Chapitre II
NOTATION DE L’INTONATION FRANÇAISE
2.1. L’observation de l’intonation.
L’intonation est rarement une donnée simple. Son décodage ne s’opérant pas selon un processus binaire, il ne suffit pas d’user une flèche qui monte, opposée à une flèche qui descend, tout au moins dans un premier temps. On se demande souvent comment noter l’intonation du français. Les considérations qui précèdent ouvrent la voie. La notation doit s’adapter au niveau d’analyse qu’on poursuit. On dispose de la courbe brute fournie par les appareils; c’est la plus complète, représentant toutes les parties voisées (consonnes sonores et voyelles), mais encore faut-il savoir interpréter la segmentation par rapport à la perception. Quelle différence y a-t-il entre parole et chant? Une question aussi simple fait généralement hésiter. Il y a divers degrés intermédiaires, mais contrairement au chant, la voix dans la parole ne s’arrête presque jamais sur une note: elle glisse par degrés presque insensible. C’est pourquoi une notation musicale ne serait qu’approximative, elle rendrait le « glissando » de façon trop compliquée; ce serait déjà une interprétation. Mais au fond, e choix d’une notation dépend de l’usage qu’on veut en faire.
Déjà Meigret (en 1542) notait l’intonation française en niveaux, sur une espèce de portée. On peut utiliser un système de tirets à différents hauteurs entre deux lignes, ou un système de courbes tracées sur des lignes figurant des niveaux (ou des registres). Ce dernier système permet une description structurale qui utilise les traits nous allons employer.
On appelle parfois intonème ce trait qui, se superposant en français à l’accent de groupe, renseigne sur l’état du « procès » et indique en même temps qu’on passé d’une hiérarchie de syllabes à une autre.
Il correspond aux formes « progrédiente » et «terminal». On le note au moyen de flèches montantes, descendantes ou horizontales. À un niveau d’abstraction supérieur, on a tenté de réduire les cas d’intonation grammaticale à un intonème montantes, - cas marqué – (inachèvement, dépendance), opposé à un intonème descendant (achèvement, indépendance):
Ce professeur ↑ disait l’inspecteur ↑ ignore bien des choses. ↓
Ce professeur disait ↑ l’inspecteur ignore bien des choses. ↓8
Depuis les années 1980, l’enseignement spécifique de l’intonation dans l’apprentissage de l’oral a pratiquement disparu des manuels de FLE laissant la place presque exclusivement à l’écrit (Billières, 2008: 2014). On peut alors se demander si cette situation ne résulte pas d’une suite de confusions et de malentendus portant sur:
1. Le concept même d’intonation
2. Les «10 intonations de base» (Delattre, 1966)
4. Le modèle Autosegmental-Métrique (Beckman & Pierrehumbert, 1986)
Pourtant, des principes clairs, décrits ci-après en dernière partie, pourraient être aisément mis en oeuvre. Basés sur des données scientifiques récentes, ils permettraient de valider a posteriori bien des observations et recommandations suggérées depuis longtemps mais rarement mises en pratique.
Les manuels ou sites web récents portant sur l’enseignement de l’intonation dans le cadre du FLE ne font pour l’essentiel que recycler tout ce qui se disait et s’écrivait il y a quelque 40 ans (voir par exemple AUF, 2018). Finalement, si l’intonation est négligée en FLE, peut être est-ce tout simplement parce qu’il n’y a pas de modèle récent qui fasse consensus.
Do'stlaringiz bilan baham: |