieu." Il renvoya un postulant qui passait sur un objet sans le ramasser, en disant: "Il faut chez nous des hommes ménagers et amis de la pauvreté. Après l'offense de Dieu disait le bon Père rien ne me fait tant de peine que de voir négliger le soin des choses." Il grondait souvent le F. cuisinier parce qu'il laissait des restes de graisse dans les plats après le repas. Il donnait le premier l'exemple de ce qu'il enseignait, ramassant les objets qu'il rencontrait et faisant chaque soir le tour de la maison pour voir si tout était en ordre, si rien ne se perdait.
[189] Il racontait souvent ce trait: "Un bon père de famille restreignait ses dépenses le plus possible et reprenait souvent les gens de sa maison sur leur peu d'économie. Ceux-ci s'en plaignaient. "Si je faisais autrement, répondait le chef de famille, personne n'y gagnerait et les pauvres y perdraient beaucoup." Après sa mort son fils ne l'imita pas mais les pauvres ne furent pas secourus et il se mit dans les dettes. "Pour les Frères ajoutait-il l'économie n'est pas seulement un conseil c'est un devoir. Etant religieux, ils doivent se nourrir et se vêtir pauvrement. Un Frère qui n'est pas économe, qui n'a pas l'esprit de pauvreté, est un fléau pour la congrégation. Apprenez tous à faire la cuisine par esprit de pauvreté. Les mauvais cuisiniers sont les ennemis de la bourse et de la santé. Dans le même esprit, apprenez à coudre, afin de prendre soin vous-mêmes de votre vestiaire." L'amour du bon Père pour la pauvreté lui faisait prendre les plus grandes précautions pour la conserver parmi les Frères.
[190] 6 Sur l'humilité. - C'est pour inspirer l'amour de cette vertu dans le coeur de tous ses Frères, que le bon Père leur imposa le nom de Petits Frères de Marie. Il la pratiqua excellemment lui-même, leur rendant les services les plus bas, prenant pour lui ce qu'il y avait de plus pénible et de plus humiliant, sans craindre de perdre son autorité. Voyageant un jour avec des Prêtres Maristes qui allaient partir pour l'Océanie il en obtint la grâce de porter leurs sacs, en disant: "Laissez-moi faire, je suis un campagnard habitué aux gros travaux. J'aurai ainsi part à vos mérites." Etant une autre fois, en voyage avec trois de ses Frères, un prêtre admirait la modestie de ceux-ci et lui demanda qui les avait formés. "On n'en sait trop rien, répondit le bon Père, quelques jeunes gens se sont réunis, ils se sont tracé une règle conforme à leur but, un vicaire leur a donné [des soins] 61, Dieu a béni leur communauté et l'a fait prospérer au-delà de toute prévision humaine."
[191] "Dieu a pris des hommes sans vertu, sans talent, dépourvus de tout secours humain, il a voulu se servir de la misère même pour former cette communauté, afin que tout l'honneur et toute la gloire lui en fussent rapportés." Pour inspirer l'humilité à ses Frères, le pieux Fondateur leur donnait 4 moyens: 1 travailler à se connaître; 2 réfléchir sur les avantages de l'humilité et sur les maux que produit l'orgueil; 3 s'attacher fortement à la pratique de l'obéissance et de la charité; 4 conserver la modestie en tout et partout.
[192] Le bon Père voulait que les Frères se convainquissent que leur Congrégation était la moindre de toutes celles établies dans l'Eglise. Avec de tels sentiments on devine ce qu'il faisait pour ruiner l'orgueil dans ses Frères et y établir une solide humilité.
