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migratoires de populations divers, nécessite de s’interroger sur les sources d’inspirations et sur les
savoirs techniques qui ont pu marquer leur production artistique. Durant la période médiévale,
les dirigeants animés d’une volonté d’affirmer leur puissance face à Constantinople entretiendront
une relation passionnelle avec cette dernière perçue autant comme une concurrente que comme un
modèle. Il n’est donc pas surprenant de voir dans la décoration de constructions
civiles et religieuses
sous Siméon I
er
, l’apparition de la céramique polychrome architecturale, utilisée dans les mêmes
périodes qu’à Constantinople comme décor pariétal.
Leur origine – Preslav ou Constantinople – tout comme celle des artistes-artisans a éveillé de
nombreux débats. Les études récentes ont toutefois pu éclaircir certains aspects dont notamment
pour le cas de Preslav, que cet art original a été produit localement.
Actuellement, 5 grands complexes
d’ateliers de fabrication de ce type de céramique ont pu être identifiés dans le bassin de Preslav
mais les connaissances sur la diffusion et sur le développement de cette décoration architecturale
demeurent incertaines. Nous souhaitons de ce fait présenter dans un premier temps une synthèse
des connaissances acquises sur cet art jusqu’à aujourd’hui afin, nous l’espérons,
approfondir une
réflexion sur leur interaction avec l’édifice et le fidèle. Orner l’espace liturgique dans le sens « d’ornare »
c’est-à-dire décorer une surface dans le but de sublimer harmonieusement un lieu afin qu’il soit à la
hauteur de la gloire de Dieu, prend également une tout autre dimension en devenant un moyen de
transmission de messages spirituels et de pouvoirs. Composées de deux catégories – ornemental et
figuré –, ces céramiques participent tout comme la mosaïque, la peinture ou la sculpture à figurer
le monde céleste sur terre mais aussi à montrer comme l’explique Cyprien de Carthage (III
e
s.) que
le fidèle doit tout comme l’église est ornementée, édifier son intérieur en le parant de l’éclat de la
vraie lumière et de vertus. Derrière cette décoration fabriquée sur
la demande de commanditaires,
nous assistons non seulement à une volonté d’accroître la foi du croyant mais surtout d’exprimer
une puissance en touchant la sensibilité du fidèle. Nous souhaitons par ailleurs, malgré l’absence
en général de contexte architectural précis, comprendre à travers ces décors peints, incrustés ou
ajourés, leur organisation et leur lien dans l’espace liturgique.