François Rabelais (1494-1553)

Les personnages de l’œuvre de Rabelais Gargantua et Pantagruel
Rabelais s’était inspiré d’un livre populaire anonyme qui contait les aventures fantastiques d’un géant nommé Gargantua ; le livre avait eu un grand succès. Rabelais emprunta quelques personnages, quelques passages ; mais il fit de son œuvre une vaste caricature de la société féodale. La deuxième partie de son roman (1532) il relate les faits et gestes de Pantagruel, fils de Gargantua. Quant à la première partie, elle raconte les aventures de Gargantua, parut en 1534. II у décrit la naissance, 1’éducation et les guerres de Pantagruel, fils de Gargantua. Le premier livre contient le récit de l’enfance et de l’éducation de Gargantua, fils de Grandgousier et de Gargamelle. L’auteur exprime ses idées à travers les événements qui se déroulent dans le roman. L’éducation de Gargantua retient tout d’abord notre attention : avec beaucoup de relief Rabelais oppose deux méthodes — la méthode scolastique et la méthode humaniste.
Rabelais impose les exercices du corps tandis que le Moyen Age avait séparé 1’instruction de l’éducation physique. Peu à peu, du géant grossier Gargantua se transformera un humaniste éclaire, un philosophe.
Rabelais fait un portrait caricatural du conquérant Picrochole qui avait transformé en conflit armé une simple querelle entre les villages Lerné et Senillé. Picrochole incarne une brillante satire des guerriers et des mœurs féodales.
D’autre part Rabelais nous fait admirer la sagesse de Grandgousier. II indique en quoi consiste le vrai rôle du roi : « Ma délibération n’est de provoquer, mais d’apaiser ; d’assaillir, mais de défendre ; de conquêter¹, mais de garder mes féaux sujets et terres héréditaires. »
Contrairement à Picrochole qui est vaniteux et cruel, Grandgousier répond à 1’image que se fait le peuple du roi idéal, père de ses sujets, aimant la paix, pieux, bienveillant et protecteur.
Gargantua construit l’abbaye de Thélème, pour récompenser le zèle guerrier d’un moine, frère Jean des Entommeurs. Frère Jean est courageux et gai, il aime travailler, il sait tout faire. Ce fils du peuple devient le favori du prince humaniste Gargantua. Les habitants de Thélème mènent une vie courtoise et intellectuelle. L’abbaye de Thélème incarne et illustre l’existence idéale à laquelle aspiraient les esprits progressifs de la Renaissance.
Rabelais avait publié les deux premières parties du roman sous un pseudonyme. Le troisième livre qui parut en 1546 était signe de l’auteur. Ici apparaît au premier plan le personnage de Panurge, compagnon de Gargantua, fameux par son ingéniosité. Panurge (signifie en grec « ruse ») est à la fois malicieux et couard.
Panurge comme le frère Jean représente le peuple. Mais si frère Jean a une mentalité de paysan, Panurge lui est un vrai Parisien. Panurge demande conseil à Pantagruel pour savoir s’il doit se marier. Pour trouver une réponse, Pantagruel s’adresse successivement au sort, aux songes, à un muet, à un vieux poète mourant, à un théologien, à un philosophe et à un fou. Sur le conseil de ce dernier Panurge et Pantagruel s’embarquent pour aller consulter l’oracle de la Dive Bouteille.
Dans le troisième livre du roman l’auteur nous fait presque oublier que Pantagruel est un géant.
Dans le quatrième livre de son œuvre, paru en 1548, Rabelais relate la navigation de Panurge et de ses compagnons enquête de 1’oracle de la Dive Bouteille. C’est une description avant tout satirique qui nous montre les voyageurs visitant diverses îles : 1’île de Procuration où habitent les Chicanoux (gens de justice), l’île de Tapinois habitée par Caresme-Prenant (catholiques), 1’île Farouche, séjour des Andouilles (protestants), l’île des Papefigues (protestants), 1’île des Papimanes (partisans du pape). L’auteur ridiculise la science scolastique, le monde universitaire et les théologiens de la Sorbonne.
Enfin dans le cinquième livre, paru en édition posthume entre 1562 et 1564.
Nos voyageurs abordent dans 1’île Sonnante, ainsi nommée pour le tumulte qu’y font « cloches grosses, petites et médiocres ensemble sonnantes ». Cette île est habitée par un peuple d’oiseau au plumage bariole. Cette île symbolise la Rome catholique.
Les voyageurs visitent aussi l’île des Chats Peluches (officiers de justice) dont les griffes ne lâchent personne, et ensuite ils arrivent au royaume de Dame Quinte-Essence (la scolastique), pays des abstractions et des chimères. Enfin les voyageurs arrivent au temple de la Dive Bouteille (de la Science), là ils entendent enfin la réponse « Trink » (buvez) qu’on peut expliquer comme une invitation de boire « à la source de la sagesse ».
Rabelais est non seulement le plus grand, mais aussi le plus original des écrivains de la Renaissance. Son roman est par excellence une œuvre pleine de vie et de poésie, un modèle du réalisme de la Renaissance. Mais le réalisme de Rabelais prend la forme du fantastique. Cette œuvre maitresse pourrait être appeléе « encyclopédie de la Renaissance ». La langue de Rabelais abonde en dictons, proverbes, plaisanteries et calembours du peuple. Les explications savantes, elles aussi, présentées au lecteur avec beaucoup de clarté et de simplicité. Le livre de Rabelais est une perle précieuse dans la littérature française de la Renaissance.

1^ conquérir