[193] 7 Sur le zèle. - La vie entière du vénéré Père était une suite non interrompue d'actes de zèle. S'il rencontrait un enfant, il s'assurait s'il savait son catéchisme. S'il trouvait des jeunes gens, il désirait en faire des religieux. "Le bonheur de la vie religieuse est si grand disait-il et je désire si vivement avoir des Frères pour en donner à toutes les paroisses qui n'en ont pas, que je rencontre rarement des jeunes gens sans former le même voeu." Il voulait que les Frères saisissent adroitement toutes les occasions pour inspirer la piété et l'amour de Dieu aux enfants. "Mes Frères s'écriait-il un jour, que vous êtes heureux de pouvoir faire le catéchisme et d'apprendre aux enfants à connaître, à aimer et à servir Dieu. Vous faites ainsi ce que J. C. a fait le premier, ce que les apôtres ont fait après lui, ce que font les prêtres, les évêques et le pape lui-même, ce que les anges n'ont jamais eu l'honneur de faire. La meilleure partie du troupeau de J. C. vous est confiée. Entendez ce divin Maître vous dire: "Tout ce que vous faites pour le plus petit des miens, c'est pour moi que vous le faites, etc..." Votre zèle doit être généreux, constant et ne se rebuter jamais de rien."
[194] 8 Sur la dévotion à Marie. - Le bon Père avait sucé cette dévotion avec le lait. Sa bonne mère et sa vertueuse tante l'avaient gravé profondément dans son coeur. Aussi s'efforçait-il de la pratiquer et de la faire grandir pendant toute sa vie. Sa maxime était: "Tout à Jésus par Marie, tout à Marie pour Jésus". C'est à Marie qu'il confia la création de son Institut, c'est elle qui en a été la Souveraine, c'est à elle qu'il s'adressa dans toutes ses difficultés, c'est par elle qu'il obtint les grâces spirituelles et les secours matériels dont il avait besoin. Elle fut sa ressource ordinaire.
[195] Pour honorer Marie, il voulait que tous les Frères disent chaque jour, son office et le chapelet, qu'ils se préparassent à ses fêtes par une neuvaine, qu'ils célébrassent ces mêmes fêtes avec toute la piété possible, qu'ils jeûnassent la veille et tous les samedis. Il voulait qu'ils fissent exactement et avec le plus de pompe possible le mois de Marie avec leurs enfants, qu'ils redoublassent d'efforts pour inspirer à ceux-ci une grande dévotion envers cette bonne Mère, qu'ils consacrassent un catéchisme chaque semaine pour inspirer cette dévotion. Il voulait que la statue de la bonne Mère fut placée dans tous les lieux réguliers de chaque maison et que les frères ne passassent pas devant elle sans la saluer. Il voulait même qu'ils la saluassent à chaque [heure] du jour. "La dévotion à Marie disait-il est une marque assurée de prédestination." Il voulut que tous les Frères fussent revêtus du saint scapulaire. Il voulait qu'ils récitassent ou chantassent tous les matins le Salve Regina; qu'ils disent 3 Ave Maria en se couchant et en se levant, qu'ils terminassent tous leurs exercices par le Sub tuum. Enfin, il voulait que les Frères s'appliquassent à imiter les vertus de Marie, à la faire connaître, aimer et à répandre sa dévotion par tous les moyens possibles.
[196] "Mes Frères dit-il un jour, le salut nous vient par Marie. C'est d'elle qu'est né Jésus, c'est par elle qu'il est descendu du ciel pour sauver les hommes, c'est par sa médiation et son entremise qu'il fait la 1re application de ses mérites dans la sanctification de saint Jean-Baptiste. C'est à sa prière qu'il fait son 1er miracle, c'est à elle que du haut de la croix il confie tous les hommes, en la personne du disciple bien-aimé, afin de nous faire comprendre qu'elle est notre Mère et que c'est par elle qu'il veut nous accorder ses grâces et nous faire l'application des mérites de sa mort et de sa croix."
[197] Nous allongerions trop notre récit si nous décrivions toutes les vertus que notre pieux Fondateur a pratiquées, si nous disions tout ce qu'il a fait pour inspirer à ses Frères la pratique de ces mêmes vertus. Un de ses premiers disciples qui le connaissait parfaitement, a écrit sa vie et est entré dans de grands détails. Tous les Frères peuvent la lire et s'animer ainsi à imiter leur héroïque Fondateur.

