Avantages de la CI tout au long de la vie
L’usage pratique de la CI tout au long de la vie est liée à l’amélioration des relations
humaines, des projets réussis dans tous les contextes et au rentabilité économique. Dans des
entreprises et organisations tournées vers l’international, elle est considérée indispensable
(voir par exemple Arnulf et al., 2014 ; Bartel‐Radic, 2009, 2015 ; Bartel‐Radic et al., 2015 ;
Hammer, 2012 ; Hammer, Bennett & Wiseman, 2003 ; Forsberg Lundell & Viklund, 2017).
Des organisations tournées délibérément et avec succès vers l’international le confirment ; les
autres ignorent ce qu’en fait ils ignorent. Selon une étude majeure, des sociétés britanniques,
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qui disent ne pas avoir rencontré de difficultés linguistiques ou culturelles, ont un ratio
exportations – chiffre d’affaires inférieur d’au moins 46 % (Foreman-Peck & Wang, 2014).
De multiples études de cas, dans des entreprises à but lucratif et dans des organisations à but
non lucratif, montrent qu’une catégorisation des différences culturelles nationales enseignée à
l’avance n’offre qu’un point de départ qui est souvent trompeuse ; les individus dans le
contexte donné correspondent rarement aux stéréotypes, interagissent constamment, et créent
de nouvelles « cultures ». En ligne avec la définition de la CI du CoE, Sackmann et al. (2011)
conseille donc aux personnes sur tous les niveaux une approche basée sur la co-construction
du sens et de se concentrer sur l’interaction. Ayant appliqué cette approche dans dix études de
cas, les auteurs sont parvenus à plusieurs recommandations pour traiter les différences
culturelles, la multiplicité culturelle et la dynamique culturelle. Ces recommandations ont
ensuite été synthétisées dans les neuf stratégies dans la Figure 2. Nous considérons qu’elles
sont conformes à la CI que le CoE recommande au système scolaire, ce qui renforce la
cohérence et l’importance de la CI tout au long de la vie.
Figure 2 Stratégies de gestion de la diversité et de la dynamique culturelles (Sackmann et al. 2011, p. 145)
Par-dessus tout, il faut s’attendre à des différences, afin de découvrir consciemment les cadres
culturels pertinents (par exemple des normes socioculturelles d’une nation, soutenus par ses
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lois et ses institutions, ou bien d’une région, d’une profession, ou des intérêts personnels).
Cela exige des attitudes ouvertes et réflexives, une grande sensibilité, la capacité d’identifier
les mécanismes d’interprétation et d’acquérir une compréhension du point de vue de l’autre.
Par exemple, dans une entreprise, la valeur fondatrice « questioning the ordinary », établie au
siège au Danemark pour encourager un certain comportement, était acceptée verbalement par
les employés de la filiale japonaise, mais en réalité les mettait mal à l’aise car elle allait à
l’encontre de leur norme socioculturelle de s’intégrer et d’appartenir à un groupe (
ibid.
p.
142). Au fil du temps, la gêne a été atténuée en ajoutant un deuxième organigramme, qui a
permis aux employés de voir les rôles et les attentes de chacun selon leur perspective
culturelle. Dans une autre entreprise, des ingénieurs allemands basé en Allemagne se sont
mieux entendus avec des ingénieurs en Inde, qu’avec leurs supérieurs allemands ou leurs
compatriotes du département des ressources humaines, bien que ces derniers soient de la
même langue maternelle et nationalité ; les ingénieurs étaient formés à une manière similaire
de penser et de résoudre les problèmes, et dans ce contexte, le « cadre culturel de la
profession » était plus pertinent que celui de l’origine nationale (
ibid.
p. 146).
Aussi, selon Sackmann et toujours en ligne avec la CI définie par le CoE, pour atteindre un
objectif commun
, partagé en fonction de la co-construction du sens, s’appliquent les stratégies
d’agir en tant qu’interprète et médiateur de sens
et
d’apprécier, d’apprendre et d’utiliser ce
qu’apporte l’altérité
(notre traduction des termes de la Figure 2). La recherche en gestion
abonde d’exemples d’opportunités manquées et des projets ratés avec des coûts réels
incalculables, faute d’avoir reconnu et valorisé l’altérité et les compétences requises. En
revanche, des effets de synergie, des relations améliorées, et plus de projets réussis font partie
des résultats des équipes qui tirent profit de leur diversité.
Les difficultés et les opportunités des rencontres interculturelles dans des contextes
professionnels se reflètent dans la vie privée. Le besoin d’une formation à la CI,
traditionnellement destinée aux professionnels actifs à l’international, englobe donc
tous
y
compris les écoliers (Bolitho & Rossner, 2020 ; Leung & Scarino, 2016 ; Zhao, 2010).
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