Intervention de jean-bernard jarry



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Sana25.06.2017
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#15373
INTERVENTION DE JEAN-BERNARD JARRY

MAIRIE DE MAGNAC-LAVAL (Haute-Vienne)

Pour commencer cette cérémonie d’inauguration de la rue du Lieutenant Colonel Georges GUINGOUIN, je voudrais vous remercier tous d’être venus aussi nombreux rendre hommage à Georges GUINGOUIN et à travers lui à toute la résistance.


Mes remerciements iront bien sûr tout particulièrement, Monsieur GUIGOUIN, à vous, à votre épouse et à votre fille, toutes les deux présentes à vos côtés.
Magnac-Laval s’en rappellera et ce jour fera date dans l’histoire locale, j’en suis sûr.
Mon Colonel je vais tenter de vous rendre hommage en évoquant votre œuvre.
Le 18 juin 1940, le Général de Gaulle lançait son célèbre appel à la BBC, où pour la première fois apparaissait le mot résistance.
C’est ce jour, qu’un jeune soldat français, blessé sur le front, après avoir assisté, ahuri, à l’arrivée d’ouvriers du Nord, mobilisés avec leurs pioches et leurs pelles pour résister aux Panzers est soigné à l’hôpital de Moulins quand les Unités Allemandes attaquent la ville.
Déjà le jeune soldat entrevoit ce qu’est la trahison à un niveau élevé.
Pour lui, pas question d’être pris. Il sort de l’hôpital, tombe en pleine bataille, est pris sous le feu d’une mitrailleuse allemande dont le servant a mal réglé la hausse.

Trop haut. Les feuilles des arbres sont hachées au-dessus de sa tête. Il réussit à passer, gagne Limoges et se met à l’abri dans sa petite montagne limousine, à Saint-Gilles les Forêts, au pied du Mont Gargan.


Ce jeune soldat était instituteur et sera bientôt révoqué. Il était aussi secrétaire du rayon communiste d’Eymoutiers.
Ce jeune soldat bien sûr, c’était Georges GUINGOUIN, né le 2 février 1913 à Magnac-Laval, né d’une mère institutrice et d’un père qu’il n’eut que peu de temps de connaître . Sous-officier de carrière, son père repose avec sept cents de ses camarades dans une fosse commune d’un village du Nord que les habitants appellent la Grand Tombe. Sept cents fantassins envoyés à la mort par de gros généraux insouciants qui leur avaient mis des baïonnettes dans les mains pour monter à l’assaut des lourdes mitrailleuses allemandes.

Cette petite ville du Nord nous la connaissons bien, puisque la plus grande partie de ces fantassins était partie un soir de Magnac-Laval était partie un soir de Magnac-Laval composant le 338e Régiment d’Infanterie.


Le jeune orphelin fut élevé par sa mère, en noir, pendant 4 ans à l’école de Magnac-Laval. Il fréquenta également le lycée de Bellac et dévora les œuvres de Victor Hugo.
Cet enfant qui grandit, devint l’homme qui incarna la liberté dans les Maquis du Limousin pendant la guerre.
Georges GUINGOUIN n’est pas homme à laisser indifférent, car l’homme a une personnalité importante comme sa carrure.
Comme on dit à la campagne, il n’est pas homme à avaler les couleuvres et qui plus est, il a des idées et elles sont parfois en divergence avec celles de ses propres amis.
Passant outre la ligne de son parti qui approuve le pacte Germano-Soviétique, Georges GUINGOUIN n’est pas homme à accepter l’occupant sur le sol de ses parents, il n’est pas homme à accepter le Gouvernement de Vichy et quand le Maréchal Pétain, défile à Limoges devant une foule en délire où toute l’aristocratie est présente, il fuit dans cette forêt qu’il connaît vers Eymoutiers, Sussac et Domps où il trouve refuge. Il y vivra comme un sauvage dans des cabanes, des grottes, des souterrains, ne devant la vie qu’à quelques hasards venus l’aider contre des dénonciations.
Ses réseaux marchaient bien, parfois l’homme des bois est parti de sa planque depuis ½ heure quand la police arrive.
Georges GUINGOUIN est un homme qui croit au hasard autant qu’au caractère….

Quelle pudeur !


