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2007). Selon la recherche, les cerveaux sont conçus pour se connecter et s’épanouir en
groupe ; l’activité neuronale est étudiée à l’aide d’outils de neuro-imagerie.
Lorsque la
communication fonctionne, puisque a) le message est efficace ; ou b)
puisque les
interlocuteurs ont déjà des visions du monde similaires, leurs cerveaux se synchronisent
(Lieberman, 2018). De nombreuses études ont révélé que nos expériences privées
d’événements quotidiens ordinaires, comme les vidéos YouTube,
sont de puissants
prédicteurs des personnes avec qui nous passerons notre temps et que nous finirons par
apprécier ; « rather than being what separates us from others,
our way of seeing the world is a
remarkable predictor of who we will connect with
» (
ibid.
, p. 371 [emphase ajoutée]).
Aujourd’hui, des interactions de groupe sont étudiées à l’aide d’électroencéphalogrammes
(EEG) portables. Un suivi de 12 étudiants pendant 11 cours de biologie a montré que la
mesure dans laquelle l’activité cérébrale est synchronisée entre les élèves prédit à la fois
l’engagement des élèves, et la dynamique sociale (Dikker et al., 2017). Houdé (2018), qui a
introduit en France le terme de « neuropédagogie » au début des années 2000, en constate
« un
bon prof, emportant l’adhésion des élèves, est un véritable chef d’orchestre neuronal ».
Les métaphores d’orchestre et de symphonie paraissent dans de nombreuses publications de la
recherche cognitive. En empruntant l’allégorie, une interaction interculturelle réussie est une
pièce musicale harmonieuse où chacun apporte une valeur appréciée.
Certains scientifiques avancent même l’idée que la motivation sociale sous-tend l’évolution
génétique chez les humains et que l’émergence du langage (basée sur la capacité à générer la
parole) peut et doit être expliquée comme un processus culturel qui a fini par enchevêtrer les
esprits/cerveaux individuels dans un processus d’évolution pour le langage. Ensuite, la
puissante ressource sémiotique de la langue est ce qui a rapidement conduit aux énormes
différences de style de vie entre les humains et nos plus proches parents, les bonobos et les
chimpanzés, avec lesquels nous partageons 98,7 % de notre ADN (Prüfer et al., 2012). Shilton
et al. (2020) résument la recherche qui voit l’évolution humaine comme le résultat d’une
évolution culturelle intense menée par le langage, la musique et d’autres stratégies culturelles.
Les cerveaux et les esprits des communicateurs sont supposés s’être adaptés aux systèmes de
communication culturellement évolutifs, générant ainsi, par le biais de rétroactions positives,
une spirale co-évolutive toujours plus large. Si la communication mimétique et la musique ont
conduit à une première étape majeure de l’évolution humaine, puisqu’elles ont permis aux
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gens de synchroniser leurs expériences et leurs émotions, le développement du langage a
conduit à la deuxième étape : communiquer des expériences, des normes, des compétences, et
des visions du monde de l’au-delà, de l’ici et du
maintenant, communiquer directement avec
l’imagination des interlocuteurs, instruire intentionnellement et systématiquement des
interlocuteurs dans le processus d’imaginer le sens voulu, au lieu de le vivre. Cela nous
rappelle la notion du « pouvoir symbolique » de Bourdieu (1977), repris par Kramsch (2019,
2020) en traitant l’impact des « faits alternatifs » à l’ère des médias sociaux.
En appliquant l’allégorie de la musique au niveau de la société, sachant que le succès d’un
orchestre symphonique repose sur la pratique guidée et la répétition
des musiciens, la beauté
et la puissance de la symphonie interculturelle dans la société reposent sur le développement
guidé de la compétence interculturelle des citoyens. Ceci nous amène aux aspects didactiques.
1.2
Quelques aspects didactiques importants
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