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va U
École pratique des hautes études, Paris, France;
mareva.u@hotmail.fr
Les fonctions des portes latérales des églises byzantines à la lumière
des sources textuelles et matérielles (IV
e
-XV
e
siècle)
L’église et son décor ont souvent été considérés comme le reflet d’un seul principe organique
répondant à un symbolisme cosmologique. Cela se traduit par une perception verticale et se
matérialise par une répartition tripartite depuis la coupole jusqu’au pavement. Toutefois, une
appréhension horizontale de l’espace, qui tient compte des déplacements effectués par les officiants et
l’assistance, non moins chargée de significations symboliques, révèle le rôle structurel et fonctionnel
des différentes portes ouvrant sur le lieu de culte.
Suivant une acception commune, la porte occidentale de l’église est considérée comme l’entrée
principale, par opposition aux portes nord et sud, donnant accès au narthex ou au naos, dites
secondaires. Dans la lignée des recherches sur l’entrée royale de Slobodan Ćurčić et d’Ida Sinkević,
qui ont contribué à remettre en question cet énoncé, nous tenterons de reconsidérer les utilisations
des portes latérales des monuments byzantins.
Une lecture attentive des sources anciennes permet de déceler les enjeux fonctionnels des
espaces d’entrée. Dans les textes scripturaires, la porte occidentale du Temple, réservée à l’entrée du
roi, est le lieu où se manifestent les puissances divines, tandis que la porte nord, destinée aux laïcs,
doit être protégée des forces impures. Les sources patristiques, les écrits historiques, liturgiques
ainsi que les
typika
des monastères et les
ekphraseis
, étayent nos connaissances sur le rôle et la
perception
des espaces liminaires
. À titre d’exemple, l’
Explication de la Divine Liturgie
du patriarche
Germain de Constantinople, composée au VIII
e
siècle, ou encore le
typikon
du monastère de Saint-
Jean Stoudios de Constantinople, daté vers 842, nous renseignent sur l’utilisation processionnelle de
la « porte royale », celle occidentale, permettant de nuancer son usage pour les services quotidiens
et nous invitant à réexaminer les fonctions des portes latérales.
Les données matérielles contribuant aux réflexions menées, nous nous intéresserons aux
relations qui s’opèrent entre l’architecture, le décor et la liturgie, à travers quelques monuments
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significatifs de la période byzantine moyenne et tardive, tels que l’église de la Panagia Phorbiotissa,
à Asinou, en Chypre (1105-06) et l’église de la Vierge du monastère de Studenica, en Serbie
(construite entre 1183 et 1196, et décorée vers 1208-09). Notre raisonnement reposera sur l’étude
de l’environnement topographique, bâti et cultuel des édifices, qui signale les modes de circulations
possibles, mais aussi sur l’analyse iconographique et spatiale des images et des inscriptions qui
ornent les espaces liminaires latéraux.
En remettant en cause les qualificatifs « principales » ou « secondaires » traditionnellement
attribués aux portes des églises, cette communication propose ainsi de mettre en évidence les
fonctions plurielles des espaces d’entrée.
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