Il est des hommes qui ont fait la résistance, il est des hommes qui en parlent, Georges GUINGOUIN et ses amis font partie de ceux qui avaient décidé de donner leur vie à la France. Rien ne les aurait fait craquer devant la torture, ils avaient décidé de se donner tout entier. Et quand des résistants de la dernière heure viennent lui donner des ordres, des conseils, alors l’homme n’apprécie pas.
Le Grand, Lou Grand, le « Tito du Limousin », « Le Préfet du Maquis » ne s’arrête pas là, il distille ses idées et elles ne sont pas uniquement celles d’un grand chef de guerre. Elles sont celles d’un grand, d’un grand homme politique, d’un philosophe.
Pour lui, l’injustice engendre toujours la Révolte et il martèle toujours dans ses prises de paroles, les idées qui ont guidé son combat : « Au cadran de l’histoire, plutôt qu’une révolution industrielle, c’est d’une civilisation nouvelle qu’il s’agit » et lors de la dernière cérémonie au Mont Gargan, il conclut en faisant sienne cette formule de Saint-Exupéry : «  Les hommes finiront par fonder un système social politique et économique qui consacrera le respect de l’homme basé sur le cœur de l’homme ».
C’est aussi un très grand homme d’honneur, qui sait ce qu’il a fait, qui sait ce que la France lui doit mais qui sait qu’il n’aurait pu le faire sans ces dizaines, ces centaines, ces milliers d’hommes qui l’ont suivi.

Et quand je parle à ce vieux résistant de Domps, il me dit « il faisait confiance à ses fidèles et nous on avait confiance en lui » ; il y avait de la fierté dans ce regard.


Dans son dernier message, aux Amis du Musée de la Résistance, dénonçant les faiblesses de la justice de l’état, il rend hommage à un de ces derniers anonymes en citant quelques phrases de la dernière lettre qu’envoya André BRECHET à sa femme et a son fils :
« Tu parleras de moi, quelquefois, à notre chéri. Tu lui diras que son père est mort pour défendre sa vie à lui, la vie des humbles, des travailleurs, des ouvriers qui souffrent et aussi pour notre beau pays de France. Jaurès, je crois a dit que la route qui mène à la victoire était bordée de tombeaux. Le mien s’ajoutera aux autres et si cela a pu permettre à la colonne d’avancer ne serait-ce que de quelques mètres, mon passage sur la terre n’aura pas été vain ».
Georges GUINGOUIN salue là, la grandeur qui peut habiter l’âme humaine.
Mais au fait Mon Colonel, après avoir parlé de vous, permettez-moi de rappeler votre œuvre, vos combats et d’évoquer les attaques sournoises dont vous avez été victime.
Ce n’est pas un hasard si cette inauguration a lieu un jour de foire, c’est un clin d’œil à l’histoire que nous avons voulu, un symbole en quelques sortes : c’est un jour de foire à Eymoutiers que vous avez distribué vos tracts « appel à la lutte » appelant à la mobilisation contre le fascisme et l’acceptation de l’occupation.
Là vous avez commencé à aller de ferme en ferme pour former votre réseau et vous aviez compris que votre seule chance était la Guérilla dans les bois et non en ville comme on aurait voulu vous la faire mener.
Vous attirez la sympathie du petit peuple qui s’identifie en vous et grâce à de nombreuses complicités vous réalisez quelques coups exceptionnels : soustraction de cartes d’alimentation, paralysie du ravitaillement destiné à l’occupant, récupération d’explosifs, destruction des voies ferrées, sabotages d’usines travaillant pour l’Allemagne et organisation d’une véritable contre société avec son économie propre, voire son administration et sa justice.
Pour cela, vous avez réussi un coup rocambolesque à la mine de Wolfram à Saint Léonard où vous avez subtilisé plusieurs tonnes d’explosifs avec lesquelles vous faites sauter les batteuses et botteleuses qui approvisionnaient Hitler. Vous avez fait sauter les ponts (Eymoutiers, Masléon), l’usine de caoutchouc du Palais et bien d’autres exploits.
En août 45, le Général De Gaulle saluera « vos innombrables faits d’armes ».

Votre soif de justice et votre grande connaissance des hommes, celle qui vous permit de vous rallier l’opinion vous conduisit à signer des ordres du Préfet du Maquis. Vous êtes craint des pillards, des traîtres, des profiteurs de guerre qui vendent le lard à plus de 80 F le kilo et les œufs à plus de 36 F la douzaine, des ravitailleurs d’Allemands et de tous ceux qui n’ont pas la conscience tranquille.


