Dégradation/ennoblissement
Ses mots ont souvent un caractère conventionnel, subjectif. Vilain (de villa), rustre (de rus (village), païen (de pagus (village) qui désignaient tous à l’origine un paysan, un villageois ont subi une dégradation et reçu un sens défavorable à cause du mépris que témoignaient les aristocrates pour les gens laborieux. Valet vient de vasselet (petit vassal). On ressent maintenant le sens défavorable dans les expressions avoir une âme de valet, un valet de Wall-Street. De nos jours on appelle les domestiques – gens de maison, la servante, la bonne. Le sou du latin solidus (solide) était à l'origine une monnaie d'or à valeur stable, solide. La livre (une livre d’argent) s’est dépréciée aussi.
Ennoblissement – le mot ayant primivitement un caractère neutre, désigne une qualité, un fait positif. Réussir (aboutir à l’origine) (heureux ou malheureux), maintenant exclut complètement l’idée d’échec. Fortune (sort, destin heureux ou malheureux). Actuellement ce mot désigne la chance. Succès (résultat bon ou mauvais) – maintenant, seulement le cens positif.
Affaiblissement
A l’origine le mot avait une valeur très expressive, puis finit par recevoir un sens neutre. Etonner a maintenent le sens neutre, mais à l’origine – frapper comme par le tonnerre. Gêner (torturer au 17 s.). Ennui désignait primitivement douleur, chagrin profond. Faible provient du latin flere (pleurer), on entendait par faible celui qui devait être pleuré par les autres. Blanc signifiait à l’origine brillant. On le trouve dans l’expression les armes blanches qui brillent-épée, sabre. Abîmer signifiait étymologiement précipiter dans un abîme. De nos jours il est synonyme de gâter. Le verbe gâter venu du latin vastare (dévaster) a subi un afaiblissement considérable de sa signification primitive. Autrefois gâter un pays signifiait le dévaster, le ravager.
Métaphore
Les transformations du sens propre des mots vers le figuré peuvent être classées en tropes. Le trope signifie «tour, tournure». Il y a les tropes métaphoriques et métonymiques qui diffèrent par le caractère des liens qui associent les notions. Les tropes métonymiques ont un caractère plus concret, plus matériel, moins subjectif que les tropes métaphoriques.
La métaphore contribue largement au constant renouvellement du lexique français. Il vient du grec metaphora (transfert). Il applique le nom d’un objet à un autre grâce à un trait commun qui se présente à notre esprit et permet de les rapprocher. La métaphore apparaît à la suite des associations de ressemblance qui portent un caractère plus ou moins subjectif. On dit d’un homme rusé, semblable à un renard – Un renard. La métaphore est une espèce de comparaison condensée dans un seul terme, elle repose sur des rapports de ressemblance. La lexicologie s’intéresse aux métaphores linguistiques qui, devenues d’un emploi courant, font déjà partie du vocabulaire. Elles ont habituellement un caractère usé et passent inaperçues. Les ailes d’un moulin, une feuille de papier, le temps fuit, une santé de fer. Elles sont souvent issues de métaphores stylistiques (créations individuelles). La métaphore procède toujours par l’extension de sens. Elle peut rapprocher deux objets matériels: une feuille d’arbre et une feuille de papier ou une feuille de route.
La méthaphore rapproche souvent un fait moral d’un fait matériel et inversement: clarté du jour et la clarté de la pensée, sécheresse du sol et la sécheresse du caractère; Un gai soleil, une motagne chauve – on attribue aux objets inanimés des qualités humaines, on les personnifie, d’où le nom de personnification. Le français abonde en métaphores antropomorphiques: le pied d’une colline, les bras d’un fauteuil, le nez d’un navire, les dents d’un peigne, la bouche d’un fleuve.
La métaphore sert souvent à exprimer des idées abstraites. Aveugle dévouement, un mécontentement sourd, un accueil glacial, un homme d’âge mûr, un profond chagrin.
Nombre de métaphores ont un caractère social très prononcé. Les gendarmes sont bourriques, tiges, vaches – mépris pour la police. Le coq chanteur – la radio de Pétain.
La métaphore est une source inépuisable d’enricheissement de l’argot et du langage populaire. L’argent c’est graisse, huile, braise, beurre. Un sous – un rond, 5 sous – une roue de devant, 5 francs – une roue de derrière. Partir pour la Belgique – s’enfuir en emportant ce qu’on a volé; la fausse clé – le rossignol; jouer de la harpe – se trouver dans la prison (guitare et violon).
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