Nourriture des Frères


[198] La nourriture des Frères commençait à s'améliorer. On ne mangeait pourtant encore ni perdrix ni bec-figues. Le pain était mieux travaillé, chacun en avait selon son appétit. On servait un peu de viande à dîner, mais, bien qu'elle ne coûtât que 25 à 30 centimes la livre, un corbeau aurait vite avalé la portion de chacun, car les parts étaient toutes faites. Avec un peu de vin on rougissait la bonne eau du Gier. Cette boisson n'aurait pas taché la nappe s'il y en avait eu une sur la table. Quant aux autres mets, ils consistaient en pommes de terre, en carottes, en choux cuits dans la soupe, puis enlevés avec une écumoire et jetés dans les plats à servir avec un peu de sel.
[199] On vivait à peu près de même dans les établissements et pendant longtemps encore un hectolitre de vin fut suffisant pour griser 3 Frères pendant toute une année. Néanmoins, tous se portaient bien, tous étaient contents et nul ne regrettait les oignons d'Egypte. Le vénéré Père était au réfectoire commun, à une petite table ronde avec les aumôniers, mais ils n'étaient guère mieux servis que les Frères. On lisait pendant les repas à la fin desquels le bon Père faisait répéter la lecture aux novices, même aux anciens Frères qui restaient parfois muets, ou bien disaient des balourdises. Le Père en profitait pour donner de sages avis et de bonnes leçons.

Bienveillance du clergé


[200] Mgr. Alexandre Raymond Devie, évêque de Bellay, qui avait toujours été bienveillant pour la Société des PP. et des FF. Maristes, nous honora de son honorable visite à N.D. de l'Hermitage pendant la retraite générale des Frères cette année 1832. C'était le R.P. Augry, célèbre Jésuite, qui donnait les exercices de la retraite selon saint Ignace. Ce bon Père faisait les méditations et les conférences avec une onction, une piété, une simplicité admirables et le règlement qu'il donna était remarquable pour bien employer le temps d'une retraite. Les Frères y gardaient un silence absolu, comme cela s'est toujours pratiqué depuis.
[201] Mgr. voulut voir le P. Augry dans sa chambre. Le P. Champagnat qui l'y accompagna, raconta ensuite aux Frères combien il avait été édifié de l'humilité et du profond respect de ce bon Jésuite qui, en apercevant Mgr. s'était jeté à ses pieds et s'était écrié comme hors de lui-même: "Quoi! Mgr. vous daignez penser à moi!" Le P. Champagnat introduisit Mgr. dans la salle des exercices où les Frères étaient réunis. Sa Grandeur leur adressa de bienveillants encouragements, les bénit et se retira. Le règlement de la retraite ne fut nullement modifié par cette honorable visite.
[202] MM. Séon et Pompallier aidaient le bon Père comme aumôniers. Celui-là s'absentait souvent pour aller prêcher de côté et d'autre. Celui-ci était plus stable, mais il ne tarda pas à faire de même.