Sur les portes de ces gens-là, vous placardez la nuit vos ordres et les prix corrigés à ne pas dépasser.

Tout le monde vous craint et le seul nom de « Gouin-Gouin » fait trembler les Allemands, les miliciens – « Gouin-Gouin » pas bon se disent-ils.


Votre plus grand fait d’armes restera les combats du Mont Gargan en juillet 1944.

Là, avec 2000 hommes et rompant avec vos traditions de Guérilla vous affrontez à la tête de vos troupes la division blindée Waffen SS Das Reich commandée par les Généraux Ottenbacher et Gleiniger, lourdement armée. Vous serez blessé à la jambe, 97 maquisards périrent mais les allemands eurent 3 fois plus de perte.


Cette bataille fut décisive, très certainement dans l’histoire de cette Guerre. Le Général Eisenhower a dit qu’elle sauva la tête de pont allié. De là à penser que sans le Mont Gargan, le débarquement n’aurait connu la victoire… l’histoire le dira très certainement.
Et c’est le Général de Gaulle qui le 14 Mars 1945, du haut du balcon de l’hôtel de ville à limoges, décerna à la ville, le titre de Capitale du Maquis. Aux côtés du Général de Gaulle, le Colonel GUINGOUIN, savourait certainement le bonheur du devoir accompli. Ce devoir s’était concrétisé quelques temps avant par la libération de Limoges à la tête de vos troupes 20 000 hommes. Là, vous étiez devenu le chef des F.F.I. et contre l’avis de beaucoup et notamment de votre parti, vous avez réussi cet exploit par la négociation, vous le militaire. Le souvenir du massacre de Tulle était trop frais, pour que vous preniez le moindre risque.
Au moment de la libération, De Gaulle avait envoyé un de ses hommes de confiance Claude Bouchinet-Serreulles. Il dit aujourd’hui : « j’avais été très impressionné par la qualité du personnage que je venais de découvrir et nous avions pu travailler immédiatement ensemble. Il n’y avait aucune faille dans son loyalisme ».
Gageons que ce rapport comptera dans l’opinion du général qui vous fera Compagnon de la Libération et saluera selon ses termes « une des plus belles figures de la résistance ».
Mon Colonel, Magnac-Laval aura une rue portant votre nom ; Que cela me semble naturel, dans votre cité natale ! Nous vous le devions bien, vous qui avez été Maire de Limoges et qui avez donné à Limoges, le nom de vos amis résistants à des rues importantes de Limoges (G. Dumas, F. Perrin et d’autres).
Volontairement, je ne m’attarderai pas sur la 2ème partie de votre vie, celle où vous avez peut-être souffert encore plus, souffert de la haine de certains, de leur malhonnêteté, de leur soif du pouvoir ou des honneurs. Vous connaîtrez la prison et plusieurs tentatives d’assassinat. Belle récompense offerte à quelqu’un qui avait tout donné aux autres.
A Magnac-Laval, nous nous souviendrons du colonel GUINGOUIN, votre rue toujours symboliquement, débouchera sur la place de la République comme celle du Général De Gaulle et de François Mitterrand. Perpendiculairement à la vôtre se faufile la rue Jules Courivaud, chef de la résistance magnachonne assassiné par les Miliciens et les Allemands le 8 juillet 44.
Mon Colonel, Magnac ne vous oubliera pas, vous serez toujours le bienvenu, même si je sais que vous n’aimez pas les honneurs.
Pour honorer une personnalité, on a souvent coutume de citer un autre grand personnage.

Mais devant cette forte personnalité, je romprais avec la tradition, vous citant tout simplement un extrait des dernières déclarations de georges GUINGOUIN au nouvel Observateur (Mars 1998).


« On a fait notre travail, c’est tout. Notre travail selon notre conscience et la conscience, on la devait à nos parents… J’ai vu ma mère se dévouer pour ses élèves, comme elle se dévouait pour son fils. Et j’ai été servi par le caractère et le hasard, les deux grandes données de l’histoire. En période de guerre, l’homme est engagé dans une vie supérieure, et c’est le seul moment où il peut connaître la fraternité héroïque. En fait la guerre favorise l’abaissement et l’élévation de l’âme.

J’ai vu des hommes offrir leur vie pour leur camarade. La Mort d’Etienne d’Orves, c’est un sacrifice hautement consenti.


On atteint le niveau supérieur de l’homme ».
Jean-Bernard JARRY Maire de Magnac-Laval
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