HAGIOGRAPHY ‒ PART 2
Chairs:
André-Louis Rey, Pablo Adrián Cavallero
Pierre Benic
,
La construction de la sainteté royale dans le roman hagiographique de « Barlaam et Joasaf »
Luigi D’Amelia
,
The
Laudatio S. Barae BHG 212
and Some Considerations in Favor of Its Traditional,
but Recently Challenged, Attribution to John Mauropous (11
th
Century)
Eirini Sophia Kiapidou
,
Theophylact of Ohrid’s
Martyrdom of the Fifteen Martyrs of Tiberiopolis
: A New Critical Edition
Elissavet Chartavella
,
Ioannes Staurakios and His
Encomium on St. Theodora of Thessaloniki
Varvara Zharkaya – Lev Lukhovitskiy
,
«Don’t Put on a Friend’s Mask, but Pronounce an Impartial Judgment»:
Constantine Acropolites’ Hagiographic Oeuvre in His Letter-Collection
Mihail Mitrea
,
Placing Golden Flourishes: Miracle Tales in the Saints’ Lives of Philotheos Kokkinos
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Pierre Benic
Université Paris 4 Sorbonne, Paris, France;
pierrebenic@yahoo.fr
La construction de la sainteté royale
dans le roman hagiographique de « Barlaam et Joasaf »
Au cours de notre recherche sur le roman de Barlaam et Joasaph, dans le cadre d’un mémoire
de deuxième année de Master sous la direction de M. le Professeur Bernard Flusin à l’Université
Paris IV Sorbonne, nous avons envisagé cette œuvre en tant qu’«encyclopédie chrétienne » et
« synthèse de la sainteté. » La seconde partie du roman est centrée sur la Vie de saint Joasaph, de
la conversion du jeune prince à son ascèse monastique. L’analyse philologique de cette partie de
l’œuvre (par R. Volk) rend compte d’une intertextualité pour le moins imposante : on y retrouve
des références à plus d’une dizaine de vies et de passions différentes. Pour autant, le personnage de
Joasaph est garant d’une unité et ce n’est pas un personnage invraisemblable qui prêterait son nom à
une compilation d’épisodes hagiographiques. Nous avons pu observer que la construction du texte
hagiographique était accompagnée de la construction d’une sainteté nouvelle.
Nous étudierons le statut du pouvoir dans Barlaam et Joasaph ; en particulier le rapport du
saint à l’exercice du pouvoir politique. Il est d’abord présenté comme l’ultime tentation à laquelle est
soumis le prince par son père mais Joasaph finit par accepter le gouvernement comme un sacrifice
pour son royaume, afin de la conduire sur la voie du Salut. Toutefois, Joasaph ne renonce pas à son
projet de vie monastique et, une fois qu’il a achevé la conversion de son peuple à la foi chrétienne,
il se retire au désert.
Le roman de Barlaam et Joasaph a été composé par Euthyme l’Hagiorite à partir du Balavariani
géorgien, dont il fait la traduction en grec, qu’il tisse à son tour d’un très grand nombre de sources
patristiques et hagiographiques. Il s’agit donc d’une sainteté qui vient d’ailleurs et qui se structure
dans l’hagiographie byzantine à travers ce roman. Cette sainteté d’importation passe par le Caucase,
où le récit du prince devenu ascète se christianise, avant de se nourrir d’apports byzantins sous la
forme grecque que nous lui connaissons.
Il conviendra de se pencher sur le statut de la paidéia : la préparation du prince à l’exercice
du pouvoir n’est pas évoquée dans le roman et cette place est laissée à l’enseignement chrétien de
Barlaam. Ainsi, le roman n’est pas un miroir du prince mais il demeure une lecture édifiante, une
préparation à l’ascèse, qui fera de son lecteur un (souverain) disciple du Christ. Ce dernier point
nous conduira à évoquer la postérité et la réception du roman de Barlaam et Joasaph. En effet, le
personnage de Joasaph devient un modèle d’ascèse personnelle du souverain, en particulier aux
XIIIème et XIVème siècles sous l’influence de l’hésychasme. Le texte quant à lui ne devient pas un
modèle littéraire proposé à l’imitation mais il définit davantage des topoi nouveaux et des horizons
d’attente propres à une branche de la littérature hagiographique qui connaitra son développement
en particulier avec les Vies de saints souverains de Serbie.
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