M. Duplay


[203] Pendant cette même année 1832, l'Institut fonda Sorbier, Terrenoire et Viriville, reprit l'école de Marlhes interrompue depuis 11 ans. M. Allirot était mort et M. Duplay lui succédait. Celui-ci était le frère aîné de M. Jean-Louis Duplay qui succéda à M. Gardette dans la charge de supérieur du grand séminaire de Lyon. Il y continua pendant de longues années la sage et habile direction que son devancier avait imprimée à cette importante maison. Il fut l'un des appuis de notre vénéré Fondateur comme le constate la lettre suivante que ce bon Père écrivit à M. le curé de Marlhes en 1832, en lui retournant les Frères pour la direction de son école:
[204] "On peut dire en toute vérité que M. Jean-Louis Duplay, votre frère, est l'une des causes de l'existence des Petits Frères de Marie. Je n'aurais jamais entrepris et surtout poursuivi cette oeuvre s'il ne l'avait formellement approuvée. Il fit plus: quand il fut heureusement [question] de son établissement définitif, j'allai lui en parler comme je le faisais toujours dans les affaires de quelque importance. Tout en s'intéressant à mon projet il ne crut pas d'abord que je dusse quitter ma position de vicaire à Lavalla pour m'y consacrer entièrement. Ayant eu occasion de s'entretenir longuement de mon oeuvre, avec M. l'abbé Dervieux, curé de Saint-Pierre à Saint- Chamond, ses idées se modifièrent. Quand je le revis, il me dit qu'il verrait avec regret que mes projets n'aboutissent pas. Il me répéta qu'il fallait marcher en avant, que mon oeuvre étant l'oeuvre de Dieu, je n'avais rien à craindre. Je fus grandement satisfait et réconforté par ces paroles et depuis lors, je luttais avec plus de confiance contre les contrariétés qu'on m'opposait."62
[205] Si le P. Champagnat avait une grande confiance aux lumières de M. Jean-Louis Duplay, celui-ci l'honorait d'une très grande estime, ainsi que l'atteste la lettre qui va suivre, qu'il écrivit 8 ans plus tard, en apprenant la mort du bon Père: "La nouvelle de la mort du P. Champagnat m'a surpris. La vie et la conversation de ce vénérable prêtre m'édifiaient. On pouvait le croire nécessaire. Au moins ses leçons et ses exemples ne seront pas perdus, nous les retrouverons dans les Frères qu'il a établis. Le P. Champagnat a eu ses épreuves, je les ai connues. Il n'en continuait pas moins son oeuvre avec le même courage, allant d'un coeur libre à travers toutes les vicissitudes. C'est que dans ses efforts, il visait au-dessus de l'intérêt personnel, il songeait que c'était pour Dieu et pour Dieu seul qu'il travaillait. Un des grands mérites de ce prêtre, c'est sa patience dans la peine et son silence dans l'amertume."
[206] Bien que ces deux lettres n'aient pas la même date, nous avons tenu à les placer à la suite l'une de l'autre, parce qu'elles prouvent l'estime et l'affection que les deux serviteurs de Dieu se portaient mutuellement.

Accroissements


[207] La maison de Terrenoire fut fondée par M. Génissieux, excellent chrétien, créateur de l'usine métallurgique placée en cet endroit, ami du P. Champagnat et bienfaiteur de son Institut.

[208] La fondation de celle de Viriville était due au zèle de M. Cussier, curé de la paroisse. L'amour de ce saint prêtre pour son peuple lui faisait multiplier et trop allonger parfois ses instructions. Dans l'une d'elles, nous l'entendîmes s'écrier: "Mes frères, on dit que nous vivons dans un siècle de lumière. C'est peut-être vrai sous certains rapports, mais c'est le diable qui porte la lanterne."


[209] De nombreux novices prirent le saint habit cette année-là à la suite du C.F. Louis-Marie. Voici leurs noms: Frères Flavien (Gacher), Thomas (Jean-Baptiste Thomas), Nilamon (Colombon), François-Marie (Convers), Des Anges (Françon), Siméon (Fayasson), Appolinaire (Ginet), Marie-Joseph (Rondet), Marc (Poulas), Lazare (Guerry), Joachim (Bonvalet), Onésime (Besson), François-Régis (Boîton), Clément (Penin), Sébastien (Astier), Rémy (Dubessy), Louis-Bernardin (Fayol), Cassien (Chomat), Jacques (Baile), Basile (Vincent), et Pierre-Marie (Pérenon).

