Lucile Hermay
Université Paris Ouest Nanterre La Défense, Paris /
UMR 8167 Orient et Méditerranée, Paris, France;
lucile.hermay@gmail.com
Changer d’état et conserver ses liens :
Les moines et les révoltes dans le monde médiobyzantin (843-1204)
Lors de cette communication, il s’agira de reprendre le thème du congrès «Byzance un monde
de changements» pour questionner les conséquences sociales induites par les changements d’état et
d’identité lors de la prise de l’habit monastique.
Le monachisme fut conçu dès la période protobyzantine comme une pratique et un mode de
vie en retrait du monde. Rompre avec la société était ainsi promu en idéal. Toutefois, une analyse
prosopographique des moines de l’époque médiobyzantine met en évidence que l’élite de ce groupe
conservait des liens avec la haute aristocratie. La reconstitution et l’analyse de réseaux sociaux,
où le moine est placé dans la position d’ego, permettent de mettre en exergue les structures et les
mécanismes des systèmes de relations dans lesquels il était inséré. Si ces réseaux induisaient de
la sociabilité, ils s’articulaient aussi autour de fortes solidarités, souvent propres à l’aristocratie, et
conduisaient à des sollicitations mutuelles. Les sources littéraires, notamment les Vies de saints,
permettent de souligner le rôle spirituel joué par les moines auprès des laïcs. Toutefois, se retrouvent
également dispersées dans d’autres documents byzantins des mentions de moines avec des fonctions
ou dépêchés en missions officielles. Les empereurs ainsi que certains aristocrates utilisaient des
moines pour des services personnels, confirmant leur importance dans leur entourage direct. Les
accointances entre élite sociale et politique de l’Empire et élite monastique impliquaient directement
ces derniers dans les mécanismes d’acquisition et de participation au pouvoir, dans la construction
du prestige social et les processus de légitimation propres à l’aristocratie byzantine.
Plus précisément ici, j’étudierai le rôle et la participation des moines à des entreprises de
contestation du pouvoir impérial de 843 à 1204. En m’appuyant sur une étude prosopographique
des moines ayant participé à des révoltes politiques, je mettrai en évidence que certaines solidarités
sociales survivaient à la prise de l’habit monastique. Ainsi, ces solidarités attesteraient moins d’un
besoin de légitimation du révolté par le recours à un supposé charisme religieux que de la force des
liens sociaux et surtout familiaux que ces moines avaient conservés.
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