Vera Atanassova
Université de Lorraine, Ecole doctorale Stanislas, Nancy, France;
vera_a@abv.bg
Entre Byzance et l’Occident : les monnaies de Jean Sratsimir (1356-1396)
Deuxième fils du premier mariage du tsar bulgare Jean Alexandre (1331-1371), Jean Sratsimir,
après la mort de ses frères Michel Assen et Jean Assen III, était le prétendant principal à la couronne
bulgare. Mais pour des raisons inconnues, son père céda le trône à Shishman, fils porphyrogénète de
son deuxième mariage avec Théodora-Sara. Ainsi Sratsimir devait se contenter de la région Nord-
Ouest des territoires bulgares, dont il est devenu gouverneur à partir des années 1355-1356, comme
en témoignent les sources. De cette même période daterait aussi son mariage avec Anna de Wallachie,
nièce de sa mère ; alliance qui aurait été une réponse de Sratsimir au divorce de ses parents.
Il faudrait aussi noter les rapports que Sratsimir établissait avec Serbes, Hongrois et Wallachiens :
liens de parenté, de voisinage, d’alliance et de rivalité qui détermineront l’avenir de son royaume. Les
conflits politiques pendant cette période étaient aussi à mettre en relation avec le danger approchant :
l’invasion des Turcs ottomans. Deux exemples majeurs : dans les années 1360, le tsarstvo se trouvait
pendant 3 ans sous la domination hongroise ; Sratsimir et sa famille furent capturés à Humnik et
furent obligés de se convertir au catholicisme. Puis, dans les années 1380, Sratsimir dut combattre
les Ottomans et fut obligé de devenir leur vassal afin de pouvoir garder son royaume. Enfin, en 1396
la célèbre bataille des Croisés à Nicopolis puis le siège de la ville de Vidin mirent fin définitivement
à l’existence du tsarstvo Vidin ainsi qu’au Deuxième empire bulgare.
Dans sa production monétaire Sratsimir émit comme tout souverain des monnaies qui
tentaient d’affirmer et de démontrer sa place dans le plan politique. On distingue dans ses émissions
deux types de monnaies, en argent et en cuivre, avec neuf modalités iconographiques, qui sont
parvenues jusqu’à nous. Sur l’avers, le tsar est debout ou assis, seul ou en compagnie de son épouse,
ou bien on trouve seulement son monogramme ; sur le revers, le Christ, un aigle bicéphale, un
lion ou une croix. Mais ce qui attire notre attention, c’est la ressemblance de ces monnaies avec les
exemples occidentaux.
Sur les pièces en argent, on constate une ressemblance avec l’iconographie et la disposition
des détails. Ainsi, la monnaie en argent de Charles II d’Anjou ou celle de Charles Robert ou encore
celle d’Uroš II, sur lesquelles le roi est assis sur un trône tenant deux objets dans ses mains en
symbole de son pouvoir, est semblable à nos exemples. Les inscriptions sont situées entre l’image
centrale et la bordure de la pièce, en ligne continue, disposition nouvelle pour le monnayage bulgare.
Cependant, les exemples en cuivre suivent l’iconographie «traditionnelle» des monnaies bulgares,
influencée par les exemples byzantins : l’image au centre de la pièce est encadrée d’une inscription
ou d’une abréviation de part et d’autre ; l’extrémité de la pièce est marquée par une rangée de perles.
On remarque quelques détails originaux : la fleur de lys qui figure souvent en lien avec l’image de
Sratsimir, ou une petite étoile disposée à côté de sa figure ou encore le monogramme du souverain
remplaçant totalement sa figuration.
Dans notre propos, nous allons proposer des vues nouvelles sur les qualités artistiques de
la production monétaire qui reflètent les échanges du souverain avec l’Orient et l’Occident et
s’inscrivent dans le contexte de ses relations avec le monde byzantin.
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