Frère Cassien, Chomat


[210] F. Cassien était né à Sorbier en 1788. Un curé intrus l'avait entraîné dans le schisme63. Il en avait été tiré en 1800, par un prêtre caché chez son oncle. Il avait fait sa 1re communion en 1801. Orphelin, n'étant surveillé par personne, il s'était laissé entraîner par de mauvais compagnons. Il s'était converti et avait fait une confession générale à M. Dervieux en 1812. Il s'était mis alors à faire l'école aux enfants de Sorbier. En 1815, le F. Arsène était venu se joindre à lui. Ils avaient vecu ensemble dans la plus parfaite union. F. Cassien avait voulu ensuite entrer chez les Frères du Bienheureux de la Salle. Sa frêle santé l'en avait détourné. M. Rouchon avait cherché à l'attirer parmi ses jeunes gens en 1820. En 1822, il était allé avec son compagnon trouver le P. Champagnat à Lavalla. Ils étaient venus souvent ensuite demander des conseils au bon Père et se confesser à lui. Le Père les avait dirigés sans vouloir devancer l'heure de la grâce. Enfin Louis Chomat et Césaire Fayol, sans renoncer encore à leur propriété de Sorbier, se décidèrent à entrer dans la Congrégation et prirent l'habit comme il est dit ci-dessus. Le P. Champagnat leur donna deux jeunes Frères pour les aider dans leur école et l'établissement de Sorbier fut fondé. La municipalité mit ensuite des entraves, priva les Frères de toutes ressources et l'école fut suspendue en 1837 pendant plusieurs années.
[211] Le F. Cassien ne tarda pas à ne voir que des défauts dans les jeunes Frères qu'on lui avait donnés. Il s'en plaignit amèrement au P. Champagnat qui lui répondit ainsi: "Mon C.F. Cassien, que Jésus et Marie soient vos guides et conducteurs en tout. Je ne puis, M. C. F. Cassien, vous dissimuler la peine que me cause votre position dont je ne puis en aucune manière me rendre raison. Je ne crois, M. C. ami, vous avoir manqué en aucune manière. J'ai eu égard aux représentations que vous avez cru devoir me faire. Je n'ai certainement pas cru me moquer de vous en vous donnant les deux sujets que nous vous avons donnés. Vous-même en étiez content. Qui est venu troubler cette paix? Quand le F. Denis vous a inquiété par ces mécontements, ne me suis-je pas rendu de suite chez vous pour vous le changer? Et quand vous m'avez eu manifesté que vous préfériez le garder, quoique nos combinaisons eussent été prises autrement, ne me suis-je pas rendu à vos raisons? Enfin, M. C. Frère, qu'elles sont donc les raisons qui peuvent vous faire peine? Si les membres de la Société de Marie sont trop imparfaits pour vous servir de modèle, jetez M. C. F. Cassien, les yeux sur Celle qui peut être le modèle des parfaits et des imparfaits et les aime tous, les parfaits parce qu'ils retracent ses vertus et portent les autres au bien surtout dans une communauté, les imparfaits parce que c'est surtout à cause d'eux que Marie a été élevée à la sublimité de Mère de Dieu. Si donc, M. C. F. Cassien, nous sommes parfaits, nous devons en quelque sorte remercier les pécheurs de ce qu'ils nous ont procuré une Mère si bonne, si aimable. Pourquoi, mon bien C. Frère, retourner en Egypte pour y chercher des conseils? Marie n'a-t-elle pas de quoi vous rassurer? Je vous dirai, M. C. ami, avec le prophète, pour n'avoir rien à me reprocher, je vous dirai que les secours de l'Egypte seront un frèle roseau qui se brisera entre vos mains, qui, je ne crains pas de vous le prédire de la part de Jésus et de Marie, vous blessera en se rompant. Si vous dédaignez mes avis, consultez le supérieur général de la Société qui est arrivé de Rome, Mgr. l'archevêque, M. Cholleton. Enfin, M. C. F. Cassien, ne faites rien avec précipitation." Le F. Cassien comprit qu'il avait tort et travailla à s'amender.
* * *
[212] Les Frères dont les noms suivent firent profession cette année: Frères Nilamon (Colombon)64, Pierre (Souchon), Jérôme (Grappeloux), André (Aubert), et Pie (Renou). Le F. Anselme (Poujard) nous quitta pour aller au ciel.


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